Le drame a un goût de déjà-vu. Près de dix-huit mois après la révolution et à trois semaines du premier tour de la présidentielle, Le Caire est encore et toujours secoué d'affrontements sporadiques qui tournent au bain de sang sous les yeux impassibles des forces de sécurité, police ou armée, qui tardent à intervenir.
Mercredi, les premiers heurts ont éclaté au creux de la nuit, vers 2 heures du matin. Selon plusieurs témoins, ce sont des habitants d'Abbaseyya, quartier populaire situé dans la partie nord du Caire, qui, armés de pierres, de bâtons, de cocktails Molotov et pour certains munis d'armes à feu, ont attaqué quelques dizaines de manifestants, rassemblés en sit-in, devant le ministère de la Défense. Salafistes pour la plupart, ils exigeaient le retour dans la course à la présidentielle, prévue les 23 et 24 mai prochain, de leur candidat, Hazem Abou Ismaïl.
Très populaire, antisystème, pourfendeur de l'armée au pouvoir depuis la chute de Moubarak, le cheikh salafiste a été évincé du scrutin en raison de la nationalité américaine de sa mère. Si sa mise à l'écart est sans ambiguïté aux yeux de la loi, qui veut que tout candidat à la fonction suprême soit de parents exclusivement égyptiens, elle a été contestée par ses partisans, qui, depuis plusieurs semaines, crient au complot, allant jusqu'à l'occupation, vendredi dernier, des abords du ministère de la Défense.
Mobilisation des anciens révolutionnaires
Depuis, la situation était particulièrement volatile entre manifestants et habitants du quartier, connus pour leur position proarmée et leur promptitude à descendre dans la rue pour «casser» du révolutionnaire. De premières échauffourées avaient eu lieu, faisant dimanche un mort et plus d'une centaine de blessés. Par solidarité, plusieurs groupes d'activistes prodémocratiques avaient alors rejoint les rangs des «hazemoon», les partisans de Hazem Abou Ismaïl.
Selon l'équipe des hôpitaux de campagne, édifiés près du ministère de la Défense, les affrontements de mercredi ont fait vingt morts, dont deux au moins tués à balles réelles. Le ministère de la Santé, pour sa part, dément et comptabilise onze décès. Les violences ont duré jusqu'à la mi-journée, quand les forces de sécurité, attentistes pendant plusieurs heures, se sont finalement déployées. Militaires et policiers antiémeute ont formé un cordon de sécurité autour des manifestants.
Beaucoup de jeunes révolutionnaires, présents sur place, ont dénoncé l'incurie, voire une manœuvre du Conseil suprême des forces armées, accusé d'avoir payé des hommes de main pour se débarrasser des manifestants indésirables.
«S'ils n'ont pas organisé l'assaut contre les manifestants, en tout cas, ils ont failli dans leur mission de protéger les citoyens, qui plus est, devant le ministère de la Défense. Ils sont responsables», estime Hisham Ezzat, activiste depuis la révolution de janvier 2011. «On a l'impression de revivre les violences des derniers mois: les émeutes de la rue Mohammed-Mahmoud et les affrontements devant le Conseil des ministres pendant les législatives. Les tensions sont liées aux élections, sans qu'on comprenne bien pourquoi», poursuit le jeune homme.
À trois semaines de la présidentielle, forces politiques et militaires se regardent en chiens de faïence. Plusieurs candidats, y compris le favori des sondages, l'islamiste modéré Abdel Moneïm Aboul Fottouh, ont décidé de suspendre leur campagne en signe de protestation.
L'armée, très consciente de son image écornée après plusieurs mois de mauvaise gestion politique, a annoncé mercredi être prête à passer le pouvoir au futur président, dès le 24 mai, s'il est élu au premier tour. La promesse ne convainc pas les révolutionnaires: ils appellent pour leur part à une manifestation massive vendredi prochain. Avec un mot d'ordre, le même ressassé sans succès depuis un an maintenant: le départ des militaires et la remise du pouvoir aux civils.
Mercredi, les premiers heurts ont éclaté au creux de la nuit, vers 2 heures du matin. Selon plusieurs témoins, ce sont des habitants d'Abbaseyya, quartier populaire situé dans la partie nord du Caire, qui, armés de pierres, de bâtons, de cocktails Molotov et pour certains munis d'armes à feu, ont attaqué quelques dizaines de manifestants, rassemblés en sit-in, devant le ministère de la Défense. Salafistes pour la plupart, ils exigeaient le retour dans la course à la présidentielle, prévue les 23 et 24 mai prochain, de leur candidat, Hazem Abou Ismaïl.
Très populaire, antisystème, pourfendeur de l'armée au pouvoir depuis la chute de Moubarak, le cheikh salafiste a été évincé du scrutin en raison de la nationalité américaine de sa mère. Si sa mise à l'écart est sans ambiguïté aux yeux de la loi, qui veut que tout candidat à la fonction suprême soit de parents exclusivement égyptiens, elle a été contestée par ses partisans, qui, depuis plusieurs semaines, crient au complot, allant jusqu'à l'occupation, vendredi dernier, des abords du ministère de la Défense.
Mobilisation des anciens révolutionnaires
Depuis, la situation était particulièrement volatile entre manifestants et habitants du quartier, connus pour leur position proarmée et leur promptitude à descendre dans la rue pour «casser» du révolutionnaire. De premières échauffourées avaient eu lieu, faisant dimanche un mort et plus d'une centaine de blessés. Par solidarité, plusieurs groupes d'activistes prodémocratiques avaient alors rejoint les rangs des «hazemoon», les partisans de Hazem Abou Ismaïl.
Selon l'équipe des hôpitaux de campagne, édifiés près du ministère de la Défense, les affrontements de mercredi ont fait vingt morts, dont deux au moins tués à balles réelles. Le ministère de la Santé, pour sa part, dément et comptabilise onze décès. Les violences ont duré jusqu'à la mi-journée, quand les forces de sécurité, attentistes pendant plusieurs heures, se sont finalement déployées. Militaires et policiers antiémeute ont formé un cordon de sécurité autour des manifestants.
Beaucoup de jeunes révolutionnaires, présents sur place, ont dénoncé l'incurie, voire une manœuvre du Conseil suprême des forces armées, accusé d'avoir payé des hommes de main pour se débarrasser des manifestants indésirables.
«S'ils n'ont pas organisé l'assaut contre les manifestants, en tout cas, ils ont failli dans leur mission de protéger les citoyens, qui plus est, devant le ministère de la Défense. Ils sont responsables», estime Hisham Ezzat, activiste depuis la révolution de janvier 2011. «On a l'impression de revivre les violences des derniers mois: les émeutes de la rue Mohammed-Mahmoud et les affrontements devant le Conseil des ministres pendant les législatives. Les tensions sont liées aux élections, sans qu'on comprenne bien pourquoi», poursuit le jeune homme.
À trois semaines de la présidentielle, forces politiques et militaires se regardent en chiens de faïence. Plusieurs candidats, y compris le favori des sondages, l'islamiste modéré Abdel Moneïm Aboul Fottouh, ont décidé de suspendre leur campagne en signe de protestation.
L'armée, très consciente de son image écornée après plusieurs mois de mauvaise gestion politique, a annoncé mercredi être prête à passer le pouvoir au futur président, dès le 24 mai, s'il est élu au premier tour. La promesse ne convainc pas les révolutionnaires: ils appellent pour leur part à une manifestation massive vendredi prochain. Avec un mot d'ordre, le même ressassé sans succès depuis un an maintenant: le départ des militaires et la remise du pouvoir aux civils.