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Baïdy AGNE sur la dette intérieure de l'Etat : ‘La situation va se débloquer sous peu’

La dette due par l’Etat aux entreprises du secteur privé national suscite beaucoup d’inquiétudes. La semaine dernière, la Confédération nationale des employeurs du Sénégal tirait la sonnette d’alarme. Responsable du Conseil national du patronat, Baïdy Agne laisse entrevoir une lueur d’espoir sur cette situation en laissant entendre qu’elle va se ‘débloquer sous peu’. Non sans répondre à la Cnes qui met en cause la légitimité du conseil d’administration de l’Ipres.


Rédigé par leral.net le Lundi 20 Octobre 2008 à 13:54 | | 0 commentaire(s)|

Baïdy AGNE sur la dette intérieure de l'Etat : ‘La situation va se débloquer sous peu’
Wal Fadjri : Le président de la République a insisté lors du Conseil des ministres du jeudi 16 octobre 2008 sur l'insertion des jeunes dans la vie professionnelle. Est-ce que les patrons sont prêts, dans ce contexte de dette intérieure, à l'accompagner dans sa volonté ? Est-ce qu'il y a des préalables à ça ?
Baïdy Agne : La question de l'emploi retient toute l'attention du Conseil national du patronat (Cnp). Nous avons même souligné dans notre Pacte de bonne gouvernance élaboré lors des élections présidentielles et législatives de 2007 que le 1er objectif de notre politique économique et sociale doit être la création d'emplois productifs et durables. Concernant la dette intérieure tout a été dit et bien dit par le président Abdoul Mbaye lors de notre concertation de jeudi dernier sur ‘la crise financière internationale et l'économie sénégalaise’ à laquelle le Cnp a convié l'Etat, les banques, les assurances, les partenaires au développement, etc.

Wal Fadjri : Au-delà de cette réflexion, envisagez-vous des actions plus concrètes à l'endroit des pouvoirs publics ?

Baïdy Agne : J'ai rencontré récemment le Premier ministre avec une délégation restreinte du Bureau exécutif du Cnp. Nous l'avons informé de cette situation au regard du montant particulièrement élevé de créances que nos entreprises nous ont transmises. Aucun secteur d'activités n'est épargné. Je suis en concertation permanente avec le ministre d'Etat, ministre de l'Economie et des finances. Des assurances m'ont été données que la situation va se débloquer sous peu. Je reviens sur la question de l'emploi pour vous dire que le Cnp ne voit pas de préalables, puisqu'il a toujours œuvré pour que tout homme et toute femme puissent trouver un emploi décent et productif dans notre pays dans des conditions de dignité et de sécurité au travail, et particulièrement les jeunes.

Je dirais que pour nous entrepreneurs, une société qui envisage l'avenir avec sérénité et confiance, c'est une société qui donne au moins une chance aux projets d'entreprise de sa jeunesse. Nous avons déjà initié plusieurs actions visant l'insertion en milieu professionnel de jeunes handicapés-moteurs, de jeunes filles évoluant dans les activités du secteur informel, etc. Actuellement d'ailleurs, nous réalisons un programme avec la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (Cnts) pour l'insertion de 1.000 jeunes en partenariat avec 13 Collectivités locales et l'Agence de réinsertion sociale des militaires. Il faut une réponse à ce taux de croissance de 3,5 % par an de notre population active ; aux 200 000 nouveaux actifs chaque année en quête du 1er emploi ; à ces 43 % de notre population qui ont moins de 15 ans et ces 35 % entre 15-34 ans ; au chômage longue durée et à la réinsertion de ces 25 % de travailleurs qui ont perdu leur emploi depuis plus de 5 ans ; à ce faible niveau d'instruction et de qualification des demandeurs d'emplois (53 % d'analphabètes, 74 % n'ayant pas dépassé la classe de Cm2, 86% n'ayant pas atteint la classe de 3e et seulement 2 % de titulaires d'un diplôme universitaire/professionnel. Pour le Cnp, l'enjeu est national, il exige l'implication de tous les acteurs du développement économique et social. Nous avons déjà eu à traiter cette question et apporter un ensemble de réponses.

Wal Fadjri : Peut-on avoir une idée de ces réponses ?

Baïdy Agne : D’abord, introduire et généraliser dans notre système éducatif d'enseignement, dès le cycle primaire, l'apprentissage progressif de la culture d'entreprise et de l'épargne ainsi que de l'emploi non salarié. Il s'agit de stimuler très tôt l'esprit des jeunes en entreprenariat et de les inciter à donner une valeur culturelle à l'épargne.

Ensuite, réduire le taux d'échecs des projets d'entreprises financés aux jeunes. Echecs liés le plus souvent à leur manque d'expériences et de savoir-faire. Notre réponse, c'est le Tutorat technique et financier.

De même, il faut susciter davantage la création d'emplois-jeunes par des mesures fiscales incitatives pour toute entreprise en activité, et ne pas les limiter aux entreprises agréées au Code des investissements ou sollicitant la Convention Etat/Employeurs.

Enfin, il faut promouvoir le capital-risque pour soutenir les projets productifs et innovants de notre jeunesse, notamment, dans des secteurs porteurs tels que, les technologies de l'information et de la communication, les biotechnologies, etc. Notre jeunesse innovante ne peut être soutenue sans sociétés de capital-risque, sans fonds d'amorçage, sans fonds communs de placement à risques, sans fonds d'investissement de proximité, sans business Angels (placement des hommes d'affaires en direction des jeunes), etc.

Wal Fadjri : La présidence du Conseil d'administration de l'Institution de prévoyance retraite du Sénégal (Ipres) que le Cnp assure serait illégitime parce que le mandat est terminé depuis 2007. Qu'en est-il exactement ? Si c’est le cas, pourquoi le Cnp continue-t-il d'occuper le poste ?

Baïdy Agne : Si ces propos sont de Mansour Cama, je m'en étonne car il s'agit de fausses déclarations. Le mandat du président Mamadou Racine Sy ne vient que de s'achever depuis le 25 Mai 2008 (et non depuis l'année 2007) après une durée de 2 ans, conformément à l'article 23 des Statuts. M. Sy a lui-même adressé une correspondance à l'Etat, aux organisations patronales et aux syndicats de travailleurs depuis le 6 mai 2008 pour qu'ils désignent leurs nouveaux mandataires afin de procéder au renouvellement des instances. La Confédération nationale des employeurs du Sénégal (Cnes) a répondu bien après ainsi que d'autres plus tard pour diverses raisons, notamment la conférence du mois de juin de l'Organisation internationale du travail (Oit), le deuil frappant certains hauts responsables du Conseil d'administration, la période de congés annuels, etc. Toute cette agitation est inutile, sans intérêt pour l'entreprise et aussi pour la très grande majorité de nos citoyens qui sont confrontés à des problèmes beaucoup plus importants. Concernant les principes de bonne gouvernance et de transparence, il faut toujours s'assurer d'être irréprochable à tous les niveaux avant de jouer au donneur de leçons. Mamadou Racine Sy est loin d'être le premier président de l'Ipres à dépasser la durée de son mandat. Avant lui, il y a eu Fayçal Sharara du 7 août 2001 au 31 décembre 2003, puis Mademba Sock du 5 janvier 2004 au 26 mai 2006. Je vous laisse donc faire le décompte du nombre de mois en dépassement et pourtant on n'a entendu ni le Cnp, ni les Syndicats de travailleurs, ni l'Etat contester une quelconque légitimité de leurs décisions.

Wal Fadjri : Ce n’est pas le seul reproche que la Cnes fait à l’Ipres…

Baïdy Agne : Je ne reviendrais pas sur les autres points abordés par Mansour Cama, une partie très représentative des administrateurs de l'Ipres l'a déjà fait dans le passé. Ce qui est constant, c’est que la situation des retraités et des travailleurs de l'Ipres ainsi que celle de l'institution elle-même se sont améliorées de façon significative sous le mandat de ce Conseil d'administration dont Mamadou Racine Sy n'est que le président. Le Cnp, en ce qui le concerne, félicite le président Racine Sy, l'ensemble des administrateurs ainsi que la direction et le personnel de l'Ipres pour leur abnégation tout au long de ce mandat.

Propos recueillis par Ndakhté M. GAYE
source walfadjri

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