Que diriez-vous si, au cours d'un entretien d'embauche, votre futur employeur vous demandait vos codes d'accès Facebook afin de vérifier que vous ne lui cachez rien? Improbable? C'est pourtant une réalité dans certaines entreprises et administrations américaines qui poussent un cran plus loin la désormais classique «recherche Google» sur leurs futures recrues.
Alors que les médias ont multiplié ces dernières années les articles sur des licenciements dus à des photos ou statuts malheureux sur Facebook, les utilisateurs du réseau social ont rapidement compris qu'il valait mieux rendre leur profil accessible uniquement à des personnes de confiance. Les employeurs américains tentent donc de contourner cette difficulté en demandant expressément les codes d'accès au profil, ou plus sournoisement en faisant une demande d'ami sur le réseau social. Pour mettre fin à cette dérive qui touche essentiellement les services publics américains, l'État du Maryland a adopté il y a quelques jours une loi, mais rien n'avait encore été fait au niveau fédéral.
«Une menace démesurée et intolérable pour la vie privée»
Mercredi, un groupe d'élus démocrates a donc déposé devant le Sénat et la Chambre des représentants une proposition de loi visant à interdire aux employeurs d'accéder aux réseaux sociaux et aux comptes e-mails privés de leurs employés, actuels ou futurs. Le Password Protection Act (PPA) «interdit à un employeur de demander à un employé ou à un candidat son nom d'utilisateur, son mot de passe, ou tout autre moyen lui permettant d'accéder à un compte personnel via un appareil de communication électronique» et «interdit à un employeur de prendre, ou menacer de prendre des sanctions contre un employé qui refuse de livrer ses mots de passe».
«Les employeurs qui tentent d'avoir accès à des mots de passe ou des informations confidentielles sur des réseaux sociaux, des comptes e-mails ou d'autres services Internet protégés sont une menace démesurée et intolérable pour la vie privée», estime le sénateur démocrate du Connecticut Richard Blumenthal, qui se bat contre ces pratiques depuis plusieurs mois. «Aucun Américain ne devrait avoir à livrer ses mots de passe pour obtenir un emploi», ajoute le député démocrate du Colorado Ed Perlmutter. Pour les opposants à cette pratique, «c'est comme si vous donniez les clés de votre maison à votre employeur afin qu'il la fouille de fond en comble».
Exception pour les personnes en contact avec des enfants
L'association de défense des libertés ACLU (American Civil Liberties Union), qui a tiré la sonnette d'alarme l'an passé, applaudit la démarche des élus démocrates. Elle souligne notamment que «la loi ne s'applique pas uniquement à Facebook ou à un autre réseau social, mais à toutes les situations où un employeur oblige un employé à lui donner des informations contenues dans un appareil qui ne lui appartient pas». Car même si un salarié se connecte à un réseau social sur son lieu de travail, les données de son compte sont stockées sur un serveur extérieur, et non sur son poste. Pour l'ACLU, cela signifie que la loi s'appliquerait également pour des accès forcés à un compte e-mail, à des services de partage de photo comme Flickr ou même à la consultation du smartphone personnel d'un employé.
L'ACLU déplore cependant que la loi s'applique uniquement aux employés, et non pas aux élèves et étudiants. L'association défend en effet un cas où les services administratifs d'une école ont obligé une collégienne à livrer ses mots de passe pour Facebook et son compte e-mail afin de vérifier qu'elle n'avait pas de conversations à caractère sexuel avec l'un de ses camarades.
L'association regrette également que la loi prévoie certaines exceptions. Les États pourront ainsi demander les mots de passe des personnes travaillant avec des enfants de moins de 13 ans, tandis que les personnes amenées à être en contact avec des informations étatiques sensibles, comme les soldats, pourront également voir leur profil Facebook être passé au peigne fin sans que la justice ne s'en mêle.
VOTRE AVIS - Seriez-vous prêt à donner à votre patron libre accès à votre compte Facebook si cela vous permet d'obtenir un emploi? Faites-nous part de votre avis dans les commentaires ci-dessous ou à l'adresse temoin@lefigaro.fr
Par Chloé Woitier
Alors que les médias ont multiplié ces dernières années les articles sur des licenciements dus à des photos ou statuts malheureux sur Facebook, les utilisateurs du réseau social ont rapidement compris qu'il valait mieux rendre leur profil accessible uniquement à des personnes de confiance. Les employeurs américains tentent donc de contourner cette difficulté en demandant expressément les codes d'accès au profil, ou plus sournoisement en faisant une demande d'ami sur le réseau social. Pour mettre fin à cette dérive qui touche essentiellement les services publics américains, l'État du Maryland a adopté il y a quelques jours une loi, mais rien n'avait encore été fait au niveau fédéral.
«Une menace démesurée et intolérable pour la vie privée»
Mercredi, un groupe d'élus démocrates a donc déposé devant le Sénat et la Chambre des représentants une proposition de loi visant à interdire aux employeurs d'accéder aux réseaux sociaux et aux comptes e-mails privés de leurs employés, actuels ou futurs. Le Password Protection Act (PPA) «interdit à un employeur de demander à un employé ou à un candidat son nom d'utilisateur, son mot de passe, ou tout autre moyen lui permettant d'accéder à un compte personnel via un appareil de communication électronique» et «interdit à un employeur de prendre, ou menacer de prendre des sanctions contre un employé qui refuse de livrer ses mots de passe».
«Les employeurs qui tentent d'avoir accès à des mots de passe ou des informations confidentielles sur des réseaux sociaux, des comptes e-mails ou d'autres services Internet protégés sont une menace démesurée et intolérable pour la vie privée», estime le sénateur démocrate du Connecticut Richard Blumenthal, qui se bat contre ces pratiques depuis plusieurs mois. «Aucun Américain ne devrait avoir à livrer ses mots de passe pour obtenir un emploi», ajoute le député démocrate du Colorado Ed Perlmutter. Pour les opposants à cette pratique, «c'est comme si vous donniez les clés de votre maison à votre employeur afin qu'il la fouille de fond en comble».
Exception pour les personnes en contact avec des enfants
L'association de défense des libertés ACLU (American Civil Liberties Union), qui a tiré la sonnette d'alarme l'an passé, applaudit la démarche des élus démocrates. Elle souligne notamment que «la loi ne s'applique pas uniquement à Facebook ou à un autre réseau social, mais à toutes les situations où un employeur oblige un employé à lui donner des informations contenues dans un appareil qui ne lui appartient pas». Car même si un salarié se connecte à un réseau social sur son lieu de travail, les données de son compte sont stockées sur un serveur extérieur, et non sur son poste. Pour l'ACLU, cela signifie que la loi s'appliquerait également pour des accès forcés à un compte e-mail, à des services de partage de photo comme Flickr ou même à la consultation du smartphone personnel d'un employé.
L'ACLU déplore cependant que la loi s'applique uniquement aux employés, et non pas aux élèves et étudiants. L'association défend en effet un cas où les services administratifs d'une école ont obligé une collégienne à livrer ses mots de passe pour Facebook et son compte e-mail afin de vérifier qu'elle n'avait pas de conversations à caractère sexuel avec l'un de ses camarades.
L'association regrette également que la loi prévoie certaines exceptions. Les États pourront ainsi demander les mots de passe des personnes travaillant avec des enfants de moins de 13 ans, tandis que les personnes amenées à être en contact avec des informations étatiques sensibles, comme les soldats, pourront également voir leur profil Facebook être passé au peigne fin sans que la justice ne s'en mêle.
VOTRE AVIS - Seriez-vous prêt à donner à votre patron libre accès à votre compte Facebook si cela vous permet d'obtenir un emploi? Faites-nous part de votre avis dans les commentaires ci-dessous ou à l'adresse temoin@lefigaro.fr
Par Chloé Woitier