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Pétrole et gaz au Sénégal : l'exploitation débute, mais pourquoi les prix du carburant restent-ils toujours élevés ?

Rédigé par leral.net le Jeudi 16 Janvier 2025 à 09:36 | | 0 commentaire(s)|

Le Sénégal a intégré le groupe des pays producteurs d'hydrocarbures avec l'extraction du pétrole du champ de Sangomar, un projet initié par la compagnie australienne Woodside Energy. Cependant, sept mois après ce grand tournant, un paradoxe persiste : le carburant reste l'un des plus chers du continent africain. Pourquoi cette situation persiste-t-elle ?


La flambée des prix à la pompe impacte directement les marges bénéficiaires des professionnels du transport. Nombre d'entre eux constatent une grande différence avec les années précédentes, lorsque les tarifs étaient bien plus abordables.

"Depuis qu’on nous a annoncé que le gaz et le pétrole ont commencé à être exploités dans notre pays, notre souhait, en tant que transporteurs, est que les tarifs du carburant soient revus à la baisse. Il y a de nombreuses stations-service dans ce pays, mais auparavant, avec 6 000 ou 10 000 FCFA de carburant, on pouvait aller beaucoup plus loin. Aujourd’hui, ce montant ne permet presque plus rien", déplore Pape Traoré, chauffeur de taxi.

De son côté, Serigne Mbacké Ndiaye, chauffeur de taxi clandestin, fait état d’une situation encore plus difficile. "Nous, chauffeurs, espérons bénéficier d'opportunités grâce à l’exploitation des hydrocarbures, car cela pourrait avoir un impact positif sur le prix du carburant. Actuellement, 10 litres de gasoil coûtent environ 7 500 FCFA. Pour nous, chauffeurs de taxis clandestins, acheter 10 ou 20 litres par jour, selon les courses, est devenu un véritable défi. Franchement, il est de plus en plus difficile de s’en sortir.", a-t-il dit.

Ce paradoxe est difficile à ignorer : comment un pays qui exploite ses propres ressources pétrolières et gazières peut-il continuer à imposer de tels prix à ses citoyens ? Alioune Ndiaye, écrivain et expert en développement international, offre un éclairage dans son ouvrage Les fondamentaux du gaz et du pétrole au Sénégal. Selon lui, une gestion stratégique des revenus issus des hydrocarbures pourrait alléger le fardeau sur les ménages.

"Il faut comprendre que nous n'avons pas encore maîtrisé l'ensemble du processus. Récemment, on a annoncé une production de 100 000 barils par jour. Mais il est essentiel de noter qu’il ne s'agit pas encore de pétrole raffiné, qui est celui que nous utilisons directement. Au fur et à mesure, les installations nécessaires seront mises en place et cela aura un impact positif sur les consommateurs. La population doit être informée de cette réalité", explique M. Ndiaye.

Pour l’instant, l'impact de l’exploitation pétrolière et gazière reste faible dans le quotidien des Sénégalais. Cependant, avec des stratégies bien définies et une gestion optimisée de ces ressources naturelles, le Sénégal pourrait transformer cette richesse en levier pour améliorer les conditions de vie de ses citoyens.

Birame Khary Ndaw