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Barcelone et ses rêves échoués

Nous y voilà. Barcelone, son vent du large, son opulence bourgeoise et sa lumière intense. La ville ouverte sur le monde qui fait tant rêver les Sénégalais. Au point que les jeunes qui traversent l’Atlantique en pirogue ont choisi comme slogan « Barça ou Barsakh ! », Barcelone ou la mort ! Mais le rêve est-il à la hauteur des attentes ? Quels efforts incroyables ont été réalisés pour en arriver là ? Combien de voyages périlleux qui auraient pu se terminer au fond de l’Atlantique.


Rédigé par leral.net le Dimanche 4 Juillet 2010 à 18:41 | | 0 commentaire(s)|

Barcelone et ses rêves échoués
Certes, dans la ville, il y a des Sénégalais. Mais la plupart du temps ils se cachent. Barcelone ; un rêve ? Rien n’est moins sûr. La Catalogne s’enfonce dans la crise. « Nous les immigrés nous sommes les premières victimes. On disait qu’il n’y avait pas de racisme en Espagne, mais c’est parce que ce pays avait besoin de nous pour se développer pendant sa croissance. Maintenant tout change » explique Badou, un jeune Dakarois qui vend à la sauvette des DVD piratés. Il sort ses articles à la nuit tombée quand la surveillance policière se relâche. Mais du coin de l’œil, il tente de deviner l’éventuelle et probable venue de pandores.

Des guetteurs préviennent les vendeurs à la sauvette. A la moindre alerte, en quelques secondes, ils remballent tout dans un balluchon. Et prennent la poudre d’escampette. S’ils courent, c’est pour échapper à la police. Pour exercer ce métier, il faut de très bonnes jambes. « Autrefois, Ils nous relâchaient rapidement. Mais depuis quelque temps, tout s’est durci. Les Etats-unis ont menacé de prendre des sanctions très sévères contre l’Espagne, si ce pays ne lutte pas sérieusement contre la piraterie. Ils n’aiment pas que Hollywood perde de l’argent. Du coup c’est nous qui trinquons » m’explique Omar, un autre Sénégalais, vendeur à la sauvette. Il est déçu par l’Espagne. « Je n’arrive plus à faire de bonnes affaires. Je vais aller plus au Nord. Retrouver des parents en France » prévient celui qui n’imagine pas une seconde de retourner si tôt au Sénégal.

« Je n’ai encore rien gagné. Ma famille a dépensé énormément pour financer mon voyage. Ils n’accepteront jamais de me voir revenir au pays les mains vides. Il faut que je rentre avec suffisamment d’argent pour construire une maison à mes parents, c’est le minimum que je puisse faire pour eux. Sinon, je ne serai pas respecté» confesse-t-il en montrant aux touristes des sacs à mains. Des contrefaçons de grandes marques.

L’un de ces « collègues », Ibrahima estime que les temps n’ont jamais été aussi durs. « Pour la première fois, il y a même des immigrés qui rentrent chez eux. Des Marocains. Mais ils sont là depuis longtemps. Ils ont acquis la nationalité espagnole. Si un jour cela va mieux en Catalogne, ils pourront revenir à Barcelone. Nous, comme nous n’avons pas encore été régularisés, on ne peut pas les imiter ».

Les Sénégalais de Barcelone partagent souvent des chambres misérables. Ils dorment à tour de rôle sur un matelas, installé à même le sol. La nuit passée à vendre peut tout aussi bien se terminer sur les quais du port. Ainsi, sur le même banc, il n’est pas rare de voir un étudiant qui cuve son vin à la belle étoile assis à côté d’un Sénégalais - du même âge. Mais celui-ci n’a pas de toit pour dormir. Deux mondes se côtoient et s’ignorent. Des rêves se croisent : ceux d’Erasmus et de Dakar. Ceux du jeune européen. Et ceux du jeune sénégalais qui se demande vers quel voyage, vers quel nouveau port, il doit désormais tourner ses regards nomades.

Barcelone et ses rêves échoués

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