Ici, c’est comme si rien en fait ne s’était vraiment passé. Le coup d’avant-hier ne sera pas réédité. Les explications, les unes plus irrationnelles que les autres fusent de partout. Pour « Holleu » un ancien parmi les anciens rencontré sur la plage de Soumbédioune, c’est le gardien des îles, Leuk Daour, qui n’arrive plus à avoir de la quiétude avec les allées et venues et les perversions de toutes sortes, qui a décidé de se faire justice, en rétablissant l’ordre sur cette île. « Il en avait d’ailleurs donné les signes annonciateurs à l’occasion des courses de pirogues », dit-il.
Un autre pêcheur interrogé estime plutôt que c’est « ce qui a été construit sur l’île qui est à l’origine de tous les maux des pêcheurs ». Et tant que « l’Etat ne remettra pas ces terres entre les mains des lébous de souches pour qu’ils continuent à sacrifier aux rites traditionnels en annulant purement et simplement le décret qui a été signé pour faire de cette partie un Parc national, les pêcheurs ne seront jamais tranquilles ». Parce que, justifie-t-il, « le site est devenu un véritable lieu de débauche et de gagne-pain ». Les gardes forestiers, appuie un jeune homme, sans pour autant demander la parole, « y autorisent des séances de pornographie. Au début, c’est nous qui y conduisions les blancs pour les besoins de la visite à raison de 10.000 F. Maintenant, ce sont eux, avec leurs pirogues qui gèrent tout ça sans même tenir compte de nos réalités sociologiques. L’île est devenue un endroit où tous les interdits sont maintenant permis. L’île doit nous revenir ».
L’ancien maire de Dakar Mamadou Diop calme les ardeurs… en attendant de travailler à l’annulation du décret
Il n’aura pas besoin d’en dire plus. Car, présent lors de cette séance d’exorcisme des pêcheurs pour présenter ses condoléances et manifester son soutien à l’endroit de la communauté lébou, plus chanceux que Pape Diop, Mamadou Diop, l’ancien maire de Dakar sous le régime socialiste, dans son intervention, dit être dans les dispositions de travailler pour que le décret en question soit annulé ou intègre leurs préoccupations. Seulement, pour réaliser ce projet, il va sans dire qu’à leur niveau également les pêcheurs doivent s’unir. Parce que, dans la dispersion, ils ne peuvent rien gagner dans un rapport de force avec les autorités. Abondant dans le même sens que l’édile de Yoff, Niassa Mbengue Fall, tout en regrettant ce qui s’est passé avec la mort du jeune Moustapha Sarr, assure que Pape Diop travaille pour une rencontre entre le président de la République et les pêcheurs.
Moustapha Sarr enterré dans l’après-midi
Le corps sans vie de Moustapha Sarr n’est plus entre les mains des forces de l’ordre. Il a été restitué à la famille. Et l’enterrement a eu lieu l’après-midi, devant une foule immense.
M. MB
LENDEMAIN DU MASSACRE A SOUMBEDIOUNE
La veuve de Tapha Sarr n’est plus que l’ombre d’elle-même
A quelques mètres de la mosquée où se déroule la prière mortuaire de Moustapha Sarr, sauvagement tué hier par les garde-côtes, tristesse et désolation se lisent sur tous les visages. Après le massacre d’avant-hier, qui s’est soldé par quatorze blessés dont quatre dans un état critique, de fortes rumeurs faisant état de la mort de l’un des blessés circulent. Assis sur une brique à côté de la mosquée, un jeune homme dément l’information. « On nous en a parlé, nous avons tout de suite vérifié, mais il vit toujours, même s’il est dans un état critique », souffle-t-il presque, comme s’il ne voulait pas déranger les populations, qui se sont déplacées en masse pour assister à la prière. Ils sont des centaines de parents, amis et voisins à prendre d’assaut le lieu de culte. Ceux qui n’ont pas trouvé de place à l’intérieur restent debout dehors. Une rue après, à droite, se situe le domicile de Moustapha Sarr. Seules des femmes occupent les chaises. Pour accéder à la maison, un vieux bâtiment en réfection, il faut faire attention aux tas de gravats et de sable.
A l’intérieur, au fond, à droite, la jeune veuve, à peine vingt ans, taille moyenne, teint clair, est assaillie par les proches et voisines. Elle n’est plus que l’ombre d’elle-même. Les bras ballants, le corps complètement lâché comme si aucun muscle n’obéit plus au cerveau, elle a le regard hagard. Une femme tente de lui donner du lait, sa bouche s’ouvre avec peine. Le liquide se déverse sur son boubou, une autre femme prend le pan du châle pour essuyer les taches. La jeune veuve, en état de grossesse, est absente. Le lourd silence, qui règne dans l’assistance, est déchiré par des « Allahou Akbar » qui s’échappent du haut-parleur de la Mosquée, les sanglots étouffés.
Lorsque les hommes reviennent de la mosquée, c’est le déchirement partout. Même les plus fortes flanchent. S’adressant à une femme qui vient de craquer et qui se débat sur le sol, une autre essaie de la relever en vain : « Ne fais pas cela, tu as été forte jusqu’ici, c’est toi qui calmais les autres, continue, ne pleure pas… », supplie-t-elle, mais ses mots se noient dans une pluie de sanglots et elle se blottit sur l’épaule de l’autre. Triste…Surtout quand on vit dans un pays où des gardes forestiers ont la froideur d’abattre un jeune à la fleur de l’âge, comme si elles avaient affaire à un animal. Triste…
Hadja Diaw GAYE l'asquotidien
Un autre pêcheur interrogé estime plutôt que c’est « ce qui a été construit sur l’île qui est à l’origine de tous les maux des pêcheurs ». Et tant que « l’Etat ne remettra pas ces terres entre les mains des lébous de souches pour qu’ils continuent à sacrifier aux rites traditionnels en annulant purement et simplement le décret qui a été signé pour faire de cette partie un Parc national, les pêcheurs ne seront jamais tranquilles ». Parce que, justifie-t-il, « le site est devenu un véritable lieu de débauche et de gagne-pain ». Les gardes forestiers, appuie un jeune homme, sans pour autant demander la parole, « y autorisent des séances de pornographie. Au début, c’est nous qui y conduisions les blancs pour les besoins de la visite à raison de 10.000 F. Maintenant, ce sont eux, avec leurs pirogues qui gèrent tout ça sans même tenir compte de nos réalités sociologiques. L’île est devenue un endroit où tous les interdits sont maintenant permis. L’île doit nous revenir ».
L’ancien maire de Dakar Mamadou Diop calme les ardeurs… en attendant de travailler à l’annulation du décret
Il n’aura pas besoin d’en dire plus. Car, présent lors de cette séance d’exorcisme des pêcheurs pour présenter ses condoléances et manifester son soutien à l’endroit de la communauté lébou, plus chanceux que Pape Diop, Mamadou Diop, l’ancien maire de Dakar sous le régime socialiste, dans son intervention, dit être dans les dispositions de travailler pour que le décret en question soit annulé ou intègre leurs préoccupations. Seulement, pour réaliser ce projet, il va sans dire qu’à leur niveau également les pêcheurs doivent s’unir. Parce que, dans la dispersion, ils ne peuvent rien gagner dans un rapport de force avec les autorités. Abondant dans le même sens que l’édile de Yoff, Niassa Mbengue Fall, tout en regrettant ce qui s’est passé avec la mort du jeune Moustapha Sarr, assure que Pape Diop travaille pour une rencontre entre le président de la République et les pêcheurs.
Moustapha Sarr enterré dans l’après-midi
Le corps sans vie de Moustapha Sarr n’est plus entre les mains des forces de l’ordre. Il a été restitué à la famille. Et l’enterrement a eu lieu l’après-midi, devant une foule immense.
M. MB
LENDEMAIN DU MASSACRE A SOUMBEDIOUNE
La veuve de Tapha Sarr n’est plus que l’ombre d’elle-même
A quelques mètres de la mosquée où se déroule la prière mortuaire de Moustapha Sarr, sauvagement tué hier par les garde-côtes, tristesse et désolation se lisent sur tous les visages. Après le massacre d’avant-hier, qui s’est soldé par quatorze blessés dont quatre dans un état critique, de fortes rumeurs faisant état de la mort de l’un des blessés circulent. Assis sur une brique à côté de la mosquée, un jeune homme dément l’information. « On nous en a parlé, nous avons tout de suite vérifié, mais il vit toujours, même s’il est dans un état critique », souffle-t-il presque, comme s’il ne voulait pas déranger les populations, qui se sont déplacées en masse pour assister à la prière. Ils sont des centaines de parents, amis et voisins à prendre d’assaut le lieu de culte. Ceux qui n’ont pas trouvé de place à l’intérieur restent debout dehors. Une rue après, à droite, se situe le domicile de Moustapha Sarr. Seules des femmes occupent les chaises. Pour accéder à la maison, un vieux bâtiment en réfection, il faut faire attention aux tas de gravats et de sable.
A l’intérieur, au fond, à droite, la jeune veuve, à peine vingt ans, taille moyenne, teint clair, est assaillie par les proches et voisines. Elle n’est plus que l’ombre d’elle-même. Les bras ballants, le corps complètement lâché comme si aucun muscle n’obéit plus au cerveau, elle a le regard hagard. Une femme tente de lui donner du lait, sa bouche s’ouvre avec peine. Le liquide se déverse sur son boubou, une autre femme prend le pan du châle pour essuyer les taches. La jeune veuve, en état de grossesse, est absente. Le lourd silence, qui règne dans l’assistance, est déchiré par des « Allahou Akbar » qui s’échappent du haut-parleur de la Mosquée, les sanglots étouffés.
Lorsque les hommes reviennent de la mosquée, c’est le déchirement partout. Même les plus fortes flanchent. S’adressant à une femme qui vient de craquer et qui se débat sur le sol, une autre essaie de la relever en vain : « Ne fais pas cela, tu as été forte jusqu’ici, c’est toi qui calmais les autres, continue, ne pleure pas… », supplie-t-elle, mais ses mots se noient dans une pluie de sanglots et elle se blottit sur l’épaule de l’autre. Triste…Surtout quand on vit dans un pays où des gardes forestiers ont la froideur d’abattre un jeune à la fleur de l’âge, comme si elles avaient affaire à un animal. Triste…
Hadja Diaw GAYE l'asquotidien