Celui qui devra, à la fin des fins, assumer les inévitables errements et abus d’une équipe gouvernementale dirigée par son fils, sera un vieillard épuisé par une bataille électorale de trop, celle qu’il ne fallait pas engager.
Déjà exténué par la vie, comme n’importe quel homme de son âge, 92 ans, dit la dernière source fiable, Wade qu’on a vu, lors de la campagne électorale, émacié, la voix éteinte, les yeux sans expression, donnant ce qui lui restait d’énergie à donner le change sur son état physique, n’en pourra plus.
Dans ces conditions bien sûr, abdiquer de ses charges présidentielles ne sera pas seulement une tentation pour lui, mais une obligation – je ne parle bien sûr pas d’une démission officielle. A qui Wade laissera-t-il … ? Ou plutôt, qui sera en mesure de s’approprier les prérogatives du président Wade, sans coup férir ? Son fils, et son fils seulement, déjà ministre d’Etat de presque tout…
L’HISTORIQUE. Avant même ce crépuscule annoncé, Karim s’était posé comme le véritable chef de ce gouvernement de Souleymane Ndéné Ndiaye ; posture que le garçon s’est évertuée à atteindre depuis que son père est arrivé au pouvoir.
Il s’en était donné les moyens en éliminant, ou, disons le plus justement, en faisant éliminer par son père tous ceux qui pouvaient faire obstacle à ses desseins. Sur le plan politique Idrissa Seck et Macky Sall en sont les victimes les plus connus, il y en a une pléthore d’autres, qui sont restés plus ou moins dans l’anonymat, parfois victimes expiatoires de l’incompétence politique ou tout simplement de l’impopularité du prince héritier.
Je pense à son ancien conseiller spécial, idéologue de la «Génération du Concret», Hassan Bâ, limogé de façon injuste et humiliante après la débâcle électorale de Dakar et du Point E lors des élections locales de 2009. Et le décompte des victimes politiques du projet de mainmise dynastique sur le pays est loin d’être fini, la prochaine victime évidente étant Souleymane Ndéné Ndiaye, justement.
Sur le plan économique, tous ceux qui, dans le privé, n’ont pas voulu entrer dans les schémas d’accumulation des richesses nécessaires au projet dynastique, je pense à Bara Tall et Youssou Ndour, le Cnes et son patron Mansour Kama, ont été férocement combattus, vilipendés, isolés des projets économiques de l’Etat, harcelés de diverses façons par l’Etat, notamment sur le plan fiscal.
Le premier nommé ayant bénéficié d’un traitement particulièrement acharné qui en a fait une sorte de symbole chez les victimes économiques du régime. Ici aussi ceux-ci ne sont que les victimes les plus visibles des méthodes et du projet de Karim, beaucoup d’autres ayant choisi, soit la résistance passive, ni vus ni connus, pour préserver quelques restes de leurs patrimoines, soit la reddition avec armes et bagages au service du projet, se sucrant bien entendu au passage ; quelques-uns ont choisi l’exil ou y sont retournés, déçus, après avoir répondu à l’appel à venir travailler au pays du président Wade à son accession au pouvoir.
CONSIDERATIONS ET CHIFFRES. En politique comme en économie, les places ont été très vite prises par des opportunistes et situationnistes lestes. Laissons la politique dont le phénomène trop connu de la vile transhumance et ses acteurs zélés ne valent pas plus de lignes ici.
La grande affaire est économique. Le projet politique de Karim, ou il est trop gourmand, ou il n’est qu’un faire-valoir pour l’enrichissement du garçon et de sa coterie. Les Infrastructures, notamment routières, personne ne doute plus qu’elles sont un pipeline financier à dérivations vers des destinations non orthodoxes.
Un kilomètre de route a dit Bara Tall dans son discours à Thiès, lors du lancement de son mouvement citoyen, coûte 2 milliards de francs CFA au Maroc, et moins en Tunisie, chez nous, commandé généralement à des entreprises étrangères par Karim Wade, pour l’Apix, pour l’Anoci , pour le ministère des Infrastructures, le kilomètre de route revient à 10 milliards.
Où vont les évidents surplus ? Les diplomates américains ont surnommé le fils Wade « Monsieur 15% », et l’Apix, l’Anoci, avant le ministère des Infrastructures, ont dépensé plus de 700 milliards dans des infrastructures routières – faites le calcul ! D’après des sources françaises très amusées par l’anecdote, M. Bolloré, Vincent, « qui en a vu d’autres en Afrique où règne la corruption en maîtresse absolue » chez nos gouvernants, dit, quand il parle du futur maître absolu du pays (si Wade reste président après l’élection) : « Ce garçon-là, il exagère »…
Les fonds politiques dont il use, les dons divers des « amis arabes » ou autres, venant s’ajouter à toutes ces sources, n’ont pas suffit à la gourmandise du projet politique de Karim. Le garçon nous a concocté un « Plan Takkal » qui a pompé les finances publiques pour près de mille milliards dont tous les spécialistes disent, certains publiquement, qu’ils ne voient pas où ils ont pu être injectés dans la politique énergétique et surtout l’impact proportionnel qu’ils ont pu avoir sur la fourniture en électricité des ménages et des entreprises.
Le leader de la Fédération des Ecologiste du Sénégal (Fedes) résume l’affaire de ce plan en le rebaptisant « Plan Saccal ». Et il semblerait que la grande frustration du ministre d’Etat, ministre des Infrastructures, de la Coopération Internationale et de je ne sais plus quoi, est de n’avoir pu mettre la main sur le ministère des Finances, ni d’y avoir placé un homme de main à sa dévotion.
Sinon, on aurait sombré dans la faillite d’Etat ; et il semble qu’on doit ce salut aux résistances du ministre de Finances, d’Abdoulaye Diop, seul ministre de Wade n’ayant jamais quitté son poste depuis qu’il y a accédé en 2001, appuyé par les bailleurs de fonds dans son combat. Sinon les nombreuses cabales orchestrées contre lui par le garçon l’auraient emporté depuis longtemps.
LES VICTIMES. Certaines des cibles politiques du garçon sont encore présentes sur la scène, debout, Idrissa Seck et Macky Sall, Cheikh Tidiane Gadio aussi, il ne faut pas l’oublier, combattant avec plus ou moins de détermination « Le vieux », tous trois candidats à la présente élection présidentielle. Avec d’autres plus ou moins jeunes gens, ils avaient consacré une bonne partie de leur vie à faire accéder Wade au pouvoir.
Idrissa Seck, surtout, penseur et conducteur de la stratégie politique dont « La marche bleue » de 2000 fut une manière d’apothéose, qui conduisit Wade enfin au pouvoir cette année-là. Aujourd’hui, ils sont devenus, après brimades et harcèlements divers, des opposants au pouvoir qu’ils ont conquis, obligés de remettre sur le métier un ouvrage qu’ils avaient légitimement tissé autour du projet global libéral, s’il en fût.
Ceux qui, de la même génération qu’eux, sont présentement en train de braver la vindicte populaire, manger de la poussière sur les pistes cahoteuses du pays, battant campagne, débattant sur les radios et télévision –pendant que l’on ne voit nulle part Karim dont on n’a entendu parler que quand Samuel Sarr se plaignait d’après « Le quotidien » de son refus de financer la campagne à papa.
Ils se font des ennemis ici et là, compromettant leur avenir et politique et social pour porter Abdoulaye Wade au pouvoir, mais ils sont quasiment tous en train de creuser leur propre tombe politique. Je pense à Madické Niang, Samuel Sarr, El Hadj Ibrahima Sall, Modou Diagne Fada, Abdoulaye Baldé, –déjà dans le viseur- , Serigne Mbacké Ndiaye, surnommé par nous-mêmes « Le vuvuzéla de Wade », et tous ces autres jeunes ou moins jeunes wadistes qui croient encore au Grand soir alors que l’aube pointe et qu’il va falloir se réveiller.
S’ils atteignent leur objectif – le meilleur réveil qu’ils peuvent espérer- qui est de porter Abdoulaye Wade au pouvoir pour un troisième mandat, que « Le vieux » n’a évidemment plus la force de conduire à son terme, ni même plus la force de conduire tout court, comme nous l’avons dit tantôt, ils auront porté Karim au pouvoir.
Et ça, immédiatement ! On l’a vu, je n’ai pas, tantôt, parlé de succession. J’ai annoncé que, de fait maître du pouvoir, au poste de Premier ministre ou, plus probablement, à cette dignité de Vice-président, poste constitutionnellement institué par Wade et jamais pourvu, son influence « biologique » restant intacte, Karim va tous les virer de son administration, avant de les envoyer à la retraite politique.
Et mettre ses propres hommes à leur place. Pour mille raisons. En voici quelques-unes. D’abord, tous ces « anciens combattants » lui rappellent déjà trop que quand il fallait aller au charbon pour hisser papa au sommet, il se la coulait douce ou même les traitaient de fous furieux, refusant de leur prêter sa voiture pour leurs missions politiques.
De les voir autour de lui risque de lui gâcher le plaisir de régner en toute bonne conscience ; pour cela, il sera bien plus à l’aise entouré de ses féaux, ces gens qu’il a fait quasiment de toutes pièces, tirés de rien et hissés sous les lambris du pouvoir faisant pleuvoir sur eux de l’argent en-veux-tu-en-voilà ! Ceux-là, seront de meilleure compagnie…
LES CATASTROPHES. Ensuite, on sera alors bien plus proche de la succession dynastique. Et il sera encore urgent pour lui d’éliminer tous les rivaux potentiels, dont le plus dangereux à ses yeux n’est ni un homme ni une femme mais une organisation : le Pds. Ce parti sera l’une de ses premières ou dernières victimes, mais il laissera la place, en tant qu’organisation politique au pouvoir, à la « Génération du Concret », laissée en gestation exprès.
Les quelques rebuffades, et timides demandes de certains membres du parti bleu visant à l’intégration de la Gc au Pds ont toujours été traitées par le mépris le plus absolu. Toutes ces catastrophes, bien sûr, ne sont rien devant celles que nous connaîtrions, en tant que nation cette fois, si, après cette sorte de mise en jambe en tant que Pm ou Vice président, le projet dynastique aboutissait et qu’on ait Karim comme chef de l’Etat.
Il a déjà montré ses limites politiques et éthiques, il en rajoutera dans la gouvernance mercantile, fort de ses pouvoirs étendus de président de la République. Brrr !!! Alors, parlons de cette hypothèse autour de laquelle est construit mon papier, Wade restant au pouvoir après le 26 février. Parlons-en sereinement. Si on va aux élections avec Wade, dimanche, il faudra bien admettre que, participant, il peut bien gagner.
Parce qu’une élection est ainsi faite qu’on ne sait jamais avec certitude qui va la gagner. Et s’il gagnait, ceux qui avaient participé avec lui, même s’appuyant sur le fait que sa candidature ne devait pas être, parce qu’illégale, seront bien en peine de contester sa victoire, sur le même thème de l’inconstitutionnalité de ladite candidature.
Il leur restera la contestation sur le thème de la fraude. Celle-la souffre d’une tare congénitale en Afrique, c’est qu’elle est systématique, donc routinière, donc un peu barbante pour les observateurs, arbitres potentiels et divise les peuples. Autre tare, elle n’aboutit presque jamais à l’annulation d’élections.
Dernière tare (mais juste parce qu’il faut bien terminer l’interminable) : chaque fois qu’une élection contestée a abouti au renversement des résultats et à la destitution du fraudeur (je pense à la Côte d’Ivoire, d’abord, 2000, avec Robert Guéi face à Gbagbo ; ensuite le même Gbagbo face à Ouattara), cela a plongé le pays dans le chaos. Alors que nous reste-t-il, sinon demander gentiment à Abdoulaye Wade mais fermement, et sans concession possible, de retirer sa candidature illégale qu’il veut nous forcer à avaler conscient que c’est un poison pour notre pays.
Par Pape Samba KANE
Déjà exténué par la vie, comme n’importe quel homme de son âge, 92 ans, dit la dernière source fiable, Wade qu’on a vu, lors de la campagne électorale, émacié, la voix éteinte, les yeux sans expression, donnant ce qui lui restait d’énergie à donner le change sur son état physique, n’en pourra plus.
Dans ces conditions bien sûr, abdiquer de ses charges présidentielles ne sera pas seulement une tentation pour lui, mais une obligation – je ne parle bien sûr pas d’une démission officielle. A qui Wade laissera-t-il … ? Ou plutôt, qui sera en mesure de s’approprier les prérogatives du président Wade, sans coup férir ? Son fils, et son fils seulement, déjà ministre d’Etat de presque tout…
L’HISTORIQUE. Avant même ce crépuscule annoncé, Karim s’était posé comme le véritable chef de ce gouvernement de Souleymane Ndéné Ndiaye ; posture que le garçon s’est évertuée à atteindre depuis que son père est arrivé au pouvoir.
Il s’en était donné les moyens en éliminant, ou, disons le plus justement, en faisant éliminer par son père tous ceux qui pouvaient faire obstacle à ses desseins. Sur le plan politique Idrissa Seck et Macky Sall en sont les victimes les plus connus, il y en a une pléthore d’autres, qui sont restés plus ou moins dans l’anonymat, parfois victimes expiatoires de l’incompétence politique ou tout simplement de l’impopularité du prince héritier.
Je pense à son ancien conseiller spécial, idéologue de la «Génération du Concret», Hassan Bâ, limogé de façon injuste et humiliante après la débâcle électorale de Dakar et du Point E lors des élections locales de 2009. Et le décompte des victimes politiques du projet de mainmise dynastique sur le pays est loin d’être fini, la prochaine victime évidente étant Souleymane Ndéné Ndiaye, justement.
Sur le plan économique, tous ceux qui, dans le privé, n’ont pas voulu entrer dans les schémas d’accumulation des richesses nécessaires au projet dynastique, je pense à Bara Tall et Youssou Ndour, le Cnes et son patron Mansour Kama, ont été férocement combattus, vilipendés, isolés des projets économiques de l’Etat, harcelés de diverses façons par l’Etat, notamment sur le plan fiscal.
Le premier nommé ayant bénéficié d’un traitement particulièrement acharné qui en a fait une sorte de symbole chez les victimes économiques du régime. Ici aussi ceux-ci ne sont que les victimes les plus visibles des méthodes et du projet de Karim, beaucoup d’autres ayant choisi, soit la résistance passive, ni vus ni connus, pour préserver quelques restes de leurs patrimoines, soit la reddition avec armes et bagages au service du projet, se sucrant bien entendu au passage ; quelques-uns ont choisi l’exil ou y sont retournés, déçus, après avoir répondu à l’appel à venir travailler au pays du président Wade à son accession au pouvoir.
CONSIDERATIONS ET CHIFFRES. En politique comme en économie, les places ont été très vite prises par des opportunistes et situationnistes lestes. Laissons la politique dont le phénomène trop connu de la vile transhumance et ses acteurs zélés ne valent pas plus de lignes ici.
La grande affaire est économique. Le projet politique de Karim, ou il est trop gourmand, ou il n’est qu’un faire-valoir pour l’enrichissement du garçon et de sa coterie. Les Infrastructures, notamment routières, personne ne doute plus qu’elles sont un pipeline financier à dérivations vers des destinations non orthodoxes.
Un kilomètre de route a dit Bara Tall dans son discours à Thiès, lors du lancement de son mouvement citoyen, coûte 2 milliards de francs CFA au Maroc, et moins en Tunisie, chez nous, commandé généralement à des entreprises étrangères par Karim Wade, pour l’Apix, pour l’Anoci , pour le ministère des Infrastructures, le kilomètre de route revient à 10 milliards.
Où vont les évidents surplus ? Les diplomates américains ont surnommé le fils Wade « Monsieur 15% », et l’Apix, l’Anoci, avant le ministère des Infrastructures, ont dépensé plus de 700 milliards dans des infrastructures routières – faites le calcul ! D’après des sources françaises très amusées par l’anecdote, M. Bolloré, Vincent, « qui en a vu d’autres en Afrique où règne la corruption en maîtresse absolue » chez nos gouvernants, dit, quand il parle du futur maître absolu du pays (si Wade reste président après l’élection) : « Ce garçon-là, il exagère »…
Les fonds politiques dont il use, les dons divers des « amis arabes » ou autres, venant s’ajouter à toutes ces sources, n’ont pas suffit à la gourmandise du projet politique de Karim. Le garçon nous a concocté un « Plan Takkal » qui a pompé les finances publiques pour près de mille milliards dont tous les spécialistes disent, certains publiquement, qu’ils ne voient pas où ils ont pu être injectés dans la politique énergétique et surtout l’impact proportionnel qu’ils ont pu avoir sur la fourniture en électricité des ménages et des entreprises.
Le leader de la Fédération des Ecologiste du Sénégal (Fedes) résume l’affaire de ce plan en le rebaptisant « Plan Saccal ». Et il semblerait que la grande frustration du ministre d’Etat, ministre des Infrastructures, de la Coopération Internationale et de je ne sais plus quoi, est de n’avoir pu mettre la main sur le ministère des Finances, ni d’y avoir placé un homme de main à sa dévotion.
Sinon, on aurait sombré dans la faillite d’Etat ; et il semble qu’on doit ce salut aux résistances du ministre de Finances, d’Abdoulaye Diop, seul ministre de Wade n’ayant jamais quitté son poste depuis qu’il y a accédé en 2001, appuyé par les bailleurs de fonds dans son combat. Sinon les nombreuses cabales orchestrées contre lui par le garçon l’auraient emporté depuis longtemps.
LES VICTIMES. Certaines des cibles politiques du garçon sont encore présentes sur la scène, debout, Idrissa Seck et Macky Sall, Cheikh Tidiane Gadio aussi, il ne faut pas l’oublier, combattant avec plus ou moins de détermination « Le vieux », tous trois candidats à la présente élection présidentielle. Avec d’autres plus ou moins jeunes gens, ils avaient consacré une bonne partie de leur vie à faire accéder Wade au pouvoir.
Idrissa Seck, surtout, penseur et conducteur de la stratégie politique dont « La marche bleue » de 2000 fut une manière d’apothéose, qui conduisit Wade enfin au pouvoir cette année-là. Aujourd’hui, ils sont devenus, après brimades et harcèlements divers, des opposants au pouvoir qu’ils ont conquis, obligés de remettre sur le métier un ouvrage qu’ils avaient légitimement tissé autour du projet global libéral, s’il en fût.
Ceux qui, de la même génération qu’eux, sont présentement en train de braver la vindicte populaire, manger de la poussière sur les pistes cahoteuses du pays, battant campagne, débattant sur les radios et télévision –pendant que l’on ne voit nulle part Karim dont on n’a entendu parler que quand Samuel Sarr se plaignait d’après « Le quotidien » de son refus de financer la campagne à papa.
Ils se font des ennemis ici et là, compromettant leur avenir et politique et social pour porter Abdoulaye Wade au pouvoir, mais ils sont quasiment tous en train de creuser leur propre tombe politique. Je pense à Madické Niang, Samuel Sarr, El Hadj Ibrahima Sall, Modou Diagne Fada, Abdoulaye Baldé, –déjà dans le viseur- , Serigne Mbacké Ndiaye, surnommé par nous-mêmes « Le vuvuzéla de Wade », et tous ces autres jeunes ou moins jeunes wadistes qui croient encore au Grand soir alors que l’aube pointe et qu’il va falloir se réveiller.
S’ils atteignent leur objectif – le meilleur réveil qu’ils peuvent espérer- qui est de porter Abdoulaye Wade au pouvoir pour un troisième mandat, que « Le vieux » n’a évidemment plus la force de conduire à son terme, ni même plus la force de conduire tout court, comme nous l’avons dit tantôt, ils auront porté Karim au pouvoir.
Et ça, immédiatement ! On l’a vu, je n’ai pas, tantôt, parlé de succession. J’ai annoncé que, de fait maître du pouvoir, au poste de Premier ministre ou, plus probablement, à cette dignité de Vice-président, poste constitutionnellement institué par Wade et jamais pourvu, son influence « biologique » restant intacte, Karim va tous les virer de son administration, avant de les envoyer à la retraite politique.
Et mettre ses propres hommes à leur place. Pour mille raisons. En voici quelques-unes. D’abord, tous ces « anciens combattants » lui rappellent déjà trop que quand il fallait aller au charbon pour hisser papa au sommet, il se la coulait douce ou même les traitaient de fous furieux, refusant de leur prêter sa voiture pour leurs missions politiques.
De les voir autour de lui risque de lui gâcher le plaisir de régner en toute bonne conscience ; pour cela, il sera bien plus à l’aise entouré de ses féaux, ces gens qu’il a fait quasiment de toutes pièces, tirés de rien et hissés sous les lambris du pouvoir faisant pleuvoir sur eux de l’argent en-veux-tu-en-voilà ! Ceux-là, seront de meilleure compagnie…
LES CATASTROPHES. Ensuite, on sera alors bien plus proche de la succession dynastique. Et il sera encore urgent pour lui d’éliminer tous les rivaux potentiels, dont le plus dangereux à ses yeux n’est ni un homme ni une femme mais une organisation : le Pds. Ce parti sera l’une de ses premières ou dernières victimes, mais il laissera la place, en tant qu’organisation politique au pouvoir, à la « Génération du Concret », laissée en gestation exprès.
Les quelques rebuffades, et timides demandes de certains membres du parti bleu visant à l’intégration de la Gc au Pds ont toujours été traitées par le mépris le plus absolu. Toutes ces catastrophes, bien sûr, ne sont rien devant celles que nous connaîtrions, en tant que nation cette fois, si, après cette sorte de mise en jambe en tant que Pm ou Vice président, le projet dynastique aboutissait et qu’on ait Karim comme chef de l’Etat.
Il a déjà montré ses limites politiques et éthiques, il en rajoutera dans la gouvernance mercantile, fort de ses pouvoirs étendus de président de la République. Brrr !!! Alors, parlons de cette hypothèse autour de laquelle est construit mon papier, Wade restant au pouvoir après le 26 février. Parlons-en sereinement. Si on va aux élections avec Wade, dimanche, il faudra bien admettre que, participant, il peut bien gagner.
Parce qu’une élection est ainsi faite qu’on ne sait jamais avec certitude qui va la gagner. Et s’il gagnait, ceux qui avaient participé avec lui, même s’appuyant sur le fait que sa candidature ne devait pas être, parce qu’illégale, seront bien en peine de contester sa victoire, sur le même thème de l’inconstitutionnalité de ladite candidature.
Il leur restera la contestation sur le thème de la fraude. Celle-la souffre d’une tare congénitale en Afrique, c’est qu’elle est systématique, donc routinière, donc un peu barbante pour les observateurs, arbitres potentiels et divise les peuples. Autre tare, elle n’aboutit presque jamais à l’annulation d’élections.
Dernière tare (mais juste parce qu’il faut bien terminer l’interminable) : chaque fois qu’une élection contestée a abouti au renversement des résultats et à la destitution du fraudeur (je pense à la Côte d’Ivoire, d’abord, 2000, avec Robert Guéi face à Gbagbo ; ensuite le même Gbagbo face à Ouattara), cela a plongé le pays dans le chaos. Alors que nous reste-t-il, sinon demander gentiment à Abdoulaye Wade mais fermement, et sans concession possible, de retirer sa candidature illégale qu’il veut nous forcer à avaler conscient que c’est un poison pour notre pays.
Par Pape Samba KANE