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Awa Wade, secrétaire générale de l’UDEN : «Nous avons proposé des taxes sur les produits de luxe pour financer l’éducation»

Rédigé par leral.net le Jeudi 28 Août 2014 à 20:00 | | 0 commentaire(s)|

Awa Wade, secrétaire générale de l’UDEN : «Nous avons proposé des taxes sur les produits de luxe pour financer l’éducation»
«Nous avions commencé le diagnostic à travers les points de presse que nous avions faits. Le résultat du diagnostic c’est que l’école n’est plus performante, ça veut dire que les résultats scolaires sont catastrophiques. Mais nous sommes allés plus loin, parce que pour nous l’école a deux objectifs : sortir un bon citoyen qui se comporte bien dans la société, mais faire sortir aussi un travailleur productif sur le marché de l’emploi. Nous pouvons noter que c’est un échec en ce qui concerne ces deux objectifs assignés à l’école. Concer­nant la citoyenneté, ce n’est pas pour rien qu’on parle de nouveau type de sénégalais, notre rapport à la chose publique, notre rapport aux symboles de la Nation, notre rapport avec les valeurs morales. Chacun cherche de l’argent qu’importe la manière. Donc c’est l’échec total du côté de ce citoyen qui doit sortir de l’école. Du point de vue du productif également nous n’avons pas encore fait d’étude mais si vous faites le tour des entreprises, les jeunes qui sortent de l’école posent problème par rapport à leur employabilité. Tous les chefs d’entreprise, le plus souvent, sont obligés d’accompagner et de recycler. Il y a un problème d’adaptation de nos formations à nos réalités du moment. Nous qui sommes du corps de contrôle, nous voyons tous les jours un enseignant en classe qui a un problème par rapport au maniement de la langue, un problème par rapport à l’aspect pédagogique, et de transmission du savoir aux enfants. Notre diagnostic c’est ça, l’école n’est plus efficace relativement à son objectif : la préparation du citoyen et la préparation du productif.
Quand on parle d’éducation, nous avons l’habitude de donner le carré didactique. Il y a l’élève qui est central, c’est pour cela qu’on parle de centralité de l’élève. Le gouvernement forme des enseignants pour ce produit qu’il veut sortir l’élève, investit en biens immobiliers meubles, matériels didactiques parce qu’il tient à cet élève-là, met en place un environnement didactique. A part l’élève, le premier intra de qualité c’est l’enseignant, il y a aussi le contenu le savoir qu’on transmet à l’élève. Le quatrième élément c’est l’environnement didactique (les livres, la bibliothèque, l’infirmerie, tout ce qui participe à l’encadrement de l’élève). Aujourd’hui, il y a une nouvelle matière, la vie scolaire qui réglemente tout ça, c’est la raison pour laquelle, il y a des inspecteurs vie scolaire dans les collèges.»
«Taxes sur les produits de luxe pour financer l’éducation»
La première proposition c’est au niveau de la vision. C’est-à-dire le type d’homme que nous voulons former. Et nous avons pensé, vu le contexte actuel, qu’il nous faut avant tout un homme épris de paix et de justice en plus des autres aspects que les assises ont identifiés. Le deuxième élément c’est l’obligation scolaire de 10 ans. Nous on a dit obligation scolaire de 13 ans parce que l’éducation scolaire doit être un continuum du préscolaire au moyen-secondaire, encadrée par les mêmes personnes pour gérer les transitions. Nous avons également parlé du financement parce que les assises proposent une banque. A ce propos d’ailleurs, une taxe sur le tabac a été proposée dans les commissions pour un peu financer l’éducation. Mais nous pensons que ce n’est pas éthique. Le tabac ne doit pas financer l’éducation. Et c’est pourquoi, nous avons proposé des taxes sur les produits de luxe comme les produits électroménagers (les appareils élec­troniques, meubles importés. Ect.) pour un peu positiver. Il faut aussi mettre en place des activités de financement, des activités en faveur du jeune enfant, notamment par la création d’un fonds spécial pour la petite enfance, en mettant en place une organisation multisectorielle d’arbitrage et d’intégration des fonds destinés à la petite enfance. Pour la commission gouvernance, nous avons distingué gouvernance, gestion et aussi la motivation. Le respect de l’égalité des chances, de l’équité par la promotion d’une gestion de proximité avec l’Acte 3 de la décentralisation. Avec cette réforme, les collectivités locales doivent prendre totalement la petite enfance pour éviter des surcharges à l’Etat compte tenu de la raréfaction des ressources. Nous pensons également qu’avant le vote du budget participatif par l’Assemblée nationale, le ministre de l’Education doit donner son projet. Qu’on mette dans ce budget tout ce qui est salaires des corps émergents, indemnités de déplacement. C’est cela qui éviterait les retards de salaires. Nous avons également beaucoup insisté sur l’alphabétisation, c’est un problème parce que 57% des Sénégalais ne savent ni lire ni écrire dans aucune langue c’est catastrophique. Les assises doivent réfléchir sur ça. (…)
Les autorités en charge de l’Education nationale doivent comprendre qu’on est des partenaires. Nous attendons de ces assises des propositions concrètes, réalistes et réalisables pouvant nous permettre de sortir l’école de cette situation-là. Pour cette fois, nous devons éviter de tomber dans les détails parce que les assises livrent les grandes orientations. Après, il y aura la commission de réforme et une commission de suivi.»

Le Quotidien