Ils étaient nombreux les Sénégalais qui avaient applaudi des deux mains, quand le candidat Abdoulaye Wade indiquait lors de la campagne électorale de la Présidentielle de 2000 qu’une fois élu, il allait régler la crise casamançaise en 100 jours. 9 ans et quelques mois après son engagement devant la Nation sénégalaise, rien de définitif dans ce conflit meurtrier qui perdure toujours dans le sud du pays. Et, la mort tragique de sept soldats, vendredi dernier dans la région de Sédhiou, vient rappeler que la crise au sud du Sénégal est encore loin d’un dénouement.
En arrivant au pouvoir en 2000, le Président Wade disposait de pas mal d’atouts pour en finir avec le conflit casamançais. Il drainait un espoir immense pour le peuple sénégalais. Malheureusement, toutes ces opportunités se sont écroulées comme un château de cartes. Au début de son mandat, Wade annonce qu’il va mettre un terme aux agissements des nombreux intervenants dans le conflit. Pour parler directement aux maquisards, parce qu’ayant beaucoup de respect pour ceux qui prennent les armes pour se battre pour un idéal. Ainsi, vont émerger sous l’Alternance des «Messieurs Casamance». On en connaîtra deux : Mes Pierre Marie Bassène et Mbaye Jacques Diop. Le premier a fini par se voir confier la gestion de l’Agence nationale de relance des activités économiques et sociales en Casamance (Anrac), alors que le second, qui faisait de la médiation sociale à travers le Conseil de la République pour les affaires économiques et sociales (Craes) qu’il dirigeait, va présider au démarrage des négociations de Foundiougne, plus connues sous le nom de Foundiougne I. Me Diop restera à son poste de président du Craes jusqu’au 27 novembre 2007, date de la dissolution du Craes. Hélas, il n’aura pas l’opportunité de diriger Foundiougne II que les acteurs du processus de paix en Casamance attendent toujours.
La distribution de prébendes aux maquisards, loin des regards indiscrets, a fini par susciter l’avènement de nombreux intervenants aux méthodes et démarches parfois louches. Chacun dans tout ce beau monde se prévaut d’une légitimité qu’il ne tient d’aucun segment représentatif des populations de la région méridionale. A force de subir la loi des bandes armées, ces populations ne sentent pas vraiment l’Etat à leurs côtés.
Au fil du temps, la Casamance s’est avérée être un bourbier pour le gouvernement. L’absence d’une très forte volonté politique contribue pour une grande part à l’absence de règlement de ce conflit, vieux de bientôt 30 ans. Même si l’Armée nationale sent derrière elle le soutien de l’Etat, elle peine toujours à maîtriser les bandes armées qui sévissent au sud du pays. Les nombreux braquages qui ont cours en Casamance ne l’épargnent même pas. L’incident qui s’est produit au village de Mlomp, il y a quelques mois, au moment où des soldats acheminaient du ravitaillement pour des troupes basées dans la commune de Thionck-Essyl, tout comme l’attaque meurtrière de vendredi dernier, rappellent que l’Armée demeure une cible non négligeable pour des ennemis intervenant en ordre dispersé.
REBELLION OU BANDITISME ARME?
Chemin faisant, le Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc) a perdu ses leaders «charismatiques» : Sidy Badji et l’Abbé Augustin Diamacoune Senghor. Aujourd’hui, la direction de ce mouvement irrédentiste est incarnée par des personnes autoproclamées ou «désignées» par l’Etat du Sénégal. Quand on prétend défendre une cause indépendantiste et qu’on se permet d’être très distant du ou des cadres des débats, on ne demeure pas un interlocuteur valable, voire même crédible.
Jean-Marie Biagui n’a-t-il pas voulu muer le Mfdc en parti politique en le dénommant, à partir d’un hôtel de Dakar et devant la presse, Mouvement pour le fédéralisme et la démocratie en Casamance (Mfdc). Mamadou Nkrumah Sané s’est autoproclamé Secrétaire général du Mfdc, après la mort de l’Abbé Diamacoune.
Et, l’on est toujours tenté de se demander ce que l’Armée combat en Casamance. Des maquisards ou des bandes armées ? Au sud du pays, en effet, tout braquage qui se produit ou tout échange de tirs qui se produit, est vite attribué à des hommes armés, sous l’expression désormais consacrée : «bandes armées supposées appartenir au Mfdc» ou «éléments incontrôlés du Mfdc».
L’évolution de la crise casamançaise n’a pas laissé intact le mouvement rebelle. Ses rangs se sont dégarnis au fil du temps. A cause de la guerre certes, mais aussi du fait d’un idéal indépendantiste qui tarde à se réaliser. En effet, bon nombre de franges du maquis ont fini de se convaincre à l’idée que l’indépendance qu’elles réclament à travers une lutte armée, qui a pris forme en 1982, n’est en réalité qu’une… utopie.
UN ACCORD «PROMETTEUR»
L’Accord général de paix du 30 décembre 2004 devant la gouvernance de Ziguinchor entre le gouvernement du Sénégal, par l’entremise de Me Ousmane Ngom, ministre de l’Intérieur et le Mfdc, par le biais de son président, Abbé Diamacoune Senghor, en présence d’ambassadeurs d’Etats amis, de représentants d’organisations régionales, internationales, humanitaires et non gouvernementales, était perçu comme une lueur d’espoir. Le fameux accord était tellement beau pour être «prometteur» dans son contenu. Puisqu’on y faisait état, entre autres, de loi d’amnistie, de décision solennelle du Mfdc de renoncer définitivement à la lutte armée et à l’usage de la violence pour mener le combat politique qu’il estime devoir conduire. Tout cela assorti de relance des activités économiques et sociales, de réinsertion des anciens combattants. Au finish, que de déceptions !
A la situation de ni paix ni guerre survenue après la signature de l’Accord général de 2004, est venu se greffer un environnement géographique pas du tout favorable à l’avènement d’une paix durable en Casamance. L’arrivée du capitaine Moussa Dadis Camara au pouvoir, sur fond d’un nouveau voisin instable en Guinée avec tous ses effets néfastes -carnage du 28 septembre dernier-, l’assassinat du Président bissau-guinéen Nino Viera et du général Tagmé Na Waï, chef d’Etat-major général de l’Armée de ce pays et enfin un régime gambien, qui est tout sauf coopératif dans la gestion du conflit en Casamance, tout cela contribue à jeter une épaisseur d’encre sur le processus de paix dans cette région méridionale du Sénégal.
QUE FAUDRA-T-IL NEGOCIER ? AVEC QUI NEGOCIER ?
Mais au fond, que faudra-t-il négocier avec le Mfdc ? L’indépendance de la Casamance, l’autonomie de cette partie du territoire national ou le développement du sud du pays ? Les perspectives du conflit casamançais doivent être claires et l’Etat doit se décider en dehors de toute pression. Mais avant d’en arriver là, il y a lieu de restaurer l’autorité de la puissance publique dans la région. Une autorité qui est mise à mal par les actions interminables de bandes armées. Le gouvernement doit se décider dans ce dossier en disant, comme le déclarait récemment un leader politique originaire de cette région - Robert Sagna pour ne pas le nommer -, s’il accorde l’indépendance ou pas aux maquisards du Mfdc.
source le quotidien
En arrivant au pouvoir en 2000, le Président Wade disposait de pas mal d’atouts pour en finir avec le conflit casamançais. Il drainait un espoir immense pour le peuple sénégalais. Malheureusement, toutes ces opportunités se sont écroulées comme un château de cartes. Au début de son mandat, Wade annonce qu’il va mettre un terme aux agissements des nombreux intervenants dans le conflit. Pour parler directement aux maquisards, parce qu’ayant beaucoup de respect pour ceux qui prennent les armes pour se battre pour un idéal. Ainsi, vont émerger sous l’Alternance des «Messieurs Casamance». On en connaîtra deux : Mes Pierre Marie Bassène et Mbaye Jacques Diop. Le premier a fini par se voir confier la gestion de l’Agence nationale de relance des activités économiques et sociales en Casamance (Anrac), alors que le second, qui faisait de la médiation sociale à travers le Conseil de la République pour les affaires économiques et sociales (Craes) qu’il dirigeait, va présider au démarrage des négociations de Foundiougne, plus connues sous le nom de Foundiougne I. Me Diop restera à son poste de président du Craes jusqu’au 27 novembre 2007, date de la dissolution du Craes. Hélas, il n’aura pas l’opportunité de diriger Foundiougne II que les acteurs du processus de paix en Casamance attendent toujours.
La distribution de prébendes aux maquisards, loin des regards indiscrets, a fini par susciter l’avènement de nombreux intervenants aux méthodes et démarches parfois louches. Chacun dans tout ce beau monde se prévaut d’une légitimité qu’il ne tient d’aucun segment représentatif des populations de la région méridionale. A force de subir la loi des bandes armées, ces populations ne sentent pas vraiment l’Etat à leurs côtés.
Au fil du temps, la Casamance s’est avérée être un bourbier pour le gouvernement. L’absence d’une très forte volonté politique contribue pour une grande part à l’absence de règlement de ce conflit, vieux de bientôt 30 ans. Même si l’Armée nationale sent derrière elle le soutien de l’Etat, elle peine toujours à maîtriser les bandes armées qui sévissent au sud du pays. Les nombreux braquages qui ont cours en Casamance ne l’épargnent même pas. L’incident qui s’est produit au village de Mlomp, il y a quelques mois, au moment où des soldats acheminaient du ravitaillement pour des troupes basées dans la commune de Thionck-Essyl, tout comme l’attaque meurtrière de vendredi dernier, rappellent que l’Armée demeure une cible non négligeable pour des ennemis intervenant en ordre dispersé.
REBELLION OU BANDITISME ARME?
Chemin faisant, le Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc) a perdu ses leaders «charismatiques» : Sidy Badji et l’Abbé Augustin Diamacoune Senghor. Aujourd’hui, la direction de ce mouvement irrédentiste est incarnée par des personnes autoproclamées ou «désignées» par l’Etat du Sénégal. Quand on prétend défendre une cause indépendantiste et qu’on se permet d’être très distant du ou des cadres des débats, on ne demeure pas un interlocuteur valable, voire même crédible.
Jean-Marie Biagui n’a-t-il pas voulu muer le Mfdc en parti politique en le dénommant, à partir d’un hôtel de Dakar et devant la presse, Mouvement pour le fédéralisme et la démocratie en Casamance (Mfdc). Mamadou Nkrumah Sané s’est autoproclamé Secrétaire général du Mfdc, après la mort de l’Abbé Diamacoune.
Et, l’on est toujours tenté de se demander ce que l’Armée combat en Casamance. Des maquisards ou des bandes armées ? Au sud du pays, en effet, tout braquage qui se produit ou tout échange de tirs qui se produit, est vite attribué à des hommes armés, sous l’expression désormais consacrée : «bandes armées supposées appartenir au Mfdc» ou «éléments incontrôlés du Mfdc».
L’évolution de la crise casamançaise n’a pas laissé intact le mouvement rebelle. Ses rangs se sont dégarnis au fil du temps. A cause de la guerre certes, mais aussi du fait d’un idéal indépendantiste qui tarde à se réaliser. En effet, bon nombre de franges du maquis ont fini de se convaincre à l’idée que l’indépendance qu’elles réclament à travers une lutte armée, qui a pris forme en 1982, n’est en réalité qu’une… utopie.
UN ACCORD «PROMETTEUR»
L’Accord général de paix du 30 décembre 2004 devant la gouvernance de Ziguinchor entre le gouvernement du Sénégal, par l’entremise de Me Ousmane Ngom, ministre de l’Intérieur et le Mfdc, par le biais de son président, Abbé Diamacoune Senghor, en présence d’ambassadeurs d’Etats amis, de représentants d’organisations régionales, internationales, humanitaires et non gouvernementales, était perçu comme une lueur d’espoir. Le fameux accord était tellement beau pour être «prometteur» dans son contenu. Puisqu’on y faisait état, entre autres, de loi d’amnistie, de décision solennelle du Mfdc de renoncer définitivement à la lutte armée et à l’usage de la violence pour mener le combat politique qu’il estime devoir conduire. Tout cela assorti de relance des activités économiques et sociales, de réinsertion des anciens combattants. Au finish, que de déceptions !
A la situation de ni paix ni guerre survenue après la signature de l’Accord général de 2004, est venu se greffer un environnement géographique pas du tout favorable à l’avènement d’une paix durable en Casamance. L’arrivée du capitaine Moussa Dadis Camara au pouvoir, sur fond d’un nouveau voisin instable en Guinée avec tous ses effets néfastes -carnage du 28 septembre dernier-, l’assassinat du Président bissau-guinéen Nino Viera et du général Tagmé Na Waï, chef d’Etat-major général de l’Armée de ce pays et enfin un régime gambien, qui est tout sauf coopératif dans la gestion du conflit en Casamance, tout cela contribue à jeter une épaisseur d’encre sur le processus de paix dans cette région méridionale du Sénégal.
QUE FAUDRA-T-IL NEGOCIER ? AVEC QUI NEGOCIER ?
Mais au fond, que faudra-t-il négocier avec le Mfdc ? L’indépendance de la Casamance, l’autonomie de cette partie du territoire national ou le développement du sud du pays ? Les perspectives du conflit casamançais doivent être claires et l’Etat doit se décider en dehors de toute pression. Mais avant d’en arriver là, il y a lieu de restaurer l’autorité de la puissance publique dans la région. Une autorité qui est mise à mal par les actions interminables de bandes armées. Le gouvernement doit se décider dans ce dossier en disant, comme le déclarait récemment un leader politique originaire de cette région - Robert Sagna pour ne pas le nommer -, s’il accorde l’indépendance ou pas aux maquisards du Mfdc.
source le quotidien