Comment avez-vous apprécié les mandats d’arrêt internationaux lancés par un juge français contre des autorités sénégalaises dont les responsabilités sont engagées dans le naufrage du bateau Le Joola ?
La démarche du juge français est extrêmement importante à plus d’un titre. Elle montre qu’en France, il y a des juges indépendants, qui ne travaillent pas que chez eux. Le combat contre l’impunité ne connaît pas de frontière ou de discrimination basée sur la nationalité ou l’appartenance. Dans cette affaire du naufrage du bateau Le Joola, l’Etat sénégalais peut être poursuivi pour forfaiture et pour discrédit jeté sur les institutions. Au lendemain du naufrage, le président de la République, lui, avait parlé de négligences coupables. Depuis lors, l’Etat du Sénégal continue à faire dans des négligences coupables qui nous valent aussi la situation actuelle.
Selon vous, le Sénégal a-t-il poussé le juge français à lancer ces mandats d’arrêt ?
C’est du fait de cette négligence coupable que le juge en est arrivé à cette démarche. Je profite de l’occasion pour lancer un appel à la sérénité et à plus de responsabilité par rapport à ceux qui, sur fond de démagogie, de populisme et d’expression de désarroi dans lequel ils sont, agitent un nationalisme chauvin, inapproprié et inopportun.
A qui faites-vous allusion ?
Tous ceux qui qualifient Me Jean Wilfried Noël de petit juge, d’individu qui cherche à faire fortune sur le plan publicitaire ou qui manque de respect pour la dignité et l’indépendance du Sénégal, font fausse route. (Il se répète). Si l’Etat du Sénégal reconnaît, par la voix de son chef, l’existence de négligences coupables au point d’être en devoir d’indemniser les victimes, et en est arrivé à ne pas gérer ce dossier par des possibilités offertes par la diplomatie et la coopération existant entre le Sénégal et la France jusqu’à ce que le juge français soit contraint, pour son honneur et pour sa crédibilité et le respect qu’il a pour sa profession, de lancer des mandats d’arrêt contre de hauts responsables sénégalais, je dirais que l’Etat est responsable. On aurait pu ouvrir un procès au Sénégal.
Peut-on envisager une brouille diplomatique à cause de ces mandats d’arrêt ?
Etre ignorant c’est d’envisager une brouille diplomatique entre le Sénégal et la France. Le juge, dans une République comme la France, n’obéit pas à des ordres politiques. C’est une conception africaine bananière de la démocratie qui fait penser à une brouille diplomatique. Si des ressortissants français ne sont pas poursuivis au Sénégal pour des délits commis, on devrait porter plainte contre l’Etat. L’Etat devrait être poursuivi pour complicité et haute trahison. Ces gens-là sont nuls.
Mais le gouvernement du Sénégal n’avait-il pas trouvé une solution à l’amiable avec les parents des victimes ?
Il a trouvé une solution à l’amiable avec des parents des victimes et non avec l’ensemble des ayants droit, je le précise. Si les 2 000 Sénégalais dont les parents ont accepté de prendre l’argent de l’Etat pour fermer leurs bouches et leurs yeux sur les droits, sur la mémoire de ces derniers, on devrait avoir la correction de respecter la démarche des parents de victimes étrangères. Le combat contre l’impunité ne doit pas connaître de frontière. Je suis socialiste et Sénégalais certes, mais j’ai un idéal et des convictions pour lesquels je me bats. Ce n’est pas au juge français qu’on doit parler d’exception ou de privilège de juridiction. En France, le prédécesseur de Sarkozy, Jacques Chirac, et son Premier ministre sont attraits devant la Justice. Si le Sénégal a la volonté politique de juger le Président dictateur Hussein Habré pour des délits commis dans son pays, pourquoi ne pas accepter qu’un ancien chef d’Etat du Sénégal (il insiste) soit convoqué par un juge étranger ?
Craignez-vous que le Président Wade puisse être convoqué un jour, en ce sens que tous ces responsables avaient été nommés par le chef de l’Etat ?
Que Wade se le tienne pour dit : je sais que, demain, cette histoire de naufrage du bateau Le Joola le rattrapera, si dès maintenant, sur la base du respect des valeurs humains, de l’éthique et de l’équité, cette affaire n’est pas définitivement vidée. Si on la traîne dans le cadre de l’impunité, du bluff ou du règlement à l’amiable, cette affaire pourra resurgir dans un pays étranger d’où est originaire une victime du naufrage. Pour l’instant, c’est lui qui est visé. Les mandats d’arrêt du juge français s’adressent à Wade.
Cautionnez-vous la démarche de la réciprocité entreprise par un des avocats de l’Etat ?
Je la comprends du fait qu’elle est conforme à leur serment d’avocat. Par contre, politiquement et intellectuellement parlant, la démarche du juge français est fondée, car les dégâts collatéraux pourront être, demain, plus graves.
Certaines personnalités du Parti socialistes ne risquent-elles pas d’être poursuivies sous prétexte d’une mauvaise gestion du bateau sous l’ère socialiste ?
Cela m’importe peu. C’est le combat pour la démocratie et la justice et contre l’impunité qui m’intéresse. Qu’un socialiste ou un militant de l’Afp ou un Sénégalais quelconque soit incriminé pour ses responsabilités, m’importe peu. Que la justice prévale ! Il faut que force reste à la loi. La vie humaine est sacrée. Dans cette affaire, plus de 2 000 morts sont engloutis dans l’océan du fait de négligences coupables. Le dossier a été exploité de façon cupide par Wade pour faire taire certains parents des victimes sénégalaises. Il oublie que tout le monde n’est pas cupide, encore moins gourmand.
Quelle est la position du Parti socialiste et du Front Siggil Senegaal par rapport à ces mandats d’arrêt ?
Le Parti socialiste rendra dans les prochaines heures un communiqué dont je ne dévoilerai pas le contenu pour le moment. Le Front Siggil Senegaal n’a pas encore adopté une position définitive. J’en reste-là. Je ne veux pas parasiter ma communication. Là, je prends mes responsabilités de parler en tant que démocrate, citoyen et combattant contre l’impunité
Ne serez-vous pas taxé d’anti-patriote ?
Je ne suis ni un démagogue, ni un populiste. L’histoire retiendra que nous n’avons pas fait de cette affaire une récupération politicienne. Mais Abloulaye Wade a fini de détruire l’image et la crédibilité de notre pays qui faisaient notre fierté. Si pour faire face à la décision du juge français, on adopte la réciprocité, ce serait une manière d’avouer sa responsabilité. Ceux qui parlent de complot ne sont personnes d’autres que ceux qui caressent un nationalisme qui n’est pas une réalité chez eux. Ils doivent arrêter de se faire peur et nous faire peur. Ils n’ont qu’à répondre de leurs actes. Le pouvoir implique la responsabilité. Dans cette affaire de naufrage, il y a la responsabilité qui est individuelle, qui ne disculpe pas le détenteur du pouvoir politique. Le commandant du bateau est un simple militaire qui exécute des ordres. Civilement parlant, l’Etat du Sénégal est responsable et le président de la République en premier, puis ses ministres jusqu’au plus bas niveau. Je demande aux idéologues nationalistes à la Wadienne de faire très attention. Jusqu’à présent, il n’y a pas encore d’inculpation. Le juge français est venu à Dakar pour les entendre ; on l’en a empêché. Ce qui lui reste, c’est de lancer un mandat d’arrêt international.
Est-ce la faute à la Justice sénégalaise qui devait prendre cette question en charge ?
No comment ! Mais au moins, sur cette question, le juge français a montré qu’il travaille et qu’il fait son devoir.
SOURCE LE QUOTIDIEN
La démarche du juge français est extrêmement importante à plus d’un titre. Elle montre qu’en France, il y a des juges indépendants, qui ne travaillent pas que chez eux. Le combat contre l’impunité ne connaît pas de frontière ou de discrimination basée sur la nationalité ou l’appartenance. Dans cette affaire du naufrage du bateau Le Joola, l’Etat sénégalais peut être poursuivi pour forfaiture et pour discrédit jeté sur les institutions. Au lendemain du naufrage, le président de la République, lui, avait parlé de négligences coupables. Depuis lors, l’Etat du Sénégal continue à faire dans des négligences coupables qui nous valent aussi la situation actuelle.
Selon vous, le Sénégal a-t-il poussé le juge français à lancer ces mandats d’arrêt ?
C’est du fait de cette négligence coupable que le juge en est arrivé à cette démarche. Je profite de l’occasion pour lancer un appel à la sérénité et à plus de responsabilité par rapport à ceux qui, sur fond de démagogie, de populisme et d’expression de désarroi dans lequel ils sont, agitent un nationalisme chauvin, inapproprié et inopportun.
A qui faites-vous allusion ?
Tous ceux qui qualifient Me Jean Wilfried Noël de petit juge, d’individu qui cherche à faire fortune sur le plan publicitaire ou qui manque de respect pour la dignité et l’indépendance du Sénégal, font fausse route. (Il se répète). Si l’Etat du Sénégal reconnaît, par la voix de son chef, l’existence de négligences coupables au point d’être en devoir d’indemniser les victimes, et en est arrivé à ne pas gérer ce dossier par des possibilités offertes par la diplomatie et la coopération existant entre le Sénégal et la France jusqu’à ce que le juge français soit contraint, pour son honneur et pour sa crédibilité et le respect qu’il a pour sa profession, de lancer des mandats d’arrêt contre de hauts responsables sénégalais, je dirais que l’Etat est responsable. On aurait pu ouvrir un procès au Sénégal.
Peut-on envisager une brouille diplomatique à cause de ces mandats d’arrêt ?
Etre ignorant c’est d’envisager une brouille diplomatique entre le Sénégal et la France. Le juge, dans une République comme la France, n’obéit pas à des ordres politiques. C’est une conception africaine bananière de la démocratie qui fait penser à une brouille diplomatique. Si des ressortissants français ne sont pas poursuivis au Sénégal pour des délits commis, on devrait porter plainte contre l’Etat. L’Etat devrait être poursuivi pour complicité et haute trahison. Ces gens-là sont nuls.
Mais le gouvernement du Sénégal n’avait-il pas trouvé une solution à l’amiable avec les parents des victimes ?
Il a trouvé une solution à l’amiable avec des parents des victimes et non avec l’ensemble des ayants droit, je le précise. Si les 2 000 Sénégalais dont les parents ont accepté de prendre l’argent de l’Etat pour fermer leurs bouches et leurs yeux sur les droits, sur la mémoire de ces derniers, on devrait avoir la correction de respecter la démarche des parents de victimes étrangères. Le combat contre l’impunité ne doit pas connaître de frontière. Je suis socialiste et Sénégalais certes, mais j’ai un idéal et des convictions pour lesquels je me bats. Ce n’est pas au juge français qu’on doit parler d’exception ou de privilège de juridiction. En France, le prédécesseur de Sarkozy, Jacques Chirac, et son Premier ministre sont attraits devant la Justice. Si le Sénégal a la volonté politique de juger le Président dictateur Hussein Habré pour des délits commis dans son pays, pourquoi ne pas accepter qu’un ancien chef d’Etat du Sénégal (il insiste) soit convoqué par un juge étranger ?
Craignez-vous que le Président Wade puisse être convoqué un jour, en ce sens que tous ces responsables avaient été nommés par le chef de l’Etat ?
Que Wade se le tienne pour dit : je sais que, demain, cette histoire de naufrage du bateau Le Joola le rattrapera, si dès maintenant, sur la base du respect des valeurs humains, de l’éthique et de l’équité, cette affaire n’est pas définitivement vidée. Si on la traîne dans le cadre de l’impunité, du bluff ou du règlement à l’amiable, cette affaire pourra resurgir dans un pays étranger d’où est originaire une victime du naufrage. Pour l’instant, c’est lui qui est visé. Les mandats d’arrêt du juge français s’adressent à Wade.
Cautionnez-vous la démarche de la réciprocité entreprise par un des avocats de l’Etat ?
Je la comprends du fait qu’elle est conforme à leur serment d’avocat. Par contre, politiquement et intellectuellement parlant, la démarche du juge français est fondée, car les dégâts collatéraux pourront être, demain, plus graves.
Certaines personnalités du Parti socialistes ne risquent-elles pas d’être poursuivies sous prétexte d’une mauvaise gestion du bateau sous l’ère socialiste ?
Cela m’importe peu. C’est le combat pour la démocratie et la justice et contre l’impunité qui m’intéresse. Qu’un socialiste ou un militant de l’Afp ou un Sénégalais quelconque soit incriminé pour ses responsabilités, m’importe peu. Que la justice prévale ! Il faut que force reste à la loi. La vie humaine est sacrée. Dans cette affaire, plus de 2 000 morts sont engloutis dans l’océan du fait de négligences coupables. Le dossier a été exploité de façon cupide par Wade pour faire taire certains parents des victimes sénégalaises. Il oublie que tout le monde n’est pas cupide, encore moins gourmand.
Quelle est la position du Parti socialiste et du Front Siggil Senegaal par rapport à ces mandats d’arrêt ?
Le Parti socialiste rendra dans les prochaines heures un communiqué dont je ne dévoilerai pas le contenu pour le moment. Le Front Siggil Senegaal n’a pas encore adopté une position définitive. J’en reste-là. Je ne veux pas parasiter ma communication. Là, je prends mes responsabilités de parler en tant que démocrate, citoyen et combattant contre l’impunité
Ne serez-vous pas taxé d’anti-patriote ?
Je ne suis ni un démagogue, ni un populiste. L’histoire retiendra que nous n’avons pas fait de cette affaire une récupération politicienne. Mais Abloulaye Wade a fini de détruire l’image et la crédibilité de notre pays qui faisaient notre fierté. Si pour faire face à la décision du juge français, on adopte la réciprocité, ce serait une manière d’avouer sa responsabilité. Ceux qui parlent de complot ne sont personnes d’autres que ceux qui caressent un nationalisme qui n’est pas une réalité chez eux. Ils doivent arrêter de se faire peur et nous faire peur. Ils n’ont qu’à répondre de leurs actes. Le pouvoir implique la responsabilité. Dans cette affaire de naufrage, il y a la responsabilité qui est individuelle, qui ne disculpe pas le détenteur du pouvoir politique. Le commandant du bateau est un simple militaire qui exécute des ordres. Civilement parlant, l’Etat du Sénégal est responsable et le président de la République en premier, puis ses ministres jusqu’au plus bas niveau. Je demande aux idéologues nationalistes à la Wadienne de faire très attention. Jusqu’à présent, il n’y a pas encore d’inculpation. Le juge français est venu à Dakar pour les entendre ; on l’en a empêché. Ce qui lui reste, c’est de lancer un mandat d’arrêt international.
Est-ce la faute à la Justice sénégalaise qui devait prendre cette question en charge ?
No comment ! Mais au moins, sur cette question, le juge français a montré qu’il travaille et qu’il fait son devoir.
SOURCE LE QUOTIDIEN