L’histoire de Rose n’est pas unique, même si elle-même n’est comme aucune autre femme. Ou plutôt si, elle est comme 215 millions de femmes. C’est le nombre de celles qui, à travers le monde, savent qu’elles ont besoin d’une méthode contraceptive moderne. Et celles qui ne le savent pas sont encore plus nombreuses. Au Sénégal, 10 pour cent seulement des femmes mariées ont régulièrement recours à la contraception. Chacune aura, en moyenne, cinq enfants au cours de sa vie et court une chance sur 46 de succomber pendant la grossesse ou l’accouchement.
C’est un droit humain fondamental pour tout couple ou tout individu de contrôler sa propre fécondité et de décider du nombre d’enfants qu’il souhaite et de leur espacement. Bien qu’elles soient les premières concernées, les femmes se voient souvent refuser ce droit, pour diverses raisons culturelles, légales ou religieuses. Un tel déni, qu’il soit officiel ou officieux, constitue une injustice à leur égard et est la cause de souffrances et de décès inutiles. Elles espèrent en silence pouvoir bénéficier du planning familial, dont l’accès leur est fermé dans de nombreuses régions d’Afrique. Globalement, 30 à 36 pour cent de femmes en union auraient voulu utiliser une méthode contraceptive, sans pouvoir satisfaire ce besoin.
Le résultat est là : des grossesses non voulues et non planifiées. Lorsque les services et établissements de santé sont rares, voire de mauvaise qualité, de telles grossesses ont trop souvent pour conséquences des blessures, voire des décès maternels, et des bébés ou des enfants en mauvaise santé. Au Sénégal, le recours au planning familial constitue donc l’une des principales stratégies pour réduire la mortalité maternelle, ainsi que celle des bébés et des enfants, qui restent toutes scandaleusement élevées.
Le planning familial n’est pas que pour les femmes, cependant. Les droits, la santé et le développement socio-économique des hommes et des adolescents étant aussi en jeu, il concerne des communautés et des nations tout entières. Il n’est pas non plus sans lien avec la consommation et le développement durables des ressources de notre planète pour l’humanité tout entière.
Aider des individus à planifier leur famille est une façon de réduire la pauvreté, car cela permet d’augmenter la productivité et plus largement, le développement économique. Au plan mondial, les décès et blessures maternels se soldent par une perte de productivité de 15 milliards de dollars par an, chiffre qui pourrait changer de façon spectaculaire rien qu’en empêchant les grossesses non voulues. Par contraste, des études récentes ont montré que la rentabilité des investissements consacrés aux services de contraception peut être jusqu’à quatre fois supérieure, suite à la réduction des coûts médicaux, ce qui en fait l’une des approches ayant le meilleur rapport qualité-prix dans le domaine du développement.
Que nous en soyons conscients ou non, nous avons tous un rôle à jouer. Le mois dernier, la population mondiale a dépassé les sept milliards d’habitants – un chiffre historique, qui traduit de grandes victoires mais donne aussi de graves responsabilités. Nous devons nous efforcer de protéger la santé, le bien-être et les droits des habitants de notre planète, tout en veillant à ce que chaque individu puisse planifier sa famille et maintenir l’équilibre entre la taille de la population et les ressources dont elle dispose.
Les dirigeants et activistes du Sénégal le savent. Du 29 novembre au 2 décembre, c’est-à-dire dans quelques semaines à peine, ils accueilleront 2000 décideurs, chercheurs et donateurs du monde entier pour la Conférence internationale 2011 sur le planning familial. Mme Viviane Wade, Première Dame du Sénégal, le ministre de la Santé Modou Diagne Fada et celui de l’Intérieur Abdoulaye Diop seront présents et se joindront à des conversations sur la manière d’améliorer l’accès au planning familial.
Le lieu et le moment choisis pour cette réunion sont significatifs. Ce sera la plus grande conférence en son genre et son objectif est de marquer une réelle renaissance tant au niveau du financement que de la volonté politique dans ce domaine. Ce n’est pas un hasard si cette manifestation se déroule en Afrique de l’Ouest, où les femmes ont la fécondité la plus élevée, les taux de contraception les plus bas et le taux de besoin non satisfait le plus élevé au monde.
Aujourd’hui plus que jamais, les dirigeants africains doivent saisir cette occasion historique de prouver leur leadership en la matière et mettre la barre très haut pour les donateurs, les décideurs et les activistes du monde entier. Face à des besoins non satisfaits aussi élevés en matière de planning familial, au Sénégal comme dans le reste de l’Afrique, les dirigeants politiques, religieux et traditionnels, à tous les niveaux, ne peuvent et ne doivent rester les bras croisés.
Nous qui défendons cette cause, nous devons profiter de l’occasion et appeler nos dirigeants à se faire les champions du planning familial volontaire, au Sénégal et ailleurs en Afrique. Nous devons exiger des pays donateurs qu’ils honorent leurs engagements. Les solutions existent et nous pouvons faire davantage pour qu’elles soient appliquées. Nous devons aussi faire montre d’innovation et élaborer de nouvelles approches pour répondre aux besoins contraceptifs. Il faut intégrer le planning familial dans le réseau plus large des systèmes de santé, notamment maternelle et infantile, et de traitement du VIH/sida, afin de renforcer les systèmes sanitaires, améliorer leur efficacité et leur accès et réduire les coûts.
Non seulement les bénéfices seront immédiats si l’on investit dans le planning familial, mais on aidera la nouvelle génération la plus nombreuse de l’histoire à se forger un avenir meilleur. Que les choses soient claires : ce n’est pas une question qui concerne les femmes mais l’humanité tout entière. L’accès à la planification familiale volontaire demeure un droit humain fondamental et un problème de santé publique et de développement. Il est temps d’agir.
Le Dr Frederick T. Sai est consultant international en santé génésique. Il a été conseillé pour les questions de population à la Banque mondiale.
C’est un droit humain fondamental pour tout couple ou tout individu de contrôler sa propre fécondité et de décider du nombre d’enfants qu’il souhaite et de leur espacement. Bien qu’elles soient les premières concernées, les femmes se voient souvent refuser ce droit, pour diverses raisons culturelles, légales ou religieuses. Un tel déni, qu’il soit officiel ou officieux, constitue une injustice à leur égard et est la cause de souffrances et de décès inutiles. Elles espèrent en silence pouvoir bénéficier du planning familial, dont l’accès leur est fermé dans de nombreuses régions d’Afrique. Globalement, 30 à 36 pour cent de femmes en union auraient voulu utiliser une méthode contraceptive, sans pouvoir satisfaire ce besoin.
Le résultat est là : des grossesses non voulues et non planifiées. Lorsque les services et établissements de santé sont rares, voire de mauvaise qualité, de telles grossesses ont trop souvent pour conséquences des blessures, voire des décès maternels, et des bébés ou des enfants en mauvaise santé. Au Sénégal, le recours au planning familial constitue donc l’une des principales stratégies pour réduire la mortalité maternelle, ainsi que celle des bébés et des enfants, qui restent toutes scandaleusement élevées.
Le planning familial n’est pas que pour les femmes, cependant. Les droits, la santé et le développement socio-économique des hommes et des adolescents étant aussi en jeu, il concerne des communautés et des nations tout entières. Il n’est pas non plus sans lien avec la consommation et le développement durables des ressources de notre planète pour l’humanité tout entière.
Aider des individus à planifier leur famille est une façon de réduire la pauvreté, car cela permet d’augmenter la productivité et plus largement, le développement économique. Au plan mondial, les décès et blessures maternels se soldent par une perte de productivité de 15 milliards de dollars par an, chiffre qui pourrait changer de façon spectaculaire rien qu’en empêchant les grossesses non voulues. Par contraste, des études récentes ont montré que la rentabilité des investissements consacrés aux services de contraception peut être jusqu’à quatre fois supérieure, suite à la réduction des coûts médicaux, ce qui en fait l’une des approches ayant le meilleur rapport qualité-prix dans le domaine du développement.
Que nous en soyons conscients ou non, nous avons tous un rôle à jouer. Le mois dernier, la population mondiale a dépassé les sept milliards d’habitants – un chiffre historique, qui traduit de grandes victoires mais donne aussi de graves responsabilités. Nous devons nous efforcer de protéger la santé, le bien-être et les droits des habitants de notre planète, tout en veillant à ce que chaque individu puisse planifier sa famille et maintenir l’équilibre entre la taille de la population et les ressources dont elle dispose.
Les dirigeants et activistes du Sénégal le savent. Du 29 novembre au 2 décembre, c’est-à-dire dans quelques semaines à peine, ils accueilleront 2000 décideurs, chercheurs et donateurs du monde entier pour la Conférence internationale 2011 sur le planning familial. Mme Viviane Wade, Première Dame du Sénégal, le ministre de la Santé Modou Diagne Fada et celui de l’Intérieur Abdoulaye Diop seront présents et se joindront à des conversations sur la manière d’améliorer l’accès au planning familial.
Le lieu et le moment choisis pour cette réunion sont significatifs. Ce sera la plus grande conférence en son genre et son objectif est de marquer une réelle renaissance tant au niveau du financement que de la volonté politique dans ce domaine. Ce n’est pas un hasard si cette manifestation se déroule en Afrique de l’Ouest, où les femmes ont la fécondité la plus élevée, les taux de contraception les plus bas et le taux de besoin non satisfait le plus élevé au monde.
Aujourd’hui plus que jamais, les dirigeants africains doivent saisir cette occasion historique de prouver leur leadership en la matière et mettre la barre très haut pour les donateurs, les décideurs et les activistes du monde entier. Face à des besoins non satisfaits aussi élevés en matière de planning familial, au Sénégal comme dans le reste de l’Afrique, les dirigeants politiques, religieux et traditionnels, à tous les niveaux, ne peuvent et ne doivent rester les bras croisés.
Nous qui défendons cette cause, nous devons profiter de l’occasion et appeler nos dirigeants à se faire les champions du planning familial volontaire, au Sénégal et ailleurs en Afrique. Nous devons exiger des pays donateurs qu’ils honorent leurs engagements. Les solutions existent et nous pouvons faire davantage pour qu’elles soient appliquées. Nous devons aussi faire montre d’innovation et élaborer de nouvelles approches pour répondre aux besoins contraceptifs. Il faut intégrer le planning familial dans le réseau plus large des systèmes de santé, notamment maternelle et infantile, et de traitement du VIH/sida, afin de renforcer les systèmes sanitaires, améliorer leur efficacité et leur accès et réduire les coûts.
Non seulement les bénéfices seront immédiats si l’on investit dans le planning familial, mais on aidera la nouvelle génération la plus nombreuse de l’histoire à se forger un avenir meilleur. Que les choses soient claires : ce n’est pas une question qui concerne les femmes mais l’humanité tout entière. L’accès à la planification familiale volontaire demeure un droit humain fondamental et un problème de santé publique et de développement. Il est temps d’agir.
Le Dr Frederick T. Sai est consultant international en santé génésique. Il a été conseillé pour les questions de population à la Banque mondiale.