C’est ce matin que le président de la République, Me Abdoulaye Wade, inaugure le nouveau Pont Faidherbe de Saint-Louis et dont la durée de vie minimale est estimée à 50 ans. Il faut rappeler que les travaux de cet ouvrage ont duré trente mois pour un coût global de près de 18 milliards de francs Cfa. Ce remplacement à l’identique permet de rendre plus sûre la traversée du fleuve sur les 515 mètres. Les travaux ont été réalisés par un appui financier de l’Agence française de développement (Afd) avec des offrandes à Mame Coumba Bang, le génie tutélaire. Pour la circonstance, des activités culturelles de haute facture sont prévues sur la place Faidherbe.
Conçu entre 1894 et 1897, le Pont Faidherbe fait la fierté de plus d’un Saint-Louisien. Seul cordon ombilical reliant l’Ile et le faubourg du Sor, cette superstructure métallique, de 515 mètres de long et de 6,20 mètres de large, n’a cessé de faire planer un climat d’insécurité notoire. Sa dégradation avancée n’a laissé personne indifférent. Après moult demandes de réhabilitation, la ville tricentenaire a eu une réponse favorable à sa requête. Lors de sa visite à Saint-Louis en février 2005, le président d’alors de la France, Jacques Chirac, donnait une réponse positive à la demande du président Abdoulaye Wade de reconstruire le Pont Faidherbe.
Après 114 ans d’existence, le Pont Faidherbe fut entièrement réhabilité pour un coût global de 18 milliards de Fcfa. Soit un soutien de l’Agence française de développement à hauteur de 12,1 millions d’Euros (près de huit milliards de francs Cfa). Trois phases ont permis la renaissance du Pont. Le lot 1 consistait à remplacer la superstructure métallique. Le lot 2 concernait la peinture anticorrosion. Le renouvellement du mécanisme de la travée tournante de la conduite d’eau sous fluviale et de l’éclairage publique architectural sont les composants du troisième lot. Les travaux ont été lancés le 28 novembre 2008. C’est après 18 mois de manœuvre, que la dernière travée, la travée 7 eut l’opportunité de quitter sa place d’antan. La première opération de ripage s’est effectuée dans la nuit du samedi 12 au dimanche 13 juin 2010. La T 6 suivra dans la nuit du 24 au 25 juillet 2010. Après la T5, le 14 novembre 2010, la travée T4 tira sa révérence. L’installation de la troisième travée interviendra le 18 septembre 2010. La seconde travée a été remplacée au-dessus du fleuve Sénégal. Puis il s’en est suivi une opération d’ouverture de la travée qui commande la navigation du fleuve. Ce remplacement a nécessité 48 heures de fermeture du Pont. La travée T1, la plus petite, située vers l’Ile, fut remplacée durant le week-end du 23 au 24 juillet dernier.
L’onction de Mame Coumba Bang…
Bœufs, moutons, poulets, colas, lait caillé. Nombreux sont les sacrifices et offrandes qui ont été faits à Mame Coumba Bang, génie tutélaire de Saint-Louis et maître du fleuve. ‘Sarakhou dekhgui’ ou offrande du fleuve, la tradition n’a pas été en reste durant la construction du joyau des Saint-Louisiens. Quoique les travaux fussent réalisés par des entreprises françaises, la tradition aura été respectée de bout en bout des travaux. Trois grands sacrifices ont été effectués. Le premier grand sacrifice a été réalisé avant l’entame des travaux. Comme pour demander la permission au génie tutélaire. Un bœuf, sept moutons et 14 poulets ont servi d’offrande à Mame Coumba Bang. Un repas ‘gargantuellique’. Des noix de cola, du lait caillé, ainsi que du ‘Thiakry’, tout en quantité importante lui auront servi de dessert.
‘Ces sacrifices n’auront pas été faits au hasard. Nous nous sommes référés aux familles qui ont l’habitude de s’occuper de ces aumônes. La famille Ndoumbou Téné, les Bambaras (qui est une famille éparse, une partie à Khor, à Ndiolofène et même jusqu’à Thiès). On a, par la suite, informé le noyau central et on les a regroupés pour leur présenter nos vœux. On a joué le jeu’, nous a confié Alioune Badara Diagne ‘Golbert’. A côté de ces sacrifices, des récitals de Coran étaient souvent formulés. Et pour cela, plus d’une dizaine de Daara étaient sollicités pour psalmodier les saintes écritures, dit M. Diagne.
A mi-parcours, il a fallu procéder à d’autres sacrifices, toujours sous indication de cette famille de Ndoumbou Téné. Ce fut le même menu. Un bœuf, deux moutons, huit poulets, du Thiakry, de la cola. ‘On a tué le bœuf sur le Pont, on l’a dépecé, et on a récupéré tout le sang. Les poulets et une bonne partie de la viande ont été jetés dans le fleuve. Une autre partie du bœuf a été récupérée et mise par tas d’un à deux kilogrammes en aumône remis aux ayants droit, les véritables nécessiteux. Mais tout s’est fait dans la discrétion’, ajoute M. Diagne. Réputé être la maison de Mame Coumba Bang, la travée tournante a reçu la part la plus importante de sacrifice. ‘On a fait le grand jeu’, soutient Alioune Badara Diagne. Le plus grand bœuf fut égorgé au plaisir de l’esprit du fleuve. ‘On acquérait le bœuf entre 200 mille et 350 mille Fcfa’, dit-il.
Les sacrifices se faisaient les après-midi entre 15 h et 16 h dans un coin de réception de séances de Ndeup, situé au quartier de Balacoss. ‘Ensuite, on prenait tout pour venir sur le Pont. Là-bas, on restait pendant deux heures voire trois heures de temps. Parfois de 17 h jusqu’à 20 h. Mais il y avait tous les dispositifs sécuritaires pour qu’il n’y ait pas d’imprévus’, soutient M. Diagne. ‘Nous rendons grâce à Dieu qui nous a permis de réaliser une œuvre de cette envergure sans incident. C’est comme qui dirait qu’Allah a dit ‘Oui’ et que Mame Coumba Bang a donné sa bénédiction’. A la fin des travaux, après la pose de la dernière travée, il y a eu un récital de Coran pour rendre grâce à Dieu.
Aïda Coumba DIOP
walf.sn
Conçu entre 1894 et 1897, le Pont Faidherbe fait la fierté de plus d’un Saint-Louisien. Seul cordon ombilical reliant l’Ile et le faubourg du Sor, cette superstructure métallique, de 515 mètres de long et de 6,20 mètres de large, n’a cessé de faire planer un climat d’insécurité notoire. Sa dégradation avancée n’a laissé personne indifférent. Après moult demandes de réhabilitation, la ville tricentenaire a eu une réponse favorable à sa requête. Lors de sa visite à Saint-Louis en février 2005, le président d’alors de la France, Jacques Chirac, donnait une réponse positive à la demande du président Abdoulaye Wade de reconstruire le Pont Faidherbe.
Après 114 ans d’existence, le Pont Faidherbe fut entièrement réhabilité pour un coût global de 18 milliards de Fcfa. Soit un soutien de l’Agence française de développement à hauteur de 12,1 millions d’Euros (près de huit milliards de francs Cfa). Trois phases ont permis la renaissance du Pont. Le lot 1 consistait à remplacer la superstructure métallique. Le lot 2 concernait la peinture anticorrosion. Le renouvellement du mécanisme de la travée tournante de la conduite d’eau sous fluviale et de l’éclairage publique architectural sont les composants du troisième lot. Les travaux ont été lancés le 28 novembre 2008. C’est après 18 mois de manœuvre, que la dernière travée, la travée 7 eut l’opportunité de quitter sa place d’antan. La première opération de ripage s’est effectuée dans la nuit du samedi 12 au dimanche 13 juin 2010. La T 6 suivra dans la nuit du 24 au 25 juillet 2010. Après la T5, le 14 novembre 2010, la travée T4 tira sa révérence. L’installation de la troisième travée interviendra le 18 septembre 2010. La seconde travée a été remplacée au-dessus du fleuve Sénégal. Puis il s’en est suivi une opération d’ouverture de la travée qui commande la navigation du fleuve. Ce remplacement a nécessité 48 heures de fermeture du Pont. La travée T1, la plus petite, située vers l’Ile, fut remplacée durant le week-end du 23 au 24 juillet dernier.
L’onction de Mame Coumba Bang…
Bœufs, moutons, poulets, colas, lait caillé. Nombreux sont les sacrifices et offrandes qui ont été faits à Mame Coumba Bang, génie tutélaire de Saint-Louis et maître du fleuve. ‘Sarakhou dekhgui’ ou offrande du fleuve, la tradition n’a pas été en reste durant la construction du joyau des Saint-Louisiens. Quoique les travaux fussent réalisés par des entreprises françaises, la tradition aura été respectée de bout en bout des travaux. Trois grands sacrifices ont été effectués. Le premier grand sacrifice a été réalisé avant l’entame des travaux. Comme pour demander la permission au génie tutélaire. Un bœuf, sept moutons et 14 poulets ont servi d’offrande à Mame Coumba Bang. Un repas ‘gargantuellique’. Des noix de cola, du lait caillé, ainsi que du ‘Thiakry’, tout en quantité importante lui auront servi de dessert.
‘Ces sacrifices n’auront pas été faits au hasard. Nous nous sommes référés aux familles qui ont l’habitude de s’occuper de ces aumônes. La famille Ndoumbou Téné, les Bambaras (qui est une famille éparse, une partie à Khor, à Ndiolofène et même jusqu’à Thiès). On a, par la suite, informé le noyau central et on les a regroupés pour leur présenter nos vœux. On a joué le jeu’, nous a confié Alioune Badara Diagne ‘Golbert’. A côté de ces sacrifices, des récitals de Coran étaient souvent formulés. Et pour cela, plus d’une dizaine de Daara étaient sollicités pour psalmodier les saintes écritures, dit M. Diagne.
A mi-parcours, il a fallu procéder à d’autres sacrifices, toujours sous indication de cette famille de Ndoumbou Téné. Ce fut le même menu. Un bœuf, deux moutons, huit poulets, du Thiakry, de la cola. ‘On a tué le bœuf sur le Pont, on l’a dépecé, et on a récupéré tout le sang. Les poulets et une bonne partie de la viande ont été jetés dans le fleuve. Une autre partie du bœuf a été récupérée et mise par tas d’un à deux kilogrammes en aumône remis aux ayants droit, les véritables nécessiteux. Mais tout s’est fait dans la discrétion’, ajoute M. Diagne. Réputé être la maison de Mame Coumba Bang, la travée tournante a reçu la part la plus importante de sacrifice. ‘On a fait le grand jeu’, soutient Alioune Badara Diagne. Le plus grand bœuf fut égorgé au plaisir de l’esprit du fleuve. ‘On acquérait le bœuf entre 200 mille et 350 mille Fcfa’, dit-il.
Les sacrifices se faisaient les après-midi entre 15 h et 16 h dans un coin de réception de séances de Ndeup, situé au quartier de Balacoss. ‘Ensuite, on prenait tout pour venir sur le Pont. Là-bas, on restait pendant deux heures voire trois heures de temps. Parfois de 17 h jusqu’à 20 h. Mais il y avait tous les dispositifs sécuritaires pour qu’il n’y ait pas d’imprévus’, soutient M. Diagne. ‘Nous rendons grâce à Dieu qui nous a permis de réaliser une œuvre de cette envergure sans incident. C’est comme qui dirait qu’Allah a dit ‘Oui’ et que Mame Coumba Bang a donné sa bénédiction’. A la fin des travaux, après la pose de la dernière travée, il y a eu un récital de Coran pour rendre grâce à Dieu.
Aïda Coumba DIOP
walf.sn