LE CAIRE — Waleed Abdel Razzak, un Égyptien de 27 ans, est à Paris depuis une semaine quand il décide de se rendre au Stade de France pour assister à un match de foot. Arrivé en retard, il était à l’entrée du stade quand un kamikaze actionne sa ceinture d’explosifs, première occurrence d’une série d’attentats coordonnés qui allaient tuer au moins 129 personnes vendredi soir. Dans le ventre, Waleed Abdel Razzak reçoit neuf éclats très durs qui lui causeront une hémorragie interne massive. Il recevra deux transfusions sanguines. Aujourd’hui, il est à l’hôpital Beaujon, dans un état critique.
Reste que dans les 24 heures qui suivront l’attaque, Razzak sera présenté par les médias étrangers comme un terroriste potentiel – son passeport ayant été retrouvé sur la scène de l’attentat.
Selon Wael Razzak, c’est la nationalité égyptienne de son frère qui a pu éveiller les soupçons et faire croire à son implication dans les attentats, revendiqués par Daech.
Retrouvé par des employés de l’ambassade
Une photo de Waleed en main, Wael et sa mère, Nadia Razzak, ont passé toute la nuit entre la police et les hôpitaux pour retrouver sa trace. Au départ, il n’était pas sur la liste des blessés.
En panique, Wael finira par appeler un ami proche, Mohamed Gaber, à Alexandrie, la ville égyptienne dont est originaire la famille. Il lui demande de faire un appel sur les réseaux sociaux. Le post Facebook de Gaber, rédigé au petit matin samedi, est partagé plus de 1500 fois. Le frère de Gaber est employé à l’ambassade égyptienne au Rwanda, il lui demandera de transmettre l’appel à ses collègues de Paris.
Il en vient à être submergé de messages d’Égyptiens vivant à Paris et partis à la recherche de Waleed. Ce sont des employés de l’ambassade qui le retrouveront, à l’hôpital Beaujon, quelques minutes avant l’arrivée de sa famille, samedi vers midi.
Si, selon Gaber, le personnel de l’ambassade a agi avec diligence, il en veut auministre égyptien des affaires étrangères, qui n’a pas su gérer la situation.
«Il adore trop le football pour aller se faire exploser»
Gaber ironise même sur l’idée que le jeune égyptien ait pu être pris pour un terroriste. «Il ne peut pas être un terroriste. C’est ridicule. Il adore trop le football pour aller se faire exploser dans un stade».
Samedi, lorsque Nadia a finalement retrouvé son fils, elle s’est effondrée.
Waleed, diplômé d’une école de commerce et ancien employé du cigarettier Philip Morris International, fait partie des 352 personnes blessées lors des attentats. Alors que les enquêteurs cherchent encore des informations sur l’identité des assaillants, Nadia préfère ignorer toute allégation concernant son fils.
Traduit de l’anglais par Peggy Sastre
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