Depuis la disparition de ma femme, je ne me suis plus remarié. Ce n’est pas l’objet de mon histoire, mais je veux vous expliquer ce que j’ai fait subir à cette femme et que je regrette, maintenant qu’elle n’est plus de ce monde. Je ressens cela comme une injustice, une trahison.
Ma femme et moi, nous nous sommes rencontrés en 1986. On était très jeunes, mais fous amoureux l’un de l’autre. Peu de temps après cette rencontre, ma chérie est tombée enceinte. A l’époque, c’était un problème, puisque nous étions encore élèves. J’étais, moi-même, sous la responsabilité de mes parents. Les parents de ma chérie m’ont forcé à m’occuper d’elle, si je ne voulais pas me retrouver au violon. Car, ils menaçaient de me conduire à la gendarmerie, pour détournement de mineur. J’ai dû, moi-même, interrompre mes études pour faire face à mes nouvelles obligations. Après l’accouchement, ma chérie a repris le chemin de l’école. Sauf moi. J’avais décidé volontairement d’arrêter les études pour me débrouiller, gagner mon propre pain et être indépendant. J’ai fait des petits boulots. Puis, avec l’argent que je gagnais, j’ai ouvert un kiosque à café. En persévérant, surtout avec l’aide de Dieu, j’ai réussi à mettre sur pied un magasin de vente de vêtements qui marchait bien. Je faisais mes petites affaires qui me rapportaient tout de même assez d’argent. En tous cas, assez pour être à l’abri du besoin.
A la fin de ses études, ma chérie a trouvé du travail et nous avons décidé de nous marier. Car, nous nous aimions toujours. Mais environ un an après le mariage, j’ai commencé à voir rouge. Ma femme est devenue comme une source de problèmes pour moi. Elle tombait régulièrement malade. Presque chaque mois, il fallait l’hospitaliser. Elle souffrait de maladies diverses. Si bien que, quand on avait fini de soigner une maladie, quelque temps après, une autre se signalait. Cela m’a épuisé financièrement. Je ne savais plus quoi faire. Les parents de ma femme semblaient l’avoir abandonnée dans mes bras. Depuis le déclenchement de la maladie, je les voyais rarement. Je devais y faire face, tout seul.
Au bout de deux ans, je n’en pouvais plus. Pour être sincère, j’ai dû user de prétextes pour la faire partir en famille, en prenant l’engagement de passer la voir, chaque fois que le besoin se présenterait. Mon fils est allé vivre chez ma sœur. J’étais seul à la maison. Me retrouver dans ces conditions alors que j’étais habitué à ma petite famille, c’était difficile. Il fallait faire avec.
Lors de mes sorties détente avec mes amis, j’ai fait la rencontre d’une jeune fille, Martine. Au début, je lui ai expliqué ma situation matrimoniale. Nous avons entamé une relation, censée rester «informelle». Au fil du temps, Martine m’a dit qu’elle m’aimait et qu’elle souhaitait qu’on construise notre vie ensemble. Mais je lui ai fait remarquer que j’étais marié et qu’entre ma femme et moi, il n’y avait pas de problème. Pourtant, j’étais dans un dilemme : d’une part, mon épouse qui ne guérissait pas. Et de l’autre, une jeune femme qui disait être prête à tout pour moi et dont je commençais vraiment à tomber amoureux.
En l’absence de mon épouse, je permettais que Martine vienne me faire à manger de temps en temps, à la maison. C’est quelques mois plus tard qu’elle m’apprend la nouvelle de sa grossesse ! Pour moi, ce n’était pas une bonne nouvelle. J’ai suggéré à Martine de se faire avorter, afin de nous éviter des problèmes. Elle a refusé ! Pire, je me suis retrouvé victime d’un chantage de sa part. Ce qui m’obligeait à adopter un profil bas.
Comme cela arrivait souvent, il y a eu une période durant laquelle mon épouse semblait s’être remise. Elle a même regagné le domicile conjugal. Tout avait l’air d’aller mieux. Sauf pour moi qui me demandais comment j’allais pouvoir me tirer d’affaires. Je me suis retrouvé à vivre entre deux foyers, car j’avais loué un studio pour Martine. J’ignorais combien de temps j’allais garder le secret. Dans mon cas, c’est comme si je n’avais pas tenu compte de la souffrance, de la maladie de mon épouse.
Mettant de côté la honte, j’ai pris la résolution un jour de tout lui avouer. Je préférais le lui dire, au lieu qu’elle l’apprenne un jour de la bouche de quelqu’un d’autre. Tôt ou tard, cela se saurait. A ma grande surprise, mon épouse est restée calme, imperturbable. Elle a juste semblée étonnée, mais n’a rien ajouté. Je ne parvenais pas à donner un sens à son silence qui, finalement, me dérangeait plus que tout.
Environ quelques semaines plus tard, mon épouse a fait une rechute. Cette fois, c’était un problème d’hypertension. Transportée à l’hôpital, elle y a rendu l’âme. Mes beaux-parents m’ont accusé d’avoir été à l’origine de sa mort. Ils prétextaient que c’est le choc de la révélation que j’avais faite à mon épouse qui l’avait tué. Était-ce vrai ? Je ne peux le dire. J’ai été traité de tous les noms. C’est par chance que j’ai échappé à un lynchage, ce jour-là.
Personnellement, je m’en suis voulu longtemps pour cette faute. Mais on ne peut pas rattraper le passé. A défaut, on peut vivre de sorte à ne plus reproduire les mêmes erreurs. Et c’est ce que j’essaie de faire aujourd’hui. Pour moi, même si ma femme n’est pas morte par ma faute (et c’est ce que je souhaite), j’admets que mon attitude a été inhumaine. Et c’est cela que je regrette aujourd’hui.
Source : topvisage.net via afriquefemme.com