Il fait bon mettre de l’encens dans une demeure. Et plus encore lorsque le froid glace les os. Excellent aphrodisiaque pour maintenir son homme à la maison, l’encens, source de réconfort dans les chaumières et les cœurs, reste un allié très sûr des femmes en cette période de fraîcheur. Si elles utilisent le «cùuraay» pour garder leur homme à la maison, ces derniers n’en sont pas moins des affidés, flattés de ces attentions gracieusement offertes par les épouses. « Gawal watieuma, songoma, kouma niémé, teud diotna, sarkhatan, soufou médina, tiopet, lalalé, fayal lampbi, sanounoukh nanakh... ». Ces inscrip¬tions, aussi provocantes les unes que les autres, sont bien en évi¬dence sur des seaux exposés sur le comptoir de la boutique d’Alé Fall, spécialisé dans la vente de Thiouraye (encens), parfums, encensoirs, etc. Les cocktails d’en¬cens n’ont plus de secret pour lui. Dissimulé sous un sachet en plastique, à côté du comptoir, tout un arsenal de pommades, de savons et de gels : « Celui-là sert à rendre la femme plus étroite, ces savons sont à utili¬ser quelques heures, avant les rap¬ports, je l’ai déjà essayé, c’est exquis... ».
Du « titre foncier à la mayo», chacune y trouve son goût
Nombreuses sont-elles à pratiquer cette «religion», si l’on tient compte de l’affluence dans les différentes boutiques spécialisées dans la vente de parfum et d’encens au marché des HLM. Du «bùl doff» au «laalaalé» en passant par le «nakk», le «titre foncier», le «xéerù Makka», le «sùtùra» et la «mayonnaise»pour les aisselles, chacune y va de sa préférence pour flatter l’odorat de son homme. Alé Fall, gérant du magasin Djeddah cùuraay au marché Hlm - une boutique spécialement réservée à la vente d’encens-, confie que sa clientèle privilégiée demeure la gent féminine. «À 95%», avoue t-il. Avec des prix variant de 1.500 à 10.000 Fcfa, chacune réussit à y trouver son compte, selon ses préférences. Et pour Alé Fall, «on arrive à bien vendre nos produits car ce sont de bons articles qui viennent directement de Djeddah ». Il ne faut cependant pas croire que l’utilisation de l’encens est réservée au cercle restreint des femmes «ordinaires». Les vendeurs rencontrés fournissent ainsi de grands noms du paysage artistique comme certaines grosses pointures de la musique sénégalaise. Comme quoi, tout le monde peut avoir besoin d’un petit coup de pouce et d’un filet d’encens pour réchauffer sa chaumière!
Quand ça caille grave, «le némali ba mou né nemm» s’impose
Créées pour les goûts les plus variés, les préparations du cùuraay sont une opération qui requiert flair et dextérité. Fatou Konaté en sait un bout. «Dès que le froid commence à poindre à l’horizon, je pars m’ «armer» en différentes sortes d’encens et je concocte moi-même mes mélanges. Avec ce froid, il faut que je fasse du «némali ba mù né nemm». Quant à cette autre qui a requis l’anonymat et qui se dit profane en la matière, elle préfère confier cette tâche aux bons soins d’un spécialiste. «Je suis une adepte de l’encens, cela me permet de garder de la chaleur dans ma chambre et cela sent bon. J’ai donc demandé au garçon de me préparer de l’encens pour une valeur de 25.000 Fcfa.» Cette préparation qui a requis pas moins de 18 bouteilles de parfum liquide, en plus du «nakk» et d’autres ingrédients fera à coup sûr une bonne réserve pour le froid. Si rien ne prouve scientifiquement l’efficacité de l’encens sur l’être humain, les hommes mariés semblent bien en connaître les bienfaits. Avec ces basses températures qu’affiche le thermomètre, les célibataires ont intérêt à trouver encens à leur nez.
Le «Gongo» a la côte
De tous les « némali » (encens), Madani Bâ, comptable, préfère le «gongo ». «Avec ce froid de canard, j’y ai droit chaque jour. Quand je rentre le soir, toute la maison sent bon. C’est la première chose qui me frappe». Ces senteurs, poursuit M. Bâ, donnent de l’appétit et l’envie d’aller vite au lit. «Les rues sont désertes et, il règne un calme monacal, tout le contraire en période de chaleur».
Avec son stock de «koth», «nak», boulettes, «sarkhatan», Khady Déme, enseignante, est parée pour le froid, son époux surtout. «Je rentre plus tôt que d’habitude pour m’occuper de tout cela. Je dispose de parfum de chambre que je mets sous l’oreiller mais aussi du «lalalé» pour les draps, ce qui fait que cela sent bon partout. Et là, ma chère, je suis parée pour le combat» lance t-elle coquine. Les célibataires qui tardent à trouver chaussure à leurs pieds sont aussi des adeptes de ces effluves ensorcelantes. «Je n’ai pas encore d’époux mais en bonne jeune fille «djongué», je fais du «neubeul» pendant la saison chaude et une fois le froid venu, j’en mets à volonté pour parfumer ma chambre mais aussi pour faire plaisir à mon petit ami qui adore cela. Malgré le désaccord de ma mère qui dit cela provoque des «farou rabb» confie Astou Diop, vingt-sept ans.
Daba Seye, la trentaine, domici¬liée à Guédiawaye nous confie ses astuces pour garder l’odeur de l’encens dans sa chambre toute la nuit. «Pour garder ma chambre bien chaude et embaumée toute la nuit, je mets d’abord du «gowé ou du diguidjé» dans l’encensoir, pour chauffer la pièce, j’attends que cela s’imprègne bien, avant de mettre du «thiouraye».
Attention au «biddênti»
Chaque année, des nouveautés d’encens, généralement en prove¬nance de Dubaï, Djedda et de Médine sont sur le marché. Ils n’ont pas encore été baptisés aux couleurs locales et gardent leurs appellations, qui figurent sur les emballages. Red Rose, Mâle Koweït, Gassaline, Like me, Touch me, Binr A1 Arab... rien que pour le bonheur des sens. Dans de jolis emballages en aluminium, ils coû¬tent entre 1500 et 3000 francs.
Quoiqu’avec la fraîcheur, atténuée par quelques nuages, l’encens cause parfois bien des désagréments comme la grasse matinée involontaire (biddênti). Dur, dur de se tirer du lit en période de froid. Les rendez- vous s’en trouvent décalés et les horaires ne sont plus respectés. «Cheuuteuteuteut!» s’exclame ce jeune homme. «Se lever le matin avec ce froid de canard, c’est carrément pénible. En ce qui me concerne, c’est trop difficile et parfois, il m’arrive d’être en retard au bureau. Surtout si mon épouse, espiègle comme elle est, met de l’encens le matin dès l’aube. Alors là, je n’ai plus qu’une seule envie : plonger dans les draps et me rendormir». Comme quoi dans la chaleur des draps, on en oublie l’heure. Alors, Messieurs, faites gaffe aux senteurs hypnotisantes exhalées dans la fraîcheur de la nuit, le réveil risque d’être brutal. A bon entendeur… gongo !!!
Ndèye Fatou SECK 24h Chrono
Du « titre foncier à la mayo», chacune y trouve son goût
Nombreuses sont-elles à pratiquer cette «religion», si l’on tient compte de l’affluence dans les différentes boutiques spécialisées dans la vente de parfum et d’encens au marché des HLM. Du «bùl doff» au «laalaalé» en passant par le «nakk», le «titre foncier», le «xéerù Makka», le «sùtùra» et la «mayonnaise»pour les aisselles, chacune y va de sa préférence pour flatter l’odorat de son homme. Alé Fall, gérant du magasin Djeddah cùuraay au marché Hlm - une boutique spécialement réservée à la vente d’encens-, confie que sa clientèle privilégiée demeure la gent féminine. «À 95%», avoue t-il. Avec des prix variant de 1.500 à 10.000 Fcfa, chacune réussit à y trouver son compte, selon ses préférences. Et pour Alé Fall, «on arrive à bien vendre nos produits car ce sont de bons articles qui viennent directement de Djeddah ». Il ne faut cependant pas croire que l’utilisation de l’encens est réservée au cercle restreint des femmes «ordinaires». Les vendeurs rencontrés fournissent ainsi de grands noms du paysage artistique comme certaines grosses pointures de la musique sénégalaise. Comme quoi, tout le monde peut avoir besoin d’un petit coup de pouce et d’un filet d’encens pour réchauffer sa chaumière!
Quand ça caille grave, «le némali ba mou né nemm» s’impose
Créées pour les goûts les plus variés, les préparations du cùuraay sont une opération qui requiert flair et dextérité. Fatou Konaté en sait un bout. «Dès que le froid commence à poindre à l’horizon, je pars m’ «armer» en différentes sortes d’encens et je concocte moi-même mes mélanges. Avec ce froid, il faut que je fasse du «némali ba mù né nemm». Quant à cette autre qui a requis l’anonymat et qui se dit profane en la matière, elle préfère confier cette tâche aux bons soins d’un spécialiste. «Je suis une adepte de l’encens, cela me permet de garder de la chaleur dans ma chambre et cela sent bon. J’ai donc demandé au garçon de me préparer de l’encens pour une valeur de 25.000 Fcfa.» Cette préparation qui a requis pas moins de 18 bouteilles de parfum liquide, en plus du «nakk» et d’autres ingrédients fera à coup sûr une bonne réserve pour le froid. Si rien ne prouve scientifiquement l’efficacité de l’encens sur l’être humain, les hommes mariés semblent bien en connaître les bienfaits. Avec ces basses températures qu’affiche le thermomètre, les célibataires ont intérêt à trouver encens à leur nez.
Le «Gongo» a la côte
De tous les « némali » (encens), Madani Bâ, comptable, préfère le «gongo ». «Avec ce froid de canard, j’y ai droit chaque jour. Quand je rentre le soir, toute la maison sent bon. C’est la première chose qui me frappe». Ces senteurs, poursuit M. Bâ, donnent de l’appétit et l’envie d’aller vite au lit. «Les rues sont désertes et, il règne un calme monacal, tout le contraire en période de chaleur».
Avec son stock de «koth», «nak», boulettes, «sarkhatan», Khady Déme, enseignante, est parée pour le froid, son époux surtout. «Je rentre plus tôt que d’habitude pour m’occuper de tout cela. Je dispose de parfum de chambre que je mets sous l’oreiller mais aussi du «lalalé» pour les draps, ce qui fait que cela sent bon partout. Et là, ma chère, je suis parée pour le combat» lance t-elle coquine. Les célibataires qui tardent à trouver chaussure à leurs pieds sont aussi des adeptes de ces effluves ensorcelantes. «Je n’ai pas encore d’époux mais en bonne jeune fille «djongué», je fais du «neubeul» pendant la saison chaude et une fois le froid venu, j’en mets à volonté pour parfumer ma chambre mais aussi pour faire plaisir à mon petit ami qui adore cela. Malgré le désaccord de ma mère qui dit cela provoque des «farou rabb» confie Astou Diop, vingt-sept ans.
Daba Seye, la trentaine, domici¬liée à Guédiawaye nous confie ses astuces pour garder l’odeur de l’encens dans sa chambre toute la nuit. «Pour garder ma chambre bien chaude et embaumée toute la nuit, je mets d’abord du «gowé ou du diguidjé» dans l’encensoir, pour chauffer la pièce, j’attends que cela s’imprègne bien, avant de mettre du «thiouraye».
Attention au «biddênti»
Chaque année, des nouveautés d’encens, généralement en prove¬nance de Dubaï, Djedda et de Médine sont sur le marché. Ils n’ont pas encore été baptisés aux couleurs locales et gardent leurs appellations, qui figurent sur les emballages. Red Rose, Mâle Koweït, Gassaline, Like me, Touch me, Binr A1 Arab... rien que pour le bonheur des sens. Dans de jolis emballages en aluminium, ils coû¬tent entre 1500 et 3000 francs.
Quoiqu’avec la fraîcheur, atténuée par quelques nuages, l’encens cause parfois bien des désagréments comme la grasse matinée involontaire (biddênti). Dur, dur de se tirer du lit en période de froid. Les rendez- vous s’en trouvent décalés et les horaires ne sont plus respectés. «Cheuuteuteuteut!» s’exclame ce jeune homme. «Se lever le matin avec ce froid de canard, c’est carrément pénible. En ce qui me concerne, c’est trop difficile et parfois, il m’arrive d’être en retard au bureau. Surtout si mon épouse, espiègle comme elle est, met de l’encens le matin dès l’aube. Alors là, je n’ai plus qu’une seule envie : plonger dans les draps et me rendormir». Comme quoi dans la chaleur des draps, on en oublie l’heure. Alors, Messieurs, faites gaffe aux senteurs hypnotisantes exhalées dans la fraîcheur de la nuit, le réveil risque d’être brutal. A bon entendeur… gongo !!!
Ndèye Fatou SECK 24h Chrono