LES FEMMES “DONNENT DE L’EAU”
C’est une histoire passionnante mais méconnue que racontent nos confrères de Slate. Celle d’une tradition rwandaise, la “kunyaza”. Le terme qui vient du verbe kunyaàra, «pisser» en langue rwanda-rundi. De quoi s’agit-il concrètement ? D’un rituel incarné par l’éjaculation féminine où l’on considère que les femmes “donnent de l’eau” et du bonheur conjugal selon Olivier Jourdain, le réalisateur du documentaire.
Au-delà du simple rituel, ce phénomène semble marquer véritablement la sexualité locale comme il insiste à le répéter.
Les hommes rwandais le reconnaissent : ils ont plus de plaisir lorsqu’ils pénètrent. Mais ils doivent se soumettre à cette pratique du kunyaza. Le plaisir de l’homme passe par celui de la femme, et si cette dernière n’en a pas, l’homme n’en aura pas. C’est donc un acte sexuel féministe.
De quoi forcer les hommes à se rendre chez des prostitués avant de prendre une épouse. Ils y apprennent alors comment donner plus de plaisir à leur future compagne. Mais, ils semblent même parfois accessoires. Ainsi, le rituel est souvent précédé d’un autre, le “gukuna”. A l’adolescence, les jeunes rwandaises se massent ainsi respectivement les petites lèvres vaginales pour les étirer et décupler leurs sensations.
UNE INVERSION DE LA PRESSION SOCIALE
Mais, cette situation ne pas sans ses inconvénients. Alors que dans la plupart des pays, la pression pour la performance se retrouve sur les épaules des hommes, ici ce sont les femmes qui sont scrutées. Pour une Rwandaise qui devient sèche, “une femme roche” comme disent les habitants, baumes, potions et produits naturels en tout genre deviennent alors le seul échappatoire.
Selon le réalisateur du documentaire, ces pratiques sont toutefois désormais en voie de disparition. Plusieurs facteurs l’expliquent. Tout d’abord, la colonisation religieuse comme dans de nombreux pays du monde a causé la disparition des traditions originelles. Il est facile d’imaginer la réaction des missionnaires en arrivant. “Cette idée d’avoir des filles qui s’étirent les lèvres pour agrandir les zones érogènes et avoir plus de plaisir, ça leur semblait n’importe quoi”. Dans un second temps, la guerre civile entre Hutus et Tutsis a bien entendu laissé des traces dans le pays. Le kunyaza relève de ce que l’on nomme la “tradition orale”. Non consignée, elle se transmet d’une génération à la suivante. Enfin, “au Rwanda, on n’est pas forcément fier de tout ce qui est lié au passé. “On repart sur de nouvelles bases, un nouveau pays”.