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Dépassements abusifs budgétaires, dépenses astronomiques injustifiées, surfacturations sur des équipements informatiques, services de restaurations, missions de l’ambassadeur dans les villes intérieures du Mali, la chancellerie sénégalaise établie à Bamako (capitale malienne) est au coeur d’un gigantesque scandale qui fait l’objet d’une inspection des services de l’État sénégalais qui veut y voir clair. Sur fond de magouilles à la pelle, le chantier d’un complexe diplomatique diplomatique, piloté par tous les ministres des Affaires Étrangères sous le régime Macky SALL, facturé à 500 millions avant de se retrouver à plus de 3 milliards de FCFA avec un taux d’exécution des travaux de seulement 10%, hante le sommeil de la toute nouvelle cheffe de la diplomatie sénégalaise Yacine FALL et s’avère être un véritable capharnaüm pour les nouvelles hautes autorités. Confidentiel Afrique en exclusivité a enquêté sur place.
Dakar, mardi 8 avril 2014. La météo est plutôt bonne. Ce jour-là, le soleil s’est levé à 07:00:00 et s’est couché aux environs de 19h 23. C’est dans cette moiteur que Mankeur Ndiaye, ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Éxtérieur, annonçait devant la presse des grands jours : “Cette année, nous allons construire pour 500 millions l’ambassade au Mali et 500 millions pour celle en Mauritanie au cours de l’année 2014.” Onze années plus tard, l’ambitieux chantier de complexe diplomatique de l’Ambassade du Sénégal au Mali, prévu dans le huppé quartier d’affaires ACI 2000 s’est révélé un véritable « éléphant blanc ». Un tout simple mur qui encercle le périmètre devant abriter le chantier du complexe, résiste aux vicissitudes du temps.
De Mankeur NDIAYE ancien ambassadeur du Sénégal au Mali, entre 2010 et 2012 jusqu’à l’actuel Moustapha NDOUR, la chancellerie sénégalaise établie au Mali ne reflète pas le visage éblouissant et le leadership de la diplomatie du pays tant vantés. Toutefois, l’agenda des travaux s’est grippé, subitement.
Bamako, dimanche 23 mars 2025. L’envoyé spécial de Confidentiel Afrique se déplace sur les lieux. L’air est frais et le soleil se fait attendre. La clémence de la météo tranche avec les informations reçues via des canaux à Confidentiel Afrique. Sur l’avenue Kwame Nkrumah, dans le quartier ACI 2000, nos informations exclusives nous guident vers le Gouvernorat de Bamako. Une source aussi précise qu’un GPS nous envoie là, exactement où devrait sortir de terre ce complexe diplomatique comprenant l’Ambassade et le Consulat de la République du Sénégal au Mali pour un budget au départ de “500 millions au cours de l’année 2014.”
De l’argent dépensé pour du toc..
Nous sommes à onze longues années depuis. Rien n’a poussé depuis la sortie euphorique de l’ancien ministre des Affaires Étrangères du Sénégal M. Mankeur Ndiaye. Sur ce site de 5000 mètres carrés, rien ou presque ne dit que c’est là que doit être construite la nouvelle ambassade du Sénégal avec toutes les commodités dignes de nom au Mali sur l’une des avenues les plus prisées du très huppé quartier ACI 2000, Kwame Nkrumah. La parcelle est clôturée par un mur d’enceinte de 1,80 mètres environ. A l’intérieur, pas même la trace du moindre coup de pioche. Que des herbes sèches envahissant la totalité du terrain.
En faisant le tour de l’immense parcelle, on remarque trois grandes entrées : une sur l’avenue Kwame Nkrumah, une en face du ministère de l’Économie et des Finances devant lesquelles une plaque bleue informe “Mairie de la Commune IV District de Bamako Visa Nᐤ 026 Date 30/04/2023” et une qui donne à l’arrière du Gouvernorat du district de Bamako.
Un « visa » a été délivré par les services cadastraux maliens. Il consiste à vérifier les études d’exécution faites par les entreprises de travaux. Il s’agit en fait de la supervision de l’étude structure d’exécution qui consiste à vérifier les plans d’exécution réalisés et à s’assurer de leur bonne conformité par rapport à l’étude de conception menée. Selon des informations exclusives obtenues par Confidentiel Afrique, les différents ambassadeurs (Assane Ndoye, Birame Mbagnick Diagne, Moustapha Ndour) qui ont géré le dossier à Bamako depuis la sortie euphorique de Mankeur N’diaye en 2014 et qui se sont succédé ont échoué de faire surgir ce géant de gravats au cœur du quartier d’affaires ACI 2000.
Le quitus du Visa vous donne l’autorisation de commencer les travaux d’un chantier. Ce qui suppose qu’un architecte à conçu le plan et que le maître d’œuvre a choisi les entreprises pour débuter la construction.
A la mairie de la Commune IV du District de Bamako, le Visa Nᐤ 026 en date 30/04/2023 “concentre tous les problèmes d’un incident diplomatique qui peut faire tout sauter” souffle un agent municipal, lorsque nous avons voulu en savoir sur la constitution du dossier qui a autorisé la délivrance du visa.
A la mairie de Lafiabougou, située non loin du quartier ACI 2000, rien que par l’effervescence créée par notre présence, on a compris que le visa n°26 est explosif. Si, ici on ne sait rien du dossier, ailleurs, on apprend que la signature de l’architecte aurait été falsifiée. Par qui? Mystère et boule de gomme. Tout juste est-il que le dossier est géré en haut lieu au sein de la représentation diplomatique. C’est-à-dire l’ambassadeur lui-même. Des investigations poussées de Confidentiel Afrique renseignent que l’architecte de l’infrastructure diplomatique désigné se nomme Mactar FAYE. Tout au début du chantier, c’est l’entreprise CDE basée à Dakar qui prend la main et s’engage à construire l’ouvrage clé en main. L’entreprise reçoit une avance de 200 millions de FCFA sur l’enveloppe de 300 millions de FCFA initialement prévue. Toutefois, une source anonyme autorisée souffle que la CDE devait en principe préfinancer avant de se faire rembourser par l’État. Cette clause était consignée par les deux parties. L’État devait rembourser à l’entreprise CDE chaque année 300 millions FCFA. Beaucoup de zones d’ombre subsistent. Coup de théâtre! Des vagues agitées. La CDE se retire. Rebelote, suite au départ de l’entreprise CDE, pour des motifs inconnus, la Sogepic, une entreprise de BTP, de droit sénégalais, avec un portefeuille solide initial, qui a ses tentacules au Mali, reprend la main. La Sogepic déploie ses premiers engins sur le site du chantier. Un virement de 175 millions de FCFA est crédité dans le compte de la Sogepic domicilié à la Banque Malienne de Solidarité ( BMS). Puis, clap de fin. Confidentiel Afrique a obtenu confirmation des services de l’entreprise du virement. Mais, pourquoi les ambassadeurs qui se sont succédé n’ont pu rien faire, alors que des décaissements s’effectuaient via des mécanismes logés au Ministère des Affaires Étrangères et ont pu grimper jusqu’à 2 milliards 700 millions FCFA . Sans le moindre coup de pioche.
Omerta des ministres successifs de Macky SALL au ministre Yacine FALL
De Assane Ndoye à aujourd’hui Moustapha NDOUR, en passant par Birame Mbagnick Diagne, l’ambitueux et gigantesque projet de construction d’un complexe diplomatique à Bamako ( 2 bâtiments + 2 sous- sols avec appartements présidentiels), s’est révélé un « éléphant blanc. Confidentiel Afrique a essayé d’entrer en contact avec l’ambassadeur Assane Ndoye, sans succès. Il est à la retraite et reste un expert actif d’un organisme de lutte contre la corruption. Ce dernier a résidé à Bamako de 2012-2018 comme Ambassadeur du Sénégal au Mali.
Le 14 février 2018, il sera remplacé par Birame Mbagnick Diagne, qui après quelques mois en Mauritanie, sera nommé auprès de Sa Majesté Salman Bin Abdelaziz Al-SAOUD, Roi d’Arabie Saoudite, Gardien des Deux Saintes Mosquées. Contacté par nos soins, l’ambassadeur Birame Mbagnick Diagne n’a pas voulu s’épancher sur l’affaire. » Comprenez moi, ce dossier fait l’objet d’une inspection des services des Affaires Étrangères comme vous l’écriviez » confesse- t-il.
Depuis 2023, c’est Moustapha Ndour, matricule de solde 514 533/C, qui dirige l’ambassade à Bamako. Le jeudi 14 septembre 2023, Son Excellence Monsieur Moustapha Ndour, était reçu en audience par le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop pour passer en revue quelques domaines prioritaires de la coopération bilatérale. Peut-être que l’ambassadeur a confié au ministre sa volonté ardente de réaliser la construction du nouveau site de la représentation diplomatique sénégalaise à Bamako dont le terrain a été acquis depuis longtemps, mais que ses deux prédécesseurs ont eu beaucoup de mal à poser le moindre parpaing. Un mois après, soit le mardi 24 octobre 2023, il présentait ses lettres de créance au Président de la transition, Son Excellence le Général d’armée Assimi Goïta. Des trois diplomates, c’est donc Moustapha Ndour qui semble avoir géré le dossier dans ses complexités les plus troublantes. Confidentiel Afrique a tenté d’avoir sa version des faits, en vain.
Rappelons que c’est Assane Ndoye qui a acquis le terrain avec un homme d’affaires local à 500 millions de FCFA. L’énigmatique propriétaire, ayant appris qu’il ne peut jouir du côté sur l’avenue Kwame Nkrumah, alors qu’il comptait sur au moins une dizaine de magasins à louer sur cette belle avenue,, embrouilla l’ambassadeur Ndoye avec une histoire de 3 mètres à la devanture principale qui ne seraient pas inclus dans la vente.
Lorsque Birame Mbagnick Diagne arrive à Bamako, sa mission première est de faire avancer le dossier. Il n’y parviendra pas. Selon des informations crédibles obtenues par Confidentiel Afrique, l’ambassadeur Birame Mbagnick Diagne demande l’arrêt systématique des travaux pour une meilleure relecture sur certains points dudit contrat. On éteint les engins sur le site. Le temps d’y voir clair.
C’est ainsi que Moustapha Ndour qui avait réussi à faire sortir de terre la nouvelle ambassade du Sénégal à Nouakchott, fut désigné, dans une sorte de chaises musicales diplomatiques, pour remplacer Birame Mbagnick Diagne qui ira occuper son fauteuil en Mauritanie.
Moustapha Ndour travaille dur et arrive à se dépêtrer des problèmes liés au terrain pour constituer un dossier auprès des services de l’urbanisme de Bamako et se faire livrer le fameux visa n°26 par les services administratifs de la mairie de la Commune IV du District de Bamako le 30 avril 2023. Moustapha Ndour n’aura donc pas pu construire la nouvelle ambassade du Sénégal au Mali, préoccupé, comme il le fut, par l’organisation de l’élection présidentielle de mars 2024.
Le rapport du scandale du complexe diplomatique sur la table du Premier ministre Ousmane SONKO
Cet »éléphant blanc » de la gouvernance économique de Maky Sall jusqu’à l’avènement de la ministre des Affaires Étrangères Yacine FALL (régime Diomaye-Sonko) garde bien ses mystères. On sait que rien que le terrain, l’ambassadeur Assane Ndoye a englouti 500 millions, soit la totalité du budget annoncé par le ministre Mankeur Ndiaye en 2014. Selon des informations de Confidentiel Afrique, la facture d’un chantier « inexistant » depuis le lancement des travaux a grimpé à 2,8 milliards FCFA. Pourquoi l’omerta de tous les ministres successifs aux Affaires Étrangères sur ce projet de construction de complexe diplomatique au Mali? Une nébuleuse.
La toute nouvelle cheffe de la diplomatie sénégalaise, Yacine Fall a t-elle gardé sous le coude ce « scandale » qui donne du tournis et qui a atterri sur la table du Premier ministre Ousmane SONKO. Selon des informations exclusives obtenues par Confidentiel Afrique, le rapport de l’inspection des services des Affaires Étrangères vient d’être bouclé et transmis au cabinet du Premier ministre. Les contenus du rapport détaillé de cette inspection sont hilarants avec des dépenses astronomiques et »injustifiées »qui touchent même aux exécutions de crédits de paiement CP de la chancellerie sénégalaise à Bamako.
Au Ministère des Affaires Étrangères, des langues commencent à claquer pour dénoncer ces détournements d’objectifs aux allures de « banditisme financier ». Le malaise est profond, la boule sous la gorge, les diplomates au parfum de cette » affaire » qui pue sur l’axe Bamako- Dakar n’en reviennent pas.
Toutes choses qui ont obligé le ministère des Affaires Étrangères, apprend on, à retenir Son Excellence Monsieur Moustapha Ndour encore à Bamako, pourtant affecté comme Ambassadeur auprès de la République Fédérale d’Allemagne au mois de février dernier. Le temps des vérifications nécessaires.
Des cartons de documents de manipulations comptables de ce genre sont encore en cours d’aaudit renseignent des sources autorisées à Confidentiel Afrique au niveau de l’inspection des finances pour situer les responsabilités de
part et d’autre. Selon nos informations, le Président de la République Bassirou Diomaye Faye et son Premier Ministre Ousmane SONKO mis au parfum ont promis de sévir. Déjà des têtes seront emportées, vu la gravité de l’inspection des services des Affaires Étrangères avec l’affaire du complexe diplomatique du Sénégal au Mali.
Par Ismael AÏDARA et Oussouf DIAGOLA (Confidentiel Afrique)
Source : https://atlanticactu.com/ambassade-du-senegal-a-ba...