Que de buts marqués par ces attaquants ! Que de foules déchainées ! Que de reporters sportifs subjugués et mis constamment en demeure de trouver le superlatif le plus adéquat pour qualifier les exploits de ce quatuor sur les terrains d’Afrique, d’Europe et d’Amérique !
Lorsqu’on actionne la machine à remonter le temps, on peut revoir dans un cocktail de prouesses techniques et de tirs victorieux les nombreux buts inscrits par ces quatre attaquants.
Marqués du sceau de la finesse, mais également de la force qui témoigne de l’attirance irrépressible de ces goleadors à aller de l’avant, leurs gestes finals méritent bien le terme de "lakk caax" (brûler les filets, en wolof littéral), à côté duquel l’expression française "secouer les filets" (marquer un but) est un trop doux euphémisme pour traduire la "grinta" avec laquelle "Boc" et ses trois compères arrachés à notre affection ajustaient les gardiens adverses.
Dans une équipe de l’US Gorée qui connut son apogée avant l’indépendance et durant la première décennie qui s’ensuivit, Séga Cissé, dont la grande taille et le dos légèrement voûté lui permettaient une très bonne couverture du ballon, fut un prolixe buteur. Cissé est décédé le 9 janvier dernier à Dakar.
Très attiré par le but, "Dogliani" ou le "Baroudeur" comme le surnommèrent souvent les journalistes des années 60, en référence à sa pugnacité à perforer les défenses, a contribué de par ses réalisations à populariser l’appellation "Tampon 4" affublée à l’équipe goréenne en raison des quatre buts qu’elle marquait régulièrement contre ses adversaires.
Après sa carrière qui prit fin sur une coupe du Sénégal remportée en 1972, le "Baroudeur" resta dans le milieu sportif et on lui doit, entre autres contributions, une riche exposition sur sa carrière de footballeur, sous le triple maillot insulaire, de l’équipe nationale et du FC Nantes.
Cette exposition organisée dans le hall du Théâtre national Daniel Sorano avait permis à beaucoup de visiteurs de découvrir que la célèbre équipe des Espoirs de Dakar est née des flancs de l’US Gorée à la faveur d’une fronde menée par des joueurs lassés de faire banquette.
C’est dans cette formation au jeu fluide et efficace, rappelant toutes proportions gardées celui pratiqué de nos jours par le FC Barcelone, que se révéla Doudou Diongue. Racé et râblé, ce bonhomme au teint clair profita beaucoup de sa petite taille prolongée par de courtes jambes pour faire exploser les défenses les plus hermétiques.
Deux jours après le décès de Jules François Bocandé, un de ses illustres aînés en équipe nationale du Sénégal, Doudou Diongue, est rappelé à Dieu, le 9 mai à Paris. Chez Diongue, ses slaloms et ses crochets étaient des plus déroutants, au grand dam des défenseurs qui avaient toujours du mal à l’arrêter dans ses foudroyants démarrages, balle au pied.
Les grincheux qui aujourd’hui insistent sur le nanisme de Léo Messi pour expliquer son aptitude à se jouer des défenseurs qui, eux, sont d’une taille humaine normale, auraient fait le même chahut à Doudou Diongue.
Qu’importe, le feu follet des Espoirs de Dakar dont les compères de l’attaque (Petit Dia et Diémé) étaient presque de la même taille, avait en plus du talent un culot rare. Qui explique pourquoi son souvenir est resté dans les mémoires, en dépit d’une courte carrière au Sénégal qu’il quitta pour la France, au lendemain de la Coupe d’Afrique des nations 1968 jouée en Ethiopie.
Contrairement à Doudou Diongue qu’on perdit de vue après son départ pour l’Hexagone, Jules François Bocandé eut la notoriété en s’exilant. Au lendemain d’une houleuse finale de Coupe du Sénégal disputée en 1981 contre la Jeanne d’Arc et dont il sortit avec une suspension à vie, "Boc" choisit la Belgique, puis la France pour se révéler aux Sénégalais à un poste et sous une image qu’ils ne lui connaissaient pas : avant-centre en dreadlocks.
Et pour cause, le Ziguinchorois avait, jeune pousse au sein du Casa-Sports, remporté en 1974 le concours du jeune footballeur au poste d’arrière central, avant de monter d’un cran comme demi-défensif. Le défunt international de football Jules François Bocandé, décédé le 7 mai à l’âge de 53 ans à Metz, en France, a été inhumé mercredi dernier à Ziguinchor, sa ville natale.
Sorte d’Edgar Davids alias "Pitbull" avant la lettre, il se forgea un début de réputation en faisant preuve au milieu du terrain d’une activité inlassable doublée d’un gros volume de jeu qui lui permettait de mettre sous l’éteignoir ses adversaires.
L’Europe le débrida davantage en le faisant jouer sur le front de l’attaque et les Sénégalais découvrirent lors d’un match contre le Togo qu’ils tenaient en ce Bocandé new look et rastas au vent l’un de leurs meilleurs avants-centres de son histoire. L’idylle dura dix ans, ponctués d’une pluie de buts, d’un brassard de capitaine et d’une participation à trois phases finales de CAN (1986, 90 et 92).
Ailleurs en Afrique de l’Ouest, il est également question d’amour entre l’attaquant Rashidi Yekini et le Nigeria. Comme Bocandé, "le taureau de Kaduna" fut au début des années 90 le symbole de la terreur que faisaient régner sur les terrains du continent les Super Eagles. Yekini est décédé le 4 mai dernier, à l’âge de 48 ans, à Iraa, au centre-nord du pays, d’"une maladie étrange".
Tel un taureau rendu fou furieux par les pics d’un toréador, Yekini servi par une masse athlétique impressionnante fonçait sur les défenses pour compléter de manière victorieuse le spectacle technique assuré par Okocha et compagnie. Ils étaient vainqueurs de la CAN 94 en Tunisie, avant d’étonner le monde.
A ce propos, on gardera toujours en mémoire ce premier but du Nigeria marqué en Coupe du monde 1994 par Yekini qui, après un rageur "lakk caax", s’accrocha aux filets pour, tel un forcené pris de convulsions, crier sa rage de vaincre et étancher momentanément sa grande soif de buts…
SOURCE:Aps
P.-S.
CTN/SAB
Lorsqu’on actionne la machine à remonter le temps, on peut revoir dans un cocktail de prouesses techniques et de tirs victorieux les nombreux buts inscrits par ces quatre attaquants.
Marqués du sceau de la finesse, mais également de la force qui témoigne de l’attirance irrépressible de ces goleadors à aller de l’avant, leurs gestes finals méritent bien le terme de "lakk caax" (brûler les filets, en wolof littéral), à côté duquel l’expression française "secouer les filets" (marquer un but) est un trop doux euphémisme pour traduire la "grinta" avec laquelle "Boc" et ses trois compères arrachés à notre affection ajustaient les gardiens adverses.
Dans une équipe de l’US Gorée qui connut son apogée avant l’indépendance et durant la première décennie qui s’ensuivit, Séga Cissé, dont la grande taille et le dos légèrement voûté lui permettaient une très bonne couverture du ballon, fut un prolixe buteur. Cissé est décédé le 9 janvier dernier à Dakar.
Très attiré par le but, "Dogliani" ou le "Baroudeur" comme le surnommèrent souvent les journalistes des années 60, en référence à sa pugnacité à perforer les défenses, a contribué de par ses réalisations à populariser l’appellation "Tampon 4" affublée à l’équipe goréenne en raison des quatre buts qu’elle marquait régulièrement contre ses adversaires.
Après sa carrière qui prit fin sur une coupe du Sénégal remportée en 1972, le "Baroudeur" resta dans le milieu sportif et on lui doit, entre autres contributions, une riche exposition sur sa carrière de footballeur, sous le triple maillot insulaire, de l’équipe nationale et du FC Nantes.
Cette exposition organisée dans le hall du Théâtre national Daniel Sorano avait permis à beaucoup de visiteurs de découvrir que la célèbre équipe des Espoirs de Dakar est née des flancs de l’US Gorée à la faveur d’une fronde menée par des joueurs lassés de faire banquette.
C’est dans cette formation au jeu fluide et efficace, rappelant toutes proportions gardées celui pratiqué de nos jours par le FC Barcelone, que se révéla Doudou Diongue. Racé et râblé, ce bonhomme au teint clair profita beaucoup de sa petite taille prolongée par de courtes jambes pour faire exploser les défenses les plus hermétiques.
Deux jours après le décès de Jules François Bocandé, un de ses illustres aînés en équipe nationale du Sénégal, Doudou Diongue, est rappelé à Dieu, le 9 mai à Paris. Chez Diongue, ses slaloms et ses crochets étaient des plus déroutants, au grand dam des défenseurs qui avaient toujours du mal à l’arrêter dans ses foudroyants démarrages, balle au pied.
Les grincheux qui aujourd’hui insistent sur le nanisme de Léo Messi pour expliquer son aptitude à se jouer des défenseurs qui, eux, sont d’une taille humaine normale, auraient fait le même chahut à Doudou Diongue.
Qu’importe, le feu follet des Espoirs de Dakar dont les compères de l’attaque (Petit Dia et Diémé) étaient presque de la même taille, avait en plus du talent un culot rare. Qui explique pourquoi son souvenir est resté dans les mémoires, en dépit d’une courte carrière au Sénégal qu’il quitta pour la France, au lendemain de la Coupe d’Afrique des nations 1968 jouée en Ethiopie.
Contrairement à Doudou Diongue qu’on perdit de vue après son départ pour l’Hexagone, Jules François Bocandé eut la notoriété en s’exilant. Au lendemain d’une houleuse finale de Coupe du Sénégal disputée en 1981 contre la Jeanne d’Arc et dont il sortit avec une suspension à vie, "Boc" choisit la Belgique, puis la France pour se révéler aux Sénégalais à un poste et sous une image qu’ils ne lui connaissaient pas : avant-centre en dreadlocks.
Et pour cause, le Ziguinchorois avait, jeune pousse au sein du Casa-Sports, remporté en 1974 le concours du jeune footballeur au poste d’arrière central, avant de monter d’un cran comme demi-défensif. Le défunt international de football Jules François Bocandé, décédé le 7 mai à l’âge de 53 ans à Metz, en France, a été inhumé mercredi dernier à Ziguinchor, sa ville natale.
Sorte d’Edgar Davids alias "Pitbull" avant la lettre, il se forgea un début de réputation en faisant preuve au milieu du terrain d’une activité inlassable doublée d’un gros volume de jeu qui lui permettait de mettre sous l’éteignoir ses adversaires.
L’Europe le débrida davantage en le faisant jouer sur le front de l’attaque et les Sénégalais découvrirent lors d’un match contre le Togo qu’ils tenaient en ce Bocandé new look et rastas au vent l’un de leurs meilleurs avants-centres de son histoire. L’idylle dura dix ans, ponctués d’une pluie de buts, d’un brassard de capitaine et d’une participation à trois phases finales de CAN (1986, 90 et 92).
Ailleurs en Afrique de l’Ouest, il est également question d’amour entre l’attaquant Rashidi Yekini et le Nigeria. Comme Bocandé, "le taureau de Kaduna" fut au début des années 90 le symbole de la terreur que faisaient régner sur les terrains du continent les Super Eagles. Yekini est décédé le 4 mai dernier, à l’âge de 48 ans, à Iraa, au centre-nord du pays, d’"une maladie étrange".
Tel un taureau rendu fou furieux par les pics d’un toréador, Yekini servi par une masse athlétique impressionnante fonçait sur les défenses pour compléter de manière victorieuse le spectacle technique assuré par Okocha et compagnie. Ils étaient vainqueurs de la CAN 94 en Tunisie, avant d’étonner le monde.
A ce propos, on gardera toujours en mémoire ce premier but du Nigeria marqué en Coupe du monde 1994 par Yekini qui, après un rageur "lakk caax", s’accrocha aux filets pour, tel un forcené pris de convulsions, crier sa rage de vaincre et étancher momentanément sa grande soif de buts…
SOURCE:Aps
P.-S.
CTN/SAB