Durant la colonisation…
Percevant en pleine période coloniale, les ravages de l’aliénation culturelle, Ahmadou Bamba, revêtant les habits d’un éveilleur de consciences, effectuait une critique implacable de ses méfaits sur ses compatriotes à qui il demandait de se ressaisir et de sortir de l’assoupissement:
i[ « Par ses stratagèmes, il [le Diable] les a abusés [les colons]
]iAu point qu’il ont envahit les pays et se comportent en despotes
…Les colons ne sont que les victimes de leur avidité et de leurs illusions…
Les ignorants les tiennent pour les détenteurs du mérite et de la préséance
Pour les débiles, les colons sont des êtres supérieurs
Les idiots et les assimilés voient en eux des nobles vertueux
Ils s’imaginent que tout exploit incombe aux colonisateurs
Alors que toute force et puissance appartient à Dieu, le Créateur des Cieux
Ils s’extasient devant les colons qu’ils prennent pour des anges
Ô vous gens de mon peuple ! Réveillez-vous de votre torpeur
…Les colons ne sont pas des monarques mais de simples brigands ».
Étaient également inadmissibles pour lui, les préjugés sur la couleur de peau. Ses congénères ne devaient en aucun cas nourrir un complexe d’infériorité :
« …L'homme qui a le plus d'estime auprès de Dieu est celui qui Le craint le plus...
On ne doit pas prendre la couleur noire de la peau d'un homme comme le signe d'un être insensé, manquant d'intelligence et incapable de comprendre et de raisonner.»
Avant le départ d’exil…
Ahmadou Bamba considérait son exil non seulement comme une série d’épreuves voulues par le Seigneur, comme le feu ardent duquel sortira l’or purifié qu’il deviendra, mais aussi comme le moyen de servir le prophète de l’Islam et d’être un avocat pour son peuple :
« Le motif de mon départ en exil procède de la volonté de Dieu de me faire accéder à un haut rang spirituel, de faire de moi l'intercesseur de mon peuple et le Serviteur éternel du Prophète »
« Ô mon Dieu, illumine par le Prophète mon cœur, et fais que par moi mon peuple soit heureux »
Durant l’exil…
Tout au long de sa déportation au Gabon, Ahmadou Bamba ne cessait de nourrir le désir ardent de retourner dans son pays. Il ne cessait de prier pour que ce retour soit un bonheur pour ses compatriotes :
« Mon Dieu ramène-moi à Darou Salam où j’ai conversé en secret avec Toi grâce à Tes versets – Emporte-moi dans mon pays!
« Fais que mon retour vers ma patrie
Soit enfin pour nous tous un bonheur! »
Le peuple dans sa relation avec le prophète de l’Islam…
Prenant le prophète de l’Islam pour guide, Ahmadou Bamba lui confiait également les destinées de son peuple :
« Vers toi je reviens ramenant mon peuple…
En toi complaisance et apaisement…
Vers toi je convie le pays entier… »
Un patriotisme ni belliqueux ni xénophobe…
L’affirmation avec force de son amour pour son pays ne fait pas de lui pour autant un patriote chauvin, belliqueux et xénophobe. Il ne faut surtout pas, selon lui, porter préjudice à autrui. La doctrine de la non-violence qu’il a prônée avant Gandhi et Martin Luther king lui interdisait de répandre le mal: « Je ne tuerai ni scorpion, ni serpent ni une âme qui vit. Sur le chemin que j'ai pris, il m'est interdit de tirer des coups de fusils... ». Ainsi l’esprit supérieur qu’il était avait très tôt combattu la xénophobie et le racisme alors que son siècle s'y prêtait mal :
« Ô Seigneur...prémunis-moi de porter préjudice à mes proches, aux étrangers, qu'ils soient musulmans ou non-croyants. »
« Fais de moi un motif de bonheur autant pour les Noirs que pour les Blancs »
Au-delà du patriotisme, toutes les créatures…
La visée d’Ahmadou Bamba était de parfaire l'humain et, par delà, d'œuvrer pour le bien de toutes les créatures. Son exil ne doit plus seulement être, pour lui, un bienfait pour ses compatriotes, mais une miséricorde pour toute la création :
« Nourissez le bien pour toutes les créatures de Dieu, l'Alpha et l'Omega... »
« Ô Roi des rois, Ô Toi l'Inégalable, accorde Ta clémence aux créatures, Ô Toi qui les guides toujours pour l'éternité »
« Par ton Fiat exauce mes vœux et fais que mon exil soit un bienfait pour toutes les créatures»
A travers ces quelques vers, nous voyons que le fondateur de la Mouridiyya était un homme de Dieu mêlé à son peuple par grandeur d'âme. Il a souffert avec lui, cherchant le bien pour lui et l’associant souvent dans ses prières.
Khadim Ndiaye
Philosophe, chercheur en histoire
Montréal, Canada
Khadim_mail@yahoo.ca
Percevant en pleine période coloniale, les ravages de l’aliénation culturelle, Ahmadou Bamba, revêtant les habits d’un éveilleur de consciences, effectuait une critique implacable de ses méfaits sur ses compatriotes à qui il demandait de se ressaisir et de sortir de l’assoupissement:
i[ « Par ses stratagèmes, il [le Diable] les a abusés [les colons]
]iAu point qu’il ont envahit les pays et se comportent en despotes
…Les colons ne sont que les victimes de leur avidité et de leurs illusions…
Les ignorants les tiennent pour les détenteurs du mérite et de la préséance
Pour les débiles, les colons sont des êtres supérieurs
Les idiots et les assimilés voient en eux des nobles vertueux
Ils s’imaginent que tout exploit incombe aux colonisateurs
Alors que toute force et puissance appartient à Dieu, le Créateur des Cieux
Ils s’extasient devant les colons qu’ils prennent pour des anges
Ô vous gens de mon peuple ! Réveillez-vous de votre torpeur
…Les colons ne sont pas des monarques mais de simples brigands ».
Étaient également inadmissibles pour lui, les préjugés sur la couleur de peau. Ses congénères ne devaient en aucun cas nourrir un complexe d’infériorité :
« …L'homme qui a le plus d'estime auprès de Dieu est celui qui Le craint le plus...
On ne doit pas prendre la couleur noire de la peau d'un homme comme le signe d'un être insensé, manquant d'intelligence et incapable de comprendre et de raisonner.»
Avant le départ d’exil…
Ahmadou Bamba considérait son exil non seulement comme une série d’épreuves voulues par le Seigneur, comme le feu ardent duquel sortira l’or purifié qu’il deviendra, mais aussi comme le moyen de servir le prophète de l’Islam et d’être un avocat pour son peuple :
« Le motif de mon départ en exil procède de la volonté de Dieu de me faire accéder à un haut rang spirituel, de faire de moi l'intercesseur de mon peuple et le Serviteur éternel du Prophète »
« Ô mon Dieu, illumine par le Prophète mon cœur, et fais que par moi mon peuple soit heureux »
Durant l’exil…
Tout au long de sa déportation au Gabon, Ahmadou Bamba ne cessait de nourrir le désir ardent de retourner dans son pays. Il ne cessait de prier pour que ce retour soit un bonheur pour ses compatriotes :
« Mon Dieu ramène-moi à Darou Salam où j’ai conversé en secret avec Toi grâce à Tes versets – Emporte-moi dans mon pays!
« Fais que mon retour vers ma patrie
Soit enfin pour nous tous un bonheur! »
Le peuple dans sa relation avec le prophète de l’Islam…
Prenant le prophète de l’Islam pour guide, Ahmadou Bamba lui confiait également les destinées de son peuple :
« Vers toi je reviens ramenant mon peuple…
En toi complaisance et apaisement…
Vers toi je convie le pays entier… »
Un patriotisme ni belliqueux ni xénophobe…
L’affirmation avec force de son amour pour son pays ne fait pas de lui pour autant un patriote chauvin, belliqueux et xénophobe. Il ne faut surtout pas, selon lui, porter préjudice à autrui. La doctrine de la non-violence qu’il a prônée avant Gandhi et Martin Luther king lui interdisait de répandre le mal: « Je ne tuerai ni scorpion, ni serpent ni une âme qui vit. Sur le chemin que j'ai pris, il m'est interdit de tirer des coups de fusils... ». Ainsi l’esprit supérieur qu’il était avait très tôt combattu la xénophobie et le racisme alors que son siècle s'y prêtait mal :
« Ô Seigneur...prémunis-moi de porter préjudice à mes proches, aux étrangers, qu'ils soient musulmans ou non-croyants. »
« Fais de moi un motif de bonheur autant pour les Noirs que pour les Blancs »
Au-delà du patriotisme, toutes les créatures…
La visée d’Ahmadou Bamba était de parfaire l'humain et, par delà, d'œuvrer pour le bien de toutes les créatures. Son exil ne doit plus seulement être, pour lui, un bienfait pour ses compatriotes, mais une miséricorde pour toute la création :
« Nourissez le bien pour toutes les créatures de Dieu, l'Alpha et l'Omega... »
« Ô Roi des rois, Ô Toi l'Inégalable, accorde Ta clémence aux créatures, Ô Toi qui les guides toujours pour l'éternité »
« Par ton Fiat exauce mes vœux et fais que mon exil soit un bienfait pour toutes les créatures»
A travers ces quelques vers, nous voyons que le fondateur de la Mouridiyya était un homme de Dieu mêlé à son peuple par grandeur d'âme. Il a souffert avec lui, cherchant le bien pour lui et l’associant souvent dans ses prières.
Khadim Ndiaye
Philosophe, chercheur en histoire
Montréal, Canada
Khadim_mail@yahoo.ca