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Affaire Farba Ngom : Ousmane Diagne, bouclier XXL du procureur

En attendant la plénière convoquée ce matin au sujet de la levée de l’immunité parlementaire de Farba Ngom, le ministre de la Justice, Ousmane Diagne nie toute implication dans cette affaire.


Rédigé par leral.net le Vendredi 24 Janvier 2025 à 08:31 | | 0 commentaire(s)|

Le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Ousmane Diagne n’a pas mis du temps, ni des gants pour porter la réplique à l’opposition. Aussi bien Taxawu Wallu Sénégal que des formations politiques comme celui d’Oumar Sarr, ancien ministre, ont vu dans l’affaire Farba Ngom une “machination politique”.

Dans un communiqué rendu public mercredi dernier, Taxawu Wallu n’a pas mâché ses mots pour s’en prendre au pouvoir. Dans un texte à la tonalité fielleuse, les partisans du maire de Agnam se sont élevés contre la procédure mise en branle contre le député Farba Ngom. En conférence de presse mardi dernier, Me Aïssata Tall Sall, chargée de défendre son collègue devant la commission ad hoc de l'Assemblée nationale, dans l'affaire des 125 milliards FCFA a informé avoir fini par bouder la rencontre.

“Le député Farba Ngom a voulu mettre à l'aise ses collègues députés et c'est pourquoi il a souhaité que je le représente”, a-t-elle, d’emblée, soutenu. Puis, la présidente du groupe parlementaire Takku-Wallu Sénégal enchaîne pour dire avoir boudé l'audition faute d'avoir pas reçu le dossier de Farba Ngom.

À la place, Aissata Tall Sall dit avoir reçu quatre lettres de transmission présentées comme étant le dossier de Farba Ngom. Ce qui est très grave, selon la présidente du groupe Takku-Wallu Sénégal qui s'attendait à recevoir un vrai dossier, après avoir formulé la demande auprès du président de la commission ad hoc.

“Depuis qu’on parle, c’est seulement sur des hypothèses. Personne n’a encore vu le dossier pour lequel notre collègue est pointé du doigt. Quelle est la difficulté à nous donner les faits pour que notre présence au sein de la commission puisse être pertinente. J’avais même écrit au président de la commission pour lui demander de m’imprégner des faits qui sont reprochés à Farba Ngom pour pouvoir le défendre dans cette commission. Mais il ne m’a envoyé que les courriers entre les différents procureurs. Je regrette mais dans ces lettres de transmission ne se trouvent pas les faits qui sont reprochés à notre collègue”, a-t-elle décrié.

D’après le journal Point Actu, pour Me Sall, c’est “une parodie de justice”. Comme pour mettre de l’eau au moulin de Me Sall, une déclaration de la coalition Takku Wallu Sénégal, rendue publique hier, embraye sur la même thématique. “Sur cette procédure envisagée à l’encontre de Farba NGOM, celui-ci ne dispose d’aucune information préalable, contradictoire et vérifiée sur les allégations du parquet. Il faut, tout de même admettre que dans un Etat de droit et de démocratie, une telle démarche est simplement inacceptable et est contraire à la loyauté qui préside la procédure pénale.

La procédure pénale abhorre les stratagèmes, les louvoiements et l’esprit de malice ; elle repose sur une information préalable des faits reprochés au prévenu ; sur la présomption d’innocence et sur le respect des droits de la défense, l’un des droits essentiels à un procès équitable et apte à assurer, à la personne suspectée ou poursuivie, la garantie contre l’arbitraire”, s’indignent les partisans de Farba Ngom. Le communiqué dénonce les “perquisitions violentes faites, au verger du Sieur Farba NGOM, à Diamniadio” et s’en prend à une volonté “d’agir par surprise pour se préconstituer des éléments de preuve contre Farba NGOM”.

Cette pratique “n’obéit à aucune règle de loyauté, d’honneur et surtout de probité de la procédure pénale qui doit mettre au cœur de son action le respect des droits de l’individu et, surtout, préserver la dignité de la justice dans sa démarche de tous les jours”, poursuit le texte qui estime que Farba Ngom “n’a jamais obtenu ou conclu de marchés publics ! Il n’a jamais reçu de fonds de l’Etat du Sénégal ! Il n’a jamais été entendu par la police, encore moins par la CENTIF”.

“Nous voulons une justice libre, indépendante et impartiale mais pas un instrument de vengeance ‘déguisée en justice’. Pour TWS, la demande de la Commission ad’hoc doit être “rejetée”, car elle ne s’appuie sur “aucun fait sérieux”. “Dans tous les cas, la coalition TWS et son groupe parlementaire, entendent saisir, sans délai, l’Union Interparlementaires “UIP”, l'organisation mondiale des parlements nationaux, à travers son Comité des droits de l'homme pour dénoncer les graves violations des droits du député Farba NGOM notamment l’absence manifeste d’une procédure contradictoire, juste et équitable conforme aux principes de loyauté et d'équité devant gouverner toute procédure de levée d’immunité d’un député. Les parlements de la CEDEAO et de la Francophonie seront, également, saisis de ces violations”, menace TWS.

Le Parti des Libéraux et Démocrates d’Oumar Sarr, ancien ministre met les pieds dans le plat. “(...) Cette affaire relève d’une entreprise de liquidation d’un adversaire politique perçu comme celui qui empêche PASTEF de gagner les élections dans la région de Matam”, s’insurge les camarades d’oumar Sarr. “C’est dans ce même esprit électoraliste que d’autres maires et responsables de l’opposition sont arrêtés ou menacés d’arrestation”, accuse PLD, AND SUQALI. La réplique du ministre de la Justice, Ousmane Diagne ne s’est pas fait attendre.

“La procédure résulte d'un rapport de la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF) qui est remis directement au procureur de la République. C'est dire donc que l'autorité politique que je représente quelque part dans le fonctionnement de la justice n'a absolument rien à y voir”, déclare Ousmane Diagne. Des propos tenus, hier, lors de la Conférence nationale des chefs de parquet sur les thèmes : “redynamisation des bureaux d’exécution des peines et réponses à la problématique de la surpopulation carcérale”. Se faisant, sans doute, plus explicite, il ajoute : “Au terme de la loi de 2004 sur le blanchiment des capitaux, le procureur de la République a l'obligation légale de saisir immédiatement le juge d'instruction.

En l'espèce, c'est la qualité de la personne mise en cause qui évidemment entraîne ces contraintes procédurales que nous nous efforçons de respecter justement pour préserver cette légalité qui nous préoccupe tant”. Ce débat contradictoire risque de s’enflammer aujourd'hui. Ce vendredi, la plénière va statuer sur la levée de l’immunité parlementaire du député Farba Ngom. Ce faisant, plus rien ne s'opposera plus, en droit, à la poursuite judiciaire du député Mouhamadou Ngom dit Farba. Les députés, convoqués en séance plénière ce vendredi vont, à coup sûr, lever l’immunité du maire de Agnam. Cette étape est cruciale pour mettre en branle la machine judiciaire. Farba Ngom est, en effet, visé par une procédure déclenchée par le nouveau Pool Judiciaire Financier (PJF).

Le procureur de la République financier s’adosse à l’exploitation d’un rapport de la Cellule Nationale de Traitement des Informations Financières (CENTIF) relatif, au sujet de Farba Ngom, à des “flux financiers injustifiés” entre “ses comptes personnels et ceux de ses proches, et de ses sociétés partenaires” portant sur un montant de 125 milliards FCFA. C’est dans cette foulée que l’Assemblée nationale a déclenché le compte à rebours de la procédure de l’examen de la demande de levée de l’immunité parlementaire du député.

A l’issue des débats, le parlement va procéder au vote. Un vote qui sera sans suspense au regard des 130 députés de PASTEF face aux 16 du groupe Takku Wallu auquel appartient Farba Ngom. Sur le terrain, notamment dans la commune des Agnams, les populations ont manifesté leur soutien à Farba Ngom, hier, jeudi. “Nous disons non à une manipulation de la justice pour éliminer un adversaire politique. Depuis 2012, personne n’arrive à battre Farba dans son fief. C’est ce qui est à l’origine de tout cet acharnement sur sa personne. Mais on se dresse devant ses détracteurs. Ce qui est sûr, c’est que Farba n’ira pas en prison”, peut-on lire dans une résolution des partisans de Farba Ngom au Fouta.

Arborant des brassards rouges, ils ont promis de résister face à “une instrumentalisation de la justice pour liquider leur leader qui résiste au nouveau régime dans cette partie du pays”.




Ousseynou Wade