«Princesse Barbie» ne veut pas rentrer à la maison. La Saoudienne Sara Bint Talal Ibn Abdel Aziz al-Saoud a demandé l'asile à la Grande-Bretagne. Une première pour un membre aussi important de la famille royale saoudienne. La petite-fille du fondateur du royaume assure qu'elle risque d'être persécutée par des membres de sa famille si elle rentre en Arabie saoudite. La validité du passeport de Sara a expiré deux ans après son arrivée en Grande-Bretagne et elle risque l'expulsion, son visa étant périmé. «Avec mes profonds regrets et dans la mesure où je n'avais pas le choix, j'ai écrit au ministère de l'Intérieur du Royaume-Uni pour demander, pour moi-même et pour mes enfants, l'asile politique», affirme dans un communiqué celle qui est surnommée la «princesse Barbie», en raison de son éducation très choyée. De fait, lorsque le Sunday Telegraph lui demande si elle était conduite partout en Rolls Royce, elle répond: «Je déteste les Rolls Royce, j'adore les Aston Martin.»
Divorcée, la princesse de 38 ans vit actuellement à Londres où elle s'est installée en 2007 avec ses enfants à la suite d'une dispute mystérieuse avec son père, le prince Talal Ibn Abdel Aziz al-Saoud. Surnommé le «prince rouge», cet octogénaire est connu pour ses velléités réformatrices, qui l'avaient d'ailleurs obligé à s'exiler un temps dans les années 1960.
«Ma réputation a été souillée dans les médias par une campagne de dénigrement mal intentionnée et sans fondement», explique la princesse. «J'ai subi tout cela en silence pendant des années en essayant de trouver une solution digne à travers les voies normales, sans tambour ni trompette», poursuit-elle. Aujourd'hui, elle est convaincue que de hauts responsables saoudiens complotent pour l'enlever et la ramener à Riyad. «J'ai été agressée physiquement», confie-t-elle au Sunday Telegraph . «Ils m'ont accusée de comploter contre eux avec l'Iran. J'ai très peur.»
Guerre des clans
Mais attention, si Sara craint des représailles, ce n'est pas parce qu'elle appartiendrait à un quelconque courant contestataire qui mettrait en cause le gouvernement actuel. Dans l'entretien au quotidien britannique, elle assure qu'elle n'a que du «respect» pour le roi Abdallah et qu'elle ne questionne pas la charia. Sara est simplement une victime collatérale de la lutte des clans au sein de la famille royale. Après la mort en octobre 2011 de Sultan, puis en juin de son frère Nayef, les Soudayris, rivaux d'Abdallah, voient leur influence diminuer, au profit notamment des fils de l'ancien roi Faysal. Or Sara, qui est en conflit avec son père, était protégée par Nayef. C'est donc la disparition de ce soutien qui pourrait l'avoir poussée à présenter sa demande d'asile.
La princesse se bat par ailleurs avec son grand frère, le prince Turki Ibn Talal Ibn Abdelaziz al-Saoud, pour l'héritage de leur mère, décédée d'un cancer en 2008 et dont la fortune est estimée à plus de 400 millions d'euros. Sara prétend qu'on l'a empêchée de toucher sa part.
La Grande-Bretagne doit désormais examiner la requête exceptionnelle de Sara. Cette dernière peut trouver espoir dans le cas d'une autre princesse saoudienne qui avait obtenu l'asile au Royaume-Uni en 2009. Cette épouse d'un membre âgé de la famille royale était tombée enceinte de son amant anglais pendant un séjour à Londres. Elle avait réussi à convaincre le gouvernement britannique qu'elle risquait d'être condamnée à la lapidation si elle rentrait dans son pays.
Il n'est toutefois pas certain que Londres accepte de prendre le risque d'un incident diplomatique avec son allié de longue date au Moyen-Orient. En 1980, la simple diffusion sur la télévision britannique du film Mort d'une princesse (racontant l'histoire vraie de l'exécution d'une princesse saoudienne pour adultère) avait suffi à dégrader les relations entre les deux pays. L'ambassadeur britannique avait été expulsé et des contrats d'exportation annulés.
Par Laura Raim
Divorcée, la princesse de 38 ans vit actuellement à Londres où elle s'est installée en 2007 avec ses enfants à la suite d'une dispute mystérieuse avec son père, le prince Talal Ibn Abdel Aziz al-Saoud. Surnommé le «prince rouge», cet octogénaire est connu pour ses velléités réformatrices, qui l'avaient d'ailleurs obligé à s'exiler un temps dans les années 1960.
«Ma réputation a été souillée dans les médias par une campagne de dénigrement mal intentionnée et sans fondement», explique la princesse. «J'ai subi tout cela en silence pendant des années en essayant de trouver une solution digne à travers les voies normales, sans tambour ni trompette», poursuit-elle. Aujourd'hui, elle est convaincue que de hauts responsables saoudiens complotent pour l'enlever et la ramener à Riyad. «J'ai été agressée physiquement», confie-t-elle au Sunday Telegraph . «Ils m'ont accusée de comploter contre eux avec l'Iran. J'ai très peur.»
Guerre des clans
Mais attention, si Sara craint des représailles, ce n'est pas parce qu'elle appartiendrait à un quelconque courant contestataire qui mettrait en cause le gouvernement actuel. Dans l'entretien au quotidien britannique, elle assure qu'elle n'a que du «respect» pour le roi Abdallah et qu'elle ne questionne pas la charia. Sara est simplement une victime collatérale de la lutte des clans au sein de la famille royale. Après la mort en octobre 2011 de Sultan, puis en juin de son frère Nayef, les Soudayris, rivaux d'Abdallah, voient leur influence diminuer, au profit notamment des fils de l'ancien roi Faysal. Or Sara, qui est en conflit avec son père, était protégée par Nayef. C'est donc la disparition de ce soutien qui pourrait l'avoir poussée à présenter sa demande d'asile.
La princesse se bat par ailleurs avec son grand frère, le prince Turki Ibn Talal Ibn Abdelaziz al-Saoud, pour l'héritage de leur mère, décédée d'un cancer en 2008 et dont la fortune est estimée à plus de 400 millions d'euros. Sara prétend qu'on l'a empêchée de toucher sa part.
La Grande-Bretagne doit désormais examiner la requête exceptionnelle de Sara. Cette dernière peut trouver espoir dans le cas d'une autre princesse saoudienne qui avait obtenu l'asile au Royaume-Uni en 2009. Cette épouse d'un membre âgé de la famille royale était tombée enceinte de son amant anglais pendant un séjour à Londres. Elle avait réussi à convaincre le gouvernement britannique qu'elle risquait d'être condamnée à la lapidation si elle rentrait dans son pays.
Il n'est toutefois pas certain que Londres accepte de prendre le risque d'un incident diplomatique avec son allié de longue date au Moyen-Orient. En 1980, la simple diffusion sur la télévision britannique du film Mort d'une princesse (racontant l'histoire vraie de l'exécution d'une princesse saoudienne pour adultère) avait suffi à dégrader les relations entre les deux pays. L'ambassadeur britannique avait été expulsé et des contrats d'exportation annulés.
Par Laura Raim