Les larmes ont coulé hier au cimetière de Mbao où reposent 139 victimes du naufrage du Joola. Un silence de morgue règne dans la forêt. Sous une pluie battante, en solo comme par petits groupes, des individus aux visages fermés et tristes se prosternent devant les tombes. Lesquelles forment un alignement tout blanc, récemment désherbé par des familles de naufragés, entourées d’un mur avec des barbelés.
Nichés dans la verdoyante réserve forestière de Mbao, le cimetière a été le lieu de recueillement des proches et amis des victimes du ferry Le Joola. Une modeste tente équipée de chaises a servi de loge d’attente des officiels devant présider la prière. Mais, face à la pluie plus que jamais menaçante, et même jusqu’au dernier mot de l’Imam Issa Touré, pas une autorité gouvernementale, administrative ou locale ne s’est signalée dans les parages pour assister à la cérémonie de recueillement. Sinon, c’est un délégué de quartier de la commune de Keur Mbaye Fall qui «a rué dans les brancards pour parler au nom du premier magistrat de la ville». Les pèlerins, eux, ont déjà tourné le dos, affichant une oreille sourde face aux ergotages laudateurs à l’endroit du prince local. Ces derniers ont prié dans la communion pour les âmes des disparus sur fond de larmes, de retenue et de cris de détresse.
Samba Diaby, un enfant de 13 ans ayant perdu son père, lors de cette tragédie du 26 septembre 2002, a quitté tôt le matin les Parcelles Assainies pour implorer le Tout-Puissant d’accorder Sa miséricorde à son cher papa. John Gomis, son oncle, est, quant à lui, psychologiquement miné par la solitude qu’il vit depuis la mort de son frère, père d’un enfant qui souffle aussi ses treize bougies. «Je l’ai amené ici, parce qu’il m’interroge tous les jours sur son père. En guise de réplique, j’adopte la langue de bois», renseigne M. Gomis. Les enfants d’une dizaine d’années sont venus nombreux - imaginez leur âge, le jour du naufrage - encadrés par des veuves.
Colette Monique Sarr, une autre adolescente, n’a pas cessé de pleurer durant toute la messe du père Nazer Diatta. Elle est douloureusement orpheline depuis six ans, car Le Joola a emporté ses quatre parents, dont son père. Najib Sagna, journaliste et correspondant de Walf Fm à Rufisque, souffre terriblement pour avoir perdu onze de ses neveux dans le chavirement du navire.
NON A LA DIVERSION
Son flot de larmes n’a guère masqué les cris de Mamadou Guèye, qui se souvient de son frère de 29 ans, qui a trépassé lors de cet accident maritime. Il est 11 h quand la sonnerie dédiée aux morts se déclenche. Deux enfants déposent une gerbe de fleurs devant les tombes. Chrétiens et musulmans ont commémoré ensemble l’an 6 du naufrage. Le Père Diatta et l’Imam Issa Touré ont exhorté tous les éplorés à croire à la volonté divine, seul Maître de l’existence et de la condition humaines. Néanmoins, ils doivent faire face à la fuite de l’Etat devant ses responsabilités tant décriée par les fidèles à Mbao. «Ils font tout pour l’oublier», regrette John Gomis. Une attitude à combattre, selon le président du Collectif des familles des victimes. Idrissa Diallo a dénoncé le laxisme et l’impunité en indexant le régime de Wade. Il réclame le renflouement du bateau, la prise en charge des enfants des victimes et des rescapés et l’arrêt de la diversion que les partisans de Wade entretiennent.
Par contre, la Française Nadine Verschatse, brisée depuis 2002 par le décès de sa fille de 20 ans lors du naufrage, exige toute la lumière. Ainsi, ils approuvent le travail du juge français. Mme Verschatse a lancé un cri d’infortune au Président Wade, pour qu’il n’entrave pas les poursuites judicaires qui constituent, à ses yeux, le seul gage d’un réarmement moral des parents des naufragés du Joola. Pourvu qu’il puisse l’entendre à travers le tonnerre qui gronde rageusement dans le ciel noir du cimetière de Mbao.
Nichés dans la verdoyante réserve forestière de Mbao, le cimetière a été le lieu de recueillement des proches et amis des victimes du ferry Le Joola. Une modeste tente équipée de chaises a servi de loge d’attente des officiels devant présider la prière. Mais, face à la pluie plus que jamais menaçante, et même jusqu’au dernier mot de l’Imam Issa Touré, pas une autorité gouvernementale, administrative ou locale ne s’est signalée dans les parages pour assister à la cérémonie de recueillement. Sinon, c’est un délégué de quartier de la commune de Keur Mbaye Fall qui «a rué dans les brancards pour parler au nom du premier magistrat de la ville». Les pèlerins, eux, ont déjà tourné le dos, affichant une oreille sourde face aux ergotages laudateurs à l’endroit du prince local. Ces derniers ont prié dans la communion pour les âmes des disparus sur fond de larmes, de retenue et de cris de détresse.
Samba Diaby, un enfant de 13 ans ayant perdu son père, lors de cette tragédie du 26 septembre 2002, a quitté tôt le matin les Parcelles Assainies pour implorer le Tout-Puissant d’accorder Sa miséricorde à son cher papa. John Gomis, son oncle, est, quant à lui, psychologiquement miné par la solitude qu’il vit depuis la mort de son frère, père d’un enfant qui souffle aussi ses treize bougies. «Je l’ai amené ici, parce qu’il m’interroge tous les jours sur son père. En guise de réplique, j’adopte la langue de bois», renseigne M. Gomis. Les enfants d’une dizaine d’années sont venus nombreux - imaginez leur âge, le jour du naufrage - encadrés par des veuves.
Colette Monique Sarr, une autre adolescente, n’a pas cessé de pleurer durant toute la messe du père Nazer Diatta. Elle est douloureusement orpheline depuis six ans, car Le Joola a emporté ses quatre parents, dont son père. Najib Sagna, journaliste et correspondant de Walf Fm à Rufisque, souffre terriblement pour avoir perdu onze de ses neveux dans le chavirement du navire.
NON A LA DIVERSION
Son flot de larmes n’a guère masqué les cris de Mamadou Guèye, qui se souvient de son frère de 29 ans, qui a trépassé lors de cet accident maritime. Il est 11 h quand la sonnerie dédiée aux morts se déclenche. Deux enfants déposent une gerbe de fleurs devant les tombes. Chrétiens et musulmans ont commémoré ensemble l’an 6 du naufrage. Le Père Diatta et l’Imam Issa Touré ont exhorté tous les éplorés à croire à la volonté divine, seul Maître de l’existence et de la condition humaines. Néanmoins, ils doivent faire face à la fuite de l’Etat devant ses responsabilités tant décriée par les fidèles à Mbao. «Ils font tout pour l’oublier», regrette John Gomis. Une attitude à combattre, selon le président du Collectif des familles des victimes. Idrissa Diallo a dénoncé le laxisme et l’impunité en indexant le régime de Wade. Il réclame le renflouement du bateau, la prise en charge des enfants des victimes et des rescapés et l’arrêt de la diversion que les partisans de Wade entretiennent.
Par contre, la Française Nadine Verschatse, brisée depuis 2002 par le décès de sa fille de 20 ans lors du naufrage, exige toute la lumière. Ainsi, ils approuvent le travail du juge français. Mme Verschatse a lancé un cri d’infortune au Président Wade, pour qu’il n’entrave pas les poursuites judicaires qui constituent, à ses yeux, le seul gage d’un réarmement moral des parents des naufragés du Joola. Pourvu qu’il puisse l’entendre à travers le tonnerre qui gronde rageusement dans le ciel noir du cimetière de Mbao.