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Vol d’ordinateur avec des documents confidentiels, Communications du président non protégées… Un Scandale signalé à l’ambassade du Sénégal au Canada

Un scandale d'une gravité extrême secoue l'ambassade du Sénégal au Canada. Un ordinateur renfermant des logiciels de chiffrement, des archives de plus de dix ans et des documents confidentiels de l'État sénégalais a été dérobé. L'alerte a été donnée par Boubacar Diallo, chef de section des chiffres à l'ambassade, qui a informé le Président de la République que ses communications ne sont pas sécurisées, ni à l'intérieur ni à l'extérieur du pays. M. Diallo, accusé par la Direction générale du chiffre dans le cadre de cette affaire, affirme être menacé de prison à vie par le ministre secrétaire général de la présidence.


Rédigé par leral.net le Dimanche 1 Septembre 2024 à 11:19 | | 0 commentaire(s)|

Selon l’info émanent du quotidien EnQuête, dans une vidéo publiée sur sa page Facebook, M. Diallo révèle que le vol a eu lieu pendant le week-end de la Pentecôte. Cet ordinateur contenait non seulement des logiciels de chiffrement mais également des archives et des documents hautement sensibles de l'État sénégalais.

À l'époque des faits, M. Diallo était en congé hors du Canada. Il est cependant accusé par la Direction générale du chiffre d'avoir emporté l'ordinateur, bien que, selon lui, son intérimaire l’utilisait en son absence. En plus de l'ordinateur, des documents personnels, dont les papiers de son véhicule, ont également été volés, ajoute le journal.

"Lorsque l'incident s'est produit, nous en avons informé les autorités compétentes. Cependant, au Sénégal, on a tendance à détourner les problèmes. Les autorités de la Direction générale du chiffre, qui sont rattachées à la présidence, ont tenté de me diaboliser en insinuant que j'avais emporté l'ordinateur en partant en congé. Pourtant, mon intérimaire travaillait avec cette machine", s'est-il défendu.

Malgré son absence au moment des faits, il a été sanctionné. "Je ne suis pas responsable de la sécurité de l'ambassade. Cette responsabilité incombe à l'ambassadeur, qui a installé le matériel dans des locaux non sécurisés. Mon intérimaire, présent lors du vol, n'a pas été inquiété. Mais je refuse d'accepter cette injustice", a-t-il affirmé.

EnQuête renseigne que confronté aux accusations, M. Diallo a pris l'initiative d'adresser un courrier au ministre secrétaire général de la présidence pour l'informer de la situation. Cependant, déplore-t-il, au lieu de répondre sur le fond de l'affaire, ce dernier l'a menacé.

"Il m'a dit : 'Si tu parles publiquement de cette affaire, tu seras emprisonné à vie.' Mais je n'ai pas peur de ses menaces. Ma dignité prime sur la prison. J'ai également écrit à la ministre des Affaires étrangères, mais elle n'a pas réagi. Ils veulent me sacrifier, mais je ne me laisserai pas faire", a-t-il averti.

Dans cette même vidéo, Boubacar Diallo a fait d'autres révélations inquiétantes. Selon lui, plusieurs scandales ont éclaté au sein de la Direction générale du chiffre au fil des ans. Cette direction est censée protéger les secrets d'État ainsi que les communications présidentielles, tant au niveau national qu'international. Grâce à son expertise en cybersécurité, il a dénoncé la mauvaise gestion de ces missions critiques.

Il a notamment interpellé le chef de l'État : "Monsieur le Président, vos communications ne sont pas sécurisées, ni à l'intérieur ni à l'extérieur du pays. Je suis assermenté et je maîtrise parfaitement le fonctionnement du réseau et les procédures mises en place."

Pour illustrer ses propos, il a expliqué qu'à son arrivée à l'ambassade, en juin 2023, il avait découvert que les communications présidentielles étaient protégées par un ordinateur fonctionnant sous Windows XP, un système d'exploitation obsolète et interdit dans les réseaux sécurisés.

"Ceux qui ont une formation en cybersécurité savent que Windows XP est inadéquat pour la protection des communications d'État. Monsieur le Président, vos agents ne travaillent pas correctement pour sécuriser vos échanges et ceux de l'État", a-t-il martelé, ajoutant que le directeur général en est pleinement conscient.

M. Diallo a également déclaré avoir alerté sa hiérarchie de la nécessité de remplacer l'ordinateur, qui ne répondait à aucune norme de sécurité. Sa demande est restée sans suite, et c'est précisément cette machine qui a été volée. "Les logiciels que nous utilisons ne respectent pas les standards de sécurité", a-t-il précisé.

Face à ces dysfonctionnements, il a appelé à un audit approfondi des systèmes d'information de la présidence, de la Direction générale du chiffre, ainsi que des services de gestion des ressources humaines. Il a jugé nécessaire de rendre public ces faits via une vidéo sur sa page Facebook, estimant que les Sénégalais doivent être informés de ce qui se passe au sein de cette direction essentielle.