La diaspora sénégalaise d´Allemagne compte en son sein un grand nombre d´hommes et de femmes disposant de la nationalité allemande. L`Allemagne refuse l´appartenance politique plurielle. Le principe de la double nationalité n´est pas admis par l´Etat. Ces Sénégalais sont dans l´obligation de renoncer à leur citoyenneté. Ce renoncement est tout sauf l´expression d´un désir irrévocable de sortir du lien civique et politique sénégalais. Il s’agit plutôt d´une posture pragmatique, d´une stratégie au service de la survie ou de la mobilité sociale. Les compatriotes veulent profiter pleinement des opportunités d´accès à la réussite sociale offertes par ce pays. Expulsés du Sénégal par la misère, la médiocrité des classes politiques dirigeantes et par l´absence de réelles perspectives, ces compatriotes ont eu en Allemagne la possibilité de se construire un présent et un avenir qualitativement différents de ceux de beaucoup de compatriotes restés au Sénégal. Ce pays les a accueilli et a permis à beaucoup d´entre eux de pouvoir regarder derrière et d´utiliser les moyens financiers, matériels et intellectuels acquis dans l´immigration pour tenter de résoudre les difficultés qui les ont fait fuir. Ces compatriotes permettent à leurs familles, quartiers, villages, communes, villes et régions de satisfaire toute une série de besoins auxquels aucun gouvernement sénégalais n´a répondu et n´a voulu trouver une solution. Si bien qu’aujourd’hui, des millions de sénégalais dépendent d’une manière ou d´une autre de la solidarité des expatriés.
Quelque soit le sens que les autorités sénégalaises donnent á cette mesure consistant à réclamer un visa d´entrée à toute personne ne bénéficiant pas de la double nationalité, elle aura des effets désastreuses pour la diaspora. La décision est perçue ici comme une expulsion arbitraire de l´identité sénégalaise. Certains compatriotes parlent d´une discrimination et d´un racisme sans race. D’autres craignent que cette mesure limite leurs capacités d´action et ne serve qu´à accentuer la bureaucratie et les pratiques liées à la corruption très présentes dans les représentations diplomatiques du Sénégal.
Le titre de séjour que réclame le gouvernement est une figure structurante au sens où il sépare deux catégories de personnes : celle qui est à l´intérieur et celle qui est à l’extérieur de l´ intérieur. La première catégorie a accès à un privilège. Celui-ci est dans la possibilité qui lui est offerte d´entrer dans le territoire national sans visa. La seconde catégorie se voit refuser ce traitement préférentiel. Définie comme étant une figure étrangère, elle ne peut pas fouler le sol national sans avoir bénéficié au préalable d´une autorisation. Les membres de la diaspora sénégalaise de l´Allemagne à qui on a arbitrairement décerné l’étiquette de la seconde catégorie, doivent se procurer un titre de séjour pour rentrer au Sénégal. Ce pays qu´ils n´ont jamais quitté de manière définitive et irrévocable. Ce pays où tout a commencé pour eux. Ce lieu où tout le monde désire revenir. Ce pays où tout se terminera un jour. Ce pays où existent toutes ces choses qui nous font cruellement défaut ici en Europe : la maison familiale, les parents, les amis, les us et coutumes, bref tout un tas de choses familières et quotidiennes.
Colère, déception et frustrations sont à présent les sentiments qui habitent la diaspora sénégalaise d´Allemagne. Cette dynamique communauté avait déjà tant bien que mal fait le deuil de sa non- reconnaissance de la part des autorités sénégalaises. Elle avait fini par comprendre et accepter que, les autorités sénégalaises ne s´étaient jamais intéressées à elle. Ces dernières n´ont jamais cherché à savoir ce qu´elle fait, comment elle vit, ce qu’elle pense. Elles n´ont jamais cherché à l´intégrer dans une sérieuse stratégie de développement économique et social du Sénégal, à l´instar de ce qui se fait en Turquie, au Mexique, en Inde, en Chine, en Ethiopie ou en République Dominicaine. Ces pays considèrent leurs diasporas comme leurs premiers partenaires du développement économique et social. Aucun gouvernement du Sénégal n´a invité la diaspora à venir mettre son talent et son expérience au service de la nation.
Cette décision du gouvernement pourrait mettre la pression sur les membres de la diaspora en leurs rappelant la nécessité de se réunir, de travailler ensemble et de parler d’une voix pour défendre leurs intérêts. Pour se faire ils doivent mettre fin aux stériles rivalités de personnes et autres querelles de prééminence. Il s´agit de personnes qui, très souvent, manquent de sérieux. Faute de pouvoir « s´éliminer », elles constituent chacune son organisation et cherchent à rassembler autour de d´eux des compatriotes plus animés par des motivations affectives, par des intérêts personnels et des questions de leadership. Ce manque de sérieux des uns et des autres est l´une des faiblesses de la diaspora sénégalaise en Allemagne. Une organisation démocratique transparente dans son fonctionnement, où l´accès à la parole et à l´action est ouvert á tout le monde (pas seulement à ceux-là qui, cherchent partout à faire valoir un titre d´académicien ou de cadre), aurait été en mesure de négocier avec le gouvernement sénégalais et d´obtenir sur la question des visa un traitement préférentiel pour tout le monde.
Peut être qu´il n´est pas encore trop tard pour agir ensemble, pour atteindre une capacité de réflexion et d´action plus conforme au rang et au dynamisme de cette communauté.
Serigne Mbaye Diop,
senenews.com
Quelque soit le sens que les autorités sénégalaises donnent á cette mesure consistant à réclamer un visa d´entrée à toute personne ne bénéficiant pas de la double nationalité, elle aura des effets désastreuses pour la diaspora. La décision est perçue ici comme une expulsion arbitraire de l´identité sénégalaise. Certains compatriotes parlent d´une discrimination et d´un racisme sans race. D’autres craignent que cette mesure limite leurs capacités d´action et ne serve qu´à accentuer la bureaucratie et les pratiques liées à la corruption très présentes dans les représentations diplomatiques du Sénégal.
Le titre de séjour que réclame le gouvernement est une figure structurante au sens où il sépare deux catégories de personnes : celle qui est à l´intérieur et celle qui est à l’extérieur de l´ intérieur. La première catégorie a accès à un privilège. Celui-ci est dans la possibilité qui lui est offerte d´entrer dans le territoire national sans visa. La seconde catégorie se voit refuser ce traitement préférentiel. Définie comme étant une figure étrangère, elle ne peut pas fouler le sol national sans avoir bénéficié au préalable d´une autorisation. Les membres de la diaspora sénégalaise de l´Allemagne à qui on a arbitrairement décerné l’étiquette de la seconde catégorie, doivent se procurer un titre de séjour pour rentrer au Sénégal. Ce pays qu´ils n´ont jamais quitté de manière définitive et irrévocable. Ce pays où tout a commencé pour eux. Ce lieu où tout le monde désire revenir. Ce pays où tout se terminera un jour. Ce pays où existent toutes ces choses qui nous font cruellement défaut ici en Europe : la maison familiale, les parents, les amis, les us et coutumes, bref tout un tas de choses familières et quotidiennes.
Colère, déception et frustrations sont à présent les sentiments qui habitent la diaspora sénégalaise d´Allemagne. Cette dynamique communauté avait déjà tant bien que mal fait le deuil de sa non- reconnaissance de la part des autorités sénégalaises. Elle avait fini par comprendre et accepter que, les autorités sénégalaises ne s´étaient jamais intéressées à elle. Ces dernières n´ont jamais cherché à savoir ce qu´elle fait, comment elle vit, ce qu’elle pense. Elles n´ont jamais cherché à l´intégrer dans une sérieuse stratégie de développement économique et social du Sénégal, à l´instar de ce qui se fait en Turquie, au Mexique, en Inde, en Chine, en Ethiopie ou en République Dominicaine. Ces pays considèrent leurs diasporas comme leurs premiers partenaires du développement économique et social. Aucun gouvernement du Sénégal n´a invité la diaspora à venir mettre son talent et son expérience au service de la nation.
Cette décision du gouvernement pourrait mettre la pression sur les membres de la diaspora en leurs rappelant la nécessité de se réunir, de travailler ensemble et de parler d’une voix pour défendre leurs intérêts. Pour se faire ils doivent mettre fin aux stériles rivalités de personnes et autres querelles de prééminence. Il s´agit de personnes qui, très souvent, manquent de sérieux. Faute de pouvoir « s´éliminer », elles constituent chacune son organisation et cherchent à rassembler autour de d´eux des compatriotes plus animés par des motivations affectives, par des intérêts personnels et des questions de leadership. Ce manque de sérieux des uns et des autres est l´une des faiblesses de la diaspora sénégalaise en Allemagne. Une organisation démocratique transparente dans son fonctionnement, où l´accès à la parole et à l´action est ouvert á tout le monde (pas seulement à ceux-là qui, cherchent partout à faire valoir un titre d´académicien ou de cadre), aurait été en mesure de négocier avec le gouvernement sénégalais et d´obtenir sur la question des visa un traitement préférentiel pour tout le monde.
Peut être qu´il n´est pas encore trop tard pour agir ensemble, pour atteindre une capacité de réflexion et d´action plus conforme au rang et au dynamisme de cette communauté.
Serigne Mbaye Diop,
senenews.com