Depuis la fin janvier, le Mouvement du 23 juin (M23), qui rassemble opposition politique et groupes de la société civile, tente de mobiliser la rue pour contrecarrer la candidature de M. Wade à l'élection présidentielle du 26 février. Les opposants au président sortant jugent cette candidature [anticonstitutionnelle]urlblank:http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2012/01/29/008-senegal-president-sortant-haute-cour-decision.shtml . Pour la [quatrième journée consécutive]urlblank:http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2012/02/16/005-senegal-manifestation_opposition-dispersee.shtml , le M23 avait donc appelé à manifester « massivement » dans le centre-ville de capitale du Sénégal, où les rassemblements sont interdits depuis le mois de juillet.
Les forces de l'ordre avaient pris les devants en bloquant les accès à la place de l'Indépendance, ou devaient converger les protestataires. Très vite, des groupes de jeunes se sont massés dans les rues et avenues adjacentes, se barricadant derrière des pneus et des poubelles en feu pour attaquer la police à coups de pierre. Les forces de sécurité ont répliqué à l'aide de balles en caoutchouc, de gaz lacrymogènes et de canons d'eau.
Un peu plus loin, une foule entourant le chanteur Youssou Ndour, [exclu de la présidentielle]urlblank:http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2012/01/27/008-senegal-presidentielle-heurt.shtml , a été prise à partie par des policiers. Le véhicule du chanteur s'étant arrêté près d'un camion de policiers, Youssou Ndour a fait mine de descendre. « Dégagez-moi ça, dégagez-moi ça! », a alors crié un policier avant que ses collègues ne tentent de disperser ses partisans à coups de grenades lacrymogènes. Ceux-ci ont riposté en leur jetant des pierres.
Une mosquée visée
Pendant ces incidents, un journaliste de l'AFP a vu un autre policier sortir son arme de service et ouvrir le feu. Il a ensuite récupéré une douille de 9 mm au sol ainsi qu'une balle non percutée.
La tension semblait retomber quand une nouvelle grenade lacrymogène a été lancée, cette fois-ci dans une mosquée du quartier du Plateau, à proximité du centre-ville. Elle a provoqué la colère de centaines de fidèles, de jeunes et de badauds qui se trouvaient à proximité. De 200 à 300 personnes excédées criaient « Allah akhbar » (Dieu est grand), reprochant aux policiers de « dépasser les bornes ».
Parallèlement, des hommes en civil armés de fusils à pompe circulaient à bord de 4X4 banalisés pour pourchasser les manifestants. Certains avaient le visage couvert d'une cagoule noire, ont constaté les correspondants de l'AFP et Reuters.
Outre un policier blessé à la tête, les violences de la journée de vendredi ont fait une dizaine de blessés, dont deux journalistes occidentaux. En début de soirée, des ambulances circulaient sirènes hurlantes dans le quartier de la mosquée.
Depuis fin janvier, [le vent de la révolte souffle sur le Sénégal]urlblank:http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2012/02/04/003-senegal-chronologie-contestation.shtml . En trois semaines, quatre personnes sont mortes et des dizaines d'autres ont été blessés lors des les échauffourées entre les opposants au président Wade et les forces de sécurité sénégalaises.