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Au Sénégal nos leaders politiques "adultes" sont pires que corona

Rédigé par leral.net le Mercredi 29 Juillet 2020 à 22:24 | | 0 commentaire(s)|

Au Sénégal nos leaders politiques
Tout est politique au Sénégal. Dans ce contexte, nous vivons dans une société où le jeunisme est une norme dominante. Paradoxalement, la jeunesse disparait petit à petit, les jeunes sont dissous, relégués en stage d’attente et enfermés par les adultes. Ce phénomène se singularise plus au sein des formations ou partis politiques où les adultes n’hésitent pas à sacrifier de belles carrières politiques et par ricochet priver le pays d’une bonne partie de sa matière grise.


Le silence complice des jeunes et les stratégies de division menées par les « adultes-politiciens » ont conduit à entretenir encore cette marginalisation de fait. Les jeunes sont l’avenir d’une société, c’est ce que nous entendons dans les discours convenus. La question est de savoir pourquoi ils bénéficient difficilement de promotions. En cela, les leaders politiciens ne sont-ils pas pire que le coronavirus.


« Dis-moi quelle jeunesse tu as, je te dirai quel pays tu seras » cette maxime traduit sans ambages l’évidence que nous assistons. Le Sénégal est un pays dont la population est à majorité jeune. Une jeunesse dynamique et engagée du point de vue politique avec une adhésion massive dans les formations ou partis politiques de la place. Malgré ce fort engagement, à y regarder de plus près, il y a lieu de constater que les « adultes-leaders » ont tendance à mettre l’avenir politique des jeunes entre parenthèse : dissolution, mise en attente et enferment voire mise en mort politique et ce depuis les indépendances pour protéger leur survie politique et toujours détenir le monopole sur elle ce qui à mes yeux plus qu’alarmant et déplorable. N’a-t-on pas dit qui a l’argent a le pouvoir ? Voilà l’arme qu’ils tiennent pour écraser tout jeune qui hausse le ton contre pareilles injustices. Chaque adulte contrôle sa jeunesse pour son propre compte qu’il utilise à sa guise moyennant des miettes. Mais lorsqu’il s’agit de promouvoir un « boy » il devient l’obstacle premier. Combien de jeunes ont vu leur carrière politique-pourtant prometteuse- crouler ? 


Me Wade avait le mérite de promouvoir plusieurs jeunes issus de sa formation politique, ses politiques menées ont massivement investi les jeunes dans les instances de décision au cœur du dispositif de l’Etat. Quand est-il aujourd’hui ? La réponse est d’autant difficile que la jeunesse est l’objet d’une désirabilité politique excessive. Un véritable lobby se constitue pour barrer la route à la jeunesse. Ah que c’est ingrat ! 


Aujourd’hui, la jeunesse est dissoute, toute initiative de regroupement est récupérée et les jeunes peinent à exister politiquement au Sénégal avec des adultes qui les mettent en attente. Ces derniers soutiennent que la jeunesse doit être l’occasion d’acquérir un certain capital social qui sera exploité une fois adulte. En réalité, les jeunes sont bons que pour faire les sales boulots, effectuer les bassesses et bander les muscles, bref nécessaire pour la violence (verbale et physique) mais nuls pour occuper des postes de responsabilité au sein du gouvernement, de l’assemblée, des directions… Tout ce jeu de cirque cache une jalousie car beaucoup de leaders voient des jeunes plus qualifiés, plus diplômés qu’eux venir. Donc les promouvoir serait synonyme de leur mort politique. Par conséquent, il serait donc dangereux d’être jeune en politique. 


Ce faisant, on méconnaît le caractère fondateur de la transgression dans la construction de l’identité des futurs adultes. Ils envoient implicitement aux jeunes le message d’un enferment qu’ils souhaitent que les jeunes demeurent d’éternels enfants. 
L’enfermement de la jeunesse trouve sa concrétisation dans le refus de reconnaissance du leadership des jeunes, de la minorisation de leur rôle, du véto à leur promotion politique, du pouvoir de leur mise en écart. Cet enfermement permet au adultes d’éviter la concurrence que pourraient représenter ces vrais jeunes, susceptibles, il est vrai d’incarner mieux encore qu’eux les attributs.


La jeune est ainsi invitée à se faire discret, à subir, à pratiquer la transgression cachée de celles qui ne se disent ni ne se voient. En se cachant, la jeune bénéficiera des mesures protectionnelles.


En résumé, les inéquités entre jeunes et adultes en politique au Sénégal sont criantes et criante cette situation de mise en attente des jeunes par rapport à leur accès plein et entier à une promotion politique qui leur permettrait de passer un contrat social dans une logique où chacun est gagnant. Le constat est général, les adultes veulent maintenir toujours la jeunesse dans une situation de manque favorable à leur domination afin de pouvoir régner sur elle à outrance. La jeunesse, quant à elle est toujours prise en otage et contrôlée fermant tout issue de sursaut. Toutes les institutions (Présidence, Assemblée Nationale, CESE,..) sont sous la direction des adultes. Résolument au Sénégal nos leaders politiques adultes sont pires que Corona

Nicolas Silandibithe BASSENE



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