Murs d'enceinte pris d'assaut par des foules enragées, drapeaux brûlés, prêches enflammés et manifestations qui virent à l'émeute: l'engrenage infernal se poursuit pour les États-Unis et leurs missions diplomatiques à travers le monde, six jours après l'attaque du consulat américain à Benghazi. Pris de court par la virulence et la vitesse de cette poussée d'américanophobie, Washington semble toujours chercher la parade. Des renforts militaires ont dans un premier temps été dépêchés au secours des ambassades et consulats les plus exposés au sein du monde arabo-musulman. Les personnels «non essentiels» de ces représentations sont à présent en cours d'évacuation, jusqu'en Tunisie et au Soudan, derniers pays atteints par l'onde de choc.
Ces mesures conservatoires dissimulent mal la détresse de l'Administration Obama face au vent mauvais qui a gagné toute la planète, forcément malvenu à deux mois d'un scrutin présidentiel sous haute tension.
Entre impératifs électoraux et sécuritaires, le message d'apaisement à l'attention de la rue arabe demeure brouillé, voire inaudible. La faute principalement à cette vidéo islamophobe de treize minutes intitulée Innocence des musulmans, à l'origine de la poussée de violence au Moyen-Orient et toujours en ligne sur le site de partage YouTube. «Il n'existe pas de loi sur la diffamation (hate law) aux États-Unis» permettant d'interdire ce genre de clip, aussi désolant soit-il, explique Leslie Harris, directrice du Center for Democracy and Technology (CDT), commentant la décision de YouTube, filiale de Google, de maintenir le clip en ligne contre vents et marées. L'Inde et l'Indonésie, elles, n'ont pas hésité à ordonner Google de le bloquer sur leur territoire.
Insulte envers le Prophète
Arc-boutés sur la sacro-sainte liberté d'expression («free speech») inscrite dans le premier amendement de la Constitution, républicains et démocrates en pleine campagne électorale se sont bien gardés jusqu'ici d'exiger toute sanction à l'encontre des auteurs de l'indigeste brûlot. Le président Barack Obama a bien dénoncé leurs excès, mais en rappelant toujours que les États-Unis respectaient le principe de liberté religieuse, lui aussi gravé dans le marbre de la loi fondamentale de 1787, et que la traque des agresseurs de Benghazi, priorité des priorités, serait menée à son terme.
Pour ne rien arranger, Nakoula Basseley Nakoula, Californien de 55 ans et réalisateur du film incriminé, a été relâché par la police après un bref interrogatoire de trente minutes, sans se voir notifier d'éventuelles poursuites judiciaires. Les services d'application des peines cherchent cependant à déterminer si Nakoula a violé les conditions de sa liberté conditionnelle, après sa condamnation en 2010 à vingt et un mois de prison et cinq années de mise à l'épreuve pour fraude bancaire.
Cette pusillanimité ne pouvait qu'attiser la colère des musulmans à travers le monde, imperméables aux subtils fondements de la démocratie à l'américaine et outrés par ce qu'ils perçoivent comme une insulte envers le Prophète et l'islam. Al-Qaida s'est réjoui ce week-end de la mort de l'ambassadeur Chris Stevens.
Par Maurin Picard
Ces mesures conservatoires dissimulent mal la détresse de l'Administration Obama face au vent mauvais qui a gagné toute la planète, forcément malvenu à deux mois d'un scrutin présidentiel sous haute tension.
Entre impératifs électoraux et sécuritaires, le message d'apaisement à l'attention de la rue arabe demeure brouillé, voire inaudible. La faute principalement à cette vidéo islamophobe de treize minutes intitulée Innocence des musulmans, à l'origine de la poussée de violence au Moyen-Orient et toujours en ligne sur le site de partage YouTube. «Il n'existe pas de loi sur la diffamation (hate law) aux États-Unis» permettant d'interdire ce genre de clip, aussi désolant soit-il, explique Leslie Harris, directrice du Center for Democracy and Technology (CDT), commentant la décision de YouTube, filiale de Google, de maintenir le clip en ligne contre vents et marées. L'Inde et l'Indonésie, elles, n'ont pas hésité à ordonner Google de le bloquer sur leur territoire.
Insulte envers le Prophète
Arc-boutés sur la sacro-sainte liberté d'expression («free speech») inscrite dans le premier amendement de la Constitution, républicains et démocrates en pleine campagne électorale se sont bien gardés jusqu'ici d'exiger toute sanction à l'encontre des auteurs de l'indigeste brûlot. Le président Barack Obama a bien dénoncé leurs excès, mais en rappelant toujours que les États-Unis respectaient le principe de liberté religieuse, lui aussi gravé dans le marbre de la loi fondamentale de 1787, et que la traque des agresseurs de Benghazi, priorité des priorités, serait menée à son terme.
Pour ne rien arranger, Nakoula Basseley Nakoula, Californien de 55 ans et réalisateur du film incriminé, a été relâché par la police après un bref interrogatoire de trente minutes, sans se voir notifier d'éventuelles poursuites judiciaires. Les services d'application des peines cherchent cependant à déterminer si Nakoula a violé les conditions de sa liberté conditionnelle, après sa condamnation en 2010 à vingt et un mois de prison et cinq années de mise à l'épreuve pour fraude bancaire.
Cette pusillanimité ne pouvait qu'attiser la colère des musulmans à travers le monde, imperméables aux subtils fondements de la démocratie à l'américaine et outrés par ce qu'ils perçoivent comme une insulte envers le Prophète et l'islam. Al-Qaida s'est réjoui ce week-end de la mort de l'ambassadeur Chris Stevens.
Par Maurin Picard