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une gestion durable des eaux pluviales

Dans tous les domaines de compétences nécessaires au redressement et à l’essor d’un pays, il y a des sénégalais qui y excellent.


Rédigé par leral.net le Jeudi 20 Septembre 2012 à 15:35 | | 0 commentaire(s)|

une gestion durable des eaux pluviales
La compétence de nos compatriotes est reconnue à travers le monde.

Il est de la responsabilité de l’état de rassembler toutes compétences, tous les savoirs et tous les talents au service de la nation. Quand on a de grandes ambitions, il faut s’entourer de personnes compétentes.

Il est du devoir de chaque citoyen de proposer ses compétences pour améliorer la situation du Sénégal dans son domaine d’intervention.

C’est dans cet esprit que je souhaiterais apporter ma contribution sur la lutte contre les inondations.

Le 30 mars 2012, j’ai écris un courrier au Président de la République dans lequel je mentionnais : « …Je sais, Monsieur le Président, qu’il y a des urgences sociales tels que la sécurité, la santé publique, le chômage, la paix tant attendue en Casamance… Ces problèmes méritent légitimement que vous y apportiez toute votre énergie dès votre prise de fonction.
Cependant, la saison des pluies arrive à grande vitesse et les inondations qui l’accompagnent seront bien évidemment au rendez-vous.
Il est bien évident que les problèmes d’inondation ne pourront pas être résolus en si peu de temps mais les personnes qui seront sinistrées comprendront difficilement cela.
Il donc nécessaire de mettre en place une stratégie nationale de gestion des eaux pluie et très vite… »

Malheureusement, la saison des pluies m’a donné raison.

Le gouvernement du Sénégal semble avoir compris l’enjeu que représente la lutte contre les inondations dans les années à venir.
A la veille du conseil interministériel de lutte contre les inondations, je voudrais apporter quelques axes de réflexion pour une gestion efficace des eaux pluviales au Sénégal.

Résoudre l’urgence :
Pas besoin d’être un ingénieur en hydraulique pour identifier les zones rouges qui sont submergées à la première pluie intense.
Nous connaissons les zones et les quartiers victimes d’inondation tous les ans à la même période. La faute des élus, c’est d’avoir laissé les populations construire et résider dans ces zones inondables et non habitables. La solution est simple mais demande un courage politique : déloger les habitants de ces quartiers. Cette solution est réalisable avant la prochaine saison des pluies si elle est accompagnée d’une bonne sensibilisation et de mesures sociales.
Il est inadmissible de laisser les citoyens se reloger dans des zones inondables à peine l’hivernage terminé. Tous les spécialistes accentuent aujourd’hui leurs commentaires sur le caractère exceptionnel de l’intensité des pluies de cette année. Mais il ne faut pas regarder loin pour savoir que les phénomènes climatiques rares sont de plus en plus fréquents et les catastrophes engendrées par les eaux de pluie ne sont plus exceptionnelles. Face à cette situation, la responsabilité de tout élu est de mettre œuvre tous les moyens et de prendre toutes les précautions pour garantir la sécurité des personnes et de leurs biens.
Nous savons que la pluie tombera du ciel l’année prochaine avec, au mieux, la même intensité ;
Nous savons que les ruissellements ont toujours un exutoire ;
Nous savons que si les exutoires sont habités, il y aura des dégâts et des morts…
Laisser faire est donc intolérable. D’autant plus qu’il coûte beaucoup moins cher à l’état de reloger les citoyens dans des zones habitables que de garantir à chaque mois d’août aux sinistrés :
Logement temporaire;
Sécurité ;
Vivres et soins ;
Pompage des eaux….
Il y a eu des morts cette année, il y aura des maladies par la suite. Prévenir ces situations n’a pas de prix.
Alors un peu de courage chers élus, faites ce que vous devez faire.

Connaître avant d’agir

Communication avant tout

La première phase et sans doute l’une des plus importante est la sensibilisation des élus locaux et des citoyens sur l’enjeu des études qui seront menées.
La réussite d’un projet est fortement liée à son appropriation par la population concernée.
Une véritable campagne de communication doit être menée pour sensibilisée les riverains et les responsabiliser dans le sujet. Un calendrier prévisionnel des études et travaux doit être fourni à chaque élu local pour qu’en phase étude les Sénégalais soient conscients que la recherche de la solution à nos problèmes est en cours.

Créer des comités de pilotages

A l’échelle de chaque commune, département ou région, un comité de pilotage doit être mis en place. Il sera composé de représentants des citoyens, d’élus locaux, des services de l’état et de partenaires techniques et financiers. Ces membres auront pour rôle de définir la feuille de route et d’élaborer le calendrier de mise en place du schéma directeur.
Ce comité de pilotage constitué d’élus, de techniciens et d’institutionnels pour mener à bien cette réflexion sur les eaux pluviales sera l’interlocuteur privilégié des riverains et responsable du respect du calendrier fixé par l’état.

Une fois le comité de pilotage créé, il pourra, s’il le juge nécessaire, faire appel à un prestataire (bureau d’études, cabinet de conseils…) qui sera chargé de réaliser toutes études nécessaires à l’élaboration de leur schéma directeur.
Evidemment il y aura plusieurs comité de pilotage au Sénégal, travaillant dans des zones différentes, mais en concertation pour partager les expériences.

Acquérir toutes données disponibles
La première étape du diagnostic est une phase de recueil de données et de recensement de tous les dysfonctionnements observés.
Cette phase permettra de disposer de toutes les données géographiques, climatiques, administratives, topographiques, socio-économiques…
Elle sera complétée par des enquêtes et investigations auprès des populations concernées.
Cette étape permettra ainsi de faire une description générale des sites et des écoulements (inventaire exhaustif des réseaux pluvial, topographie, géologie, occupation du sol, etc.) avec recensement des problèmes constatés lors des épisodes pluvieux.


Investigations complémentaires
Ces investigations visent à connaître, de façon très précise, le fonctionnement de chaque bassin versant. Il s’agit notamment de levés topographiques et de modélisation de bassins versants pluviaux.
Eléments essentiels de l’étude, les levés topographiques et la modélisation permettent de connaître les caractéristiques des bassins versants, la capacité des réseaux existants, de caractériser ensuite les aménagements répondant aux dysfonctionnements. Représentant des coûts importants, il est primordial d’estimer correctement ces besoins.

Faire un bilan de diagnostic
Les phases précédentes doivent permettre d’aboutir à un diagnostic précis de la problématique.
Ce diagnostic permettra de fournir une vision claire de la problématique pluviale à l’échelle de chaque bassin versant. Il doit également permettre à chaque quartier ou commune de comprendre précisément l’origine des dysfonctionnements recensés précédemment.
A ce stade, le comité de pilotage est censé connaître :
Tous les bassins versants de sa zone d’étude ;
Les exutoires de chaque bassin versant ;
Une définition cartographique des insuffisances et dysfonctionnements (points "noirs"), des risques d'inondation (zones de débordement) et une identification des zones à forte vulnérabilité.
Les zones inondables ;
Les premières pistes d’élaboration des schémas directeurs…

Préparation de la réglementation
L’objectif cette phase est de définir les possibilités d’aménagement de chaque secteur d’étude permettant de résoudre l’ensemble des problématiques identifiées et d’intégrer les perspectives d'aménagement communal dans le futur. Elles s’inscrivent dans deux volets :
Un volet hydraulique pour améliorer le fonctionnement du réseau, des ouvrages existants, mais également pour créer des aménagements afin de gérer les écoulements et donc, limiter les flux responsables des inondations.
Un volet urbanistique et pédagogique proposant des solutions à mettre en place pour réduire le ruissellement sur les versants. Ces actions agissent notamment sur la capacité d’infiltration des terres et la promotion d’initiatives de gestion des eaux de ruissellement pour tout nouveau projet urbain.

Les réflexions doivent également permettre d’aboutir à l’établissement d’un zonage des eaux pluviales, basé sur l’analyse de l’ensemble des contraintes du milieu environnant.
Véritable outil d’aménagement du territoire, il a pour vocation de délimiter, sur chaque commune :
Les zones où des mesures doivent être prises pour limiter l'imperméabilisation des sols, assurer la maîtrise de transfert des débits (écoulement en réseaux ou par ruissellement de surface admis).
Les zones où il est nécessaire de prévoir des installations pour assurer la collecte, le stockage éventuel et, si besoin, le traitement des eaux pluviales.
Les zones où il est nécessaire de préserver des champs d’expansion (zone inondable et inhabitable).

Règlement d’urbanisme et schéma directeur
Depuis l’installation du nouveau gouvernement, toutes les autorités parlent de schéma directeur. Mais le schéma directeur ne peut être élaborer qu’après la validation des phases précédemment décrites.
Aussi il est important de préciser qu’il n’existe pas un schéma directeur national.

Chaque unité administrative doit, dans un délai fixé par l’état, élaborer un règlement d’urbanisme à partir des conclusions de l’étude.
Chaque règlement d’urbanisme communal sera ainsi accompagné de schéma directeur de gestion des eaux pluviales.
Dans le cas où des communes feraient partie du même bassin versant, on peut avoir un schéma directeur intercommunal.
Par-là, on comprendra que pour résoudre définitivement les problèmes d’inondation, la compétence « gestion des eaux pluviales » doit revenir aux communes. Il faut une responsabilisation des élus locaux devant leurs citoyens.
Le schéma directeur doit avoir une vision à long terme pour :

Garantir à la population présente et à venir des solutions durables pour l'évacuation et le traitement des eaux pluviales : prise en considération de la sécurité des biens et des personnes.
Assurer une communication adaptée aux enjeux : développement de la conscience du risque associé à tous les ouvrages composant un réseau structurant des eaux pluviales.
Respecter le milieu naturel en préservant les ressources en eaux souterraines et superficielles : aucune gestion globale ne peut s’inscrire sans la préservation des zones vertes – Maintien de l’effet tampon des zones humides.
Assurer le meilleur compromis économique : prise en considération que toutes ces logiques ont un coût mais qu’elles sont traduites dans une logique d’ensemble.
S'inscrire en harmonie avec la législation : message à transmettre à l’ensemble des acteurs économiques (élus, lotisseurs, etc.) que tout aménagement se doit d’être analysé puis étudié dans sa globalité (étude d’impact, mesures compensatoires, etc.).

Programme de travaux

Le schéma directeur doit définir un programme de travaux de prévention contre les risques d’inondation.
Travaux efficaces ne veulent pas forcément dire pose de canalisations et création de stations de pompage qui sont des solutions de dernier recours.
En effet, les meilleures solutions pour une gestion durables des eaux pluviales, surtout dans un pays aride comme le Sénégal sont :
Une gestion des eaux à la parcelle : réutilisation de l’eau de pluie par le particulier ;
Stockage public : créer des ouvrages de stockage public de l’eau de pluie en vue de sa réutilisation ;
L’infiltration avant l’exutoire ;
Création d’ouvrage de tamponnement pour réguler les flux et limiter les risques d’inondation ;
Création de zones de ralentissement : par plantation ;
Toutes autres techniques alternatives dont on peut parler plus tard.
Si et seulement si ces solutions sont impossibles, on peut canaliser par la pose de tuyaux.
Par contre, les stations de pompages sont absolument à éviter pour leur triple inconvénients :
Coût d’investissement élevé ;
Coût d’exploitation énorme ;
Durée de vie des pompes limitée et coût de renouvellement important.
Le programme de travaux doit être hiérarchisé en fonction de l’urgence, de l’ampleur et des possibilités financières…

La supervision

Le rôle de l’état est aussi de mettre en place un organisme chargé de :
Tracer la feuille de route ;
Fixer les calendriers ;
Valider les études ;
Veiller à la bonne exécution des travaux….
Ce rôle est aujourd’hui joué par l’ONAS qui a démontré toute son incompétence pendant ces dernières années.
Si l’état souhaite vraiment résoudre définitivement les problèmes d’inondation, il devrait commencer par mettre une équipe compétente et ayant les talents nécessaires à la conduite des opérations à venir.

Si la supervision des études devant aboutir à l’élaboration des schémas directeurs de gestion des eaux pluviales est assurée par les mêmes personnes qui sont là depuis des décennies, on dépensera des milliards pour rien.

Nous avons compris l’enjeu de la gestion des eaux pluviales ;
Nous savons que rien ne sera désormais une surprise avec les changements climatiques ;
Nous voulons résoudre pour de bien ce problème ?
Alors du courage dans le choix des décisions, des stratégies et des personnes.



Moussa KEBE
Chef de Projets en gestion et traitement des eaux
AMODIAG Environnement – Agence Nord Picardie
Tel : 00 33 6 72 24 53 12
Mail :  HYPERLINK "mailto:mkebe@amodiag.com" mkebe@amodiag.com
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