Certains jours valent plus cher que d’autres. En soixante-douze heures, Apple a gagné 8,5 milliards de dollars (7,5 milliards d’euros). En vingt-quatre heures, le suisse Glencore en a perdu plus de 6 milliards de sa valeur en Bourse. Le groupe californien a inauguré en fanfare la nouvelle version de son téléphone vedette. Il a vendu le week-end du 26-27 septembre près de 13 millions d’iPhone 6s et 6s Plus. C’est 30 % de mieux que la version précédente sortie en 2014.
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Une bonne nouvelle pour Tim Cook, le PDG d’Apple, face au scepticisme de la communauté financière. L’appareil n’est pas une révolution technologique et pourtant sa capacité de séduction reste intacte. Cela prouve le talent marketing de la marque à la pomme. Au lieu de céder aux sirènes de la facilité en baissant le prix de ses smartphones pour conquérir de nouveaux marchés, Apple a préféré consolider sur son image haut de gamme.
Pari réussi. C’était d’autant moins évident que l’objectif stratégique du groupe en 2015 était de conquérir la Chine face à la concurrence la plus difficile et la moins chère du monde. Près de 2,5 millions de Chinois se sont pressés dans les magasins de la marque, et dans les innombrables échoppes pirates qui ont fleuri instantanément, pour s’offrir le précieux appareil. Malmenée par ces temps de doute, la classe moyenne chinoise a encore du ressort.
Timing stratégique désastreux
Ainsi va le capitalisme de ce début de siècle, d’emportements en effondrements. Celui de Glencore, par exemple, qui paye au prix fort, probablement celui de son existence même, un timing stratégique désastreux. Premier courtier mondial de matières premières, la société a choisi de se marier en 2013 avec le groupe minier Xstrata. Le marchand chaussait les bottes du mineur pour profiter au maximum du « supercycle » des matières premières qui portait toujours plus haut les cours du cuivre, du zinc ou de l’alumine.
L’année 2015 a sonné l’heure du retournement. La Chine a réduit sa demande au moment même où entrent en production de nouvelles mines dans le monde entier. Construit sur une montagne de dettes, le groupe n’est plus qu’un château de cartes à la merci des mauvais vents venus d’Asie. Depuis le début de l’année, l’action Glencore à perdu plus de 70 % de sa valeur.
À l’heure où de nouveaux empires se construisent sur le mirage de l’argent bon marché, grâce aux politiques accommodantes des banques centrales, l’avertissement est à prendre au sérieux. Le secteur des matières premières est en première ligne. Mais il ne sera pas le seul. On voit refleurir depuis quelques années des montages financiers à fort effet de levier, les fameux LBO.
Avec un mot d’ordre, la restructuration permanente pour réduire les coûts et la croissance par acquisition. Où est la création de valeur ? On lui préféra toujours les innovateurs d’où qu’ils viennent, même si les smartphones, comme les arbres, ne monteront pas jusqu’au ciel.
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