Il a été cueilli hier devant le siège de Dakaractu Dans son entretien avec Le Quotidien, peu avant son arrestation : «La hiérarchie refuse ma démission» La Section de recherches a encore visité le siège de Dakaractu hier.
Aux environs de 20h, les éléments de la gendarmerie de Colobane ont cueilli le capitaine de l’Armée, Mamadou Dièye, qui s’apprêtait à accorder un entretien au site d’informations en ligne. «Il n’a même pas eu le temps de rejoindre les bureaux», témoigne un journaliste de la rédaction. Aux dernières nouvelles, le capitaine Mamadou Dièye a été placé en garde à vue et son dossier a été transféré à la brigade prévôtale de Faidherbe où il devait passer la nuit hier.
Aux environs de 20h, les éléments de la gendarmerie de Colobane ont cueilli le capitaine de l’Armée, Mamadou Dièye, qui s’apprêtait à accorder un entretien au site d’informations en ligne. «Il n’a même pas eu le temps de rejoindre les bureaux», témoigne un journaliste de la rédaction. Aux dernières nouvelles, le capitaine Mamadou Dièye a été placé en garde à vue et son dossier a été transféré à la brigade prévôtale de Faidherbe où il devait passer la nuit hier.
Et peu avant son arrestation, l’officier nous avait accordé une interview. Mamadou Dièye, qui précise qu’il n’a pas l’intention de révéler des secrets, dit s’être heurté à des pratiques «peu catholiques» dans la Grande muette. Destination : le champ politique pour cet officier dont la démission n’est pas encore acceptée par la hiérarchie militaire. Dans cet entretien, il décline son projet pour la Présidentielle de 2019, tout en cognant la vieille classe politique.
Qui est Mamadou Dièye ?
J’ai 35 ans depuis le 27 avril. Je suis sorti de l’Ecole militaire de Saint-Cyr après 3 ans à la faculté d’Anglais dont une à l’Université Gaston Berger et 2 ans à l’Université de Toulouse. De 2004 à 2006, j’ai fait des études de langues étrangères à Toulouse et en 2006 j’ai été reçu à l’Ecole militaire de Saint-Cyr. J’ai fait une formation de 4 ans dont une année de spécialisation qu’on appelle dans l’Armée «application». Entre 2008 et 2010, je me suis spécialisé dans la cavalerie. En 2010, je suis rentré au Sénégal. De 2010 à 2017, j’ai occupé différentes fonctions, de chef de section au commandant. Donc, c’est en 2017, de retour d’une mission des Nations unies au Soudan, que j’ai démissionné. Je n’avais jamais imaginé qu’au bout de 7 ans j’allais quitter. Mon père était militaire, mes frères, cousins, oncles sont tous des hommes de tenue, à savoir gendarmes, policiers, douaniers, etc.
Pourquoi avez-vous démissionné de l’Armée nationale ?
Je pense que lorsqu’on choisit un métier, c’est sur la base de valeurs éthiques, morales et professionnelles. Ce sont ces raisons qui m’ont poussé à choisir l’Armée comme étant le milieu où je peux servir le mieux mon pays. Quand je suis arrivé, j’ai mis du temps pour apprendre parce qu’étant formé à l’étranger, il fallait que je découvre l’Armée sénégalaise. Une fois à l’intérieur, j’ai commencé à saisir les réalités de celle-ci qui n’ont rien à voir avec ce que le métier stipule. Dans l’Armée, on demande aux gens de se sacrifier jusqu’à donner leur vie pour la République. Mais à l’intérieur, il se passe des choses peu catholiques. Très certainement, c’est ce qui inquiète les autorités, mais je ne vais pas en parler. C’est un domaine professionnel.
Et allez-vous vous présenter en 2019 ?
Oui, je suis prêt à défier le président de la République. Je pense qu’aujourd’hui, il faut plus que des politiciens pour résoudre les problèmes qui sont inhérents à ce système. On nous a imposé un système. Et pour le combattre, on n’a pas besoin de tirer sur qui que ce soit, à commencer par les puissances étrangères. On passe tout notre temps à salir la France et les puissances étrangères. Ce sont juste des pays qui ont les dirigeants qu’ils méritent en ayant pris le temps de choisir des hommes et femmes dignes de foi pour représenter leurs intérêts. Nous devons faire la même chose.
Quels sont vos projets ?
Avant tout, je constate qu’au Sénégal, lorsqu’on se lance sur le terrain politique, il y a beaucoup d’étapes brûlées. Les gens disent : «Je veux être président de la République. La seule chose qui m’intéresse, c’est la fonction en tant que telle.» C’est cela qui pousse les gens à bâtir un profil sur des populations qui nourrissent un espoir. Aujourd’hui, il y a beaucoup de phénomènes dans la société sénégalaise : la pauvreté, le chômage des jeunes et beaucoup de difficultés. Le problème, ce n’est pas un projet dans lequel on parle d’embaucher les jeunes ou de résoudre quoi que ce soit. L’objectif, c’est d’abord de créer un fondement qui va permettre à ce pays de décoller.
C’est quoi ce fondement ?
Il nous faut un système. Lorsque le Président Macky Sall faisait son tour du Sénégal à 2 ou 3 reprises, il avait bâti son programme autour des questions posées aux Sénégalais. C’est là où il a révélé ses manquements, ses faiblesses et son manque de vision. Lorsqu’on aspire à diriger un pays, on n’a pas besoin de demander aux gens ce qu’ils veulent. Si on prend le Plan Sénégal émergent, c’est revenir aux idéologies étrangères. Ces intellectuels qui ont théorisé le Pse sont très forts, le texte est très cohérent, mais tombe sur ce que j’appelle la «contradiction des origines». Quel est l’effet aujourd’hui ? On voit des autoroutes et des infrastructures sortir de partout. Pendant ce temps, les gens sont en train de mendier et n’ont pas de quoi manger. C’est l’inversion des priorités. Les étrangers nous ont mis dans un engrenage tel que les Africains pensent que réfléchir en dehors de ce qu’ils ont mis est un crime. Nous sommes Nit, (nom de son mouvement, en référence à l’être humain). Il ne s’agit pas de créer un parti ou un mouvement à partir du néant. Nous avons une idéologie qui nous a permis d’avoir un nom pour le mouvement politique que nous voulons créer. Cette idéologie est écrite, est wolof et c’est la base de tout ce que nous proposons aux Sénégalais.
Etes-vous conscient de vos chances en 2019 ?
On a l’habitude de sous-estimer le Peuple sénégalais. De 1960 à maintenant, on voit les mêmes personnes. Aujourd’hui, le Président Macky Sall a qui comme adversaires ? Karim Wade, Idrissa Seck… Ils sont tous du même parti, des Libéraux. On ne parlera que de Ousmane Sonko comme personne différente de cette classe politique. Quelle serait la réaction des Sénégalais face à un non politique ? C’est la bonne question à se poser.
On a vu aussi des candidats indépendants…
Là, c’est différent parce que ce sera la première fois de voir un officier dans l’arène politique.
Avez-vous rencontré Ousmane Sonko et les autres ?
J’ai discuté personnellement avec Abdoul Mbaye à Paris. Au Pastef, j’ai discuté avec le responsable chargé de la massification. Je me suis entretenu aussi avec des membres de Rewmi. C’était juste dans une perspective de collaborer. Comme on va aux élections, tout candidat veut massifier son parti.
Est-ce que vous excluez de vous retirer et de soutenir un autre candidat ?
Je ne suis pas tout seul. Certes j’ai initié le projet, mais je suis avec beaucoup de personnes. On est en train de faire ce qui est possible de faire d’ici à 2019. Mais ce qui est sûr, c’est ce que nous sommes prêts à aller aux élections.
Est-ce que vous pouvez contourner le piège du parrainage ?
Le parrainage en démocratie est quelque chose de très normal. Sur le fond, je pense que ça ne dérange pas les gens, c’est plus par rapport à la forme. Mais à quelques mois des échéances de 2019, il y a ces tripatouillages de la Constitution après toutes ces tentatives d’éliminer des candidats. C’est plus cela qui gêne. Le parrainage, c’est juste justifier la base politique de quelqu’un. Sinon, il n’y a rien de handicapant pour un candidat. On n’a pas de problème avec ça. S’ils veulent un million de signatures, nous allons nous présenter.
Croyez-vous réellement que le Président Sall va partir juste après un septennat ?
Un général disait que partir avec l’idée d’une défaite, c’est être vaincu. Personnellement, je n’ai aucun discours à faire sur lui. Les Sénégalais sont en train d’exprimer son bilan à travers la rue et un peu partout. Beaucoup de Sénégalais sont déçus de leur Président. Je pense que s’il y a un candidat sérieux qui propose un programme bien établi, on peut battre Macky Sall en 2019.
Pour vous, la vieille classe politique ne peut pas battre Macky Sall en 2019 ?
Sincèrement, je ne le pense pas. Mais ce sera au Peuple de choisir.
Votre passé militaire ne risque-t-il pas d’être un handicap pour vous ?
Ce sera au contraire un atout. Lorsqu’on voit un militaire au pouvoir en Afrique, c’est souvent par les armes. C’est du totalitarisme, de la dictature… J’ai voulu respecter le modèle démocratique sénégalais. Je pense que si je devais prendre les armes pour le pouvoir, ce serait du discrédit par rapport à l’histoire politique du Sénégal, de Senghor à Macky Sall. Si je suis en mesure de convaincre les Sénégalais, tant mieux. Et si ce n’est pas le cas, je sors. Je pense que nous pouvons enlever ces barrières qui classent les hommes de tenue comme des individus à part. Nous sommes passés par des concours, là où beaucoup d’autorités de la Nation ont échoué.
Est-ce que votre démission est effective ?
Dans l’histoire de l’Armée, il y a eu des départs d’officiers, mais les gens font tout pour qu’ils ne viennent pas sur le champ politique. Selon la loi, tout officier a le droit de démissionner. C’est comme n’importe quel fonctionnaire de la Fonction publique. Nous avons des types de demande et lorsque vous les soumettez, seule l’autorité ayant pouvoir de nomination a le droit de bloquer ces demandes. J’ai soumis deux demandes officielles que mes chefs ont rejetées. Pour quel motif ? Je ne sais pas. J’ai introduit une 3ème demande jusqu’au ministère des Forces armées qui a signé et le papier est à la Présidence, à l’état-major particulier du président de la République. C’est un bureau qui se trouve au palais de la République, là où les dossiers militaires sont reçus. C’est à la haute hiérarchie militaire d’expliquer les raisons de ce blocage. Je vis cette situation depuis janvier 2017. Aujourd’hui, le ministère des Forces armées ne veut même pas me donner un papier qui prouve que je suis quitte avec l’Etat. Et quand je suis entré en politique, ils ont fait disparaître tous mes dossiers parce qu’ils craignent que je révèle des secrets. Ce n’est pas mon intention. J’ai été dans l’Armée et lorsque j’ai vu des choses contraires à mes convictions, j’ai démissionné. Je ne suis pas là pour tirer sur qui que ce soit ou révéler des secrets.
Sur quoi travaillez-vous présentement ?
Quand je suis parti en France, j’ai travaillé avec les gens de l’Iris (Institut de relations internationales et stratégiques) sur la prévention des conflits. A un moment, ils ont voulu me donner la nationalité française, ce que je n’ai pas voulu. La raison est simple : de Senghor à Macky, nous n’avons vu que des Présidents franco-sénégalais. C’est un problème en Afrique. C’est notre premier blocage. Je n’ai pas voulu de la nationalité française parce que j’étais dans un projet politique. Le Sénégal est mon pays. Je voulais le servir en tant que militaire et quand j’ai vu que ce n’était pas le bon chemin, je suis entré en politique.
Ne craignez-vous pas des représailles à l’image de celles que le colonel Abdoulaye Aziz Ndao a connues ?
Très sincèrement, je ne vois pas sur quelles bases je pourrai subir des représailles. Le colonel Aziz Ndao a fait sa carrière dans la gendarmerie. A un moment, il s’est exprimé. Pourquoi il s’est exprimé ? Je ne sais pas. Il avait des problèmes avec la hiérarchie. Moi, je n’ai de problème avec qui que ce soit.
LeQuotidien
Qui est Mamadou Dièye ?
J’ai 35 ans depuis le 27 avril. Je suis sorti de l’Ecole militaire de Saint-Cyr après 3 ans à la faculté d’Anglais dont une à l’Université Gaston Berger et 2 ans à l’Université de Toulouse. De 2004 à 2006, j’ai fait des études de langues étrangères à Toulouse et en 2006 j’ai été reçu à l’Ecole militaire de Saint-Cyr. J’ai fait une formation de 4 ans dont une année de spécialisation qu’on appelle dans l’Armée «application». Entre 2008 et 2010, je me suis spécialisé dans la cavalerie. En 2010, je suis rentré au Sénégal. De 2010 à 2017, j’ai occupé différentes fonctions, de chef de section au commandant. Donc, c’est en 2017, de retour d’une mission des Nations unies au Soudan, que j’ai démissionné. Je n’avais jamais imaginé qu’au bout de 7 ans j’allais quitter. Mon père était militaire, mes frères, cousins, oncles sont tous des hommes de tenue, à savoir gendarmes, policiers, douaniers, etc.
Pourquoi avez-vous démissionné de l’Armée nationale ?
Je pense que lorsqu’on choisit un métier, c’est sur la base de valeurs éthiques, morales et professionnelles. Ce sont ces raisons qui m’ont poussé à choisir l’Armée comme étant le milieu où je peux servir le mieux mon pays. Quand je suis arrivé, j’ai mis du temps pour apprendre parce qu’étant formé à l’étranger, il fallait que je découvre l’Armée sénégalaise. Une fois à l’intérieur, j’ai commencé à saisir les réalités de celle-ci qui n’ont rien à voir avec ce que le métier stipule. Dans l’Armée, on demande aux gens de se sacrifier jusqu’à donner leur vie pour la République. Mais à l’intérieur, il se passe des choses peu catholiques. Très certainement, c’est ce qui inquiète les autorités, mais je ne vais pas en parler. C’est un domaine professionnel.
Et allez-vous vous présenter en 2019 ?
Oui, je suis prêt à défier le président de la République. Je pense qu’aujourd’hui, il faut plus que des politiciens pour résoudre les problèmes qui sont inhérents à ce système. On nous a imposé un système. Et pour le combattre, on n’a pas besoin de tirer sur qui que ce soit, à commencer par les puissances étrangères. On passe tout notre temps à salir la France et les puissances étrangères. Ce sont juste des pays qui ont les dirigeants qu’ils méritent en ayant pris le temps de choisir des hommes et femmes dignes de foi pour représenter leurs intérêts. Nous devons faire la même chose.
Quels sont vos projets ?
Avant tout, je constate qu’au Sénégal, lorsqu’on se lance sur le terrain politique, il y a beaucoup d’étapes brûlées. Les gens disent : «Je veux être président de la République. La seule chose qui m’intéresse, c’est la fonction en tant que telle.» C’est cela qui pousse les gens à bâtir un profil sur des populations qui nourrissent un espoir. Aujourd’hui, il y a beaucoup de phénomènes dans la société sénégalaise : la pauvreté, le chômage des jeunes et beaucoup de difficultés. Le problème, ce n’est pas un projet dans lequel on parle d’embaucher les jeunes ou de résoudre quoi que ce soit. L’objectif, c’est d’abord de créer un fondement qui va permettre à ce pays de décoller.
C’est quoi ce fondement ?
Il nous faut un système. Lorsque le Président Macky Sall faisait son tour du Sénégal à 2 ou 3 reprises, il avait bâti son programme autour des questions posées aux Sénégalais. C’est là où il a révélé ses manquements, ses faiblesses et son manque de vision. Lorsqu’on aspire à diriger un pays, on n’a pas besoin de demander aux gens ce qu’ils veulent. Si on prend le Plan Sénégal émergent, c’est revenir aux idéologies étrangères. Ces intellectuels qui ont théorisé le Pse sont très forts, le texte est très cohérent, mais tombe sur ce que j’appelle la «contradiction des origines». Quel est l’effet aujourd’hui ? On voit des autoroutes et des infrastructures sortir de partout. Pendant ce temps, les gens sont en train de mendier et n’ont pas de quoi manger. C’est l’inversion des priorités. Les étrangers nous ont mis dans un engrenage tel que les Africains pensent que réfléchir en dehors de ce qu’ils ont mis est un crime. Nous sommes Nit, (nom de son mouvement, en référence à l’être humain). Il ne s’agit pas de créer un parti ou un mouvement à partir du néant. Nous avons une idéologie qui nous a permis d’avoir un nom pour le mouvement politique que nous voulons créer. Cette idéologie est écrite, est wolof et c’est la base de tout ce que nous proposons aux Sénégalais.
Etes-vous conscient de vos chances en 2019 ?
On a l’habitude de sous-estimer le Peuple sénégalais. De 1960 à maintenant, on voit les mêmes personnes. Aujourd’hui, le Président Macky Sall a qui comme adversaires ? Karim Wade, Idrissa Seck… Ils sont tous du même parti, des Libéraux. On ne parlera que de Ousmane Sonko comme personne différente de cette classe politique. Quelle serait la réaction des Sénégalais face à un non politique ? C’est la bonne question à se poser.
On a vu aussi des candidats indépendants…
Là, c’est différent parce que ce sera la première fois de voir un officier dans l’arène politique.
Avez-vous rencontré Ousmane Sonko et les autres ?
J’ai discuté personnellement avec Abdoul Mbaye à Paris. Au Pastef, j’ai discuté avec le responsable chargé de la massification. Je me suis entretenu aussi avec des membres de Rewmi. C’était juste dans une perspective de collaborer. Comme on va aux élections, tout candidat veut massifier son parti.
Est-ce que vous excluez de vous retirer et de soutenir un autre candidat ?
Je ne suis pas tout seul. Certes j’ai initié le projet, mais je suis avec beaucoup de personnes. On est en train de faire ce qui est possible de faire d’ici à 2019. Mais ce qui est sûr, c’est ce que nous sommes prêts à aller aux élections.
Est-ce que vous pouvez contourner le piège du parrainage ?
Le parrainage en démocratie est quelque chose de très normal. Sur le fond, je pense que ça ne dérange pas les gens, c’est plus par rapport à la forme. Mais à quelques mois des échéances de 2019, il y a ces tripatouillages de la Constitution après toutes ces tentatives d’éliminer des candidats. C’est plus cela qui gêne. Le parrainage, c’est juste justifier la base politique de quelqu’un. Sinon, il n’y a rien de handicapant pour un candidat. On n’a pas de problème avec ça. S’ils veulent un million de signatures, nous allons nous présenter.
Croyez-vous réellement que le Président Sall va partir juste après un septennat ?
Un général disait que partir avec l’idée d’une défaite, c’est être vaincu. Personnellement, je n’ai aucun discours à faire sur lui. Les Sénégalais sont en train d’exprimer son bilan à travers la rue et un peu partout. Beaucoup de Sénégalais sont déçus de leur Président. Je pense que s’il y a un candidat sérieux qui propose un programme bien établi, on peut battre Macky Sall en 2019.
Pour vous, la vieille classe politique ne peut pas battre Macky Sall en 2019 ?
Sincèrement, je ne le pense pas. Mais ce sera au Peuple de choisir.
Votre passé militaire ne risque-t-il pas d’être un handicap pour vous ?
Ce sera au contraire un atout. Lorsqu’on voit un militaire au pouvoir en Afrique, c’est souvent par les armes. C’est du totalitarisme, de la dictature… J’ai voulu respecter le modèle démocratique sénégalais. Je pense que si je devais prendre les armes pour le pouvoir, ce serait du discrédit par rapport à l’histoire politique du Sénégal, de Senghor à Macky Sall. Si je suis en mesure de convaincre les Sénégalais, tant mieux. Et si ce n’est pas le cas, je sors. Je pense que nous pouvons enlever ces barrières qui classent les hommes de tenue comme des individus à part. Nous sommes passés par des concours, là où beaucoup d’autorités de la Nation ont échoué.
Est-ce que votre démission est effective ?
Dans l’histoire de l’Armée, il y a eu des départs d’officiers, mais les gens font tout pour qu’ils ne viennent pas sur le champ politique. Selon la loi, tout officier a le droit de démissionner. C’est comme n’importe quel fonctionnaire de la Fonction publique. Nous avons des types de demande et lorsque vous les soumettez, seule l’autorité ayant pouvoir de nomination a le droit de bloquer ces demandes. J’ai soumis deux demandes officielles que mes chefs ont rejetées. Pour quel motif ? Je ne sais pas. J’ai introduit une 3ème demande jusqu’au ministère des Forces armées qui a signé et le papier est à la Présidence, à l’état-major particulier du président de la République. C’est un bureau qui se trouve au palais de la République, là où les dossiers militaires sont reçus. C’est à la haute hiérarchie militaire d’expliquer les raisons de ce blocage. Je vis cette situation depuis janvier 2017. Aujourd’hui, le ministère des Forces armées ne veut même pas me donner un papier qui prouve que je suis quitte avec l’Etat. Et quand je suis entré en politique, ils ont fait disparaître tous mes dossiers parce qu’ils craignent que je révèle des secrets. Ce n’est pas mon intention. J’ai été dans l’Armée et lorsque j’ai vu des choses contraires à mes convictions, j’ai démissionné. Je ne suis pas là pour tirer sur qui que ce soit ou révéler des secrets.
Sur quoi travaillez-vous présentement ?
Quand je suis parti en France, j’ai travaillé avec les gens de l’Iris (Institut de relations internationales et stratégiques) sur la prévention des conflits. A un moment, ils ont voulu me donner la nationalité française, ce que je n’ai pas voulu. La raison est simple : de Senghor à Macky, nous n’avons vu que des Présidents franco-sénégalais. C’est un problème en Afrique. C’est notre premier blocage. Je n’ai pas voulu de la nationalité française parce que j’étais dans un projet politique. Le Sénégal est mon pays. Je voulais le servir en tant que militaire et quand j’ai vu que ce n’était pas le bon chemin, je suis entré en politique.
Ne craignez-vous pas des représailles à l’image de celles que le colonel Abdoulaye Aziz Ndao a connues ?
Très sincèrement, je ne vois pas sur quelles bases je pourrai subir des représailles. Le colonel Aziz Ndao a fait sa carrière dans la gendarmerie. A un moment, il s’est exprimé. Pourquoi il s’est exprimé ? Je ne sais pas. Il avait des problèmes avec la hiérarchie. Moi, je n’ai de problème avec qui que ce soit.
LeQuotidien