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Après la sortie de Mansour Faye: Les transporteurs passent à la vitesse supérieure


Rédigé par leral.net le Mercredi 4 Mai 2022 à 12:55 | | 0 commentaire(s)|

Après la sortie de Mansour Faye: Les transporteurs passent à la vitesse supérieure
Après les graves accidents survenus à Sibassor (Kaolack) et à Tattaguine (Fatick), le ministre des Transports terrestres Mansour Faye avait accusé les transporteurs et chauffeurs, comme seuls responsables de ce génocide routier. De l’autre côté de la route, la réplique ne s’est faite pas attendre ! Dans un communiqué conjoint, le Collectif des Acteurs des Transports routiers du Sénégal (Catrs), la Coordination des Professionnels des Transports Routiers du Sénégal (Cptrs) et la Commission transport au Groupement Économique du Sénégal (Ges), se sont défoulés sur le ministre Mansour Faye.

Comme le disaient les étudiants, les acteurs du transport ont appuyé sur l’accélérateur de la colère, pour passer à la « vitesse supérieure ». Pour eux, le discours « lamentable » de Mansour Faye n’a pas vraiment changé. Il n’y a pas de nouveauté dans ses propos. Ce sont toujours les acteurs des transports qui sont mis au banc des accusés, se désolent-ils.

« Nous l’avons entendu dire que des mesures seront prises sans état d’âme et que l’Etat ne reculera pas là-dessus. Nous estimons que cela ne sert à rien d’avoir cette position de guerrier. Le problème est ailleurs. Limiter les heures de circulation des bus et des camions, ce n’est pas la solution. Concernant le permis à points, il (Ndlr, le ministre) sait bien lui-même que cela ne peut pas se faire d’ici 3 ans. Donc, il ne faut pas que, dans l’empressement, il nous fasse du n’importe quoi, comme un permis à points ‘’Made in Sénégal’’.

Nous, les acteurs des transports routiers, nous n’avons pas beaucoup d’espoir sur ces politiques qui vont être mises en place, pour la simple raison que l’Etat du Sénégal ne reconnaît pas sa responsabilité dans les accidents, car tout est mis sur le dos du chauffeur. Donc à quoi bon appeler les gens ? La tutelle n’a qu’à mettre les mesures en place et juger de l’efficacité de leur impact
», lit-on dans le communiqué.

Toujours en réaction aux propos du ministre des Transports terrestres, les acteurs de la route s’interrogent sur les infrastructures de dernière génération dont se glorifie Mansour Faye. « Alors que toutes ces infrastructures sont identiques à celles de la période précoloniale, de qui se moque-t-on ? Mais, comme ils sont la force légitime et qu’ils annoncent des concertations avec les acteurs du secteur des Transports terrestres, nous les attendons au tournant. Les Sénégalais jugeront de l’efficacité des mesures qu’ils vont prendre. Nous devons, toutefois, reconnaître que nous sommes encore loin de la voie pour régler les accidents », admettent quand même ces acteurs des transports routiers.

Selon le Collectif des Acteurs des Transports routiers du Sénégal (Catrs), de la Coordination des Professionnels des Transports Routiers du Sénégal (Cptrs) et de la Commission transport au Groupement Économique du Sénégal (Ges), le ministre des Transports Mansour Faye veut que des véhicules ne circulent plus la nuit. Et c’est comme si cela voulait dire que ces acteurs n’ont pas les aptitudes nécessaires de rouler la nuit. « Non ! Nous pensons qu’un bon chauffeur doit être capable de conduire de jour comme de nuit. Cela démontre de la pertinence de la création de ce Centre de formation aux métiers du transport qu’on leur avait demandé de mettre en place.

A ce jour, nous avons comptabilisé pas moins d’une cinquantaine de pertes en vie humaines sur nos routes, rien qu’en ce premier semestre de l’année 2022. Ces morts nous obligent, au nom de tous les acteurs, à nous incliner devant la mémoire des disparus. Près d’une cinquantaine de victimes décédées des suites d’un accident de la route, cela constitue un triste bilan, quand on sait les conséquences énormes qui s’en suivent. Nos sincères condoléances aux familles des victimes
», consentent quand même à s’émouvoir ces acteurs, tout en reconnaissant qu’il est toujours regrettable de voir un accident.

« Nous, professionnels des transports routiers, nous avions toujours estimé qu’il était bon, concernant les accidents, qu’on les considère comme un problème national. Un problème qui interpelle plusieurs secteurs. Mais, que ce soit l’Etat, les autres partenaires ou nous, personne n’a intérêt à ce qu’on se renvoie la balle. Chacun d’entre nous doit reconnaître sa part de responsabilité dans ce qui arrive et se demander que faire pour que plus jamais ne se reproduise un accident sur nos routes.

Dans ses propos, le ministre Mansour Faye a estimé que ces accidents mortels sont le fruit d’une défaillance humaine, tout simplement. Parce que, selon lui, les routes sont en bon état. Les véhicules n’ont pas de défaillance technique. Et que c’est donc à cause d’une défaillance humaine que se sont produits ces accidents mortels. Nous regrettons, fort bien, le fait qu’à chaque fois qu’on enregistre un accident, les chauffeurs soient indexés. Autant la responsabilité des chauffeurs peut être engagée dans un accident, autant la vétusté du véhicule ou même de l’infrastructure routière, peut être susceptible de provoquer des accidents de la route
», regrettent les acteurs du transport, avant de déplorer que les routes de Mansour Faye aient les mêmes largeurs que celles de l’époque coloniale.

« Combien y avait-il de véhicules pendant cette période coloniale ? Combien y en a-t-il aujourd’hui ? Nous avons des camions qui font 13 m de long. Nous comptons plusieurs milliers de véhicules en circulation. Nous pouvons même dire que s’il y en avait 1 000 000, aujourd’hui, on en compterait 10 ou 15 millions. Et vous voulez que cette même infrastructure qui accueille ces mêmes véhicules, puisse être conforme aux normes ? Il y a des routes fréquentées au Sénégal où il faut 2x2 voies (deux fois deux voies) pour éradiquer les accidents de circulation. A défaut, on aura beau essayer d’éradiquer les accidents, mais on n’y parviendra jamais », s’insurgent les professionnels des transports routiers dans leur communiqué.





Le Témoin

Ndèye Fatou Kébé