Maillot des Lions de la Teranga sur le dos, musique diola typique de la Casamance. À Artigues-près-Bordeaux, la famille Sané est en place pour le retour du Sénégal à la Coupe du monde de football, seize ans après sa dernière participation.
Blanche, jaune ou verte, tout le monde a enfilé la tunique pour l’occasion, même la petite Neissa Khady, la fille de Pape, l’aîné des frères Sané. Le moment est spécial. Pour la première fois, un Sané, le petit dernier de 27 ans, Salif, va participer à un Mondial.
« On aurait aimé qu’il y ait Lamine aussi », s’exclame Jean-Paul, le beau-père. L’ancien défenseur central des Girondins, joueur d’Orlando, aux États-Unis, n’a pas été sélectionné. « C’est le rêve de tout footballeur », s’enorgueillit Abasse, lui aussi footballeur de bon niveau. Le grand frère, 35 ans, ne peut cacher son plaisir de voir le « chouchou » réaliser de tels exploits. « Il est récompensé de sa saison », dit-il.
Pour Marie-Jo, la maman, la joie est immense. « Je suis heureuse, fière, fière, fière », glisse-t-elle en rapprochant les mains de son cœur, avant le coup d’envoi du match face à la Pologne. « Ça va être dur. J’ai peur. Mais Dieu est grand », lance ce petit bout de femme. « Ma copine m’a appelée : au Sénégal, tout le monde est devant la télé ! »
« Il a raté quelque chose, là »
Pour l’entrée en lice des Sénégalais, Salif est titulaire au poste de défenseur central. Jean-Paul coupe le son de la musique pour monter celui du poste télé. Salif apparaît dans le couloir. « C’est lui, là », s’enflamme Marie-Jo, qui n’en perd déjà pas une miette. Pendant que Jean-Paul installe les apéritifs, le match débute. Les Lions entrent timidement dans leur partie. Pas de quoi calmer les ardeurs de Marie-Jo. « Allez, Allez ! » crie-t-elle.
Personne ne lâche l’écran des yeux. Après quelques interventions sereines, Salif s’apprête à tirer un coup franc bien placé. « Il a une grosse frappe », s’impatiente Abasse. Le coup de pied passe finalement loin du but. Alors que le jeu s’enlise, que Marie-Jo s’agace à mesure que les passes sont manquées, les "Lions" ouvrent la marque sur une frappe déviée par un Polonais. Explosion de joie.
L’ouverture du score libère l’équipe. Sur un corner, Salif, pourtant esseulé dans la surface, rate le 2–0 de la tête. À la mi-temps, sa mère ne manque pas de le faire remarquer à ses amies qui l’appellent par téléphone. « Salif a raté quelque chose, là », rouspète-t-elle.
Fébrile jusqu’au bout
La deuxième période est du même acabit : solide, le Sénégal double la mise à l’heure de jeu. Rassurant, Salif règne en défense. Marie-Josèphe a les yeux qui brillent dès que les commentateurs encensent le prodige.
Mais la Pologne n’a pas dit pas son dernier mot et réduit le score par Krychowiak – encore un ancien des Girondins – à cinq minutes du terme. « Ils vont me tuer là », réagit-elle. Malgré quelques situations chaudes devant leur cage, les Sénégalais tiennent le coup et réussissent leur entrée dans la compétition.
SUD-OUEST