leral.net | S'informer en temps réel

48 HEURES SANS PAIN : La débrouille des gargotiers et vendeurs de sandwich

La grève des boulangers a porté un gros coup au commerce des gargotiers et autres vendeurs de sandwich dont le pain est un intrant indispensable. Mais pour s’y faire, certains ont usé d’ingéniosités pour tirer leur gagne-pain quotidien.


Rédigé par leral.net le Jeudi 28 Octobre 2010 à 11:13 | | 0 commentaire(s)|

48 HEURES SANS PAIN : La débrouille des gargotiers et vendeurs de sandwich
Gagner son pain sans le pain ou trop peu. C’est à cet exercice incertain qu’ont été obligés les vendeurs d’aliments qui se consomment avec une tranche de baguette de pain lors des deux jours de grèves des boulangers. Certes, certains ont usé sang et eaux pour trouver la denrée nécessaire à leur commerce. «J’ai dû aller jusqu’à Ouakam pour trouver les quelques baguettes que j’ai en ce moment», confie Sérigne Faye, un gérant d’une gargote à Sahm, devant l’hôpital Abass Ndao. Allongé sur un banc installé sur le trottoir, ce dernier, teint noir, vêtu d’un vieux caftan vert et d’un bonnet noir, affirme faire ce sacrifice par crainte de décevoir sa clientèle. «Je ne veux pas que les gens viennent ici et restent sans prendre le petit-déjeuner, dit-il. Je me dois de faire des efforts pour ne pas les décevoir.» Il ajoute : «J’avais au moins cent baguettes par jour. Mais depuis hier (lundi, Ndlr), je suis obligé de vendre la plus grande partie de ma marchandise sans pain.» D’ailleurs, en raison de cette situation, «il est très difficile de faire un bénéfice», déplore-t-il.

Cependant, Serigne Faye peut s’estimer heureux d’avoir trouvé quelques miches de pain, comparé à ceux qui n’ont pas vu l’ombre de cette denrée préférée des Sénégalais pour leur petit-déjeuner. Assis sous une tente, un T-shirt gris qui lui colle à la peau, Salam, un vendeur d’une vingtaine d’années, a connu des jours meilleurs. «J’ai presque fait le tour de la ville sans trouver du pain», lâche-t-il. Entouré d’une dizaine de jeunes, la plupart des apprentis-chauffeurs, il s’active à frire de la pomme de terre dont l’odeur titille les narines des passants. À côté de lui, l’un des clients, la tête baissée, déguste tranquillement son «ndambé» (niébé cuit avec de la sauce). Et, circonstance oblige, il le mange sans pain. «Je préfère trouver la baguette de pain et l’acheter plutôt que de ne pas l’avoir, même si elle coûte 200 FCfa», déclare le vendeur, de guère lasse.

Pour faire face à cette pénurie de pain, certains ont fait montre d’un esprit créatif. Alioune Fall, un vendeur de sandwich installé en face de l’Hôpital Principal de Dakar, juste à côté des vendeurs de fruits, a su tirer son épingle du jeu. Il a fait des beignets salés (fataya) avec de la farine pour remplacer le pain. Aidé par sa sœur, Fallé Gaye, qui s’occupe de la cuisine et de la vente, ils unissent leurs efforts dans la vente quotidienne pour satisfaire leur clientèle. Domicilié à Pikine, il prend le taxi tous les jours pour se rendre à son lieu de travail. Cependant, cette formule préparée avec de l’huile requiert plus de dépenses. Ce qui fait que le sandwich est vendu à 600 FCfa, alors que celui fait avec du pain est échangé à 500 FCfa. De teint noir, âgé de 33 ans, marié et père d’un enfant, M. Fall confie n’avoir pas perdu sa clientèle, malgré tout.

Amadou Kagal NDIAYE & Ginette COLY (Stagiaires)
Source L'Observateur

(Plus d'informations demain sur leral .net)