C'est l'homme par qui l'immense scandale politique est arrivé. Wang Lijun, le «superflic» du politicien déchu Bo Xilai, le tombeur des triades de Chongqing, a été jugé lundi et mardi par le tribunal intermédiaire de Chengdu. Un procès rapide pour une affaire d'État, dont le verdict devrait être rendu dans une dizaine de jours.
À cas très particulier, procès très spécial. Il s'est joué en deux phases. Lundi à huis clos, c'est le «traître» que l'on jugeait. C'est dans un cénacle fermé que l'on a statué sur les chefs d'accusation les plus graves, la défection et l'abus de pouvoir, qui touchent à des secrets d'État. Et mardi s'est tenue la partie publique du procès, où l'on examinait les accusations de corruption et de «détournement de la loi à des fins personnelles».
Géant déchu
Le 6 février dernier, Wang Lijun s'était réfugié au consulat américain de Chengdu, la capitale de la province du Sichuan, à trois heures de route de Chongqing. Il avait passé là plus de 24 heures. Aux diplomates américains, il aurait alors raconté une étrange histoire de meurtre, celui de l'homme d'affaires britannique Neil Heywood, au mois de novembre précédent. Deux mois plus tard, Bo Xilai est limogé de son poste et bloqué dans sa marche vers le pouvoir suprême.
Puis, c'est la femme du dirigeant déchu, Gu Kailai, qui est arrêtée, accusée d'avoir empoisonné Heywood. Elle a été condamnée en août à la peine capitale assortie d'un sursis à exécution de deux ans, soit l'équivalent de la prison à perpétuité.
Le tribunal a fait savoir que l'ancien chef de la police de Chongqing n'avait pas contesté les charges pesant contre lui, y compris celle de défection. Et qu'il avait coopéré, livrant des éléments importants sur les affaires auxquelles il était mêlé. Aux services de sécurité chinois, Wang Lijun a en effet beaucoup parlé. «Il a exposé les crimes graves d'autres personnes, et joué un rôle crucial dans les enquêtes, indique un communiqué. Pour cette contribution, il pourrait voir sa punition réduite». Son avocate estime aussi qu'il devrait bénéficier de l'indulgence des juges. «Il avait quelque raison de choisir de faire défection», a-t-elle rappelé, sous-entendant qu'il était menacé de mort par le clan Bo Xilai. «Et il n'est pas allé jusqu'au bout de son crime, a-t-elle ajouté, puisqu'il a quitté volontairement le consulat américain, ce qui devrait être considéré comme une reddition». Wang Lijun peut encourir une peine allant jusqu'à la prison à vie, voire la peine de mort. Mais les commentateurs chinois estiment qu'il pourrait être condamné à une quinzaine d'années de prison. Et que si la peine de mort était retenue, ce serait avec sursis, comme pour Gu Kailai.
Toute la question est de savoir si Wang Lijun a livré des éléments impliquant sérieusement Bo Xilai dans les crimes, pour les avoir couverts par exemple. L'ancien grand baron du Parti pourrait alors être lui aussi être traduit en justice, mais il n'est pas sûr que Pékin souhaite un tel procès sensible et spectaculaire. Jusqu'à présent, Bo Xilai n'a été formellement accusé que d'avoir manqué à la «discipline interne du Parti».
Par Arnaud de La Grange
À cas très particulier, procès très spécial. Il s'est joué en deux phases. Lundi à huis clos, c'est le «traître» que l'on jugeait. C'est dans un cénacle fermé que l'on a statué sur les chefs d'accusation les plus graves, la défection et l'abus de pouvoir, qui touchent à des secrets d'État. Et mardi s'est tenue la partie publique du procès, où l'on examinait les accusations de corruption et de «détournement de la loi à des fins personnelles».
Géant déchu
Le 6 février dernier, Wang Lijun s'était réfugié au consulat américain de Chengdu, la capitale de la province du Sichuan, à trois heures de route de Chongqing. Il avait passé là plus de 24 heures. Aux diplomates américains, il aurait alors raconté une étrange histoire de meurtre, celui de l'homme d'affaires britannique Neil Heywood, au mois de novembre précédent. Deux mois plus tard, Bo Xilai est limogé de son poste et bloqué dans sa marche vers le pouvoir suprême.
Puis, c'est la femme du dirigeant déchu, Gu Kailai, qui est arrêtée, accusée d'avoir empoisonné Heywood. Elle a été condamnée en août à la peine capitale assortie d'un sursis à exécution de deux ans, soit l'équivalent de la prison à perpétuité.
Le tribunal a fait savoir que l'ancien chef de la police de Chongqing n'avait pas contesté les charges pesant contre lui, y compris celle de défection. Et qu'il avait coopéré, livrant des éléments importants sur les affaires auxquelles il était mêlé. Aux services de sécurité chinois, Wang Lijun a en effet beaucoup parlé. «Il a exposé les crimes graves d'autres personnes, et joué un rôle crucial dans les enquêtes, indique un communiqué. Pour cette contribution, il pourrait voir sa punition réduite». Son avocate estime aussi qu'il devrait bénéficier de l'indulgence des juges. «Il avait quelque raison de choisir de faire défection», a-t-elle rappelé, sous-entendant qu'il était menacé de mort par le clan Bo Xilai. «Et il n'est pas allé jusqu'au bout de son crime, a-t-elle ajouté, puisqu'il a quitté volontairement le consulat américain, ce qui devrait être considéré comme une reddition». Wang Lijun peut encourir une peine allant jusqu'à la prison à vie, voire la peine de mort. Mais les commentateurs chinois estiment qu'il pourrait être condamné à une quinzaine d'années de prison. Et que si la peine de mort était retenue, ce serait avec sursis, comme pour Gu Kailai.
Toute la question est de savoir si Wang Lijun a livré des éléments impliquant sérieusement Bo Xilai dans les crimes, pour les avoir couverts par exemple. L'ancien grand baron du Parti pourrait alors être lui aussi être traduit en justice, mais il n'est pas sûr que Pékin souhaite un tel procès sensible et spectaculaire. Jusqu'à présent, Bo Xilai n'a été formellement accusé que d'avoir manqué à la «discipline interne du Parti».
Par Arnaud de La Grange