Au moment où les avocats de Cheikh Béthio Thioune font état de la santé précaire de leur client, les médecins parisiens du guide des « Thiantacounes » expriment leur inquiétude et se montrent pessimistes sur sa situation. Ceux qui prenaient en charge ses soins médicaux en France également sont en alerte. Ils nous apprennent que "tous les trimestres, le guide des Thiantacounes déposait ses valises à l'hôtel Concorde Lafayette à Paris et partait voir ses toubibs, qui lui faisaient faire de délicates séances". A la question persistante : de quoi souffre le Cheikh exactement, notre interlocuteur lâche tout naturellement : "mais d'une maladie grave que nous taisons pour respecter le secret médical." D'ailleurs, ce patient sensible "a sauté deux rendez-vous médicaux absolument importants avec son professeur". S'il reste encore en prison, le pire est à craindre, nous fait-il comprendre à demi-mot. Ces inquiétudes sur l’état du Cheikh confortent la position de ses avocats qui demandent au directeur de l’administration pénitentiaire de ‘’prendre toutes mesures pour que le concerné puisse se rendre en France le 24 octobre 2012 aux fins de ‘’répondre à son médecin traitant’’. Ce vœu est contenu dans une correspondance à lui adressée et où il est rappelé au magistrat Cheikh Tidiane Diallo son rôle dans le déplacement de leur client de Thiès à Dakar. Placé sous mandat de dépôt à la maison d’arrêt et de correction de Thiès, Cheikh Béthio Thioune a été arrêté le 23 avril après la découverte des cadavres de Bara Sow et Ababacar Diagne enterrés près de son village de retraite de Médinatoul Salam, près de Mbour. Il a été auparavant inculpé du chef de meurtre, inhumation de cadavres sans autorisation, détention d’armes et association de malfaiteurs. Après six mois de détention à la Mac du quartier de la capitale du rail, il a été transféré à la prison centrale Dakar par l’administration pénitentiaire, qui évoque des raisons de sécurité, selon la chancellerie. Ses disciples qui ne peuvent plus avoir de contact avec lui à cause des rigueurs de la règlementation à Reubeuss, ont violemment manifesté vendredi après-midi devant l’établissement pénitentiaire. Ils ont détruit des bus et se sont pris au cortège du ministre de l’Intérieur Mbaye Ndiaye. A Paris et à Bordeaux, les talibés émigrés du Cheikh ont assailli les bureaux des représentations diplomatiques du Sénégal pour dénoncer une justice à deux vitesses. Ils ont surtout rappelé le cas de Barthélémy Diaz qui a avoué un meurtre, mais qui s’est retrouvé libre comme le vent, quelques temps après. Dans leur volonté de voir leur guide libre, les disciples de Cheikh Béthio ont le soutien des militants du Parti démocratique sénégalais (PDS) dont les leaders ont annoncé qu’ils vont investir la rue pour les besoins de la liberté de ce prévenu devenu encombrant pour tout le monde.
NDIOGOU CISSE
Le Pays au Quotidien
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