C’est une catastrophe de plus qui se profile à l’horizon. La zone industrielle qui abrite parmi les plus anciens pipelines de la société africaine de raffinage (Sar), est aujourd’hui envahie d’installations anarchiques qui mettent gravement en danger la vie des populations dakaroises. Après le collecteur de « Hann-Fann » qui pourrait faire plus de 3000 victimes en cas d’affaissement, c’est au tour de la principale infrastructure d’approvisionnement en hydrocarbures d’inquiéter responsables de la SAR, autorités, populations... Tel un épicentre de tous les dégâts chimiques et écologiques de la capitale, le quartier de Hann est de nouveau le point de départ de ces oléoducs de la SAR qui représentent aujourd’hui une menace réelle sur la santé des populations ainsi que sur l’environnement.
En réalité, il s’agit de quatre pipelines appartenant à la SAR et servant à évacuer du fuel, du kérosène, de l’essence et du butane (hors service ndlr). Ces conduits qui sont enfouis depuis près de 40 ans à une profondeur variant de 80 centimètres à trois mètres, souffrent en effet d’une vétusté. Fortement érodés par le sable, ils peuvent incessamment connaître des fuites de produits pétroliers par endroits. S’y ajoutent que les trafics illicites d’hydrocarbures sur plusieurs points du canal, pourraient précipiter une catastrophe sans précédent.
D’après des éléments scientifiques produits par la direction de la protection civile (DPC), ces pipelines de la Société africaine de raffinage (Sar), par où transitent les hydrocarbures, ont été construits au début des années 1960 et sur une longueur de 15 km allant de Hann Bel-Air à Mbao. Aujourd’hui, ils sont enjambés par des constructions à usage d’habitations, de commerces et d’entreprises.
Comme sur le collecteur de Fann-Hann (Voir l’édition 128 de La Gazette), ces occupations anarchiques qui étouffent les quatre pipelines en question, sont principalement constituées de maisons, commerces, édifices publics etc. Selon les agents de la DPC : « les populations ont occupé toutes les emprises des pipelines. Même une mosquée est construite sur l’itinéraire de ces conduits. Des bouteilles truffées d’essence ou vides remplissent cet espace interlope. Les populations, malgré le danger, développent des activités économiques et allument même du feu, comme pour le séchage du poisson ».
Pourtant, cette bande à la périphérie de la capitale est bien connue comme étant une « zone franche industrielle » et regroupe d’importantes usines chimiques. N’empêche, la poussée démographique au fil des ans a terriblement réduit la distance entre les habitations et des unités industrielles initialement retirées de la ville. Non respect des codes de l’urbanisme et de l’environnement, indiscipline des populations et laxisme des autorités, mènent ainsi à une énième cohabitation hasardeuse avec des risques pouvant s’avérer dramatiques. Conséquence : les risques immédiats relevés par les experts sont une forte pollution de la nappe phréatique et de l’air. De plus, l’enclavement des usines expose les populations à d’énormes risques liés à la santé. Il y a également des menaces d’incendies (en cas de fuites) tout autour de ces pipelines. Les sites les plus exposés sont Thiaroye, Guinaw-Rail, Hann-Bel Air.
Prise de conscience tardive
Comment en est-on arrivé là ? Alors qu’un décret de 1963 du code de l’urbanisme et de l’habitation exige une distance d’au moins 5 mètres de part et d’autre entre les constructions et ce type d’infrastructure. Là également, les populations installées sur l’emprise des pipelines depuis plusieurs années, des décennies pour certaines, ignorent tout du danger avec lequel elles cohabitent depuis tout ce temps.
Pour éviter le pire, le directeur de la protection civile Mare Lô, préconise des mesures urgentes. « Les solutions sont nombreuses et seront de deux ordres. D’abord, il faudra déguerpir certains occupants de l’emprise des pipelines avant de songer à la réhabilitation de l’ouvrage. La faisabilité des deux solutions sera étudiée, ainsi que leur coût économique », a t-il expliqué en marge d’une visite guidée pour sensibiliser autorités et populations. En attendant, une chose est sûre : quelque soit l’option à prendre la note sera forcément très salée et le processus long. Surtout dans un pays où la question des déguerpissements même en situation d’urgence, s’oppose souvent à des intérêts particuliers. Contraintes à la délocalisation, les populations refusent souvent de se soumettre. Pour exemple, les cas de la Senchim (entreprise de fabrication de produits phytosanitaires), de l’émissaire de Cambérène ou encore du collecteur « Hann-Fann » entre autres, posent d’énormes difficultés liées au déguerpissement ou à la délocalisation.
A ce jour, tous ces cas présentent des risques chimiques, écologiques et sanitaires très élevés. Malgré le danger connu de tous, ces problèmes restent en l’état et illustrent à merveille la difficulté pour les autorités de les résoudre. Il est d’autant plus désolant que ces drames ambiants auraient pu être facilement évités.
Ce drame scientifique de plus est hélas à l’image de ce qui se passe tous les jours dans tous les secteurs au Sénégal. Défaut de surveillance et d’entretien courant des infrastructures, la même négligence -souvent fatale- se reproduit sans arrêt.
Toutefois, la question à se poser avec cette « mauvaise surprise », est sans doute : pourquoi les experts attendent-ils toujours qu’on soit aussi proche de l’irréparable pour inquiéter l’opinion publique et alerter des autorités qui ne vont jamais agir à la mesure du danger ?
Papa Adama Touré
La Gazette
En réalité, il s’agit de quatre pipelines appartenant à la SAR et servant à évacuer du fuel, du kérosène, de l’essence et du butane (hors service ndlr). Ces conduits qui sont enfouis depuis près de 40 ans à une profondeur variant de 80 centimètres à trois mètres, souffrent en effet d’une vétusté. Fortement érodés par le sable, ils peuvent incessamment connaître des fuites de produits pétroliers par endroits. S’y ajoutent que les trafics illicites d’hydrocarbures sur plusieurs points du canal, pourraient précipiter une catastrophe sans précédent.
D’après des éléments scientifiques produits par la direction de la protection civile (DPC), ces pipelines de la Société africaine de raffinage (Sar), par où transitent les hydrocarbures, ont été construits au début des années 1960 et sur une longueur de 15 km allant de Hann Bel-Air à Mbao. Aujourd’hui, ils sont enjambés par des constructions à usage d’habitations, de commerces et d’entreprises.
Comme sur le collecteur de Fann-Hann (Voir l’édition 128 de La Gazette), ces occupations anarchiques qui étouffent les quatre pipelines en question, sont principalement constituées de maisons, commerces, édifices publics etc. Selon les agents de la DPC : « les populations ont occupé toutes les emprises des pipelines. Même une mosquée est construite sur l’itinéraire de ces conduits. Des bouteilles truffées d’essence ou vides remplissent cet espace interlope. Les populations, malgré le danger, développent des activités économiques et allument même du feu, comme pour le séchage du poisson ».
Pourtant, cette bande à la périphérie de la capitale est bien connue comme étant une « zone franche industrielle » et regroupe d’importantes usines chimiques. N’empêche, la poussée démographique au fil des ans a terriblement réduit la distance entre les habitations et des unités industrielles initialement retirées de la ville. Non respect des codes de l’urbanisme et de l’environnement, indiscipline des populations et laxisme des autorités, mènent ainsi à une énième cohabitation hasardeuse avec des risques pouvant s’avérer dramatiques. Conséquence : les risques immédiats relevés par les experts sont une forte pollution de la nappe phréatique et de l’air. De plus, l’enclavement des usines expose les populations à d’énormes risques liés à la santé. Il y a également des menaces d’incendies (en cas de fuites) tout autour de ces pipelines. Les sites les plus exposés sont Thiaroye, Guinaw-Rail, Hann-Bel Air.
Prise de conscience tardive
Comment en est-on arrivé là ? Alors qu’un décret de 1963 du code de l’urbanisme et de l’habitation exige une distance d’au moins 5 mètres de part et d’autre entre les constructions et ce type d’infrastructure. Là également, les populations installées sur l’emprise des pipelines depuis plusieurs années, des décennies pour certaines, ignorent tout du danger avec lequel elles cohabitent depuis tout ce temps.
Pour éviter le pire, le directeur de la protection civile Mare Lô, préconise des mesures urgentes. « Les solutions sont nombreuses et seront de deux ordres. D’abord, il faudra déguerpir certains occupants de l’emprise des pipelines avant de songer à la réhabilitation de l’ouvrage. La faisabilité des deux solutions sera étudiée, ainsi que leur coût économique », a t-il expliqué en marge d’une visite guidée pour sensibiliser autorités et populations. En attendant, une chose est sûre : quelque soit l’option à prendre la note sera forcément très salée et le processus long. Surtout dans un pays où la question des déguerpissements même en situation d’urgence, s’oppose souvent à des intérêts particuliers. Contraintes à la délocalisation, les populations refusent souvent de se soumettre. Pour exemple, les cas de la Senchim (entreprise de fabrication de produits phytosanitaires), de l’émissaire de Cambérène ou encore du collecteur « Hann-Fann » entre autres, posent d’énormes difficultés liées au déguerpissement ou à la délocalisation.
A ce jour, tous ces cas présentent des risques chimiques, écologiques et sanitaires très élevés. Malgré le danger connu de tous, ces problèmes restent en l’état et illustrent à merveille la difficulté pour les autorités de les résoudre. Il est d’autant plus désolant que ces drames ambiants auraient pu être facilement évités.
Ce drame scientifique de plus est hélas à l’image de ce qui se passe tous les jours dans tous les secteurs au Sénégal. Défaut de surveillance et d’entretien courant des infrastructures, la même négligence -souvent fatale- se reproduit sans arrêt.
Toutefois, la question à se poser avec cette « mauvaise surprise », est sans doute : pourquoi les experts attendent-ils toujours qu’on soit aussi proche de l’irréparable pour inquiéter l’opinion publique et alerter des autorités qui ne vont jamais agir à la mesure du danger ?
Papa Adama Touré
La Gazette