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Zahra Iyane Thiam : «Karim Wade doit répondre aux critères définis par la loi pour être candidat M. Idrissa Seck n’aura aucune chance le 24 février 2019»


Rédigé par leral.net le Samedi 23 Juin 2018 à 14:20 | | 0 commentaire(s)|

La conseillère spéciale du président de la République, Zahra Iyane Thiam estime que le candidat du Parti démocratique sénégalais (Pds) doit d’abord répondre aux critères définis par la loi pour postuler aux suffrages des Sénégalais. Dans cet entretien, la responsable de l’Apr aborde aussi d’autres question dont la marche de l’opposition prévue le 13 juin et les attaques de l’ancien Premier ministre, Idrissa Seck.
 
 
Les concertations sur le pétrole et le gaz ont été lancées la semaine dernière. Quelle appréciation en faites-vous ? 
 
C’est une appréciation qui est globalement positive dans la mesure où, comme on le dit, les ressources naturelles, par leur importance, devraient bénéficier à l’ensemble de la population. Maintenant que le chef de l’Etat veuille, dans sa vision, en faire bénéficier les générations présentes, les générations futures et même prévoir un fonds de stabilité par rapport aux chocs qui pourraient éventuellement advenir, c’est important. Sur la forme, dans un style de gouvernement participatif et inclusif, il a décidé d’impliquer toutes les catégories de la population à la réflexion par rapport à l’utilisation des ressources, à la répartition ou à la redistribution de ces ressources dans plusieurs secteurs.

C’est inédit et il fallait le faire pour que chaque citoyen puisse, conformément à l’esprit du référendum qui consacrait de nouveaux droits aux citoyens, contribuer à la réflexion. Toutes les composantes de la population sénégalaise étaient représentées. Il demeure évident que parmi les composantes, il y a des franges de la population telle que l’opposition politique qui n’étaient pas représentées. Cela ne devrait pas surprendre dans la mesure où, dans sa ligne d’action, l’opposition qui est dans son rôle a préféré ne pas s’impliquer dans toutes les questions importantes qui touchent aux destinées des populations. Une certaine opposition a décidé, dans sa stratégie de conquête du pouvoir, de se confiner qu’à des questions électoralistes. 
 
L’opposition annonce une marche contre le parrainage le 13 juillet prochain. Quel commentaire en faites-vous ?
 
L’opposition est dépassée sur la question du parrainage. Lorsqu’il a été question de se retrouver autour du cadre de concertation sur le processus électoral à l’issue des élections législatives que l’opposition avait largement critiquée, pour son organisation et pour même les résultats dans certains départements, la logique aurait voulu que cette opposition puisse être présente lors des concertations, amene les preuves et éventuellement argumenter sur les améliorations qu’il fallait faire.

Elle n’est pas venue mais l’autre frange de l’opposition et pas des moindres parce que représentée par le Pur, Abdoulaye Baldé, Aïssata Tall Sall, Aïda Mbodj, Modou Diagne Fada, était présente et a débattu, avec la majorité, de l’évaluation des élections législatives mais également des modalités de rationalisation des candidatures.

Il faut s’en féliciter parce que c’est cela qui a été à la base de l’audit du fichier électoral mais également d’autres recommandations qui ont abouti au parrainage intégral. Si l’opposition veut marcher le 13 juillet, ce serait en marge de la loi. C’est le peuple, à travers la représentation nationale, qui a voté la loi sur le parrainage qui devrait s’appliquer à tout un chacun. Lorsque les leaders de l’opposition avaient la possibilité d’intervenir, ils ne l’ont pas fait. Une fois que cette loi est votée et entérinée, je pense que c’est antirépublicain de vouloir s’y opposer.
 
Après l’adoption de cette loi, quelle est la prochaine étape ?
 
Une fois que le projet de loi sur la révision constitutionnelle est voté, il nous faut, en qu’acteurs politiques, être sur le terrain, conformément au délai en vigueur dans le code électoral, pour aller à la recherche de parrains et faire la préparation du processus électoral. C’est un processus qui est déclenché et il faudra juste s’arrimer à ce que le code électoral en dit.
 
Comment la mouvance présidentielle doit-elle s’y mettre ?
 
La mouvance présidentielle s’y est déjà mise puisque nous sommes la majorité. C’est nous qui exerçons le pouvoir et nous avons un bilan à défendre. Il nous faut donc, dans une première étape, défendre le bilan que nous avons, l’amplifier auprès des masses populaires et recueillir leurs avis sur l’évaluation à mi-parcours des actions que nous avons menées.

Qu’est-ce qu’il y a à faire comme amélioration ? Quel secteur prioritaire doit être pris en charge  et lequel ne l’a pas été jusqu’à présent ? De manière politique, il faut savoir que l’efficacité de la coalition Bennoo Bokk Yaakaar n’est plus à démontrer. Nous avons été sur le terrain et la coalition s’est agrandie avec l’arrivée de nouvelles forces. Nous nous sommes également organisés pour les discussions autour du parrainage, de la revue technique du code électoral et nous continuerons sur cette lancée. 
 
Quel regard portez-vous sur le débat relatif à la recevabilité de la candidature de Karim Wade ?
 
La réglementation est claire sur celui qui peut jouir de ses droits civils et politiques et celui qui ne le peut pas. Le code électoral est clair là-dessus. Nous avons vu récemment que M. Karim Wade s’est inscrit sur les listes électorales. Ses militants pourront juger puisqu’il a fallu une révision de l’article L57 pour qu’il décidât d’aller s’inscrire sur les listes électorales.

Dans tous les cas, ne peut pas être candidat qui veut sinon les millions de Sénégalais auraient pu se présenter. Pour vouloir diriger une nation, il y a un certain nombre de critères, un profil qui sied. Ce profil et ce critère ont été de manière consensuelle dégagés par le peuple sénégalais, à travers les textes que nous avons. Il doit répondre à ces critères. Peut être candidat celui qui répond à ce que la réglementation prévoit. Maintenant, si l’on est en conformité avec la réglementation, on peut être candidat. 
 
Pensez-vous qu’il est en règle avec la réglementation ?
 
Je ne suis pas juge. Je suis acteur politique. En tant qu’acteur politique, sachant qu’il milite au Point E, on devra se battre sur le terrain pour lui montrer qu’au Point E, c’est Bennoo Bokk Yaakaar qui est majoritaire. Doit-il ou ne doit-il pas être candidat, ça c’est du ressort de la loi. 
 
Un autre candidat qui semble mener une offensive contre le régime, Idrissa Seck. Y a-t-il la peur dans le camp présidentiel ?
 
Je ne pense pas. Idrissa Seck, en tant qu’acteur politique, ne m’empêche pas de dormir, puisque nous avons vu sa stratégie. C’est quelqu’un qui a eu la chance d’exercer le pouvoir, qui a été aux commandes et qui a pu montrer aux Sénégalais ce dont il est capable. En politique, l’erreur se paie cash. L’erreur d’Idrissa Seck, c’est lorsqu’il a eu l’occasion de montrer en quoi il pouvait être utile à son pays, il a posé des actes qu’il ne faut pas oublier.

En politique, il faut un avenir, il faut un passé. C’est lui qui disait que tout ce qui l’intéresse, c’est Thiès. Il aurait pu dire que tout ce qui l’intéresse, c’est le Sénégal. A ce point, je doute que Thiès l’intéresse puisqu’il a été élu président du Conseil départemental et il n’y a jamais mis les pieds.

L’autre chose est que c’est lui qui a fragilisé les institutions de ce pays. C’est à cause de lui que dans chaque département ministériel, dans les institutions du pays, on vous dit : « laissez vos portables à la porte », puisqu’on a peur d’être enregistré. Voilà des détails qui sont importants. Des détails révélateurs de la personnalité. C’est sous le magistère de M. Idrissa Seck qu’on a eu la plus mauvaise campagne arachidière de ce pays. C’est également lorsqu’il a été Premier ministre qu’on a connu les bons impayés.

Il ne peut pas revenir aujourd’hui utiliser la religion, vouloir mettre les citoyens, les uns en face des autres par leurs croyances, leur foi pour s’imposer comme opposant principal à ce régime. J’estime que le peuple sénégalais est un peuple non seulement mâture mais qui sait faire la différence lorsqu’il s’agit de mettre sa destinée entre les mains d’une quelconque autorité ou personnalité. Je pense que M. Idrissa Seck n’aura aucune chance le 24 février 2019. Je ne pense pas qu’il puisse être une quelconque menace. 




Propos recueillis par Babacar DIONE et Aliou Ngamby NDIAYE