Je ne sais pas par ou commencer tellement j'ai de choses à dire et tellement j'ai peur de dire ces choses en même temps. Je m'appelle Estelle, j'ai 24 ans. J'ai été adoptée à l'âge de 5 ans par une famille française qui avait déjà deux enfants. Je viens d'Afrique, donc au vu de ma couleur de peau et de celle de ma "famille" mon adoption à toujours été une évidence.
A cette époque l'un frère était en Australie, mais il m'envoyait souvent des mails pour prendre de mes nouvelles, et me conseiller de me changer les idées. Ma sœur, elle était au Sénégal pour son travail. Je l'avais appelé quand les choses se dégradaient vraiment, elle semblait à l'écoute et compréhensive. Quand elle est revenue en France elle a évoqué mon coup de fil (pdt lequel j'étais en larmes) en se moquant de moi en l'imitant pleurer, chose que j'ai très mal supporter.
Bizarrement je ne me souviens de rien qui soit antérieur à mon arrivée en France. Je sais juste que j'ai été adoptée via une association avec plein d'autres enfants. Je tiens à m'excuser d'avance car mon histoire va être très longue et peut être racontée de façon décousue.
Du plus loin que je me souvienne l'adoption en soi n'est pas un "problème", c'est sur que c'est difficile à vivre mais ce qui a toujours été (et qui l'est encore aujourd'hui) c'est ma couleur de peau. Attention, je ne dis pas que je ne suis pas fière d'être noire, mais que c'est très dur d'être une personne de couleur en France, qui plus est, la seule personne de couleur dans une famille de blancs.
J'ai souffert du racisme des mon plus jeune âge, ajoutez à cela les questions pas délicates des personnes dans la rue lors des balades en "famille" et les regards lourds de sens. Je ne parle jamais de mon adoption avec mes "parents" adoptifs, ni avec mon frère et ma sœur. Ils ont essayé mais a chaque fois je le suis braquée. Et puis comment leur expliquer que j'ai l'impression de ne pas avoir de famille, et qu'ils sont mes "parents" que d'après les papiers, même si ils m'ont élevé? Je n'ai jamais eu de bon rapport avec eux.
Je crois que mon "père" est quelqu'un de bien, mais ils se laisse complètement bouffer par sa femme. Cette femme que je ne supporte pas. Je les ai appelé "papa et maman" dès que je suis arrivée dans ce pays, mais j'ai l'impression qu'on m'avait fait du bourrage de crâne avant pour que ça puisse sortir aussi "fluidement" si on peut dire ça.
Ma "mère" adoptive est (désolée du terme) une vraie connasse, elle m'a rabaissé des milliards de fois, mais ce faisait passer pour une victime devant les autres personnes. La dernière horreur qu'elle m'est dite est "si tu avais été élevée par une noire, tu filerai droit". Suite à ça, je ne leur ai plus parler pdt 1 an. Parmi les autres gentillesses qu'elle a eu à mon propos, vous pouvez ajouter que "je devrais êtres internée" ou encore que "il ne faudrait pas que je m'étonne si je me fais violer dans les toilettes du lycée" (car je portais un haut qui était trop décolleté à son goût).
J'ai un très fort caractère, donc bien sur les gens pensais automatiquement que j'étais le problème. Je me suis toujours très bien entendue avec mon frère, et jusqu'à peu avec ma sœur. Mon frère à toujours étais présent pour moi, il a toujours cru en moi, il ma toujours encourager malgré le fait que je coulais inexorablement vers le bas (je n'ai pas de diplôme à mon âge).
Ma sœur elle était gentille, mais j'ai l'impression qu'elle s'en foutait un peu. Elle vit sa vie. Il y a trois ans, j'ai étais victime de harcèlement morale à mon travail, rapidement j'ai compris que ma directrice semblait avoir un problème avec les gens de voleurs justement, car elle avait eu d'autres histoires auparavant et avec des gens de couleurs.
J'ai été obligée de démissionner, et ayant été très affectée par cette histoire j'ai commencé à faire une petite dépression. Je ne sortais plus, je ne cherchais pas un autre travail (vu comment s'était déroulé mon premier, j'étais un peu réticente). Bien entendu, mes "chers parents" ont mis cet échec sur le compte de ma mauvaise attitude, et s'en sont donné à cœur joie pour dire que "je ne foutais rien".quand je leur avais dit que je soupçonner les femmes de mon travail d'être raciste ils avaient juste hausser des épaules en disant "c'est possible"
A cette époque l'un frère était en Australie, mais il m'envoyait souvent des mails pour prendre de mes nouvelles, et me conseiller de me changer les idées. Ma sœur, elle était au Sénégal pour son travail. Je l'avais appelé quand les choses se dégradaient vraiment, elle semblait à l'écoute et compréhensive. Quand elle est revenue en France elle a évoqué mon coup de fil (pdt lequel j'étais en larmes) en se moquant de moi en l'imitant pleurer, chose que j'ai très mal supporter.
Dans cette "famille", ils font comme si le racisme n'existait pas, et quand les fois ou j'essayais de l'évoquer ils me répondaient avec des phrases bateau du type "ce sont des cons, il faut passer par dessus". Normalement on a sa famille pour nous protéger des difficultés du monde extérieur. Moi quand je rentrais dans cette maison, je continuais de me sentir en trop, pas à ma place. Mon frère à compris à 25 ans seulement (soit il y a deux ans) que j'avais souffert du racisme, énormément!
Il a été choqué! Il n'y avait pas pensé une seconde. Je suis partie en Angleterre en septembre 2013, comme fille au pair, car j'étouffais en France. Je ne supporte plus cette ambiance, ces réactions racistes déguisées... J'y suis encore pour un mois. J'ai été agréablement surprise de l'ouverture d'esprit des gens. Pour la première fois, je pouvais me promener dans la rue dans problème, sans être jugée, regardée.
Mais toujours ce problème qui persiste, je ne me sens nul part chez moi. J'ai rencontré des gens, de toutes les nationalité, mais j'ai commencé à me sentir mal car j'étais toujours la "seule noire" . De plus j'étais dans une famille d'accueil "blanche" donc je revivais exactement la même chose qu'en France. Je suis revenue en France en décembre, et j'ai reçu un coup de fil étrange d'une jeune fille qui se fiait être ma cousine, que ma "mère" biologique avait "missionné" pour me retrouver.
En discutant de façon approfondi avec elle j'ai compris qu'elle ne mentait pas. Ce coup de téléphone m'a énervé au plus au point. Je trouvais ça tellement déplacé de la part de ma "mère" d'essayer de me contacter après tout ça de temps, en passant par quelqu'un d'autre et en disant qu'elle n'avait pas eu le choix, que son mari l'avait forcé à me donner à l'adoption et que pdt toutes ces années, elle avait essayer d'en savoir plus.
Je vais peut être vous sembler insensible mais, pour moi, une mère n'abandonne pas son enfant. Donc j'ai dit à cette jeune fille que je ne voulais plus jamais entendre parler de ça. Je n'ai parle de cette histoire qu'avec mon meilleur ami qui lui a aussi à été adopté.
La question que je me pose c'est: quand est ce que je vais être heureuse et trouver la paix? Je ne me sens chez moi nul part, je me sens très seule. Et malgré mes 24 ans, il y a des fois et ce depuis longtemps ou j'ai juste "envie et besoin de ma maman" qu'elle me prenne par la main et me dise qu'elle est fière de moi et qu'elle croit en moi.
Je ne crois pas en Dieu mais je commence à me poser beaucoup de questions sur la spiritualité, beaucoup de gens que j'ai rencontré m'ont dit qu'il fallait que je prie, que je crois en quelqu'un de bon et supérieur. Mais comment pourrais je croire à quelqu'un qui a fait de ma vie un désert ? Plus j'essaie de tenir et plus les épreuves de la vie me sont dures. Je ne sais absolument pas ce que je vais faire de ma vie.
J'avance au jour le jour et ça m'effraie et me fatigue. J'ai l'impression que je ne serai jamais heureuse. Et je n'ai pas d'ami(e)s à qui me confier, car soit je me dispute avec eux, soit je tombe sur des gens vraiment mauvais. Je préfère être seule que mal accompagnée comme on dit mais pour les rares personne bien que j'ai rencontrée, j'ai fait en sorte de casser cette relation.
J'ai l'impression parfois que je ne m'autorise pas à être heureuse, ou je fais en sorte qu'on m'abandonne car même mes propres "parents" n'ont pas voulu de moi. J'ai déjà essayé d'aller voir des psys, mais c'est pas trop mon truc de confier des choses très personnelles à quelqu'un. Je ne sais vraiment pas quoi faire, j'ai l'impression d'être une épave, une ratée de la vie