es Africains se laisseront-ils prendre au piège de la campagne média tique orchestrée par les médias occidentaux, qui fustigent l’érection du monument de la Renaissance africaine ? Espérons que non. Il est grand temps que l’Afrique sorte de sa torpeur et adresse un message fort au reste du monde. La célébration, dimanche 4 avril, du cinquantenaire de l’indépendance du Sénégal a eu un retentissement mondial, à la faveur de l’inauguration, la veille, d’une œuvre grandiose.
L’imposant monument de bronze qui domine désormais Dakar représente un homme d’une cinquantaine de mètres de haut, portant un enfant et entourant de son bras la taille d’une femme pour l’emmener vers un avenir radieux. Les promoteurs de la statue la comparent à la tour Eiffel à Paris, la statue de la Liberté à New York ou au Christ rédempteur à Rio de Janeiro. Pour eux, il s’agit du symbole “d’une Afrique sortant des entrailles de la Terre, quittant l’obscurantisme pour aller vers la lumière”. Quoi qu’on dise, Wade aura frappé un grand coup.
Les détracteurs du projet, en Afrique et ailleurs, estiment que le président Wade n’aurait pas dû dépenser 14 milliards de francs CFA [21 millions d’euros] pour une statue, alors que ses compatriotes vivent pour la plupart au-dessous du seuil de pauvreté. A vrai dire, si le monument de la Renaissance africaine peut donner lieu à de vraies critiques (financement, réclamation par Wade de 35 % de droits d’exploitation de l’édifice, recours à des architectes et sculpteurs non africains), le principe de sa construction se défend. Car la volonté d’un dirigeant de graver dans la pierre la trace de son passage aux affaires est tout à fait légitime.
Le château de Versailles, dont la France est si fière, avec ses ors, dorures et lambris, n’a-t-il pas été bâti par Louis XIV alors qu’une bonne partie de ses sujets étaient en proie à la famine ? Comme ce château, la basilique de Yamoussoukro, en Côte-d’Ivoire, n’aurait jamais existé si Félix Houphouët-Boigny avait plus écouté les sarcasmes que sa volonté d’imiter les bâtisseurs qui firent le rayonnement des empires. L’Afrique a donc aussi le droit de voir les choses en grand, car, à l’époque où on construisait la tour Eiffel, beaucoup de Français n’avaient pas suffisamment à manger. Abdoulaye Wade, par sa passion et son esprit de grandeur, a eu le mérite d’indiquer la voie d’une Afrique résolument conquérante, émergente sur le plan mondial, forte de son milliard d’habitants et d’une économie en pleine croissance, malgré une pauvreté endémique. C’est ce sens de la Renaissance africaine que les générations actuelles ont la responsabilité de traduire en actes concrets.
http://www.courrierinternational.com/
L’imposant monument de bronze qui domine désormais Dakar représente un homme d’une cinquantaine de mètres de haut, portant un enfant et entourant de son bras la taille d’une femme pour l’emmener vers un avenir radieux. Les promoteurs de la statue la comparent à la tour Eiffel à Paris, la statue de la Liberté à New York ou au Christ rédempteur à Rio de Janeiro. Pour eux, il s’agit du symbole “d’une Afrique sortant des entrailles de la Terre, quittant l’obscurantisme pour aller vers la lumière”. Quoi qu’on dise, Wade aura frappé un grand coup.
Les détracteurs du projet, en Afrique et ailleurs, estiment que le président Wade n’aurait pas dû dépenser 14 milliards de francs CFA [21 millions d’euros] pour une statue, alors que ses compatriotes vivent pour la plupart au-dessous du seuil de pauvreté. A vrai dire, si le monument de la Renaissance africaine peut donner lieu à de vraies critiques (financement, réclamation par Wade de 35 % de droits d’exploitation de l’édifice, recours à des architectes et sculpteurs non africains), le principe de sa construction se défend. Car la volonté d’un dirigeant de graver dans la pierre la trace de son passage aux affaires est tout à fait légitime.
Le château de Versailles, dont la France est si fière, avec ses ors, dorures et lambris, n’a-t-il pas été bâti par Louis XIV alors qu’une bonne partie de ses sujets étaient en proie à la famine ? Comme ce château, la basilique de Yamoussoukro, en Côte-d’Ivoire, n’aurait jamais existé si Félix Houphouët-Boigny avait plus écouté les sarcasmes que sa volonté d’imiter les bâtisseurs qui firent le rayonnement des empires. L’Afrique a donc aussi le droit de voir les choses en grand, car, à l’époque où on construisait la tour Eiffel, beaucoup de Français n’avaient pas suffisamment à manger. Abdoulaye Wade, par sa passion et son esprit de grandeur, a eu le mérite d’indiquer la voie d’une Afrique résolument conquérante, émergente sur le plan mondial, forte de son milliard d’habitants et d’une économie en pleine croissance, malgré une pauvreté endémique. C’est ce sens de la Renaissance africaine que les générations actuelles ont la responsabilité de traduire en actes concrets.
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