Ousmane Tanor Dieng a manifesté son soutient au président sortant Gbagbo, soutenant qu’il ne revient pas à l’Onu de nommer un président, mais au Conseil constitutionnel. En d’autres termes Tanor bénit un hold up électoral.
A la suite de vives réactions provenant de son parti et de la classe politique, Tanor se dédit ou wax waxéte en disant: « J’ai écouté la clameur et j’ai entendu le malaise provoqué par mes propos, d’abord par la presse. Ensuite, beaucoup de mes camarades, de mes proches, de nos militants et sympathisants ont fait connaître le caractère improductif, pour notre combat, de mes propos. Je n’ai pas été compris, c’est le cas ». Comment peut-on faire confiance à un politicien qui piétine volontairement les règles élémentaires de la démocratie? Le Sénégal mérite mieux à mon humble avis.
Après le départ de Collin du Gouvernement le 27 mars 1990, Ousmane Tanor Dieng a pris le relais et allait connaître, la même puissance, surtout à partir de deux repères importants : sa nomination, le 7 juin 1993, comme Ministre d’Etat, Ministre des Services et Affaires présidentiels et le fameux Congrès « sans débat » du 30 mars 1996. Au cours de ce congrès, il fut nommé Premier Secrétaire, au détriment de Moustapha Niasse et Djibo Ka.
Ousmane Tanor Dieng, alors puissant Ministre d’Etat, Ministre des Services et Affaires présidentiels, a beaucoup contribué par certaines de ses attitudes et déclarations, à la mauvaise gestion des sociétés nationales. En tournée dans le Département de Mbour en juillet 1998, Tanor lançait, en direction de ceux qui dénonçaient la mauvaise gestion dans les sociétés nationales : « Je voudrais leur confirmer ici (à ceux qui dénonçaient) que les directeurs nationaux ont la confiance du Président de la République et c’est ça seulement qui compte. » Ils n’y sont pas effectivement allés de main morte et nos sociétés nationales en ont terriblement souffert. Ainsi, à Ngoundiane (petite localité dans la Région de Thiès) où il était allé présider un meeting du Ps, il s’adressait en ces termes à son camarade Mbaye Diouf : « Le Président de la République est au courant de ce que vous faites et vous félicite. Et moi de même. » Résultat des courses, le rapport d’audit du cabinet Ernst et Young concernant sa longue gestion des chemins de fer (onze à douze ans), faisait état d’un détournement de 7 milliards.
Ceux qui voudraient se persuader que le PS aurait réussi sa mue en se réconciliant avec les vertus de la démocratie immergées dans 40 ans d’autoritarisme parfois radical et plus souvent modéré (depuis l’ouverture au multipartisme en 1974), devraient remettre aux calendes grecques leur regard optimiste sur ces «hommes nouveaux de l’ancien régime». Tout ce qu’il y a de nouveau chez eux est le refoulement physique des habits dorés du pouvoir, mais «chassez le naturel, il revient au galop!». Ce qui était voilé se dévoile. Ce qui était enfoui est refoulé, ré-émergeant sous les poussées réflexives de la vraie nature anti-démocratique et exhalant les odeurs de l’incontinence politique. La plus importante transformation que l’on attendait d’eux fût plus interne, plus profonde, plus viscérale : c’était une rupture psychologique avec une certaine «inculture» démocratique inaugurée avec le règne «senghorien» et réadaptée sous des formes plus tolérantes par le pouvoir de Diouf. Cette transformation n’a pas été faite et l’attitude du premier secrétaire du PS félicitant son ami, usurpateur éhonté de la souveraineté populaire ivoirienne, en est l’illustration éloquente. Nous faisons souvent preuve d’une sévérité absolue à l’endroit du régime de l’alternance en affirmant que ses scandales ont épuisé la capacité d’indignation des Sénégalais. Mais si nous voulions faire preuve d’honnêteté intellectuelle, nous nous devrions de reconnaître que cette capacité d’indignation était déjà largement entamée sous le règne quarantenaire du Parti socialiste. Il ne serait pas superfétatoire de le rappeler aujourd’hui que les félicitations indignes du PS adressées à l’usurpateur du FPI nous en redonnent l’occasion. Qui a oublié que c’est ce même PS qui inventa au Sénégal cette gestion néo-patrimoniale qui a fait le lit de tous ces scandales que l’on dénonce encore aujourd’hui? Ce système où les entrepreneurs politiques, ayant acquis des positions de pouvoir, s’adonnent à l’extraction et à l’accumulation des ressources financières pour entretenir leur clientèle. Ce système où les détenteurs du pouvoir politique exploitent leur position dans la sphère de domination pour « placer » les amis politiques, les membres de la famille, les « recommandés », les ressortissants du même village, de la même ville, de la même région.
L’espace néo-patrimonial auquel est habitué le PS, est celui dans lequel le chef organise son pouvoir politique comme l’exercice de sa gestion domestique, exactement comme le faisais Gbagbo. Habitués ainsi à appréhender l’espace du pouvoir comme un territoire familial, il n’est guère surprenant que les sentiments d’amitié et de parenté se substituent aux principes démocratiques chez les dirigeants du Parti socialiste. Leur logique néo-patrimoniale fondée sur la satisfaction des besoins des « parents politiques » ignore les solidarités sociales et méconnaît les compassions. La preuve la plus éclatante pour le Sénégal sous le régime socialiste, ce fut l’augmentation du nombre des députés (de 120 à 140) en 1998 et la création d’une nouvelle institution, le Sénat, dont des membres étaient nommés directement par le Président de la République, exactement comme le fait le régime de l’alternance aujourd’hui. La « privatisation » de la politique était ainsi faite que même le « Prince » (détenteur du pouvoir exécutif) avait un droit de regard sur le pouvoir législatif dont les membres étaient ses représentants personnels dans les Institutions législatives. Cette pratique découle de ce que Médard appelle l’absence de véritable distinction entre domaine privé et domaine public. Voilà qui explique pourquoi le régime du Parti socialiste, traitant les institutions comme des biens propres, choisissait de nommer lui-même des sénateurs qui faisaient partie du cercle fermé des proches, qui n’étaient pas forcément compétents, mais qui avaient toujours témoigné fidélité et loyauté aux deux princes qui se sont succédé, Senghor et Diouf. Abdoulaye Willane tente de rebondir et de faire rebondir sa formation politique en s’attaquant à d’honnêtes gens mais hélas mon cher le parti socialiste n’est rien d’autre qu’une fiction en extinction. Vu tous ses scandales, le PS devrait soigner d’abord les séquelles de la « privatisation du pouvoir » et se garder par décence de crier au scandale. Personne ne le prendrait au sérieux. Que l’on s’en souvienne!
Babacar KEBE
Membre de la CCR/ APR YAAKAR
Email : ingtelecom1@yahoo.fr
A la suite de vives réactions provenant de son parti et de la classe politique, Tanor se dédit ou wax waxéte en disant: « J’ai écouté la clameur et j’ai entendu le malaise provoqué par mes propos, d’abord par la presse. Ensuite, beaucoup de mes camarades, de mes proches, de nos militants et sympathisants ont fait connaître le caractère improductif, pour notre combat, de mes propos. Je n’ai pas été compris, c’est le cas ». Comment peut-on faire confiance à un politicien qui piétine volontairement les règles élémentaires de la démocratie? Le Sénégal mérite mieux à mon humble avis.
Après le départ de Collin du Gouvernement le 27 mars 1990, Ousmane Tanor Dieng a pris le relais et allait connaître, la même puissance, surtout à partir de deux repères importants : sa nomination, le 7 juin 1993, comme Ministre d’Etat, Ministre des Services et Affaires présidentiels et le fameux Congrès « sans débat » du 30 mars 1996. Au cours de ce congrès, il fut nommé Premier Secrétaire, au détriment de Moustapha Niasse et Djibo Ka.
Ousmane Tanor Dieng, alors puissant Ministre d’Etat, Ministre des Services et Affaires présidentiels, a beaucoup contribué par certaines de ses attitudes et déclarations, à la mauvaise gestion des sociétés nationales. En tournée dans le Département de Mbour en juillet 1998, Tanor lançait, en direction de ceux qui dénonçaient la mauvaise gestion dans les sociétés nationales : « Je voudrais leur confirmer ici (à ceux qui dénonçaient) que les directeurs nationaux ont la confiance du Président de la République et c’est ça seulement qui compte. » Ils n’y sont pas effectivement allés de main morte et nos sociétés nationales en ont terriblement souffert. Ainsi, à Ngoundiane (petite localité dans la Région de Thiès) où il était allé présider un meeting du Ps, il s’adressait en ces termes à son camarade Mbaye Diouf : « Le Président de la République est au courant de ce que vous faites et vous félicite. Et moi de même. » Résultat des courses, le rapport d’audit du cabinet Ernst et Young concernant sa longue gestion des chemins de fer (onze à douze ans), faisait état d’un détournement de 7 milliards.
Ceux qui voudraient se persuader que le PS aurait réussi sa mue en se réconciliant avec les vertus de la démocratie immergées dans 40 ans d’autoritarisme parfois radical et plus souvent modéré (depuis l’ouverture au multipartisme en 1974), devraient remettre aux calendes grecques leur regard optimiste sur ces «hommes nouveaux de l’ancien régime». Tout ce qu’il y a de nouveau chez eux est le refoulement physique des habits dorés du pouvoir, mais «chassez le naturel, il revient au galop!». Ce qui était voilé se dévoile. Ce qui était enfoui est refoulé, ré-émergeant sous les poussées réflexives de la vraie nature anti-démocratique et exhalant les odeurs de l’incontinence politique. La plus importante transformation que l’on attendait d’eux fût plus interne, plus profonde, plus viscérale : c’était une rupture psychologique avec une certaine «inculture» démocratique inaugurée avec le règne «senghorien» et réadaptée sous des formes plus tolérantes par le pouvoir de Diouf. Cette transformation n’a pas été faite et l’attitude du premier secrétaire du PS félicitant son ami, usurpateur éhonté de la souveraineté populaire ivoirienne, en est l’illustration éloquente. Nous faisons souvent preuve d’une sévérité absolue à l’endroit du régime de l’alternance en affirmant que ses scandales ont épuisé la capacité d’indignation des Sénégalais. Mais si nous voulions faire preuve d’honnêteté intellectuelle, nous nous devrions de reconnaître que cette capacité d’indignation était déjà largement entamée sous le règne quarantenaire du Parti socialiste. Il ne serait pas superfétatoire de le rappeler aujourd’hui que les félicitations indignes du PS adressées à l’usurpateur du FPI nous en redonnent l’occasion. Qui a oublié que c’est ce même PS qui inventa au Sénégal cette gestion néo-patrimoniale qui a fait le lit de tous ces scandales que l’on dénonce encore aujourd’hui? Ce système où les entrepreneurs politiques, ayant acquis des positions de pouvoir, s’adonnent à l’extraction et à l’accumulation des ressources financières pour entretenir leur clientèle. Ce système où les détenteurs du pouvoir politique exploitent leur position dans la sphère de domination pour « placer » les amis politiques, les membres de la famille, les « recommandés », les ressortissants du même village, de la même ville, de la même région.
L’espace néo-patrimonial auquel est habitué le PS, est celui dans lequel le chef organise son pouvoir politique comme l’exercice de sa gestion domestique, exactement comme le faisais Gbagbo. Habitués ainsi à appréhender l’espace du pouvoir comme un territoire familial, il n’est guère surprenant que les sentiments d’amitié et de parenté se substituent aux principes démocratiques chez les dirigeants du Parti socialiste. Leur logique néo-patrimoniale fondée sur la satisfaction des besoins des « parents politiques » ignore les solidarités sociales et méconnaît les compassions. La preuve la plus éclatante pour le Sénégal sous le régime socialiste, ce fut l’augmentation du nombre des députés (de 120 à 140) en 1998 et la création d’une nouvelle institution, le Sénat, dont des membres étaient nommés directement par le Président de la République, exactement comme le fait le régime de l’alternance aujourd’hui. La « privatisation » de la politique était ainsi faite que même le « Prince » (détenteur du pouvoir exécutif) avait un droit de regard sur le pouvoir législatif dont les membres étaient ses représentants personnels dans les Institutions législatives. Cette pratique découle de ce que Médard appelle l’absence de véritable distinction entre domaine privé et domaine public. Voilà qui explique pourquoi le régime du Parti socialiste, traitant les institutions comme des biens propres, choisissait de nommer lui-même des sénateurs qui faisaient partie du cercle fermé des proches, qui n’étaient pas forcément compétents, mais qui avaient toujours témoigné fidélité et loyauté aux deux princes qui se sont succédé, Senghor et Diouf. Abdoulaye Willane tente de rebondir et de faire rebondir sa formation politique en s’attaquant à d’honnêtes gens mais hélas mon cher le parti socialiste n’est rien d’autre qu’une fiction en extinction. Vu tous ses scandales, le PS devrait soigner d’abord les séquelles de la « privatisation du pouvoir » et se garder par décence de crier au scandale. Personne ne le prendrait au sérieux. Que l’on s’en souvienne!
Babacar KEBE
Membre de la CCR/ APR YAAKAR
Email : ingtelecom1@yahoo.fr