L’histoire que je vais vous raconter m’a été relatée telle quelle, il y a plus d’une trentaine d’années, par un septuagénaire que j’ai rencontré à l’occasion d’une une cérémonie de funérailles à Kébémer. Le hasard avait fait que nos chemins se fussent croisés. En effet, ce jour-là, j’étais assis à ses côtés dans les cimetières de la ville natale de celui qui, près de vingt ans plus tard, deviendra le troisième Chef d’Etat du Sénégal. Après l’enterrement, je le poursuivis longuement jusqu’à son domicile où nous entamâmes une très longue conversation.
Chers lecteurs, je ne suis ni un mouride, ni un baye Fall, ni un thiantacoun, encore moins un fanatique musulman pour verser dans le clientélisme confrérique ou dans la propagande politicienne de bas étage. Probablement, ce vieil homme qui m’avait fait cette confidence n’est plus de ce monde, vue l’âge avancé qu’il avait. Mais une chose est sûre : Je suis convaincu que je le retrouverai un jour dans l’au-delà. C’est la raison pour laquelle, je ne changerai rien de son récit. J’essaierai simplement de traduire en français ses propos recueillis en ouolof. Le récit commence ainsi :
« Mor Tolla WADE, le père de Abdoulaye fut un grand tailleur. Il s’était installé à l’entrée principale d’une grande boutique de commerce de la ville de Kébemer. A cette époque-là, dans toutes les grandes villes comme Saint-Louis, Kébemer, Louga, Thiès, Rufisque et Dakar, il y avait de grandes maisons de commerce tenues par des français venus notamment de Bordeaux. Parmi ces établissements commerciaux, on peut citer Maurel et Prom, Buhan Teissère, Lacombe et Peyrissac. Le grand et le petit commerce ainsi que les chemins de fer alimentaient l’économie de toutes ces villes que traversaient les voies ferrées.
Même s’il n’était pas très riche, feu Mor Tolla WADE menait des activités professionnelles assez florissantes. Il pouvait ainsi subvenir largement à ses besoins, à ceux de sa famille et de ses proches. Originaire de la ville de Saint-Louis, ce grand notable, était connu pour son appartenance à la Tarikha Khadriya. En effet, il recevait dans son domicile, pendant des jours, des descendants du Prophète (Chérifs) venus de la Mauritanie. Il était aussi connu pour les gestes discrets de bienfaisance envers les plus démunis, auprès de ses frères musulmans et en direction des hommes de DIEU. C’est ainsi que des rumeurs faisaient beaucoup état de boubous qu’il aurait cousus pour Cheikh Ahmadou Bamba, le fondateur du « mouridisme ».
D’ailleurs feu Moustapha WADE, frère ainé de Me WADE dit détenir de Serigne Abdou Lahat MBACHE, alors Khalife Général des Mourides, que le boubou que porte Cheikh Ahmadou Bamba dans l’unique photo léguée à la postérité est cousue par leur père.
Aussi, se racontait-il, de bouche à oreille, qu’un jour il s’était rendu en visite à Touba, où le Cheikh lui aurait dit ceci : votre épouse mettra au monde un garçon très brillant dont la renommée traversera les frontières de ce pays. Il sera un Grand Homme (kilifa).
Quelques mois après cette prophétie, le bébé de sexe masculin naquit à Kébemer. Son père décida de lui donner le nom de Cheikh Ahmadou Bamba. Mais contre toute attente, le jour du baptême, Serigne Ablaye FALL, un grand dignitaire Baye FALL arriva à Kébemer par le train venu de Saint-Louis. Il se rendit immédiatement chez Mor Tolla WADE, un lieu connu à cette époque pour recevoir de grands Marabouts et Hauts Dignitaires de passage dans cette localité devenue la capitale du Cayor. Il arriva juste au moment où l’assistance s’apprêtait à baptiser le nouveau né. Il fut alors installé à la première place, eu égard à son rang de digne représentant de Mame Boroom Touba.
L’honneur lui revenait ainsi de diriger la séance. Sans attendre, comme à l’accoutumé, qu’on lui souffle discrètement le nom que le père avait choisi pour son fils, le guide religieux, assez autoritaire, s’arrogea pleinement la prérogative de diriger les opérations et déclara publiquement qu’il a donné son propre nom au nouveau né. « Fekke ma si boole », disait-il, avant d’ajouter : l’enfant porte le nom d’Abdoulaye WADE. Mor Tolla était surpris par la tournure des événements. Néanmoins, il prit en compte le respect que toute l’assistance voue à son hôte de marque et garda son secret jusqu’au départ de celui-ci.
Il magnifia devant l’assistance le geste combien important et significatif ainsi que l’honneur que ce grand marabout lui fit en acceptant de présider la cérémonie de baptême de ce garçon. Puis, poursuivant sa route, Serigne Ablaye FALL se rendit à Touba. Dès son arrivée au Lieu Saint, le Cheikh lui dit : Ablaye, toi et moi, nous sommes pareils. Nous ne faisons qu’un seul ».
Chers lecteurs, je suis très choqué aujourd’hui d’entendre certains politiciens déclarer que le Président de la République crée la rivalité entre les confréries du Sénégal. Abdoulaye WADE est né mouride et doit l’assumer tout comme chacun d’entre nous doit assumer son appartenance à une race, à une religion, à une ethnie, ou à un parti politique.
Dire, par exemple, qu’on est ouolof ne signifie pas qu’on est contre les sérères ou les peuhls. De la même manière, reconnaître qu’on est musulman ne signifie pas qu’on est contre les chrétiens ou les animistes. Personnellement, je suis un « tidiane ». Mais, pour autant, je ne suis pas outré d’entendre quelqu’un dire qu’il est « mouride » car, nous appartenons tous les deux à la même religion. De plus, j’ai la foi en Serigne Bamba. En revanche, ce qui m’aurait offusqué ce serait le silence coupable d’Abdoulaye WADE sur ses croyances religieuses ou par rapport à son appartenance à une confrérique, si tel était le cas.
De plus, l’appartenance de WADE à la confrérie mouride n’entame en rien ses relations avec les membres des autres confréries. Bien au contraire, tout sénégalais de bonne foi connait les liens solides et très anciens entre Maître WADE et Cheikh Tidiane SY, dont il a été l’avocat dans les années 1960. Les relations de voisinage, dans la zone de Mboro, entre Serigne Mansour SY et Abdoulaye WADE qui ont abouti à un don de plusieurs centaines d’hectares, en faveur du marabout, sont bien antérieures à l’accession de WADE à la Magistrature suprême de ce pays. Serigne Abdou Aziz (junior) est très lié à WADE ; ceci est un secret de polichinelle. Serigne Moustapaha CISSE le Khalife Tidiane de Pire, a soutenu la candidature de WADE aux élections de 2012. C’est cela le charme du Sénégal.
Poursuivant son récit, le vieil homme de Kébemer me racontait une partie de la vie du jeune garçon que fut Abdoulaye WADE. Il disait ceci : Jamais, je n’ai connu un garçon aussi courageux, …, il s’accompagnait avec ses ainés mais était de loin plus intelligent et plus courageux qu’eux.
Prolongeant son discours, il dira : Un jour, un maure avait attaché son chameau près d’un arbre. L’animal était très furieux. Il émettait parfois un bruit qui nous faisait très peur. Bref, il se faisait très menaçant. Abdoulaye WADE lança alors à ses camarades le défi qui consistait à traverser le gros animal, en passant près de ses longues pattes, sous le ventre. Personne n’avait alors accepté de se prêter à ce jeu dangereux, de peur d’être mordu ou recevoir un coup de patte fatale. En revanche, on le traitait de tous les noms : vaniteux, prétentieux, présomptueux, insolent,….
Mais, à la surprise générale, il s’approcha doucement du dromadaire sans le provoquer, le caressa, puis passa lentement sous ses aisselles et enfin le traversa du Nord au Sud sans que l’animal ne réagisse. Il aimait relever des défis de cette nature. C’était un garçon héroïque….
J’étais son ainé de quelques années. Mais, il était déjà en avance sur toute sa génération car, à la fois, intelligent, courageux, travailleur, persévérant et altruiste. D’ailleurs, en un moment donné, il a quitté ses camarades pour aller poursuivre ses études à Saint-Louis et ne revenait à Kébemer que de temps en temps….
Mon fils, tu disais toute à l’heure que tu es de Saint-Louis. Donc tu dois connaître sa sœur qui s’appelle Fatou WADE. Elle habitait dans le quartier Nord, pas loin de la Zawiya El Hadj Malick SY. Le vieux termina ses propos par ceci : Après une courte carrière d’instituteur, il se rendit en France où il revint avec beaucoup de diplômes.
Pendant que je l’écoutais religieusement, le vieil homme se confessait à moi. Ainsi disait-il : Un jour, il sera le Président de la République. Peut-être que je ne serai plus de ce monde, mais tu te souviendras certainement de moi. Lorsqu’un enfant est béni par le Cheikh avant même sa naissance, il a des avantages par rapport à tous ses concurrents. C’est sa chance !
Devenu adulte, Me WADE obtint beaucoup de diplômes : licence en Lettre, licence en Sociologie, licence en Mathématiques, licence en Physique, Agrégation de Droit, Doctorat en Sciences Economiques. La liste est longue, très longue.
Ce que le vieil homme m’avait dit se révélera plus tard. En effet, on apprend ces jours-ci que WADE a bénéficié des prières et des bénédictions de Serigne Abdou Aziz SY à l’occasion de sa thèse d’Etat vers les années 1960. On apprend aussi qu’il est un ami personnel et un confident de Cheikh Tidiane SY. C’est Pape SY, le frère cadet du guide spirituel des « Moustachidine » qui a fait cette révélation à l’occasion du Gamou de 2012.
Le récit du vieil homme était clair, limpide et fascinant. A priori, il connaissait parfaitement son concitoyen de même ville, dont il disait que : C’est Serigne Cheikh Mbacké Gaîndé Fatma qui lui a donné de l’argent pour qu’il crée le PDS et c’est lui qui a financé son premier congrès tenu en 1974 à Kaolack.
Aussi, me parlait-il des relations qui existent entre le wassila Serigne Abdou Khadre Mbacké, alors Imam de Touba et son disciple Abdoulaye WADE. Pour lui, il n’y a pas de doute : Tout ce qu’Abdoulaye WADE cherche dans ce monde, il peut l’obtenir facilement par la grâce de DIEU. Son père est Khadr. Ses frères sont des Tidianes. Mais lui, il est Mouride avant la naissance, par la grâce du fondateur du mouridisme. C’est un des miracles du Cheikh. « Nitu Baatin la ». Il attend son heure pour occuper le palais présidentiel.
Chers lecteurs, l’histoire du dromadaire et du garçon est-il vrai ou une pure invention ? Je n’en sais pas plus que vous. Seul le concerné pourrait nous édifier un jour. J’espère qu’il le fera dans les mémoires qu’il promet de rédiger lorsqu’il quittera le pouvoir. Toutefois, une chose est sûre. L’homme politique aime bien relever des défis.
En effet, affronter le premier Président Léopold Sédar SENGHOR dans le contexte des années 1970 était gageure suicidaire car, les événements de 1962 étaient encore frais dans la mémoire collective des sénégalais. De parti de contribution au départ, le PDS s’est affirmé progressivement en véritable parti d’opposition au régime socialiste, de 1974 à 2000. Donc, pendant 26 années d’âpres luttes, Me WADE a fait face à des multiples épreuves dont chacune peut être considéré comme un grand défi qu’il a pu relever.
Mais à l’écouter dans ses discours du passé, il semble qu’il préfère le terme « audace » à la place de « défi ». Par contre, pour le commun des sénégalais, Maître WADE est assurément l’Homme des grands défis. Un jour, un ami m’a dit que le seul défi que cet homme n’ait jamais pu relever est « l’agrégation de Mathématiques ». Il parait qu’il voulait coûte que coûte devenir agrégé de Maths mais malheureusement il s’est arrêté en licence, préférant continuer sur le chemin du Droit et de l’Economie. Et, en se moquant de lui, mon ami me disait : N’est pas agrégé de Maths celui qui veut !
Il parait aussi qu’il a consacré une bonne partie de sa thèse à l’économie mouride. Chers lecteurs, sans être l’avocat de ce grand avocat qui s’est inscrit au barreau des avocats de Paris dans les années 1960, je pense très sincèrement qu’on peut lui concéder les propos qu’il avait tenus à Touba, renouvelant au Khalife Général des Mourides, sa fidélité et son allégeance au guide. Il est d’ailleurs de coutume, lorsqu’un talibé mouride est en face du Khalife, de lui réaffirmer son allégeance « yeessal sa taalibé ». Pas de diabolisation, s’il vous plait !
Mamadou FALL
Formateur en Mathématiques au CRFPE de Thiès
Petit-fils d’Abdou Boly FALL, le frère ainé d’El Hadj Malick SY de Tivaouane
Chers lecteurs, je ne suis ni un mouride, ni un baye Fall, ni un thiantacoun, encore moins un fanatique musulman pour verser dans le clientélisme confrérique ou dans la propagande politicienne de bas étage. Probablement, ce vieil homme qui m’avait fait cette confidence n’est plus de ce monde, vue l’âge avancé qu’il avait. Mais une chose est sûre : Je suis convaincu que je le retrouverai un jour dans l’au-delà. C’est la raison pour laquelle, je ne changerai rien de son récit. J’essaierai simplement de traduire en français ses propos recueillis en ouolof. Le récit commence ainsi :
« Mor Tolla WADE, le père de Abdoulaye fut un grand tailleur. Il s’était installé à l’entrée principale d’une grande boutique de commerce de la ville de Kébemer. A cette époque-là, dans toutes les grandes villes comme Saint-Louis, Kébemer, Louga, Thiès, Rufisque et Dakar, il y avait de grandes maisons de commerce tenues par des français venus notamment de Bordeaux. Parmi ces établissements commerciaux, on peut citer Maurel et Prom, Buhan Teissère, Lacombe et Peyrissac. Le grand et le petit commerce ainsi que les chemins de fer alimentaient l’économie de toutes ces villes que traversaient les voies ferrées.
Même s’il n’était pas très riche, feu Mor Tolla WADE menait des activités professionnelles assez florissantes. Il pouvait ainsi subvenir largement à ses besoins, à ceux de sa famille et de ses proches. Originaire de la ville de Saint-Louis, ce grand notable, était connu pour son appartenance à la Tarikha Khadriya. En effet, il recevait dans son domicile, pendant des jours, des descendants du Prophète (Chérifs) venus de la Mauritanie. Il était aussi connu pour les gestes discrets de bienfaisance envers les plus démunis, auprès de ses frères musulmans et en direction des hommes de DIEU. C’est ainsi que des rumeurs faisaient beaucoup état de boubous qu’il aurait cousus pour Cheikh Ahmadou Bamba, le fondateur du « mouridisme ».
D’ailleurs feu Moustapha WADE, frère ainé de Me WADE dit détenir de Serigne Abdou Lahat MBACHE, alors Khalife Général des Mourides, que le boubou que porte Cheikh Ahmadou Bamba dans l’unique photo léguée à la postérité est cousue par leur père.
Aussi, se racontait-il, de bouche à oreille, qu’un jour il s’était rendu en visite à Touba, où le Cheikh lui aurait dit ceci : votre épouse mettra au monde un garçon très brillant dont la renommée traversera les frontières de ce pays. Il sera un Grand Homme (kilifa).
Quelques mois après cette prophétie, le bébé de sexe masculin naquit à Kébemer. Son père décida de lui donner le nom de Cheikh Ahmadou Bamba. Mais contre toute attente, le jour du baptême, Serigne Ablaye FALL, un grand dignitaire Baye FALL arriva à Kébemer par le train venu de Saint-Louis. Il se rendit immédiatement chez Mor Tolla WADE, un lieu connu à cette époque pour recevoir de grands Marabouts et Hauts Dignitaires de passage dans cette localité devenue la capitale du Cayor. Il arriva juste au moment où l’assistance s’apprêtait à baptiser le nouveau né. Il fut alors installé à la première place, eu égard à son rang de digne représentant de Mame Boroom Touba.
L’honneur lui revenait ainsi de diriger la séance. Sans attendre, comme à l’accoutumé, qu’on lui souffle discrètement le nom que le père avait choisi pour son fils, le guide religieux, assez autoritaire, s’arrogea pleinement la prérogative de diriger les opérations et déclara publiquement qu’il a donné son propre nom au nouveau né. « Fekke ma si boole », disait-il, avant d’ajouter : l’enfant porte le nom d’Abdoulaye WADE. Mor Tolla était surpris par la tournure des événements. Néanmoins, il prit en compte le respect que toute l’assistance voue à son hôte de marque et garda son secret jusqu’au départ de celui-ci.
Il magnifia devant l’assistance le geste combien important et significatif ainsi que l’honneur que ce grand marabout lui fit en acceptant de présider la cérémonie de baptême de ce garçon. Puis, poursuivant sa route, Serigne Ablaye FALL se rendit à Touba. Dès son arrivée au Lieu Saint, le Cheikh lui dit : Ablaye, toi et moi, nous sommes pareils. Nous ne faisons qu’un seul ».
Chers lecteurs, je suis très choqué aujourd’hui d’entendre certains politiciens déclarer que le Président de la République crée la rivalité entre les confréries du Sénégal. Abdoulaye WADE est né mouride et doit l’assumer tout comme chacun d’entre nous doit assumer son appartenance à une race, à une religion, à une ethnie, ou à un parti politique.
Dire, par exemple, qu’on est ouolof ne signifie pas qu’on est contre les sérères ou les peuhls. De la même manière, reconnaître qu’on est musulman ne signifie pas qu’on est contre les chrétiens ou les animistes. Personnellement, je suis un « tidiane ». Mais, pour autant, je ne suis pas outré d’entendre quelqu’un dire qu’il est « mouride » car, nous appartenons tous les deux à la même religion. De plus, j’ai la foi en Serigne Bamba. En revanche, ce qui m’aurait offusqué ce serait le silence coupable d’Abdoulaye WADE sur ses croyances religieuses ou par rapport à son appartenance à une confrérique, si tel était le cas.
De plus, l’appartenance de WADE à la confrérie mouride n’entame en rien ses relations avec les membres des autres confréries. Bien au contraire, tout sénégalais de bonne foi connait les liens solides et très anciens entre Maître WADE et Cheikh Tidiane SY, dont il a été l’avocat dans les années 1960. Les relations de voisinage, dans la zone de Mboro, entre Serigne Mansour SY et Abdoulaye WADE qui ont abouti à un don de plusieurs centaines d’hectares, en faveur du marabout, sont bien antérieures à l’accession de WADE à la Magistrature suprême de ce pays. Serigne Abdou Aziz (junior) est très lié à WADE ; ceci est un secret de polichinelle. Serigne Moustapaha CISSE le Khalife Tidiane de Pire, a soutenu la candidature de WADE aux élections de 2012. C’est cela le charme du Sénégal.
Poursuivant son récit, le vieil homme de Kébemer me racontait une partie de la vie du jeune garçon que fut Abdoulaye WADE. Il disait ceci : Jamais, je n’ai connu un garçon aussi courageux, …, il s’accompagnait avec ses ainés mais était de loin plus intelligent et plus courageux qu’eux.
Prolongeant son discours, il dira : Un jour, un maure avait attaché son chameau près d’un arbre. L’animal était très furieux. Il émettait parfois un bruit qui nous faisait très peur. Bref, il se faisait très menaçant. Abdoulaye WADE lança alors à ses camarades le défi qui consistait à traverser le gros animal, en passant près de ses longues pattes, sous le ventre. Personne n’avait alors accepté de se prêter à ce jeu dangereux, de peur d’être mordu ou recevoir un coup de patte fatale. En revanche, on le traitait de tous les noms : vaniteux, prétentieux, présomptueux, insolent,….
Mais, à la surprise générale, il s’approcha doucement du dromadaire sans le provoquer, le caressa, puis passa lentement sous ses aisselles et enfin le traversa du Nord au Sud sans que l’animal ne réagisse. Il aimait relever des défis de cette nature. C’était un garçon héroïque….
J’étais son ainé de quelques années. Mais, il était déjà en avance sur toute sa génération car, à la fois, intelligent, courageux, travailleur, persévérant et altruiste. D’ailleurs, en un moment donné, il a quitté ses camarades pour aller poursuivre ses études à Saint-Louis et ne revenait à Kébemer que de temps en temps….
Mon fils, tu disais toute à l’heure que tu es de Saint-Louis. Donc tu dois connaître sa sœur qui s’appelle Fatou WADE. Elle habitait dans le quartier Nord, pas loin de la Zawiya El Hadj Malick SY. Le vieux termina ses propos par ceci : Après une courte carrière d’instituteur, il se rendit en France où il revint avec beaucoup de diplômes.
Pendant que je l’écoutais religieusement, le vieil homme se confessait à moi. Ainsi disait-il : Un jour, il sera le Président de la République. Peut-être que je ne serai plus de ce monde, mais tu te souviendras certainement de moi. Lorsqu’un enfant est béni par le Cheikh avant même sa naissance, il a des avantages par rapport à tous ses concurrents. C’est sa chance !
Devenu adulte, Me WADE obtint beaucoup de diplômes : licence en Lettre, licence en Sociologie, licence en Mathématiques, licence en Physique, Agrégation de Droit, Doctorat en Sciences Economiques. La liste est longue, très longue.
Ce que le vieil homme m’avait dit se révélera plus tard. En effet, on apprend ces jours-ci que WADE a bénéficié des prières et des bénédictions de Serigne Abdou Aziz SY à l’occasion de sa thèse d’Etat vers les années 1960. On apprend aussi qu’il est un ami personnel et un confident de Cheikh Tidiane SY. C’est Pape SY, le frère cadet du guide spirituel des « Moustachidine » qui a fait cette révélation à l’occasion du Gamou de 2012.
Le récit du vieil homme était clair, limpide et fascinant. A priori, il connaissait parfaitement son concitoyen de même ville, dont il disait que : C’est Serigne Cheikh Mbacké Gaîndé Fatma qui lui a donné de l’argent pour qu’il crée le PDS et c’est lui qui a financé son premier congrès tenu en 1974 à Kaolack.
Aussi, me parlait-il des relations qui existent entre le wassila Serigne Abdou Khadre Mbacké, alors Imam de Touba et son disciple Abdoulaye WADE. Pour lui, il n’y a pas de doute : Tout ce qu’Abdoulaye WADE cherche dans ce monde, il peut l’obtenir facilement par la grâce de DIEU. Son père est Khadr. Ses frères sont des Tidianes. Mais lui, il est Mouride avant la naissance, par la grâce du fondateur du mouridisme. C’est un des miracles du Cheikh. « Nitu Baatin la ». Il attend son heure pour occuper le palais présidentiel.
Chers lecteurs, l’histoire du dromadaire et du garçon est-il vrai ou une pure invention ? Je n’en sais pas plus que vous. Seul le concerné pourrait nous édifier un jour. J’espère qu’il le fera dans les mémoires qu’il promet de rédiger lorsqu’il quittera le pouvoir. Toutefois, une chose est sûre. L’homme politique aime bien relever des défis.
En effet, affronter le premier Président Léopold Sédar SENGHOR dans le contexte des années 1970 était gageure suicidaire car, les événements de 1962 étaient encore frais dans la mémoire collective des sénégalais. De parti de contribution au départ, le PDS s’est affirmé progressivement en véritable parti d’opposition au régime socialiste, de 1974 à 2000. Donc, pendant 26 années d’âpres luttes, Me WADE a fait face à des multiples épreuves dont chacune peut être considéré comme un grand défi qu’il a pu relever.
Mais à l’écouter dans ses discours du passé, il semble qu’il préfère le terme « audace » à la place de « défi ». Par contre, pour le commun des sénégalais, Maître WADE est assurément l’Homme des grands défis. Un jour, un ami m’a dit que le seul défi que cet homme n’ait jamais pu relever est « l’agrégation de Mathématiques ». Il parait qu’il voulait coûte que coûte devenir agrégé de Maths mais malheureusement il s’est arrêté en licence, préférant continuer sur le chemin du Droit et de l’Economie. Et, en se moquant de lui, mon ami me disait : N’est pas agrégé de Maths celui qui veut !
Il parait aussi qu’il a consacré une bonne partie de sa thèse à l’économie mouride. Chers lecteurs, sans être l’avocat de ce grand avocat qui s’est inscrit au barreau des avocats de Paris dans les années 1960, je pense très sincèrement qu’on peut lui concéder les propos qu’il avait tenus à Touba, renouvelant au Khalife Général des Mourides, sa fidélité et son allégeance au guide. Il est d’ailleurs de coutume, lorsqu’un talibé mouride est en face du Khalife, de lui réaffirmer son allégeance « yeessal sa taalibé ». Pas de diabolisation, s’il vous plait !
Mamadou FALL
Formateur en Mathématiques au CRFPE de Thiès
Petit-fils d’Abdou Boly FALL, le frère ainé d’El Hadj Malick SY de Tivaouane