Nous avons noté une recrudescence des pratiques d'homosexualité chez certaines Dakaroises et plus particulièrement dans les milieux des étudiantes et des femmes d'affaires. Comment expliquez-vous le phénomène ?
Aly Khoudia DIAO :
Cela n'a rien de surprenant. Le lesbianisme ou homosexualité féminine est très courante chez les femmes de manière générale. Et non spécifiquement chez les étudiantes et femmes d'affaires même si la non mixité à Claudel ou ailleurs est un facteur favorisant. La sensibilité est plus marquée chez les femmes que chez les hommes. Dans la vie courante, il est fréquent de voir deux femmes se caresser, se lécher, bref entretenir des rapports de sexe aussi bien entre elles qu'avec aussi des hommes.
Notre société est trop féroce avec les homosexuels des deux bords, cependant que nous sociologues sommes à peu près plus tolérants du fait que, nous considérons que l'orientation sexuelle d'une personne relève de la vie privée. De manière générale, la sexualité d'une personne quelle qu'elle soit relève de la sphère privée, ce que nous refusons maintenant c'est l'ostentation.
Donc la catégorisation, étudiante, femmes d'affaires n'est pas primordiale, ce sont des personnes qui découvrent à un moment de leur vie qu'elles ont des penchants autres. Et cela peut maintenant être déclenché par les voyages, les fréquentations, les amitiés féminines, le mimétisme. Beaucoup de femmes peuvent être hétéro et se découvrir des penchants lesbianismes.
Il y a une façon entre elles de se reconnaître, j'en vois toujours des femmes, jeunes qui ont le signe, mais je n'en parlerais pas. Car, ce n'est pas reconnu par toute la communauté lesbienne, ensuite c'est très subjectif et peut vous induire en erreur. Donc, ce qu'il y a lieu de retenir, c'est que l'homosexualité féminine est bien présente dans notre pays et ne concerne pas telle couche ou telle autre de la population, mais toutes les catégories sont concernées.
Tous les segments socaux sont envahis. Nous devons veiller à entretenir dans nos foyers l'éducation de base qui veut que l'enfant peut-être bien redressé, formé et mis sur le droit chemin, mais au delà, il faut avoir un comportement responsable.
On parle le plus souvent de celle des hommes et on le ne fait pas généralement pour les lesbiennes. Qu'est ce qui explique cela ?
Parce que le lesbianisme apparaît pour nos concitoyens comme une chose très bizarre. On se demande comment deux filles peuvent faire cela. Le lesbianisme est quand même un peu méconnu, il n'est pas trop apparent et le comportement des filles, par leur éducation et leurs manières de faire ne prêtent pas à équivoque. Chez les hommes par contre, on est moins tolérants et le premier reflexe quand un homo est découvert c'est le lynchage et la mort.
Parce que dans notre imaginaire, il est incompréhensible que l'homme, symbole de pouvoir, détenteur du phallus, symbole de domination et de puissance, un homme, un vrai, un "goor bou degger", puisse se rabaisser au rang de femme. C'est choquant, humiliant. L'homosexualité remet en cause notre dignité et notre pouvoir, notre "ngorra".
C'est nous qui devons faire crier ses bonnes femmes, c'est nous qui devons "pénétrer", mais pas être "pénétré", c'est nous qui devons commander, donner des ordres, crier de puissance et non crier de plaisir, bref notre environnement socio culturel nous a tellement façonné sur le type d'homme que nous sommes que le contraire est inimaginable. Je me rappelle un jour, j'étais invité à une émission avec Ndoye Bane sur la question.
Dès que l'antenne a été ouverte, les insultes ont fusé et ce sont des femmes lesbiennes qui appelaient pour insulter l'animateur qui, selon elles, parlait trop du phénomène. Ne s'arrêtant pas là, elles ont débarqué vers trois heures du matin à la radio Océan Fm avec des gardes du corps super boodybuildés, des jeunes qui voulaient lui faire sa fête. Heureusement, il y avait les vigiles.
Comme j'étais venu sans ma sécurité habituelle, le vigile m'a mis dans un taxi et je me suis barré vite fait. En général, quand deux femmes s'aiment, elles ont le courage de deux personnes et s'affirment plus vite que les hommes qui ont tendance eux à se cacher. Donc, la société n'est pas plus tolérante chez les femmes que chez les hommes. C'est que simplement l'homosexualité féminine n'est pas bien connue du grand public.
Comment la société sénégalaise jadis très conservatrice et pudique en est-elle arrivée là par rapport à ce sujet ?
Nous sommes victimes de la mondialisation et de la globalisation. Comme toutes les autres sociétés, nous suivons le rythme immuable caractéristique de l'évolution. Nous sommes en contact avec d'autres cultures, nous sommes à un clic de l'Occident et la religion musulmane recule au Sénégal, dans sa forme "croyance". Notre culture est perpétuellement agressée par les chocs que nous recevons, aidée en cela par les nouvelles technologies de l'information et de la communication.
Nous subissons les autres cultures, nous pratiquons d'autres personnes, nous sommes en contact avec plusieurs télévisions et tout le monde sait la force de ce média comme véhicule de culture. Bref, nous ne vivons plus en vase clos. Nous sommes obligés de tenir compte de tous ces aspects si nous voulons réussir notre passage de la tradition à la modernité, d'un système de type féodal à un système moderne basé sur la rationalité, sur la science.
Ce qui est valable chez les hommes l'est également chez les femmes. Nous nous trompons si nous pensons que les questions d'homosexualité relèvent du "thiagatisme" (prostitution) ou du banditisme. L'intégrisme n'est pas payant et nous devons avoir une conduite savante avec les gens et avec les phénomènes qui vont nous assaillir de plus en plus.
Pour la bonne et simple raison qu'au Sénégal, les valeurs de jom (bravour), de soutoura (discrétion) et de kersa (retenue) ne vont jamais disparaître, mais seront revisitées, modifiées ou même changées par une autre façon de faire. Chacun est responsable de sa propre vie.
Nous devons prôner la science au détriment de l'obscurantisme, la connaissance, la retenue, la tolérance, le respect de la différence, la solidarité, etc. Si nous ne le faisons pas dès à présent nous risquons d'être submergés, dévorés et dépassés. Dans la mesure où nous aurions en ce moment un problème d'adaptabilité au contexte.
source lematindafrique.com
Aly Khoudia DIAO :
Cela n'a rien de surprenant. Le lesbianisme ou homosexualité féminine est très courante chez les femmes de manière générale. Et non spécifiquement chez les étudiantes et femmes d'affaires même si la non mixité à Claudel ou ailleurs est un facteur favorisant. La sensibilité est plus marquée chez les femmes que chez les hommes. Dans la vie courante, il est fréquent de voir deux femmes se caresser, se lécher, bref entretenir des rapports de sexe aussi bien entre elles qu'avec aussi des hommes.
Notre société est trop féroce avec les homosexuels des deux bords, cependant que nous sociologues sommes à peu près plus tolérants du fait que, nous considérons que l'orientation sexuelle d'une personne relève de la vie privée. De manière générale, la sexualité d'une personne quelle qu'elle soit relève de la sphère privée, ce que nous refusons maintenant c'est l'ostentation.
Donc la catégorisation, étudiante, femmes d'affaires n'est pas primordiale, ce sont des personnes qui découvrent à un moment de leur vie qu'elles ont des penchants autres. Et cela peut maintenant être déclenché par les voyages, les fréquentations, les amitiés féminines, le mimétisme. Beaucoup de femmes peuvent être hétéro et se découvrir des penchants lesbianismes.
Il y a une façon entre elles de se reconnaître, j'en vois toujours des femmes, jeunes qui ont le signe, mais je n'en parlerais pas. Car, ce n'est pas reconnu par toute la communauté lesbienne, ensuite c'est très subjectif et peut vous induire en erreur. Donc, ce qu'il y a lieu de retenir, c'est que l'homosexualité féminine est bien présente dans notre pays et ne concerne pas telle couche ou telle autre de la population, mais toutes les catégories sont concernées.
Tous les segments socaux sont envahis. Nous devons veiller à entretenir dans nos foyers l'éducation de base qui veut que l'enfant peut-être bien redressé, formé et mis sur le droit chemin, mais au delà, il faut avoir un comportement responsable.
On parle le plus souvent de celle des hommes et on le ne fait pas généralement pour les lesbiennes. Qu'est ce qui explique cela ?
Parce que le lesbianisme apparaît pour nos concitoyens comme une chose très bizarre. On se demande comment deux filles peuvent faire cela. Le lesbianisme est quand même un peu méconnu, il n'est pas trop apparent et le comportement des filles, par leur éducation et leurs manières de faire ne prêtent pas à équivoque. Chez les hommes par contre, on est moins tolérants et le premier reflexe quand un homo est découvert c'est le lynchage et la mort.
Parce que dans notre imaginaire, il est incompréhensible que l'homme, symbole de pouvoir, détenteur du phallus, symbole de domination et de puissance, un homme, un vrai, un "goor bou degger", puisse se rabaisser au rang de femme. C'est choquant, humiliant. L'homosexualité remet en cause notre dignité et notre pouvoir, notre "ngorra".
C'est nous qui devons faire crier ses bonnes femmes, c'est nous qui devons "pénétrer", mais pas être "pénétré", c'est nous qui devons commander, donner des ordres, crier de puissance et non crier de plaisir, bref notre environnement socio culturel nous a tellement façonné sur le type d'homme que nous sommes que le contraire est inimaginable. Je me rappelle un jour, j'étais invité à une émission avec Ndoye Bane sur la question.
Dès que l'antenne a été ouverte, les insultes ont fusé et ce sont des femmes lesbiennes qui appelaient pour insulter l'animateur qui, selon elles, parlait trop du phénomène. Ne s'arrêtant pas là, elles ont débarqué vers trois heures du matin à la radio Océan Fm avec des gardes du corps super boodybuildés, des jeunes qui voulaient lui faire sa fête. Heureusement, il y avait les vigiles.
Comme j'étais venu sans ma sécurité habituelle, le vigile m'a mis dans un taxi et je me suis barré vite fait. En général, quand deux femmes s'aiment, elles ont le courage de deux personnes et s'affirment plus vite que les hommes qui ont tendance eux à se cacher. Donc, la société n'est pas plus tolérante chez les femmes que chez les hommes. C'est que simplement l'homosexualité féminine n'est pas bien connue du grand public.
Comment la société sénégalaise jadis très conservatrice et pudique en est-elle arrivée là par rapport à ce sujet ?
Nous sommes victimes de la mondialisation et de la globalisation. Comme toutes les autres sociétés, nous suivons le rythme immuable caractéristique de l'évolution. Nous sommes en contact avec d'autres cultures, nous sommes à un clic de l'Occident et la religion musulmane recule au Sénégal, dans sa forme "croyance". Notre culture est perpétuellement agressée par les chocs que nous recevons, aidée en cela par les nouvelles technologies de l'information et de la communication.
Nous subissons les autres cultures, nous pratiquons d'autres personnes, nous sommes en contact avec plusieurs télévisions et tout le monde sait la force de ce média comme véhicule de culture. Bref, nous ne vivons plus en vase clos. Nous sommes obligés de tenir compte de tous ces aspects si nous voulons réussir notre passage de la tradition à la modernité, d'un système de type féodal à un système moderne basé sur la rationalité, sur la science.
Ce qui est valable chez les hommes l'est également chez les femmes. Nous nous trompons si nous pensons que les questions d'homosexualité relèvent du "thiagatisme" (prostitution) ou du banditisme. L'intégrisme n'est pas payant et nous devons avoir une conduite savante avec les gens et avec les phénomènes qui vont nous assaillir de plus en plus.
Pour la bonne et simple raison qu'au Sénégal, les valeurs de jom (bravour), de soutoura (discrétion) et de kersa (retenue) ne vont jamais disparaître, mais seront revisitées, modifiées ou même changées par une autre façon de faire. Chacun est responsable de sa propre vie.
Nous devons prôner la science au détriment de l'obscurantisme, la connaissance, la retenue, la tolérance, le respect de la différence, la solidarité, etc. Si nous ne le faisons pas dès à présent nous risquons d'être submergés, dévorés et dépassés. Dans la mesure où nous aurions en ce moment un problème d'adaptabilité au contexte.
source lematindafrique.com