De là où il s’est installé, Me Abdoulaye Wade doit bien se réjouir d’avoir fait des émules avec son « Wax Waxet» raillé, il n’y a guère, sur tous les tons.
En attendant Macky, sa gouvernance vertueuse portée en bandoulière, la coalition «Benno Bokk Yaakar» plus préoccupée par la lutte des places et des sinécures se met en ordre de bataille. Les quotataires non servis à la Chambre basse du Parlement se pressent au portillon du Sénat. Les différentes écuries de présidentiables affichent leurs ambitions de voir leur champion dans le costume du dauphin constitutionnel du chef de l’Etat, comme si c’est bien le tour de chaque impétrant chez le coiffeur pour que vive la République. Et puisqu’ils ont « Bokk Yaakaar », en partage, il ne leur est pas interdit de rêver aux prébendes.
On se croirait en pleine foire. Les urgences du pays avec une apathie dans le traitement de la demande sociale, le drame des inondations, une école à la rue, des paysans et des éleveurs inquiets, une jeunesse désemparée ? Rien ne semble pressant pour la nouvelle majorité qui, pour l’heure, proclame la rupture et va – c’est bien le cas de le dire- son train de sénateur chercher à maintenir une Chambre haute dont l’utilité est loin d’être avérée. Sous Abdou Diouf de 1999 à 2001, comme avec Me Abdoulaye Wade, de 2007 à 2012, le Sénat n’a rien apporté de substantiel à la fonction de représentation dans le sens d’une démocratisation plus affirmée, d’un examen plus approfondi des textes soumis à son vote et d’une vigilance jamais prise en défaut dans le contrôle de l’Exécutif. Comment peut-il du reste apporter un plus dans l’examen des textes devant régir le pays, contrôler l’action du gouvernement dans un contexte marqué par des limites dans l’approfondissement du processus de décentralisation ?
En retard d’un réaménagement du territoire et d’un redécoupage des entités régionales fondé sur une vision participative du développement en termes de pôles de croissance, le Sénégal n’a que faire d’institutions gadgets. Le Sénat a plus joué le rôle de « Dame de compagnie » de l’Assemblée nationale, que celui de relais du Sénégal des collectivités de base cherchant désespérément à se tirer des griffes de l’Etat centralisateur.
Sans doute moins médiatisé que l’Assemblée nationale, le Sénat n’a jamais marqué sa différence et pire, a plutôt inscrit ses interventions dans le sens d’un appui aux députés en reproduisant, bien souvent à l’identique, les mêmes positions. Voilà donc une « institution- clone » de l’Assemblée nationale, jamais soucieuse d’affirmer son identité tout en jouissant des mêmes avantages.
La Chambre haute a suffisamment montré ses limites pour mériter un rapide congédiement. Outre son coût, il est l’un des symboles d’une représentation débridée des collectivités elles-mêmes insuffisamment outillées pour peser sur la conduite des affaires du pays.
Le président de la République, si tant est qu’il n’est pas motivé par le désir de caser sa clientèle et de récompenser des compagnons pas assez représentatifs pour espérer être élus au suffrage universel, devrait supprimer cette institution.
En procédant de la sorte, il donnerait de la substance à sa volonté proclamée de rupture et creuserait de nouveaux sillons dans le champ de la démocratie. Du reste, dans le cheminement de son histoire politique, notre pays ne manque pas d’expériences de représentation centrée sur la proximité. Déjà sous le régime senghorien, les assemblées régionales jouaient, parallèlement à l’Assemblée nationale, un rôle très appréciée à la base comme relais des préoccupations des localités.
Le Sénégal n’est pas condamné à faire dans le mimétisme pour espérer figurer dans le cercle restreint des pays distingués dans leur ancrage démocratique, simplement pour avoir maintenu des institutions inutiles, coûteuses.
Le Sénat doit être assis sur l’expérience de ses membres et se donner les moyens d’assumer ses missions centrées sur l’observation, la réflexion, le contrôle et les propositions pour prétendre assurer un rôle de premier plan dans un Parlement digne de ce nom.
Or, avec les nominations de sénateurs ( douze) sous Abdou Diouf comme sous le magistère de Me Abdoulaye Wade (plus de la majorité), c’est une autre assemblée peu soucieuse d’assumer sa fonction de veille démocratique et de contrepoids à la Chambre basse qui a été installée. Sa seule préoccupation est de veiller aux intérêts bien compris du Prince.
Doit-on donc s’offusquer s’ils se considèrent comme les sénateurs du chef de l’Etat ? Le «tout venant» dans la masse des entrepreneurs politiques, de plus en plus présents dans les appareils peut-il aller dans le sens d’une amélioration du mode de gouvernance?
Ce serait trop demander à des hommes et des femmes dont la conception de l’Etat et de la République renvoie à un cadre de distribution de prébendes. Exemple type sous nos cieux, de l’Institution créée pour servir une clientèle politique, le Sénat ne peut, dans le contexte actuel, constituer un vecteur dans le renforcement de la démocratie.
Le Sénégal peut bien se suffire d’une Assemblée nationale autrement recentrée dans ses attributions fondamentales. Du Sénat, on attend le requiem, non la célébration de l’anniversaire. Sept ans, ça suffit !
PAR ALIOU FAMA
Senego.com
En attendant Macky, sa gouvernance vertueuse portée en bandoulière, la coalition «Benno Bokk Yaakar» plus préoccupée par la lutte des places et des sinécures se met en ordre de bataille. Les quotataires non servis à la Chambre basse du Parlement se pressent au portillon du Sénat. Les différentes écuries de présidentiables affichent leurs ambitions de voir leur champion dans le costume du dauphin constitutionnel du chef de l’Etat, comme si c’est bien le tour de chaque impétrant chez le coiffeur pour que vive la République. Et puisqu’ils ont « Bokk Yaakaar », en partage, il ne leur est pas interdit de rêver aux prébendes.
On se croirait en pleine foire. Les urgences du pays avec une apathie dans le traitement de la demande sociale, le drame des inondations, une école à la rue, des paysans et des éleveurs inquiets, une jeunesse désemparée ? Rien ne semble pressant pour la nouvelle majorité qui, pour l’heure, proclame la rupture et va – c’est bien le cas de le dire- son train de sénateur chercher à maintenir une Chambre haute dont l’utilité est loin d’être avérée. Sous Abdou Diouf de 1999 à 2001, comme avec Me Abdoulaye Wade, de 2007 à 2012, le Sénat n’a rien apporté de substantiel à la fonction de représentation dans le sens d’une démocratisation plus affirmée, d’un examen plus approfondi des textes soumis à son vote et d’une vigilance jamais prise en défaut dans le contrôle de l’Exécutif. Comment peut-il du reste apporter un plus dans l’examen des textes devant régir le pays, contrôler l’action du gouvernement dans un contexte marqué par des limites dans l’approfondissement du processus de décentralisation ?
En retard d’un réaménagement du territoire et d’un redécoupage des entités régionales fondé sur une vision participative du développement en termes de pôles de croissance, le Sénégal n’a que faire d’institutions gadgets. Le Sénat a plus joué le rôle de « Dame de compagnie » de l’Assemblée nationale, que celui de relais du Sénégal des collectivités de base cherchant désespérément à se tirer des griffes de l’Etat centralisateur.
Sans doute moins médiatisé que l’Assemblée nationale, le Sénat n’a jamais marqué sa différence et pire, a plutôt inscrit ses interventions dans le sens d’un appui aux députés en reproduisant, bien souvent à l’identique, les mêmes positions. Voilà donc une « institution- clone » de l’Assemblée nationale, jamais soucieuse d’affirmer son identité tout en jouissant des mêmes avantages.
La Chambre haute a suffisamment montré ses limites pour mériter un rapide congédiement. Outre son coût, il est l’un des symboles d’une représentation débridée des collectivités elles-mêmes insuffisamment outillées pour peser sur la conduite des affaires du pays.
Le président de la République, si tant est qu’il n’est pas motivé par le désir de caser sa clientèle et de récompenser des compagnons pas assez représentatifs pour espérer être élus au suffrage universel, devrait supprimer cette institution.
En procédant de la sorte, il donnerait de la substance à sa volonté proclamée de rupture et creuserait de nouveaux sillons dans le champ de la démocratie. Du reste, dans le cheminement de son histoire politique, notre pays ne manque pas d’expériences de représentation centrée sur la proximité. Déjà sous le régime senghorien, les assemblées régionales jouaient, parallèlement à l’Assemblée nationale, un rôle très appréciée à la base comme relais des préoccupations des localités.
Le Sénégal n’est pas condamné à faire dans le mimétisme pour espérer figurer dans le cercle restreint des pays distingués dans leur ancrage démocratique, simplement pour avoir maintenu des institutions inutiles, coûteuses.
Le Sénat doit être assis sur l’expérience de ses membres et se donner les moyens d’assumer ses missions centrées sur l’observation, la réflexion, le contrôle et les propositions pour prétendre assurer un rôle de premier plan dans un Parlement digne de ce nom.
Or, avec les nominations de sénateurs ( douze) sous Abdou Diouf comme sous le magistère de Me Abdoulaye Wade (plus de la majorité), c’est une autre assemblée peu soucieuse d’assumer sa fonction de veille démocratique et de contrepoids à la Chambre basse qui a été installée. Sa seule préoccupation est de veiller aux intérêts bien compris du Prince.
Doit-on donc s’offusquer s’ils se considèrent comme les sénateurs du chef de l’Etat ? Le «tout venant» dans la masse des entrepreneurs politiques, de plus en plus présents dans les appareils peut-il aller dans le sens d’une amélioration du mode de gouvernance?
Ce serait trop demander à des hommes et des femmes dont la conception de l’Etat et de la République renvoie à un cadre de distribution de prébendes. Exemple type sous nos cieux, de l’Institution créée pour servir une clientèle politique, le Sénat ne peut, dans le contexte actuel, constituer un vecteur dans le renforcement de la démocratie.
Le Sénégal peut bien se suffire d’une Assemblée nationale autrement recentrée dans ses attributions fondamentales. Du Sénat, on attend le requiem, non la célébration de l’anniversaire. Sept ans, ça suffit !
PAR ALIOU FAMA
Senego.com