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Vidéo-Sécurité en Afrique : cinq choses à retenir du Forum de Dakar

Impulsé par la France, le Forum sur la paix et la sécurité en Afrique s'est tenu à Dakar du 15 au 16 décembre. À l'heure du bilan, voici cinq points marquants qui ressortent des échanges entre les quelque 350 participants.


Rédigé par leral.net le Jeudi 18 Décembre 2014 à 11:45 | | 0 commentaire(s)|

Les présidents Macky Sall (Sénégal), Idriss Déby Itno (Tchad) et Mohamed Ould Abdelaziz (Mauritanie), se sont rendus à Dakar, mardi 16 décembre dans l’après-midi, pour clôturer le Forum sur la paix et la sécurité en Afrique. Pendant deux jours, près de 350 participants auront débattu des solutions à apporter aux crises qui traversent le continent.

Une participation très francophone

Cette première édition du forum de Dakar est pour la France, qui l'a impulsée, un succès. Au ministère de la Défense, qui a accompagné sa création, sa construction puis son déroulement, on se félicite du nombre importants de participants et de la qualité des personnalités politiques, militaires, et académiques présentes. Il est vrai qu’avec 350 participants, le seuil espéré est largement dépassé.

Tous ont pu longuement échanger, soit lors des ateliers organisés soit lors des incessantes sessions bilatérales ou des entretiens informels qui ont eu lieu en marge du forum. "On ne construit pas une politique de sécurité sans une réflexion stratégique. Ce forum doit nous apporter une doctrine", explique un proche du ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian.

Cependant, l’essentiel des pays représentés à Dakar sont venus de l’Afrique francophone. Des États dont le rôle dans les crises majeures du continent est essentiel, comme l’Afrique du Sud, le Kenya et le Nigeria, étaient absents. Si les enjeux et les questions abordées sont globales, difficile de définir des réponses efficaces sans les principaux concernés…

La nécessité de s'adapter à une menace terroriste en pleine évolution

Au-delà de particularismes nationaux, les participants sont tous préoccupés par la même menace : celle du terrorisme. Le sujet n’a jamais été aussi brûlant sur le continent, dont les acteurs régionaux doivent adopter de nouvelles stratégies. Pas moins de treize groupes terroristes sont aujourd’hui actifs, au nord comme au sud du Sahara.

"La menace terroriste n’a plus de frontière, les acteurs se multiplient et profitent de la fragilité des espaces frontaliers", a résumé lundi Jean-Yves Le Drian. Pour Francesco Madeira, envoyé spécial du président de la Commission de l’Union africaine pour la coopération anti-terroriste, "l’Afrique est sur le point de devenir un lieu de transit du terrorisme. En Libye, des territoires sont occupés, des combattants de l’État islamique s’implantent et forment des cellules de recrutement".

Prévenir les crises, une priorité

Si la menace évolue rapidement, les moyens de la combattre ne se sont pas vraiment renouvelés ces dix dernières années. Les vœux exprimés - régionalisation et mutualisation - restent pieux. Aujourd’hui, la réponse aux crises sécuritaires est d’abord militaire. "Elle permet de rattraper le temps perdu, d’en gagner pour ensuite s’occuper des problématiques socio-économiques", analyse un éminent général français.

Mais à Dakar, la grande majorité des intervenants, notamment africains, ont souhaité mettre l’accent sur la prévention. "Elle coûte moins chère en vie humaine", a déclaré Smaïl Cherghi, le commissaire Paix et sécurité de l’UA. Discours encore plus offensif de l’envoyée spéciale de l’ONU pour le Sahel, l’Éthiopienne Hiroute Gebre Selassie : "La hausse des dépenses sécuritaires se fait au détriment des besoins sociaux. C’est pourtant la précarité des développements sociaux qui pousse les jeunes à rejoindre les groupes armés. La situation de la jeunesse s’est aggravée. C’est l’une des causes profondes de l’instabilité dans le Sahel."

"Il faut aller plus loin que l’approche sécuritaire si l’on veut combattre l’idéologie et proposer une alternative politique", poursuit Francesco Madeira.

La France, catalyseur de la coopération intra-africaine


Le Sénégal et son président, Macky Sall, ont joué un rôle central dans l’organisation du forum. Aux côtés des Sénégalais, la forte présence de hautes personnalités politiques est significative de l’intérêt suscité par le sommet. La co-organisation de l'événement par le ministère français de la Défense entre dans la logique, énoncée au sommet de l’Élysée en décembre 2013, d’appropriation par les Africains eux-mêmes des questions de sécurité collective. Voulant s’ériger en catalyseur, "la France se tient présente à un moment où les initiatives régionales ont besoin de se concrétiser", a déclaré lundi Jean-Yves Le Drian. Il faut faire de la coopération la règle et non plus l’exception." "L’approche régionale est la clef du succès", a renchéri l’envoyée spéciale de l’ONU au Sahel. Les deux jours de discussions auront eu le mérite de montrer le chemin qui reste à parcourir.

Car dans la pratique, les initiatives régionales (FAA, CARIC) sont pour la plupart dans les tiroirs. Les gouvernements africains rechignent, privilégiant l’approche bilatérale avec les États-Unis ou la France par exemple. La rivalité entre certains pays frontaliers (entre le Cameroun et le Nigeria pour Boko Haram, entre l’Algérie et le Maroc pour la crise malienne) rendent cette coopération compliquée. Ces deux contentieux ont d’ailleurs été très présents tout au long des discussions de Dakar. Des échanges auxquels le ministre algérien des Affaires étrangères, Ratmane Lamamra, n’a finalement pas participé.

Les réticences de l’UA


L’UA était dès le début, très hostile à l’idée même de ce forum. Pour que celle-ci soit acceptée, "il a fallu de long mois de dialogue pour faire passer le message que nous ne voulions pas organiser un sommet qui concurrencerait sa retraite annuelle", explique-t-on au cabinet de Le Drian. Et si Smaïl Chergui a effectué, à contrecœur, le déplacement à Dakar, il a profité de son discours inaugural de lundi pour rappeler la position de l’UA et pour mettre en avant ses actions.

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