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Mercredi 30 Septembre 2020

Affaires Locafrique et Carrefour Automobiles: Khadim Bâ obtient du doyen des juges, un non-lieu


Khadim Bâ n’a commis aucun des délits que lui reproche son père et qui lui avaient valu une inculpation. C’est la conviction du doyen des juges qui lui a accordé un non-lieu hier. L’ordonnance a été transmise à son avocat, Me Seydou Diagne.



Selon les informations de "Libération", le doyen des juges a accordé, hier, le non-lieu à Khadim Bâ, qui avait été inculpé et placé sous contrôle judiciaire, pour association de malfaiteurs, faux et usage de faux en écritures privées, tentative d’escroquerie, abus de biens sociaux. La même décision a été étendue aux membres de sa famille inculpés à la suite d’une plainte de son père, Amadou Bâ.

Ce dernier, lui-même, a bénéficié d’un non-lieu parce qu’il avait été inculpé après la jonction des deux procédures pendantes devant le doyen des juges. Des sources autorisées révèlent que, dans son réquisitoire, le parquet avait demandé le renvoi en correctionnel de tout le monde, mais le magistrat-instructeur ne l’a pas suivi.

En effet, et comme nous le révélions, c'est en pleine audition à la Division des investigations criminelles (Dic), qu'Amadou Bâ avait annoncé son intention de porter plainte contre tous ses enfants et contre sa première épouse, qu’il accuse de faux multiples.

A l'origine de son face-à-face avec les enquêteurs, uneprocédure initiée contre X par Khadim Bâ, le fils aîné, qui évoquait un abus présumé de biens sociaux à Carrefour automobiles sur un montant de 28 milliards de FCfa. Le procès-verbal de synthèse des auditions, ainsi que les conclusions des enquêteurs, obtenu par "Libération", se passaient de commentaires.

Quand Khadim Ba détaillait le carnage financier

« De ce qui précède, il demeure constant que des zones d'ombre ont été relevées à travers les déclarations des nommés Amadou Bâ, Michel Borelli, Meissa Dione et Aminata Diop, surtout pour ce qui concerne les deux derniers montants précités logés, respectivement, dans le compte courant d'associé de Amadou Bâ et dans celui de Fap Keur Khadim. En effet, jusqu'à ce jour, les responsables de Carrefour automobiles ont montré qu'ils sont dans l'impossibilité de justifier la provenance des fonds découverts dans ces comptes. Ils se sont tous emmurés dans un silence suspect à chaque fois qu'ils sont interpellés sur la question.

D'ailleurs, à un moment donné de la procédure, la nommée Aminata Diop a refusé sans aucune explication, de coopérer, en préférant ne pas répondre à nos questions. Quant au nommé Malick Meissa Waly Dione, il est parti soudainement en France pour un mois, officiellement pour raisons médicales, au moment où il avait promis de repasser pour apporter les justificatifs des dépenses faites par « Carrefour automobiles » sur les fonds injectés par Locafrique.

Par ailleurs, l'attitude d’Amadou Bâ, consistant à vouloir dissimuler le retour de sa deuxième épouse, Seynabou Menheim à Dakar et dont le profil de gestionnaire de patrimoine laisse circonspect, a été jugée troublante
».

C'est ainsi que les enquêteurs de Dic avaient conclu leur Pv de synthèse transmis au procureur de la République. De l'économie des faits, établie par la Dic, il ressortait qu'en sa qualité de Directeur général du système financier Locafrique? racheté à 99 pour cent par Carrefour automobiles, Khadim Bâ injectait sur demande de Carrefour automobiles, de l'argent appelé « avances de fonds » dans leurs comptes pour l'exécution de leurs activités professionnelles. De 2014 à 2016, il a justifié avec l'appui de documents, avoir injecté dans les comptes de Carrefour automobiles, la somme globale de 28 milliards FCfa.

A la date du 2 décembre 2016, à la suite d'une assemblée générale, il a été nommé cumulativement à ses fonctions, Directeur général de Carrefour automobiles en remplacement de son père, Amadou Bâ, qui contestait cette nomination, en plus d'avoir porté plainte contre tous ses enfants. Dès sa prise de fonction, Khadim Bâ disait aux enquêteurs avoir constaté que Carrefour automobiles était dans une situation économique et financière compromise, due en partie à une comptabilité mal tenue et caractérisée par des manipulations d'écritures comptables, alors que d'importantes sommes d'argent ont été injectées ces dernières années, pour les besoins des activités de la société.

Il a ainsi révélé que l'argent n'a fait l'objet d'aucune traçabilité, car n'étant utilisé ni dans les dépenses de la société, ni dans les paiements des salaires. Poursuivant ses investigations, le plaignant ajoutait avoir constaté, sans la moindre justification, un certain nombre de transferts de fonds, des virements et d'importantes sommes d'argent dans les différents comptes de l'ancien Directeur général, son père, Amadou Bâ. Pour lui, il est clair que l'argent a été utilisé à des fins contraires aux activités de la société.

Dans les détails, Khadim Bâ expliquait que c'est le 2 décembre 2016, que son père aurait décidé de concrétiser matériellement sa vieille promesse de se retirer des affaires. Il précisera, lors d'une nouvelle audition, que la décision de son père a été prise en présence de tous les membres de la famille, à l'exception de sa sœur, Fatou Kiné Bâ, vivant en France. Par la même occasion, le protocole de cession des parts et les procès-verbaux de réunion pour le changement du Conseil d'administration et de nomination des nouveaux membres, ont été signés, avant d'être enregistrés au niveau du greffe du tribunal de Dakar. Une fois aux commandes de Carrefour, Khadim Bâ révèle, selon le récit des enquêteurs, que ses recherches lui ont permis de découvrir que dans le courant de l'année 2015, la somme de 1,7 milliard de FCfa a été versée dans le compte courant associé de son père.

Des mêmes suites, une somme de 2,1 milliards de FCfa a été logée dans le compte de la société «Fap Keur Khadim », dont Amadou Bâ est l'actionnaire.

Magouilles en série poursuivant ses recherches, il révélait avoir obtenu sur sa demande auprès du Directeur administratif et financier, la balance comptable du bilan qui présente à l'analyse, de fausses données en raison des manipulations qui ont été faites sur les chiffres. A cet effet, il a illustré ses propos par l'exemple d'une balance où la sommede 3,2 milliards de Fcfa inscrite sur le compte numéro 4710999 est sciemment appelée «compte d'attente augmentation de capital », alors que dans les détails, il s'agit d'«opérations de régularisation 2014 ».

En analysant les relevés du compte sn 0110102005003312466 Carrefour automobiles ouvert dans les livres de la Sgbs, Khadim Bâ avait l'impression que d'autres comptes sont rattachés à ce compte. Il faisait remarquer aux policiers, qu'à la fin de chaque mois, la somme de 14040 FCfa est débitée de ce compte en guise de frais sogebase. En plus, des virements mensuels, variant entre 16 et 20 millions de Fcfa ont été effectués par «sogebase », sans pour autant spécifier l'intitulé du compte destinataire. Toujours en analysant les autres relevés de comptes de Carrefour automobiles, dont la liste a été communiquée par Jean Michel Borelli de Carrefour, les enquêteurs signalaient, pour leur part, qu'il est noté que des retraits entre 5 et 10 millions de FCfa sont effectués tous les jours.

Sans compter d'autres virements «non justifiés » d'après la Dic, notamment ceux effectués à la Sgbs de New-York et au profit de «Compta garantie » et de «newcocar sarl », pour des montants allant jusqu'à 300 millions de Fcfa. En sus de ces agissements, Khadim Bâ a dit suspecter que les clients de Carrefour automobiles versaient leurs paiements en espèces sans que les fonds ne soient jamais reversés dans les comptes de la société.

Quand Amadou Bâ perd subitement la mémoire


Convoqué par les enquêteurs, Amadou Bâ était revenu d'abord sur la relation d'affaires entre Carrefour automobiles et Locafrique. A cet effet, il a déclaré entre autres, que Locafrique en sa qualité d'institution financière, remet des traites à escompter à Carrefour automobiles dont l'argent est utilisé dans le cadre de ses activités. Et puis, Carrefour automobiles procédait à son remboursement, par des chèques ou autres procédés.

Ensuite, il soulignait que Locafrique finance à des clients l'acquisition de véhicules auprès de Carrefour automobiles pour se faire rembourser plus tard avec des montants majorés d'intérêts. Selon lui, les fonds que Khadim Bâ prétendait avoir injectés, ne seraient rien d'autre que des financements clients. Et suivant la procédure décrite, ce sont les clients eux-mêmes qui devaient rembourser directement Locafrique et non Carrefour automobiles. Minimisant les déclarations de son fils, Amadou Bâ disait ne se souvenir que de la somme de 300 millions de FCfa que Carrefour automobiles doit à locafrique. Cependant, signalaient les enquêteurs, son argument sera battu en brèche par le rappel des propos de son Directeur administratif et financier, Malick Meissa Waly Dione, qui avait dit lors de
son interrogatoire, que sur les fonds injectés par Khadim Bâ, de 2014 à 2016, seules les avances de fonds faites au profit de Carrefour automobiles devaient être remboursées, à savoir 1,7 milliard de FCfa.

Confronté à ces révélations, Amadou Bâ avait, selon le rapport de la Dic, reconnu que Locafrique a toujours donné des avances de fonds à Carrefour automobiles. D'ailleurs, il a souligné que Locafrique a été mise en place dans le but de donner des fonds à Carrefour automobiles. De ce fait, il s'est engagé à payer à Locafrique toutes les avances de fonds si elles sont réellement dues, après vérification des services compétents. Poursuivant, il a confirmé les déclarations de Khadim Bâ faisant état que ses comptes personnels ont reçu par virements d'importantes sommes d'argent, qu'il a tenté de justifier par ses salaires et frais de mission.

De même, il a reconnu avoir gratifié sa fille Ndèye Khady Bâ et sa première épouse Oumy Guèye, d'importantes sommes d'argent dont il n'a su chiffrer le montant exact. C'est dans ce même cadre qu'il a déclaré avoir donné une dot de 10 millions de FCfa à Seynabou Menheim, prise comme seconde épouse.

Par la même occasion, il soutenait que cette dernière était toujours en France alors que l'enquête a révélé qu'elle était revenue à Dakar depuis le 28 janvier 2017. Mis devant les faits, Amadou Bâ a néanmoins écarté totalement l’implication de sa seconde épouse dans cette affaire.

Interrogée, cette dernière, qui se disait gestionnaire de patrimoine, assurait qu'elle n'a pas eu l'occasion de conseiller son mari.

«Aucune explication» sur une somme de 2,1 milliards de FCfa. Interpellé sur la somme de 1,7 milliard de FCfa logée dans son compte courant d'associé au niveau de Carrefour automobiles, Amadou Ba prétendait que l'argent représentait le cumul des dividendes obtenues durant ces dernières années, en sus des loyers issus de la location du siège de Carrefour automobiles. Quant à la somme de 2,1 milliards de FCfa découvertes dans le compte de la société Fap Keur Khadim, dont il est l'actionnaire majoritaire, il a affirmé n'avoir aucune explication à donner.

A cet effet, il suggérait aux enquêteurs de s'en référer à ses collaborateurs Malick Meissa Waly Dione et Aminata Diop, lesquels confirmeront lors de leurs interrogatoires, l'existence de cette somme dans les comptes de Fap Keur Khadim. Déclarant être toujours le Directeur général de Carrefour automobiles, Amadou Bâ a soutenu n'avoir jamais signé le protocole de cession des parts et les procès-verbaux de réunion pour le changement du Conseil d'administration et de nomination des nouveaux membres, dont les copies lui ont été présentées.

Ajoutant que sa signature a été imitée, il a porté plainte au parquet contre tous les membres de sa famille, pour faux et usage de faux en écriture privée. Il a déclaré que c’est lors de son audition qu’il aurait découvert pour la première fois, ces documents lors de sa comparution à la Dic. Il jurait n'avoir jamais parlé d'une quelconque cession de parts ou modification de la société Carrefour automobiles avec ses enfants. Pour la justice, toutes ses allégations sont fausses.
Ousmane Wade




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