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Ambitions présidentielles: Khalifa Sall en clair-obscur

S’il y a quelqu’un dont l’avenir politique est plus ou moins clair, c’est bien celui de Khalifa Sall, maire Dakar et Secrétaire national à la vie politique. Au moment où tous les signaux et les supputations vont bon train et le désignent comme un adversaire de Macky Sall à la prochaine présidentielle, le principal concerné adopte une position mutique sur ses ambitions présidentielles : stratégie politique pour éviter les crocs-en-jambe ou tergiversations qui dénotent un manque de confiance en son destin présidentiel ? Analyse !


Rédigé par leral.net le Mardi 18 Novembre 2014 à 05:00 | | 5 commentaire(s)|

Ambitions présidentielles: Khalifa Sall en clair-obscur
Au sortir des locales où Khalifa Sall, le candidat sortant à la mairie de Dakar qui s’est démarqué de la Coalition Benno Bokk Yaakaar dont fait partie sa formation politique, le Parti socialiste (Ps), a raflé avec la Coalition Taxawu Ndakaru qu’il dirigeait la quasi-totalité des communes de Dakar (16 sur 19). Dakar constituant l’essentiel de l’électorat sénégalais, beaucoup d’observateurs se sont demandé si le maire de Dakar ne va pas optimiser un tel résultat électoral en se déplaçant sur le terrain présidentiel. Tout porte à le croire puisque l’entourage du maire de Dakar n’exclut pas une telle éventualité. Déjà des mouvements de soutien à Khalifa, antérieurs aux élections locales, et d’autres en gestation laissent croire que ses proches se préparent pour porter la candidature de leur mentor à la prochaine présidentielle.

D’ailleurs du côté du pouvoir, Macky Sall et ses partisans s’attendent tellement à cette éventualité qu’ils ont procédé à une réforme du code des collectivités locales pour mettre en place l’Acte III de la décentralisation. Lequel acte fragilise le maire et le dépouille de beaucoup de ses pouvoirs en tant que puissant maire de Dakar. D’ailleurs des députés proches de Tanor comme Barthelemy Dias ont voté l’Acte III de la Décentralisation alors que Khalifa Sall déplorait le fait que qu’aucune position consensuelle engageant le Ps n’a été discuté au préalable dans leurs instances. Seule la députée socialiste Aminata Diallo (pro-Khalifa) a pris le contrepied de ses collègues du Ps.

La pierre d’achoppement de Benno Bokk Yaakaar

Avec les communes de plein exercice, Khalifa ne pourra être le super patron des édiles des communes de Dakar dont certaines dépendaient financièrement de lui. Aujourd’hui l’éclairage de l’autoroute qui fait défaut et le blocage du pavage de Dakar montrent que le maire de Dakar n’a plus les coudées comme dans le précédent magistère. Malgré cette lutte en sourdine que lui mène le pouvoir, ses partisans au sein du Ps comme en dehors ne déchantent pas. Objectif : 2017 avec Khalifa Sall et le Taxawu Senegaal.

Mais l’autre pierre d’achoppement vient de son propre parti. Certains ont vu en la réélection d’Ousmane Tanor Dieng à la tête du Secrétariat général du Ps comme une manière sournoise de contrecarrer les ambitions présidentielles du maire de Dakar. Car Si ce dernier était porté à la tête du Ps, cette position lui aurait donné plus de visibilité et de légitimité pour se porter candidat à la prochaine. C’est pourquoi, dans la sphère socialiste, certains militants avancent à tort ou à raison que Tanor serait le cheval de Troie Macky Sall pour inhiber ou fragiliser toute initiative de Khalifa Sall allant dans le sens de porter candidat aux futures joutes présidentielles. Ses relations tendues avec Tanor datent après les locales de 2009 surtout quand il s’est agi de choisir le candidat socialiste à la présidentielle de 2012. Khalifa devait être le candidat alternatif consensuel au cas où le scénario de 2007 se serait reproduit c'est-à-dire qu’il n’y aurait pas de consentement sur le choix du candidat unique de l’opposition. Mais il se susurre que c’est Tanor, son camarade de parti, qui aurait fait capoter ce projet alternatif contrairement à Moustapha Niasse qui était consentant.

C’est ainsi que le maire de Dakar, écarté de la direction de campagne du candidat socialiste lors de la présidentielle de 2012, a battu timidement campagne pour Tanor, lequel se sera classé, au premier tour, 4e homme politique à Dakar après Abdoulaye Wade, Macky Sall et Moustapha Niasse. Ce résultat humiliant est perçu comme un véritable camouflet pour le premier parti qui gouverne à Dakar. Après l’élection de Macky Sall à la présidence de la République, Khalifa Sall, pour mieux avoir politiquement les coudées franches, n’a pas accepté de se faire remorquer par la locomotive polychrome de Bennoo Bokk Yaakaar lors des législatives. Si Tanor réaffirme toujours son ancrage au sein de cette coalition de coalitions, Khalifa Sall opte pour une démarche solipsiste contraire. "Macky Sall n’a pas besoin d’être encombré par sa majorité. Chacun doit retourner dans son parti, le réorganiser et le redynamiser", a-t-il martelé comme pour flétrir ces leaders qui suivent le président comme leurs caudataires.

L’attitude floue de Tanor et la posture mutique de Khalifa

Aujourd’hui, l’avenir politique de Khalifa Sall surtout à l’élection de 2017 semble être compromis par l’attitude floue de Tanor qui refuse de clarifier sa position à propos de la prochaine présidentielle. Une telle posture de Tanor, les proches du maire de Dakar ne sauraient l’accepter parce que, pour eux, le Ps est actuellement dans une position figée voire ambiguë qui ne lui permet pas de gagner la prochaine présidentielle.

Pour une question de cohérence politique, certains socialistes ont considéré que la présence de Tanor auprès de Macky Sall jusqu’en 2017 peut compromettre tout candidat déclaré au nom du Ps. C’est pourquoi, ils préconisent que le rassemblement gagnant de Khalifa Sall aux locales de 2014 soit amélioré, élargi afin de fédérer toutes les forces vives qui aspirent à une alternance en 2017. Une candidature estampillée Ps passerait très mal aux yeux d’une opinion nationale qui a désavoué encore la formation socialiste aux dernières élections. C’est pourquoi Khalifa doit nationalement reconduire la formule des locales qui a rassemblé plusieurs sensibilités politiques et apolitiques.

Mais nonobstant le soutien de ses partisans et autres dénigrements de ses contempteurs, Khalifa Sall adopte encore une posture mutique et maintient encore le flou et le doute sur ses véritables ambitions présidentielles. Adopte-t-il, pour mieux surprendre son principal adversaire, cette maxime de son mentor Léopold Sédar Senghor qui disait que "celui qui guette ne doit pas tousser" ? Ou bien manque-t-il encore de confiance en ses capacités de venir à bout de l’actuel président qui est en train de mettre les bouchées doubles pour maximiser ses chances en 2017 ? Autant de questions qui certainement livreront leurs réponses à mesure qu’on s’approche de l’échéance fatidique de 2017.

Le Témoin