Une otage américaine aurait été tuée lors d'un raid aérien de la coalition internationale dans la région de Raqa, un bastion des djihadistes dans le nord de la Syrie, a affirmé vendredi le groupe État islamique (EI). "L'aviation de la coalition croisée a bombardé une position en dehors de la ville de Raqa après les prières du vendredi. Aucun combattant n'a été touché, mais nous pouvons confirmer qu'une otage américaine a été tuée par les frappes", a indiqué l'EI dans un communiqué diffusé sur des sites djihadistes.
Dans le titre, l'EI mentionne que l'aviation "jordanienne" a tué une otage américaine, mais le texte du communiqué parle uniquement d'une frappe de la "coalition". L'information de la mort de l'otage n'a pas pu immédiatement être vérifiée par une source indépendante. Le communiqué signé par le bureau d'informations de la province de Raqa ne comporte pas de photos du corps de l'otage. Il est toutefois accompagné de photos de bâtiments détruits. La légende d'une des photos d'un bâtiment en ruines précise qu'il s'agit des décombres du bâtiment dans lequel l'otage a péri. L'EI identifie la victime comme Kayla Jean Mueller et publie deux numéros de téléphone avec un indicatif de l'État d'Arizona (sud-ouest des États-Unis), une adresse courriel et une adresse postale en Arizona, dans la ville de Prescott.
La Maison-Blanche a indiqué qu'elle ne disposait pas "de signe tangible pour l'instant" de la mort d'une otage américaine. "Nous sommes évidemment très préoccupés par ces informations. Nous n'avons pas de signe tangible pour l'instant confirmant les affirmations de l'EI" sur la mort de cet otage, a déclaré Bernadette Meehan, porte-parole du Conseil de sécurité nationale (NSC).
Par ailleurs, plus de 30 djihadistes de l'EI ont été tués et beaucoup de matériel détruit dans ces frappes de la coalition, selon une ONG. "Au moins 30 djihadistes, mais certainement plus, ont été tués vendredi dans des raids de la coalition contre des positions et des dépôts abritant des véhicules militaires et de chars, à l'est et à l'ouest de la ville de Raqa", capitale autoproclamée de l'EI, a affirmé l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Selon son directeur Rami Abdel Rahmane, c'est à Abou Qobeih, une localité à l'ouest de Raqa, qu'ont été détruits des chars et des véhicules militaires pris à l'armée irakienne ainsi qu'une prison. "Il y a de grosses pertes dans les rangs de l'EI. Les raids ont visé aussi des bases, des points de contrôle, ainsi qu'un camp d'entraînement et une prison dans la région de Mankhar, à l'est de Raqa", a-t-il précisé.
Résolution de l'ONU
Sur le front diplomatique, le Conseil de sécurité de l'ONU devrait adopter la semaine prochaine une résolution qui vise à tarir toutes les sources de financement du groupe État islamique, qu'elles proviennent du pétrole, du trafic d'antiquités ou de rançons, selon un diplomate. La première mouture de ce texte, élaborée par la Russie, a été complétée après des discussions avec Américains et Européens avant d'être distribuée aux 15 pays membres. Ceux-ci devaient en discuter pour la première fois à huis clos vendredi. Il s'inspire largement d'une série de décisions déjà prises par l'ONU dans le cadre de sanctions (gel d'avoirs, embargo sur les armes notamment) imposées aux organisations et individus affiliés à al-Qaida.
Le Conseil avait aussi adopté en août 2014 une résolution visant à couper les fonds aux djihadistes en menaçant de sanctionner les pays qui leur achèteraient du pétrole. La résolution devait également endiguer le flux de combattants étrangers partis rejoindre l'EI en Irak et en Syrie.
Ces obligations imposées aux États membres "sont déjà solides et contraignantes, mais l'objectif de la nouvelle résolution est de les étendre et de clarifier ce qu'elles impliquent, en particulier dans le domaine de la contrebande de produits pétroliers", explique un responsable américain impliqué dans les discussions. S'exprimant sous couvert de l'anonymat, il prévoit l'adoption du texte la semaine prochaine. Il reconnaît que faire appliquer dans les faits cette résolution juridiquement contraignante "sera un défi" étant donné la multitude d'intermédiaires qui trafiquent avec les djihadistes. "Nous espérons que ces normes et dispositions auront un véritable impact." Une des principales nouveautés de la résolution, souligne-t-il, est une interdiction spécifique du trafic des oeuvres d'art et antiquités dérobées en Syrie, dont l'EI contrôle une partie du territoire. Une telle interdiction s'applique déjà à l'Irak.