Amadou Toumani Touré : Je voudrais tout d'abord prononcer une petite déclaration : j'ai suivi avec beaucoup d'intérêt les conclusions à l'issue du sommet extraordinaire de la Cédéao, tenu mardi à Abidjan. Je souscris entièrement aux propositions faites par les chefs d'Etat pour une sortie de crise dans notre pays. Cela s'entend par le retour à l'ordre constitutionnel normal ce qui est cardinal. Et cela nous permettra certainement d'éviter toute aventure. Cela passe aussi par la remise en place des institutions de la République qui ont été démocratiquement élues par le peuple souverain du Mali. Le « cas ATT » est certainement le plus simple. A deux mois de la fin de mon mandat, je reste disponible et surtout compréhensif pour toute solution allant dans le sens de l'apaisement et de la sauvegarde de la démocratie malienne citée en exemple. Démocratie que, avec tant d'autres Maliens, tant d'autres démocrates, j'ai contribué à mettre en place. Je demande à mes compatriotes maliens et aux amis de notre pays de soutenir cette sortie de crise. Le Mali ne mérite pas du tout cette période de crise.
RFI : Monsieur le président, cela fait 7 jours que l'on est sans nouvelles de vous. Comment vous portez-vous ? Quel est votre état de santé ?
ATT : Je me porte très bien. La seule chose qui me manque c'est un peu de sport. Mais je me porte très bien et ma famille aussi.
RFI : Où vous trouvez-vous actuellement ? Etes-vous toujours en territoire malien ? A Bamako ou à l'intérieur du pays ?
ATT : Je suis à l'intérieur du Mali. Chez moi, au Mali.
RFI : Etes-vous détenu par les mutins ou libre de vos mouvements ?
ATT : Je ne suis pas détenu par les mutins. Je suis libre dans mon pays.
RFI : Mais vous n'êtes pas à Bamako ?
ATT : Je vous ai dit que j'étais au Mali, et la prochaine fois que nous nous verrons je vous dirai où j'étais pendant tout ce temps...
RFI : Comment voyez-vous cette décision de la Cédéao qui consiste à vous réinstaller dans vos fonctions de président de la République ?
ATT : Je dis que le plus important pour moi aujourd'hui ce n'est pas ma personne. Je suis à deux mois de la fin de mon mandat. Je pense que le plus important aujourd'hui, c'est, de manière consensuelle, avec l'ensemble de la classe politique malienne et l'ensemble des parties présentes, et l'ensemble des chefs d'Etat de la Cédéao, de ménager une sortie de crise. Je pense que le plus important aujourd'hui, ce n'est pas ATT, ce n'est pas les hommes, ce qui est important c'est la démocratie, c'est les institutions, et c'est le Mali.
RFI : Vous êtes donc prêt à partir ? A vous retirer ?
ATT : La question ne m'a pas encore été posée, mais sachez que, il y a 22 ans que je pense être utile à mon pays. 22 ans après, je suis là encore, face à cette crise. Et pour moi c'est le Mali d'abord et le Mali avant tout.
RFI : Est-ce que vous vous considérez toujours comme le président du Mali ?
ATT : Je ne veux pas rentrer dans cette polémique. Je me considère d'abord comme un citoyen malien, comme un démocrate. Aujourd'hui ce qui compte pour moi, ce n'est pas ma douleur, elle n'est rien. Mais ce qui me peine, c'est la situation dans laquelle je vois mon pays.
RFI : Une nouvelle Constitution vient d'être présentée par la junte qui se propose de ne pas se présenter aux prochaines élections. Cela vous semble-t-il recevable ?
ATT : Je pense que ce n'est vraiment pas à moi de décider. Les chefs d'Etat de la Cédéao viendront à Bamako, ils discuteront avec les uns et les autres, et c'est le plus important.
RFI : Revenons sur la journée du mercredi 21 mars. Comment êtes-vous parti du palais présidentiel ? Comment s'est passée cette journée pour vous ?
ATT : J'ai passé toute la journée sous les canons depuis pratiquement 16 heures. Canons de chars, canons de véhicules blindés, toutes sortes de tirs étaient concentrés sur mon bureau, sur mon domicile et sur ma famille. Et aux dires de certains, il ne reste plus rien, tout est calciné. Mais pour un vieux commando, il reste toujours un moyen de se tirer d'embarras et c'est ce que j'ai fait.
RFI : Mais avez-vous délibérément demandé à la garde présidentielle de ne pas répliquer, de ne pas combattre ?
ATT : En aucune manière je ne souhaiterais jamais que des soldats de l'armée malienne tirent sur d'autres soldats de l'armée malienne. Pour moi qui suis aussi soldat et officier de cette armée, vous pouvez imaginer que je n'aurais jamais souhaité des affrontements entre les forces armées uniquement pour protéger un homme. Le plus important aujourd'hui, c'est d'en appeler à l'unité, c'est d'en appeler à la cohésion pour faire face à tous les défis qui attendent le pays.
RFI : Etes-vous encore entourés de quelques fidèles ?
ATT : Je ne pourrais pas vous le dire. Vieux soldats, il y a quelques secrets militaires que je garde pour moi. Mais le plus important c'est que je me porte bien et que je suis en République du Mali.
RFI : Etes-vous favorable à une intervention militaire comme le suggère la Cédéao en cas de refus du plan de sortie de crise par les mutins ?
ATT : Je ne répondrai pas à une telle question. Je n'ai pas été contacté officiellement et je ne suis pas à l'aise pour répondre à des questions qui ne m'ont pas été posées.
Propos recueillis par Boniface Vignon
RFI : Monsieur le président, cela fait 7 jours que l'on est sans nouvelles de vous. Comment vous portez-vous ? Quel est votre état de santé ?
ATT : Je me porte très bien. La seule chose qui me manque c'est un peu de sport. Mais je me porte très bien et ma famille aussi.
RFI : Où vous trouvez-vous actuellement ? Etes-vous toujours en territoire malien ? A Bamako ou à l'intérieur du pays ?
ATT : Je suis à l'intérieur du Mali. Chez moi, au Mali.
RFI : Etes-vous détenu par les mutins ou libre de vos mouvements ?
ATT : Je ne suis pas détenu par les mutins. Je suis libre dans mon pays.
RFI : Mais vous n'êtes pas à Bamako ?
ATT : Je vous ai dit que j'étais au Mali, et la prochaine fois que nous nous verrons je vous dirai où j'étais pendant tout ce temps...
RFI : Comment voyez-vous cette décision de la Cédéao qui consiste à vous réinstaller dans vos fonctions de président de la République ?
ATT : Je dis que le plus important pour moi aujourd'hui ce n'est pas ma personne. Je suis à deux mois de la fin de mon mandat. Je pense que le plus important aujourd'hui, c'est, de manière consensuelle, avec l'ensemble de la classe politique malienne et l'ensemble des parties présentes, et l'ensemble des chefs d'Etat de la Cédéao, de ménager une sortie de crise. Je pense que le plus important aujourd'hui, ce n'est pas ATT, ce n'est pas les hommes, ce qui est important c'est la démocratie, c'est les institutions, et c'est le Mali.
RFI : Vous êtes donc prêt à partir ? A vous retirer ?
ATT : La question ne m'a pas encore été posée, mais sachez que, il y a 22 ans que je pense être utile à mon pays. 22 ans après, je suis là encore, face à cette crise. Et pour moi c'est le Mali d'abord et le Mali avant tout.
RFI : Est-ce que vous vous considérez toujours comme le président du Mali ?
ATT : Je ne veux pas rentrer dans cette polémique. Je me considère d'abord comme un citoyen malien, comme un démocrate. Aujourd'hui ce qui compte pour moi, ce n'est pas ma douleur, elle n'est rien. Mais ce qui me peine, c'est la situation dans laquelle je vois mon pays.
RFI : Une nouvelle Constitution vient d'être présentée par la junte qui se propose de ne pas se présenter aux prochaines élections. Cela vous semble-t-il recevable ?
ATT : Je pense que ce n'est vraiment pas à moi de décider. Les chefs d'Etat de la Cédéao viendront à Bamako, ils discuteront avec les uns et les autres, et c'est le plus important.
RFI : Revenons sur la journée du mercredi 21 mars. Comment êtes-vous parti du palais présidentiel ? Comment s'est passée cette journée pour vous ?
ATT : J'ai passé toute la journée sous les canons depuis pratiquement 16 heures. Canons de chars, canons de véhicules blindés, toutes sortes de tirs étaient concentrés sur mon bureau, sur mon domicile et sur ma famille. Et aux dires de certains, il ne reste plus rien, tout est calciné. Mais pour un vieux commando, il reste toujours un moyen de se tirer d'embarras et c'est ce que j'ai fait.
RFI : Mais avez-vous délibérément demandé à la garde présidentielle de ne pas répliquer, de ne pas combattre ?
ATT : En aucune manière je ne souhaiterais jamais que des soldats de l'armée malienne tirent sur d'autres soldats de l'armée malienne. Pour moi qui suis aussi soldat et officier de cette armée, vous pouvez imaginer que je n'aurais jamais souhaité des affrontements entre les forces armées uniquement pour protéger un homme. Le plus important aujourd'hui, c'est d'en appeler à l'unité, c'est d'en appeler à la cohésion pour faire face à tous les défis qui attendent le pays.
RFI : Etes-vous encore entourés de quelques fidèles ?
ATT : Je ne pourrais pas vous le dire. Vieux soldats, il y a quelques secrets militaires que je garde pour moi. Mais le plus important c'est que je me porte bien et que je suis en République du Mali.
RFI : Etes-vous favorable à une intervention militaire comme le suggère la Cédéao en cas de refus du plan de sortie de crise par les mutins ?
ATT : Je ne répondrai pas à une telle question. Je n'ai pas été contacté officiellement et je ne suis pas à l'aise pour répondre à des questions qui ne m'ont pas été posées.
Propos recueillis par Boniface Vignon