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Viol présumé de Perpignan: comment internet a voulu mener l’enquête

le 5 Janvier 2016 à 14:53

Choqués par la vidéo qui a circulé sur les réseaux sociaux, des internautes ont voulu en savoir plus sur les agresseurs présumés.


La vidéo d’un viol présumé a été publiée sur Snapchat dans la nuit de samedi à dimanche. Violente, elle a choqué beaucoup d’internautes.

 

Certains internautes ont d’abord cru que les faits s’étaient déroulés à Grigny, au lieu de Perpignan.

Dans la vidéo, on voit deux hommes dans un appartement en compagnie d’une jeune femme. Dans un état second, et après s’être débattue, la femme subit des pénétrations et des actes sexuels violents.

Lundi matin, les médias se sont d’abord fait l’écho  de signalements d’internautes postés dimanche soir sur les réseaux sociaux. La mobilisation a en réalité commencé plus tôt.

Dans un premier temps, selon la police nationale, les services de police ont été alertés par téléphone dès la nuit de samedi à dimanche.

Yannick Janas, directeur de la direction départementale de la sécurité publique de Perpignan, a dit à BuzzFeed que la police était intervenue dans l’appartement le dimanche matin vers 6h30, alors que les trois personnes se trouvaient encore sur les lieux.

Les deux hommes ont été placés en garde à vue –et devaient être présentés au juge ce mardi matin.

Une jeune femme qui habite en Belgique est à notre connaissance la première personne qui a posté la vidéo sur Facebook, dimanche matin, après l’avoir vue sur Snapchat.

 
 

Après avoir publié la vidéo sur son compte, elle a prévenu la police. Sa vidéo est devenue virale en quelques heures, et «a cumulé plus de 500 000 vues» explique-t-elle à BuzzFeed:

«J’ai posté la vidéo en pensant bien faire, parce qu’elle m’avait choquée. Sur Facebook, j’ai demandé aux gens s’ils connaissaient les deux hommes, pour qu’on m’envoie des informations par messages privés.

Beaucoup m’ont contactée pour me donner des indications: des noms, des profils Facebooks, les quartiers où ils traîneraient… J’ai transmis à la police.»

Elle regrette cependant son geste et a fini par supprimer la vidéo dimanche soir.

Elle regrette cependant son geste et a fini par supprimer la vidéo dimanche soir.

«C’était une erreur, la vidéo a trop tourné. Les gens sont tellement mauvais et certains ont fait des remarques sur la fille.

J’ai retiré la vidéo dimanche vers 19h30, mais c’était trop tard car beaucoup l’ont prise et elle continue à circuler.

Certaines personnes sont venues me remercier d’avoir trouvé les noms des deux hommes, leurs profils Facebook, mais j’ai aussi reçu énormément de menaces et d’insultes, notamment de la part d’un proche des deux hommes sur la vidéo.»

Après son post, d’autres personnes ont tenté de mener l’enquête. Certains ont relayé des «appels à témoins».

Après son post, d'autres personnes ont tenté de mener l'enquête. Certains ont relayé des «appels à témoins».

D’autres ont partagé des photos ou publications en les attribuant aux agresseurs présumés, trouvées sur les réseaux sociaux.

D’autres ont partagé des photos ou publications en les attribuant aux agresseurs présumés, trouvées sur les réseaux sociaux.

@Julienboulot dit par exemple à BuzzFeed avoir trouvé cette photo sur un compte Badoo. «Après avoir vu passer l’information sur Twitter, je me suis dit que j’allais regarder et j’ai trouvé pas mal d’infos en quelques minutes. Je voulais les dénoncer».

@Julienboulot dit par exemple à BuzzFeed avoir trouvé cette photo sur un compte Badoo. «Après avoir vu passer l’information sur Twitter, je me suis dit que j’allais regarder et j'ai trouvé pas mal d'infos en quelques minutes. Je voulais les dénoncer».

 

D’autres ont spéculé sur l’identité de la jeune femme…

D'autres ont spéculé sur l'identité de la jeune femme...

… Et se sont parfois trompés.

Autre exemple de cette volonté de certains de mener l’enquête: sur la plateforme de publication JustPaste.it, un anonyme a posté une série de captures d’écran pour analyser les profils de plusieurs femmes qui pourraient être la victime présumée, et voir si elles correspondaient. Des comptes proches de l’extrême droite ont également récupéré l’enquête en ligne.

Des internautes ont préféré interpeller directement la police sur Twitter, ou signaler la vidéo sur Facebook.

Des internautes ont préféré interpeller directement la police sur Twitter, ou signaler la vidéo sur Facebook.

Au final, beaucoup d’informations fausses ont circulé, comme le fait que la vidéo avait été filmée à Grigny, et il est difficile de savoir ce qui a réellement aidé la police.

Le Sicop, le service d’information et de communication de la police, rappelle que pour signaler des contenus sur internet, il faut privilégier le formulaire Pharos, prévu à cet effet, ou appeler le 17, plutôt que de les diffuser.

Ceux qui partagent des contenus illicites s’exposent d’ailleurs eux-mêmes à de potentielles poursuites judiciaires.

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