Les mêmes sources révèlent qu’«il y avait des malentendus qui ont empêché, une première fois, cette visite. Maintenant, le Khalife vient de réitérer son désir de recevoir le guide de la révolution libyenne à Touba (capitale du mouridisme au Sénégal) dans les plus brefs délais», a indiqué samedi dernier le fils et porte-parole du Khalife, Sérigne Cheikhouna Mbacké. En 2008, une mission qu’il avait présidée lui-même, avait été reçue par le colonel Kadhafi. A cette occasion, le guide de la révolution libyenne avait manifesté son désir de visiter la ville sainte de Touba, a rapporté Sérigne Cheikhouna Mbacké. Cette invitation lui a été adressée par le biais du chef de mission de l'Association mondiale de l'Appel islamique, Muftah M. Abuaisha, qui a été reçu samedi dernier par Sérigne Mouhamadou Lamine Bara Mbacké. Avant le Sénégal, le colonel Mouammar El Kadhafi se rendra en Mauritanie. Il prendra part aux festivités religieuses commémoratives de l’Aid El Maouloud (naissance du prophète de l’Islam) qui devra être célébrée avant le 10 mars prochain, donc à quelques jours de la rencontre décisive d’Addis Abeba entre les protagonistes du paysage politique mauritanien pour parvenir à un consensus, rendu déjà, très improbable à la lecture des réactions manifestées par ci et par là. Au cours de son séjour, le guide libyen devra, dit-on, tenir une réunion avec le général Mohamed Ould Abdel Aziz. Les discussions entre les deux hommes, dont les contacts s’étaient limités à des appels téléphoniques et des envois d’émissaires, porteraient sur la crise politique en Mauritanie. Le déplacement du Général, encore non annoncé officiellement, comme d’ailleurs celui d’Atar, effectué de manière inopinée depuis hier, serait le second de son genre à l’étranger depuis son arrivée au pouvoir. Ce voyage ne manquerait surtout pas de solennité, étant donné que les hôtes du président du Haut conseil d’Etat ont joué un rôle déterminant dans la sous région et sur le continent pour faire consommer le coup d’Etat dans ses jours les plus difficiles. Une attitude qui avait créé une surprise totale chez les Etats démocrates, portant un sérieux revers au modèle sénégalais et à l’ambition libyenne de présider à l’époque l’organisation panafricaine. Désigné à l’issue de la réunion du Groupe de contact international (GCI) sur la Mauritanie tenue vendredi dernier à Paris, pour superviser le dialogue mauritano mauritanien, le Guide libyen pourrait difficilement jouer aux bons arbitrages, étant donné qu’il est pour une raison ou pour autre "juge et partie". Les antécédents fâcheux, qui ont toujours jalonné son parcours de chef d’Etat, dont sa versatilité et ses positions instables, ne garantissent pas toute l’impartialité requise pour délivrer la bonne prescription à la crise mauritano mauritanienne. Il n’aura pas aussi à ses côtés un chef d’Etat qui lui rappellerait régulièrement le profil idéal que tout médiateur international investi de neutralité totale devant les belligérants politiques mauritaniens devra observer. Selon certains responsables mauritaniens, Abdoulaye Wade a déjà défendu les coups d’Etat de Mauritanie et de Guinée en pleines assises de l’Union Africaine, mais, est restée bouche bée quand ses homologues lui rétorquèrent "et si on apprend qu’un putsch vient d’être mené contre vous, que feriez-vous". Le président sénégalais élu par les urnes a transpiré dans son costume trois-pièces, alors que sa mainmise sur son pays ne fait l’objet d’aucune menace. D’ailleurs, toujours sur ce sujet, le président Wade avait surpris par ses positions inhabituelles ses pairs de la Cedeao, dont le président en exercice M. Umaru Musa Yar’Adua avait convoqué à l’époque un sommet extraordinaire pour demander des sanctions contre la Guinée, mais surtout pour rappeler à l’ordre les Présidents Abdoulaye Wade et Mouammar Kadhafi qu’il a accusé de complicité de coup d’Etat pour leur soutien manifeste à la junte dirigée par le capitaine Moussa Dadis Camara. Dans ce cadre, le président de la Cedeao avait qualifié la position des deux hommes d’intolérable, avant de préciser que "les leaders africains s’opposent et condamnent le soutien de Kadhafi et Wade au capitaine Moussa Dadis Camara" qui, dira-t-il, est contraire à la Charte de l’Union Africaine. Aussi, a-t-il insisté, "les chefs d’Etat africains ne doivent en aucune manière user de leur influence pour promouvoir dans le continent des actions subversives qui sapent la démocratie". Quoi qu’il en soit, pour la Mauritanie, une mission libyenne séjourne actuellement pour la deuxième fois consécutive en l’espace d’une semaine pour jauger les chances d’aboutir à un dialogue politique national entre les différents antagonistes que Kadhafi devra diriger le 20 mars prochain.
Sada D. Mbodji
Sada D. Mbodji